Fighter Pilots of North Vietnam

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SpruceGoose
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Fighter Pilots of North Vietnam

#1

Message par SpruceGoose »

Fighter Pilots of North Vietnam / Roger Boniface / Authors online Ltd 2005 / 260 p

Encore un ouvrage sur les combats aériens au-dessus du Vietnam me direz-vous ! Oui !
Encore du Phantom contre du Mig me répèterez-vous ! Oui !
Encore du Rolling Thunder ou autre Opération Bolo me rétorquerez-vous ! Oui !
Donc du déjà-vu désagréablement terne ou du réchauffé désagréablement tiède me lancerez-vous avec une moue à la limite boudeuse mais certainement compréhensible! Non ! Et pourquoi donc ?

Parce que le sous-titre "An account of their air combats 1965 to 1975 " fait apparaître le mot THEIR.

En effet, le dogfight de ce grand conflit moderne avait toujours été relaté du côté des Aces du Stars and Stripes Forever.
Plus de 30 ans après sa fin, rien n’avait été évoqué du côté des enfants d’Hô Chi Minh alors qu’à l’ouest une littérature tantôt triomphante tantôt repentante ou encore pleine d’amertume inondait le marché, mais surtout essayait de cicatriser les vieilles et douloureuses blessures inhérentes à ce genre de fait divers que l’on aimerait voir banni à jamais de cette planète, à défaut de pouvoir en exorciser les angoisses obsessionnelles récurrentes.

A l’est, le pays de la magnifique et exceptionnelle Baie d’Ha-long avait grand besoin de se reconstruire, me direz-vous, et la priorité n’était donc pas à perdre un temps précieux à aligner texte, composer vers ou encore élaborer prose à propos de masses de métal cocardées supersoniques crachant-feu, luisantes certes, volantes certes, mais non bien différentes des autres masses de métal ternes et chenillées aux allures de tortues d’eau évoluant au ras des rizières, du moins dans le fond.

Question de culture également.
Evoquant ses entretiens avec d’anciens pilotes Nord Vietnamiens, Roger Boniface cite : “Apart from the fascinating stories and accounts they had to contribute, I was very surprised at their modesty and humility. All of them were amazed that anyone could be interested in what they had done... “After all, we only flew the Migs” was their common answer”.
Une discrétion donc qui n’a pas beaucoup aidé à l’expansion de la mémoire de guerre… dommage, car il se pourrait bien qu’elle se perde à jamais dans une petite décennie.

"THEIR", c’est donc bien pour qualifier les pilotes Nord-Vietnamiens, et c’est une première tellement le pays était resté imperméable à toute intrusion étrangère en matière de divulgation d’informations.

De nombreuses photographies N&B illustrent cet ouvrage et nous permettent de mettre un visage sur ces jeunes gens, chevaliers du ciel et compagnons de libération d’une époque douloureuse et bien longue, aussi méritants et héroïques que leurs adversaires l’avaient été, sinon plus, dans la mesure où leur passé aéronautique de chasseur n’avait réellement commencé qu’en 1956 lorsqu’un premier petit groupe de 30 de leurs aînés fut envoyé en formation au-delà des frontières du pays.
Mais expérimentés ou non pour les chasseurs, la fonction impliquera toujours la même gestuelle marquée qui fera qu’ils seront toujours envieusement reconnaissables, témoin la photo du 1er pilote formé sur le Mig 21 ou encore celle d’un ancien conseillant les poussins.
De ce point de vue là, les neveux de l’Oncle Sam et ceux de l’Oncle Hô se ressemblent tellement qu’ils auraient sans problème pu être frères d’armes.

Mais revenons au cœur du sujet : la guerre.

Les opérations aériennes sont revues et les combats sont commentés, mais cette fois, ce sont les noms des pilotes du VPAF (Vietnamese People’s Air Force) qui sont placés en sujet de phrase et les types d’avions américains qui figurent en complément ou attribut du sujet. C’est tellement inhabituel, mais donne un souffle tellement nouveau aux récits du genre.
Quelle bonne idée de la part de l’auteur que de ne pas avoir ménagé ses efforts depuis plus de 10 ans afin de forcer les barrières et retrouvé certains des acteurs, et non des moindres, afin de les faire témoigner, les faire sortir de leur réserve légitime et dissiper ainsi ce brouillard qu’est l’anonymat malsain qui faisait la part belle, la part trop belle, à certains et faussait complètement la perception d’une situation qui, malgré tout, était très complexe, trop complexe pour pouvoir non pas être jugée ou tranchée mais tout simplement appréciée à sa juste valeur dans ses moindres subtilités.
Ainsi en saurons-nous un peu plus sur la structure des tactiques de base du VPAF et la souplesse permettant l’adaptation aux situations, les comportements individuels, basés sur l’obéissance aux schémas imposés pour ce qui concernait les bleus, et l’instinct et l’aspect imprévisible pour ce qui concernait les vétérans.
Réalisant dès le début du conflit que leur totale inexpérience, leur faible niveau d’entraînement et d’équipement ne leur donneraient que très peu de chance de se mesurer d’égal à égal à un adversaire beaucoup plus sophistiqué, le VPAF avait complètement dévié de la doctrine chevaleresque du Baron Rouge qui avait établi que le rôle du pilote de chasse était d’abattre un ennemi et que toute autre chose était absurde.
La leur était simple : empêcher l’ennemi de mener à bien sa mission. On ne cherchait donc pas l’affrontement direct dans les termes du combat aérien traditionnel ; c’eût été folie pure pour ne pas dire imbécilité.
Si le pilote de chasse nord-vietnamien ne constituait pas une entité indépendante et libre de ses actions car il dépendait d’un contrôleur sol qui lui donnait des directives très strictes, il y avait bien une raison : sa propre sécurité contre les missiles SAM tirés par ses compatriotes.

Quelques cartes sont présentées concernant la couverture radar du Nord-Vietnam, les bases de SAM et leur zone d’efficacité, les bases de Migs, les zones de restriction des frappes, les zones d’avions ennemis et nationaux abattus.
Des graphes couvrant la période1965 à 1973 permettent de visualiser l’évolution du nombre de pilotes et d’appareils disponibles, du nombre de pilotes tués et appareils détruits.
Il est regrettable que tout cela soit présenté dans une impression N&B d’assez piètre qualité.
Une liste des pilotes abattus et une autre des pilotes victorieux sont dressées, rendant ainsi hommage aux uns et aux autres.

Un premier petit pas a donc été franchi et espérons que d’autres suivront, ce qui permettra ainsi de lever un peu plus le voile et remettre à sa juste place ce qui jusqu’ici n’a pu être évalué que par estimation, spéculation ou simple impression et n’a pas forcément fait honneur ni rendu justice à ceux qui ont subi les affres d’une guerre dont on ne saurait qualifier l’absurdité.
Quel plus bel hommage l’auteur pouvait-il rendre aux aviateurs du VPAF en qualifiant leur résistance de "The Battle of Vietnam" par analogie à la résistance de l’un des plus grands et plus héroïques conflits aériens de l’histoire "The Battle of Britain".

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Pièces jointes
VPAF 2.jpg
VPAF 1.jpg
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ex:Kaos
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#2

Message par ex:Kaos »

Ajoutons que Roger Boniface, journaliste Français, à couvert le conflit depuis Hanoi pour l'Humanité (Si je me souviens bien).
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