continuons un peu...
Avec des hélices à calage fixe, nous avons constaté que le régime était fonction de la puissance appliquée.
Le couple hélice croît avec le régime et le régime croît avec la puissance.
Pour un régime précis, le couple hélice absorbe et restitue intégralement la puissance. En deçà ce régime il y a sur-couple, au-delà il y a surrégime. L'hélice est incapable de restituer la totalité de la puissance qui lui est appliquée, son rendement chute.
Dans ce cas le pilote peut évaluer la puissance que le moteur délivre en connaissant son régime. C'est une simple évaluation car on a vu que pour une puissance donnée, le régime était affecté par la vitesse de l'avion et que le rendement de l'hélice est fonction du régime.
Avec l'usage des hélices à calage variable et vitesse constante, le pilote pourra, par la valeur de la pression d'admission, précisément connaître la puissance développée par le moteur, et la régulation du calage permettra d'obtenir le meilleur rendement de l'hélice quel que soit la vitesse de l'avion.
Les avantages et inconvénients des hélices à calage fixe, "petit pas" ou "grand pas" étant connus, les premières hélices à calage variable firent leur apparition.
Elles permirent, par leur "petit pas", d'avoir de bonne performance au décollage, puis une fois la vitesse limite du "petit pas" atteinte, le passage au "grand pas" permettait d'accéder à une vitesse de croisière plus élevée. Le pilote savait, par la vitesse de l'avion et l'élévation du régime à quel moment changer le pas d'hélice. Il n'était, en général, plus possible de revenir au "petit pas". La remise de gaz à l'atterrissage devenait alors problématique.
Ce passage du "petit pas" au "grand pas" pouvait être manuel, le pilote disposant d'une "manette de pas d'hélice", ou automatique. La détection de l'élévation du régime déclenchait le mécanisme de changement de pas.
Le système le plus célèbre avait recours à une vessie gonflée au sol qui maintenait les pales en position du "petit pas". Il valut aux pilotes le surnom de "gonfleur d'hélice", car il fallait avant chaque départ, à l'aide d'une pompe à vélo, mettre en pression cette fameuse vessie logée dans le cône de pénétration. Le dégonflage était assuré par le pilote ou automatique.
Si l'on prend une hélice dont les deux positions de calage correspondraient aux courbes 90 et 60%, et une puissance de 840cv (70% de la puissance nominale du DB601)
Après le décollage avec le calage 90, le pilote devrait changer de calage lorsque la vitesse de l'avion aurait atteint entre 240 et 280km/h et 2400-2600t/min, avec le passage au calage de 60%, le régime chuterait à 1700-1900t/min, pour ensuite s'élever et se stabiliser à 2200t/min et une vitesse de 380km/h (régime nominal à 100%, 1200cv: 2400t/min)
Au décollage l'avion était déjà limite surrégime avec 2200t/min, en croisière avec le calage 60%, le rendement de l'hélice est optimal. Le couple hélice=couple moteur
La consommation horaire, elle, n'aurait pas changée de façon significative, mais la distance parcourue à l'heure serait différente de 120km entre les deux calages.
ci dessous, la courbe en pointillé noir d'un changement de calage manuel par incrément de 10% qu'il conviendrait de faire manuellement, et en rouge le type de courbe qu'il faudrait obtenir avec un automatisme d'hélice à vitesse constante. les 2200t/min sont peut être supérieurs au régime optimal des 70% de puissance.
Ratier développa un automatisme de changement de pas réversible, cela faisait appel à une petite hélice auxiliaire dite "moulinet", en montage fou sur l'arbre hélice.
Toujours chez Ratier( aussi Curtiss), des hélices à changement de pas réversible par commande électrique, chez Chauvière par commande pneumatique et chez Hamilton par commande hydraulique.
Je détaillerais chacun des mécanismes si cela vous intéresse.
Ces hélices à deux positions de calage étaient déjà un grand progrès. certaines ne se calaient qu'en butée des deux valeurs quand d'autres pouvaient se caler sur les valeurs intermédiaires. Elles permettaient de tirer un bon parti du moteur, mais c'est avec les hélices à vitesse constante que l'on obtiendra les meilleurs rendements.
Avec ecs dernières, à tout moment, le calage sera parfaitement adapté, l'hélice absorbe le couple et restitue toute la puissance.
Pour ce faire, la variation de calage sera pilotée par un régulateur centrifuge en prise sur le moteur.
à suivre...