Cauchemard
#28
Ben tant pis, j'attendrai que ca paraisseOriginally posted by El_Knell@Apr 24 2004, 11:52 PM
Non non Werner. Faudra patienter
Je pense que tu ne me rateras pas pour la dedicace
Signe Werner Truffe a la recherche d'autographes
Frigg's Skipper
#30
Allez je fais un effort de plus ... (Werner ca sera une bière pour moi ...)
Extrait :
Tout le monde ayant réussis les épreuves TAP, nous allions maintenant nous confronter aux Paras …
Le stage se passait dans la Mecque du parachutisme militaire en France, à l’école de troupes Aéroportées de Pau. C’était aussi notre première expérience de l’inter armée, nous n’avions avec nous juste un sous officier de l’Armée de l’Air pour l’encadrement qui en profitait aussi pour faire quelques sauts.
Le premier contact fut un peu particulier. Un officier nous accueillis avec quelques soupçons de regret dans la voix. Il insista beaucoup sur le fait qu’il devait nous préserver physiquement, ce qui semblait lui poser quelques problèmes. Apparemment on ne pouvait être un bon para si ne nous blessions pas. Et a voir l’ambiance qui régnait sur le camp, l’accent était mis sur l’effort physique. On croisait aussi beaucoup de gens avec des béquilles. Il y avait surtout une discipline qui nous paraissait un peu surannée. Des sections de cinquante personnes marchaient au pas, dans une formation impeccable, tous chantant le chant des Paras, mélopée grave et envoûtante. Il y avait une solennité dans leurs déplacements qui nous intimidait. Notre ridicule section semblait incongrue au milieu de ces bérets rouges, surtout avec nos coupes de cheveux, qui auraient envoyé le moindre para devant son chef en vue d’une remontée de bretelle mémorable. D’un seul coup, nous trouvions notre Armée de l’Air bien agréable, avec une discipline finalement bien accommodante.
Comme il est d’habitude dans tout ces cas là, nous avons commencé par des cours au sol. Je ne me souviens plus trop quels sujets furent traités, preuve de notre intérêt poli vis à vis de nos instructeur. Je me souviens juste qu’on nous détailla par le menu les parachutes que nous allions utiliser. Bêtes parachutes rond, pourvus d’ouvertures sensées permettre de se diriger une fois la coupole déployée. Puis ce fut le début des exercices pratiques. Sous portique, il fallait prendre la bonne position sous la voile, montrer notre aptitude a faire les tractions dans le bon sens pour diriger la voile. Puis, depuis une sorte de carlingue d’avion posé au sol, nous devions passer la porte dans la bonne position, croiser les bras sur le ventral et s’écrouler sur le sable, un mètre plus bas. Chacun se moquant de la réception plus ou moins réussis de son prédécesseur. A force de refaire l’exercice, nous en profitions pour faire les pitres à la sortie de la porte , pour le plus grand plaisir de chacun, à l’exception de notre instructeur. Celui ci semblait avoir beaucoup de mal a comprendre que nous n’étions la que pour monter une marche de plus vers un rêve qui voulait que, quand on montait dans un avion, on revenait sur terre avec celui ci … Entre chaque exercices, on pouvait en regardant en l’air, voir les avions qui passaient en larguant leur cargaison. On voyait les parachutes s’ouvrir, clous marron vert, qui se plantaient dans le ciel bleu. Puis petit à petit, ils descendaient vers le sol. Certains d’entre nous étaient impatient d’être eux aussi suspendus dans le ciel, au bout d’un morceau de tissus, dont on nous disait qu’il s’ouvrait tout le temps. Je n’était que curieux, pour tout dire, pas franchement pressé. Il fallait d’abord passer à la « tour ». La tour de saut à Pau est un système ingénieux qui vise a faire faire aux apprentis parachutistes, une séquence de saut complète, tout en restant accroché a un câble. Il fallait donc d’abord monter les marches avec tout notre harnachement. Puis une fois en haut, attendre son tour. Attendre qu’un instructeur vienne vous voir, pour vérifier votre équipement, vous attacher au câble. La rigueur qui régnait sur cette plate-forme de départ nous dissuadât de toutes fanfaronnades. Puis une fois attachés, vérifiés, re-vérifiés, en bonne position dans la pseudo porte, une solide claque dans le dos, accompagnée d’un « go » libérateur nous propulsait dans le vide. Il fallait alors prendre la bonne position pour la sortie de l’avion, attendre le choc de l’ouverture, puis une fois celui ci ressentit, mimer la vérification de la coupole. Puis nous arrivions a porter de voix d’un autre instructeur qui nous demandait de tractionner d’un coté ou de l’autre et de prendre la position d’atterrissage. Le bac à sable arrivait sous nos pieds, et dans un roulé boulé impeccable, nous attendions la sentence. Bien sur la première fois le roulé boulé ne fut pas impeccable et l’œil acéré de l’instructeur avait tôt fait de trouver un détail qui justifiait a ses yeux de recommencer. Ceci étant, nous trouvions ça ludique et remontions donc avec plaisir vers le départ. En deux ou trois passage ce fut bon pour tout le monde, l’instructeur en chef nous donna notre billet pour le saut du lendemain. Donc le lendemain, nous nous sommes présentés sur le parking de départ. Nous y attendaient nos parachutes, posés sur le sol, bien rangés les uns derrière les autres. Le briefing nous expliqua les dernières consignes de sécurité et il fallut nous équiper. Une fois l’équipement sur le dos, nous comprîmes assez vite pourquoi un para devait avoir une condition physique à toutes épreuves. Sagement alignés les un derrières les autres, l’instructeur nous inspecta, vérifiant minutieusement tous les détails et nous donnant les derniers conseils pour sauvegarder d’une ouverture brutale, certaines parties de notre anatomie. Les promos précédentes nous ayant déjà donné ce genre de conseil, il ne trouva rien a redire. Nous fumes alors autoriser a nous asseoir pour attendre l’avion. Il se posa une dizaine de minutes plus tard et se dirigea vers notre emplacement. Une fois qu’il fut en place, les moteurs toujours tournants, la rampe d’accès descendis dévoilant pour la première fois les entrailles d’un avion de transport. Dans le vacarme des moteurs, les instructeurs criaient, les élèves se dirigeaient en ligne vers l’avion. Nous étions avec d’autres prétendants au brevet. Certains venait d’Afrique, et très visiblement, commençaient à douter du réel intérêt de l’aventure pour leur avenir militaire. Il faut dire que nous commencions nous aussi, pour certain d’entre nous dont moi, à nous demander si tout ceci était bien nécessaire. Après tout nous avions bien fait l’instruction théorique, même la simulation depuis la tour de saut. Pourquoi vouloir absolument sauter pour de bon, en prenant pleins de risques ? L’esprit de promo dans ce cas là, rend les hommes forts et inconscients. Ou peut être tout simplement orgueilleux. Personne ne fit demi tour. Pour être tout a fait honnête, il nous avait bien était précisé, que le stage ne serait validé que si nous sautions au moins une fois pour de bon. Et sans stage validé, pas de possibilité de poursuite… Une fois dans l’avion, nous étions tous un peu inquiets, mais aussi curieux de tout. Pour tout le monde, c’était un baptême sur Transall. Entassés comme des sardines dans la soute, nous prenions donc notre mal en patience. Le décollage nous surpris. La traction était bien réelle, faisant pencher toute l’équipe vers l’arrière de l’avion. Puis l’altitude augmenta, et avec elle, la tension. L’avion stabilisa son altitude et commença a ralentir. Le chef largueur ouvrit la porte, et regarda vers le bas. Coiffé de son casque, il discuta avec la cabine. Apparemment, la réponse qu’il reçut devait être satisfaisante. Il prit derrière lui un mannequin équipé et le jeta par la porte. A moitié dehors, il observa sa chute. Il discuta encore une fois avec son micro, repassa la tête par la porte et se tourna vers nous le pouce levé. Il fallait donc y aller.
« Debout, Accrochez les SOA ! »
Le rang désigné comme le premier se leva comme un seul homme. On nous avait dit que nous serions pas les premiers a sauter, puisque nous avion embarqués avec nous des paras confirmés qui devait faire un saut depuis une altitude plus haute que la notre. Ils accrochèrent leur SOA au câble qui courait dans l’avion, à hauteur des têtes. Remontant depuis la fin du rang un instructeurs fit les dernières vérifications, gratifiant chacun des paras d’une claque dans le dos signifiant que tout était bon. Les candidats étaient souriant, content de quitter l’avion, dans lequel ils commençaient a se sentir malade. Le premier prenait sa position de saut à la porte, les mains fermement accrochées de chaque coté, le regard vers le bas, sérieux, concentré. Le chef largueur surveillait la lumière verte, puis criait « go ! » dès l’allumage de celle ci. Aussitôt le premier homme se jetait dans le vide, bientôt suivis par ses camarades. Au début, ils marchaient, mais ceux qui étaient au fond du rang arrivaient presque en courant à la porte. A croire que l’avion était en flammes…De ma place, je pouvais voir le début de la chute. Et surtout je pouvait voir la formidable baffe que se prenait les paras en passant dans le vent des hélices. D’autres personnes voyaient aussi comment cela se passait pour de bon. Le manque d’habitude du vol, la chaleur, le stress, faisaient que certains étaient littéralement gris. Je ne devais pas en être très loin. L’avion fit un tour et se représenta pour une nouvelle livraison. Encore une fois, j’assistais aux dernières vérifications. Cette fois ci pourtant, le premier homme n’avait pas une position déterminée et ferme a la porte. Il semblait même se tenir en retrait de celle ci, comme pour refuser l’échéance. Pourtant le « Go » fatidique arriva, et il fallu bien qu’il saute. Le rang défila sous mes yeux, et une fois terminé, il fallu se rendre compte de l’évidence, le suivant c’était moi. Parce que dans ces cas là, on ne pense plus qu’à soi. Difficile de se raccrocher à autre chose. L’avion refit un autre circuit. Un cri : « Accrochez les SOA ». J’attrape ma sangle, me lève, et j’accroche au câble ce mousqueton qui va, par l’intermédiaire d’une sangle, déclencher l’ouverture de mon parachute une fois dehors. Nous sommes tous debout, la main sur cette sangle orange. Sous nos casque, les regards sont sérieux. L’instructeur nous passe en revue. Il est suivis par notre sous officier, que d’un seul coup nous trouvons très sympathique. Pour chacun d’entre nous il a un petit geste d’encouragement, un sourire. Je suis en trois ou quatrième position, je ne vois plus que la porte. Je ne peux pas dire que j’ai peur, mais j’ai quand même une certaine inquiétude qui me vrille les tripes. Lampe Verte, un cri, « Go ! » et le premier s’élance. Puis un autre , puis encore un autre, puis un autre, puis moi… La porte du Transall a ceci de particulier que le seuil est en retrait par rapport au faîte. On se retrouve donc sur le seuil en étant dans l’avion, mais en voyant très bien ce qui se passe sous vos pieds. Quand j’y arrive, j’ai cette affreuse impression de me jeter dans la gueule du loup, de faire quelque chose que je n’aurait pas dû faire. Je distingue parfaitement sous moi le sol, qui me paraît à la fois infiniment lointain et dangereusement proche. Pas vraiment le temps de réfléchir, mais tout à fait le temps de crier, de hurler de peur en passant la porte. Je ne sais pas si un son a franchis ma bouche, mais je jurerait avoir crié. Dès la sortie, on prend une baffe, une énorme baffe. On passe de zéro a deux cent cinquante kilomètre heures en un dixième de seconde, dans le vacarme dantesque du moteur qui rugit a trois mètres de vos oreilles. Puis il y a le souffle chaud du turbopropulseur et ses odeurs de kérosène et, surtout, par dessus tout, l’impression de ne plus pouvoir rien maîtriser. Pendant je ne sais combien de temps, j’ai l’impression d’être dans une machine a laver, programme essorage. Puis un grand choc. Pas si terrible que ça, finalement. J’ouvre les yeux et recommence a respirer. J’ai un peu l’impression de me réveiller d’un cauchemar. Vite il faut vérifier que la voile est bien ouverte, qu’il n’y a pas de déchirures, que tout va bien. Et alors seulement je commence a goûter aux joies du parachutisme. Sous voile tout est calme. On flotte dans l’air. Autour de moi les élastiques qui tenaient les suspentes descendent en virevoltant joyeusement. Ils chutent juste un peu plus vite que moi et je les voit passer comme au ralentis. Un peu plus loin je vois mes camarades sous leurs voiles. On essaye de se parler avec le plus proche. Venant du sol, l’instructeur s’époumone dans un haut parleur pour nous donner les dernières instructions avant l’atterrissage. C’est vrai que le sol arrive vite. Serrer les pieds, serrer les genoux, tractionner du bon coté, les coudes serrés le long du corps, ne pas refuser le sol. Le contact est viril mais correct. Je me relève, je n’ai rien. Ouf ! ! ! !
Extrait :
Tout le monde ayant réussis les épreuves TAP, nous allions maintenant nous confronter aux Paras …
Le stage se passait dans la Mecque du parachutisme militaire en France, à l’école de troupes Aéroportées de Pau. C’était aussi notre première expérience de l’inter armée, nous n’avions avec nous juste un sous officier de l’Armée de l’Air pour l’encadrement qui en profitait aussi pour faire quelques sauts.
Le premier contact fut un peu particulier. Un officier nous accueillis avec quelques soupçons de regret dans la voix. Il insista beaucoup sur le fait qu’il devait nous préserver physiquement, ce qui semblait lui poser quelques problèmes. Apparemment on ne pouvait être un bon para si ne nous blessions pas. Et a voir l’ambiance qui régnait sur le camp, l’accent était mis sur l’effort physique. On croisait aussi beaucoup de gens avec des béquilles. Il y avait surtout une discipline qui nous paraissait un peu surannée. Des sections de cinquante personnes marchaient au pas, dans une formation impeccable, tous chantant le chant des Paras, mélopée grave et envoûtante. Il y avait une solennité dans leurs déplacements qui nous intimidait. Notre ridicule section semblait incongrue au milieu de ces bérets rouges, surtout avec nos coupes de cheveux, qui auraient envoyé le moindre para devant son chef en vue d’une remontée de bretelle mémorable. D’un seul coup, nous trouvions notre Armée de l’Air bien agréable, avec une discipline finalement bien accommodante.
Comme il est d’habitude dans tout ces cas là, nous avons commencé par des cours au sol. Je ne me souviens plus trop quels sujets furent traités, preuve de notre intérêt poli vis à vis de nos instructeur. Je me souviens juste qu’on nous détailla par le menu les parachutes que nous allions utiliser. Bêtes parachutes rond, pourvus d’ouvertures sensées permettre de se diriger une fois la coupole déployée. Puis ce fut le début des exercices pratiques. Sous portique, il fallait prendre la bonne position sous la voile, montrer notre aptitude a faire les tractions dans le bon sens pour diriger la voile. Puis, depuis une sorte de carlingue d’avion posé au sol, nous devions passer la porte dans la bonne position, croiser les bras sur le ventral et s’écrouler sur le sable, un mètre plus bas. Chacun se moquant de la réception plus ou moins réussis de son prédécesseur. A force de refaire l’exercice, nous en profitions pour faire les pitres à la sortie de la porte , pour le plus grand plaisir de chacun, à l’exception de notre instructeur. Celui ci semblait avoir beaucoup de mal a comprendre que nous n’étions la que pour monter une marche de plus vers un rêve qui voulait que, quand on montait dans un avion, on revenait sur terre avec celui ci … Entre chaque exercices, on pouvait en regardant en l’air, voir les avions qui passaient en larguant leur cargaison. On voyait les parachutes s’ouvrir, clous marron vert, qui se plantaient dans le ciel bleu. Puis petit à petit, ils descendaient vers le sol. Certains d’entre nous étaient impatient d’être eux aussi suspendus dans le ciel, au bout d’un morceau de tissus, dont on nous disait qu’il s’ouvrait tout le temps. Je n’était que curieux, pour tout dire, pas franchement pressé. Il fallait d’abord passer à la « tour ». La tour de saut à Pau est un système ingénieux qui vise a faire faire aux apprentis parachutistes, une séquence de saut complète, tout en restant accroché a un câble. Il fallait donc d’abord monter les marches avec tout notre harnachement. Puis une fois en haut, attendre son tour. Attendre qu’un instructeur vienne vous voir, pour vérifier votre équipement, vous attacher au câble. La rigueur qui régnait sur cette plate-forme de départ nous dissuadât de toutes fanfaronnades. Puis une fois attachés, vérifiés, re-vérifiés, en bonne position dans la pseudo porte, une solide claque dans le dos, accompagnée d’un « go » libérateur nous propulsait dans le vide. Il fallait alors prendre la bonne position pour la sortie de l’avion, attendre le choc de l’ouverture, puis une fois celui ci ressentit, mimer la vérification de la coupole. Puis nous arrivions a porter de voix d’un autre instructeur qui nous demandait de tractionner d’un coté ou de l’autre et de prendre la position d’atterrissage. Le bac à sable arrivait sous nos pieds, et dans un roulé boulé impeccable, nous attendions la sentence. Bien sur la première fois le roulé boulé ne fut pas impeccable et l’œil acéré de l’instructeur avait tôt fait de trouver un détail qui justifiait a ses yeux de recommencer. Ceci étant, nous trouvions ça ludique et remontions donc avec plaisir vers le départ. En deux ou trois passage ce fut bon pour tout le monde, l’instructeur en chef nous donna notre billet pour le saut du lendemain. Donc le lendemain, nous nous sommes présentés sur le parking de départ. Nous y attendaient nos parachutes, posés sur le sol, bien rangés les uns derrière les autres. Le briefing nous expliqua les dernières consignes de sécurité et il fallut nous équiper. Une fois l’équipement sur le dos, nous comprîmes assez vite pourquoi un para devait avoir une condition physique à toutes épreuves. Sagement alignés les un derrières les autres, l’instructeur nous inspecta, vérifiant minutieusement tous les détails et nous donnant les derniers conseils pour sauvegarder d’une ouverture brutale, certaines parties de notre anatomie. Les promos précédentes nous ayant déjà donné ce genre de conseil, il ne trouva rien a redire. Nous fumes alors autoriser a nous asseoir pour attendre l’avion. Il se posa une dizaine de minutes plus tard et se dirigea vers notre emplacement. Une fois qu’il fut en place, les moteurs toujours tournants, la rampe d’accès descendis dévoilant pour la première fois les entrailles d’un avion de transport. Dans le vacarme des moteurs, les instructeurs criaient, les élèves se dirigeaient en ligne vers l’avion. Nous étions avec d’autres prétendants au brevet. Certains venait d’Afrique, et très visiblement, commençaient à douter du réel intérêt de l’aventure pour leur avenir militaire. Il faut dire que nous commencions nous aussi, pour certain d’entre nous dont moi, à nous demander si tout ceci était bien nécessaire. Après tout nous avions bien fait l’instruction théorique, même la simulation depuis la tour de saut. Pourquoi vouloir absolument sauter pour de bon, en prenant pleins de risques ? L’esprit de promo dans ce cas là, rend les hommes forts et inconscients. Ou peut être tout simplement orgueilleux. Personne ne fit demi tour. Pour être tout a fait honnête, il nous avait bien était précisé, que le stage ne serait validé que si nous sautions au moins une fois pour de bon. Et sans stage validé, pas de possibilité de poursuite… Une fois dans l’avion, nous étions tous un peu inquiets, mais aussi curieux de tout. Pour tout le monde, c’était un baptême sur Transall. Entassés comme des sardines dans la soute, nous prenions donc notre mal en patience. Le décollage nous surpris. La traction était bien réelle, faisant pencher toute l’équipe vers l’arrière de l’avion. Puis l’altitude augmenta, et avec elle, la tension. L’avion stabilisa son altitude et commença a ralentir. Le chef largueur ouvrit la porte, et regarda vers le bas. Coiffé de son casque, il discuta avec la cabine. Apparemment, la réponse qu’il reçut devait être satisfaisante. Il prit derrière lui un mannequin équipé et le jeta par la porte. A moitié dehors, il observa sa chute. Il discuta encore une fois avec son micro, repassa la tête par la porte et se tourna vers nous le pouce levé. Il fallait donc y aller.
« Debout, Accrochez les SOA ! »
Le rang désigné comme le premier se leva comme un seul homme. On nous avait dit que nous serions pas les premiers a sauter, puisque nous avion embarqués avec nous des paras confirmés qui devait faire un saut depuis une altitude plus haute que la notre. Ils accrochèrent leur SOA au câble qui courait dans l’avion, à hauteur des têtes. Remontant depuis la fin du rang un instructeurs fit les dernières vérifications, gratifiant chacun des paras d’une claque dans le dos signifiant que tout était bon. Les candidats étaient souriant, content de quitter l’avion, dans lequel ils commençaient a se sentir malade. Le premier prenait sa position de saut à la porte, les mains fermement accrochées de chaque coté, le regard vers le bas, sérieux, concentré. Le chef largueur surveillait la lumière verte, puis criait « go ! » dès l’allumage de celle ci. Aussitôt le premier homme se jetait dans le vide, bientôt suivis par ses camarades. Au début, ils marchaient, mais ceux qui étaient au fond du rang arrivaient presque en courant à la porte. A croire que l’avion était en flammes…De ma place, je pouvais voir le début de la chute. Et surtout je pouvait voir la formidable baffe que se prenait les paras en passant dans le vent des hélices. D’autres personnes voyaient aussi comment cela se passait pour de bon. Le manque d’habitude du vol, la chaleur, le stress, faisaient que certains étaient littéralement gris. Je ne devais pas en être très loin. L’avion fit un tour et se représenta pour une nouvelle livraison. Encore une fois, j’assistais aux dernières vérifications. Cette fois ci pourtant, le premier homme n’avait pas une position déterminée et ferme a la porte. Il semblait même se tenir en retrait de celle ci, comme pour refuser l’échéance. Pourtant le « Go » fatidique arriva, et il fallu bien qu’il saute. Le rang défila sous mes yeux, et une fois terminé, il fallu se rendre compte de l’évidence, le suivant c’était moi. Parce que dans ces cas là, on ne pense plus qu’à soi. Difficile de se raccrocher à autre chose. L’avion refit un autre circuit. Un cri : « Accrochez les SOA ». J’attrape ma sangle, me lève, et j’accroche au câble ce mousqueton qui va, par l’intermédiaire d’une sangle, déclencher l’ouverture de mon parachute une fois dehors. Nous sommes tous debout, la main sur cette sangle orange. Sous nos casque, les regards sont sérieux. L’instructeur nous passe en revue. Il est suivis par notre sous officier, que d’un seul coup nous trouvons très sympathique. Pour chacun d’entre nous il a un petit geste d’encouragement, un sourire. Je suis en trois ou quatrième position, je ne vois plus que la porte. Je ne peux pas dire que j’ai peur, mais j’ai quand même une certaine inquiétude qui me vrille les tripes. Lampe Verte, un cri, « Go ! » et le premier s’élance. Puis un autre , puis encore un autre, puis un autre, puis moi… La porte du Transall a ceci de particulier que le seuil est en retrait par rapport au faîte. On se retrouve donc sur le seuil en étant dans l’avion, mais en voyant très bien ce qui se passe sous vos pieds. Quand j’y arrive, j’ai cette affreuse impression de me jeter dans la gueule du loup, de faire quelque chose que je n’aurait pas dû faire. Je distingue parfaitement sous moi le sol, qui me paraît à la fois infiniment lointain et dangereusement proche. Pas vraiment le temps de réfléchir, mais tout à fait le temps de crier, de hurler de peur en passant la porte. Je ne sais pas si un son a franchis ma bouche, mais je jurerait avoir crié. Dès la sortie, on prend une baffe, une énorme baffe. On passe de zéro a deux cent cinquante kilomètre heures en un dixième de seconde, dans le vacarme dantesque du moteur qui rugit a trois mètres de vos oreilles. Puis il y a le souffle chaud du turbopropulseur et ses odeurs de kérosène et, surtout, par dessus tout, l’impression de ne plus pouvoir rien maîtriser. Pendant je ne sais combien de temps, j’ai l’impression d’être dans une machine a laver, programme essorage. Puis un grand choc. Pas si terrible que ça, finalement. J’ouvre les yeux et recommence a respirer. J’ai un peu l’impression de me réveiller d’un cauchemar. Vite il faut vérifier que la voile est bien ouverte, qu’il n’y a pas de déchirures, que tout va bien. Et alors seulement je commence a goûter aux joies du parachutisme. Sous voile tout est calme. On flotte dans l’air. Autour de moi les élastiques qui tenaient les suspentes descendent en virevoltant joyeusement. Ils chutent juste un peu plus vite que moi et je les voit passer comme au ralentis. Un peu plus loin je vois mes camarades sous leurs voiles. On essaye de se parler avec le plus proche. Venant du sol, l’instructeur s’époumone dans un haut parleur pour nous donner les dernières instructions avant l’atterrissage. C’est vrai que le sol arrive vite. Serrer les pieds, serrer les genoux, tractionner du bon coté, les coudes serrés le long du corps, ne pas refuser le sol. Le contact est viril mais correct. Je me relève, je n’ai rien. Ouf ! ! ! !
#avionmoche : Mais le F35 reste moche ...
#31
Je reviens vite fait sur le débat à propos de la décision du ministre. C'est pas plutot au chef des armées ? le président de la République de prendre ce genre de décision ?
Le deuxième texte est poignant. J'ai bien cru que je sautais juste derrière Knell
Le deuxième texte est poignant. J'ai bien cru que je sautais juste derrière Knell
#32
Sublime Knell, je m'y croyais....et je sais pourquoi j'ai refusé d'etre para quand on me l'a demandé :lol:
Amraam.
Amraam.
#33
PROV, en France, je crois que ce serait au Premier Ministre de prendre la décision.
"Et c'est à cet instant qu'il vit la Mort arriver, chevauchant une plaine de feu pour s'emparer de son âme..." Tom Clancy - Les dents du tigre
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#34
:o Moi aussi :POriginally posted by PROV@Apr 26 2004, 07:02 PM
Le deuxième texte est poignant. J'ai bien cru que je sautais juste derrière Knell
j'en ai encore les trippes qui gargouillent :P
#35
Très chouette, Knell.
Très réaliste.
Très réaliste.
--
Avatar : Andrew Bawidamann, SS Naughty, 2003 (recadrage)
Avatar : Andrew Bawidamann, SS Naughty, 2003 (recadrage)
#37
Scrat> Comme Prov, je m'interroge et aimerais bien savoir.... chef des armées fait qu'aucune autre autorité ne lui passe dessus, donc je pense que chaque soldat engagé dans un corps d'armée lui doit respect aux ordres. Ceci-dit, le fait qu'il y ait un acteur civil dans l'historie, fait-il intervenir le premier ministre ? Si il y en a qui savent, n'hésitez pas
#38
Je vous mets en copier-coller un extrait d'une interview de Monsieur Alain RICHARD, ministre de la Défense, suite aux attentats du 11 septembre 2001 notamment en matière de police de l'air/
On se demande ce que peut faire un tel avion une fois qu'il est autour de l'avion présumé dangereux, vu le maillage, la densité de populations l'Ile-de-France, par exemple, une interception est très difficile. Comment est-ce que cela se passe dans ces cas-là ?
Je ne vous dis pas que ce n'est pas difficile, mais il y a une gamme de possibilités, de contraintes sur l'avion pour écarter un danger imminent, bien que ce ne soit pas trop détaillé.
Est-ce que cela peut aller jusqu'à une décision de destruction, et qui prend cette décision si elle doit être prise ?
Les décisions relèvent de l'autorité militaire dans un cadre d'instructions qui a été fixé par le gouvernement.
Est-ce que cela veut dire qu'il y a une correspondance directe avec le gouvernement et le chef militaire également ?
C'est le gouvernement, et une fois que le chef militaire responsable de l'autorité et de défense aérienne sait qu'il est dans le cadre des instructions, les décisions finales lui incombent.
On se demande ce que peut faire un tel avion une fois qu'il est autour de l'avion présumé dangereux, vu le maillage, la densité de populations l'Ile-de-France, par exemple, une interception est très difficile. Comment est-ce que cela se passe dans ces cas-là ?
Je ne vous dis pas que ce n'est pas difficile, mais il y a une gamme de possibilités, de contraintes sur l'avion pour écarter un danger imminent, bien que ce ne soit pas trop détaillé.
Est-ce que cela peut aller jusqu'à une décision de destruction, et qui prend cette décision si elle doit être prise ?
Les décisions relèvent de l'autorité militaire dans un cadre d'instructions qui a été fixé par le gouvernement.
Est-ce que cela veut dire qu'il y a une correspondance directe avec le gouvernement et le chef militaire également ?
C'est le gouvernement, et une fois que le chef militaire responsable de l'autorité et de défense aérienne sait qu'il est dans le cadre des instructions, les décisions finales lui incombent.
"Et c'est à cet instant qu'il vit la Mort arriver, chevauchant une plaine de feu pour s'emparer de son âme..." Tom Clancy - Les dents du tigre
#39
a mon epoque le chef des armees et donc celui qui decide d'envoyer, d'employer des vecteurs était le Monsieur le President de la Republique Francaise....
Regle C6 N° 24"pas de citations, sauf si l'auteur est mort"
Asus Rampage IV Extreme/ I7 3930K / 2 x Asus GeForce GTX 670 DCU II - 2 Go (GTX670-DC2-2GD5)SLI /G.Skill Kit Extreme3 8 x 4 Go PC12800 Ripjaws Z CAS9 /256 GB Samsung SSD 840 PRO / Seagate Barracuda SATA III 6 Gb/s - 2 To
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#40
Ouai, c'est bien de lui dont on parle (du moins moi) mais apparemment Scrat dis que la poilitque du gouvernement donnerait la marche à suivre..... m'est avis que le Président n'a d'obligation qu'envers lui-même et qu'il fait ce qu'il veut de son armée (caricaturé, mais pas loin de la réalité), mais le fait qu'il y ait des civils ?
#41
ben faut voir de quel coté penche la balance, si il y a plus de chance d'avoir un nombre de victime superieure à la totalité des passagers je pense que la decision sera prise, c'ets inhumain mais le sacrifice d'une minorité pour la majorité n'est pas nouveau....
C'est d'ailleurs le meteir de soldat qui veut çà aussi...
Je voudrais revenir sur le recit du premier saut de Knell ca rappelle de bon souvenir... 489631 .... que c'etait bon oui c'est vrai qu'il faut une certaine condition pour servir dans une unité para, car le saut c'est rien mais quand apres il faut rejoindre un point de rassemblement passablement eloigné en petite foulée avec toute la charge
C'est d'ailleurs le meteir de soldat qui veut çà aussi...
Je voudrais revenir sur le recit du premier saut de Knell ca rappelle de bon souvenir... 489631 .... que c'etait bon oui c'est vrai qu'il faut une certaine condition pour servir dans une unité para, car le saut c'est rien mais quand apres il faut rejoindre un point de rassemblement passablement eloigné en petite foulée avec toute la charge
Regle C6 N° 24"pas de citations, sauf si l'auteur est mort"
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#42
Pour finir sur les responsabilités, c'est le Président qui est Chef des Armées et qui décide de la politique à appliquer. Il donne délégation au Premier Ministre pour faire appliquer cette politique. (C'est pareil pour l'economie ou le social ...) Comme le Premier Ministre ne peut pas être tout le temps pret a repondre a la moindre questions des militaires, il existe des Directives ministerielles qui donnent délégation aux militaires pour certain type d'opérations. Dans ce cas précis il existe une permanence de commandement où un Général, appellé HADA , est, avec d'autres officiers generaux désignés, responsable de la decision d'ouvrir le feu. Il rend bien sur compte a qui de droit et en temps réel. Tout est écris , trés précisement, et il n'y a aucun doute sur le rôle de chacun, pour le cas ou ....
#avionmoche : Mais le F35 reste moche ...
#44
Super tes histoires Knell, impréssionant... C'est angoissant à un tel point!!! :o
Par contre pour la mission scramble c'est vraiment horrible si on se met à la place du pilote... Je crois que personne aimerait se retrouvé dans sa situation. Ca fait un pincement au coeur..
++;)
Par contre pour la mission scramble c'est vraiment horrible si on se met à la place du pilote... Je crois que personne aimerait se retrouvé dans sa situation. Ca fait un pincement au coeur..
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- Jeune Pilote
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#45
mais pourquoi donc sauter d'un avion en parfait etat de marche :lol:
...c'est vrai que les recit de knell sont saisissant, tout les details y sont, j'ai volé en transall (une fois et une seule ...en + c'etait la premiere fois que je prenais l'avion : ça fait des souvenirs ) et c'est vrai que 1: la soute c'est vraimment le bordel la dedans 2: sans casque, ça fait vraimment un potin d'enfer à l'interieur et 3 : ça fait exactement ça au decollage avec leurs vieux sieges en tissus disposé de traviol on se retrouve sur son voisin
...c'est vrai que les recit de knell sont saisissant, tout les details y sont, j'ai volé en transall (une fois et une seule ...en + c'etait la premiere fois que je prenais l'avion : ça fait des souvenirs ) et c'est vrai que 1: la soute c'est vraimment le bordel la dedans 2: sans casque, ça fait vraimment un potin d'enfer à l'interieur et 3 : ça fait exactement ça au decollage avec leurs vieux sieges en tissus disposé de traviol on se retrouve sur son voisin
Chat collé au plafond, tires le manche à fond !
#46
T'as pas eu la chance de decoller en Nord Atls assis en position crash... :D
Regle C6 N° 24"pas de citations, sauf si l'auteur est mort"
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#48
... c'est à dire :P ?Originally posted by hellflyer@Apr 28 2004, 01:54 PM
T'as pas eu la chance de decoller en Nord Atls assis en position crash... :D
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