Cool&quiet a écrit :je pondere juste l'affirmation suivante :"Dis-toi bien que les concours aux Grandes Ecoles sont de plus en plus sélectifs car les candidats sont de plus en plus nombreux chaque année et les places en admission sont toujours au même nombre"
en fait ca n'est pas vrai , les filiere math sup commencent à etre deserte depuis quelques annees au benefice de science po ou prepa HEC , faire du techniques n'interressent plus les jeunes , surtout depuis que les industries francaises ont institué l'ingenieur comme sous fifre de l'equipe dirigeante . "Il ne gagne pas assez , les etudes sont chiantes et en plus faut se taper des math" c'est une vision moyennement proche de la verite mais c'est la vision qu'ils ont . et je confirme que etre ingenieur et evoluer en france signifie a terme s'arretter toute activité technique et faire le commercial puis le manager ..:/ .
Malheureusement tu as raison, les fonctions techniques sont de plus en plus éclipsées par le fonctions managériales et financières, et ce n'est pas étranger à ce que l'on observe par exemple en ce moment chez Airbus.
Plus généralement, ces 10 dernières années, les regroupements, fusions, divisions, ventes et rachats dans le secteur aéronautique, dont Mr Martre, l'ancien Délégué Ministériel à l'Armement, a dit fort lucidement que c'était "un méccano de l'absurde", se sont accompagnées de fermetures de sites, regroupement de centres de recherche, envoi à la retraite anticipée ou au chômage de tout ce qui pouvait empêcher d'atteindre les sacro-saints 10% de rentabilité, en dehors desquels le Président est limogé comme le premier entraîneur de foot venu...
Après les Fondateurs qui ont pu inventer et imposer par eux-mêmes des concepts ou des marchés nouveaux...et qui devaient nécéssairement pour ça y tâter quand même en technique ! l'ère est maintenant aux "cost killers" qui appliquent à une activité de haute technologie et haute sécurité les mêmes méthodes que les hypermarchés dans la distribution...
Les responsables des grosses entreprises sont de plus en plus souvent énarques ou HEC et, en dehors de quelques technologies phares qui permettent de faire de la communication, il y a une déperdition continue de la technique qui dans notre secteur est peut-être plus indispensable qu'ailleurs.
Le leitmotiv actuel dans cette industrie est "ne vous en faites pas, on trouvera bien ailleurs des gens qui sauront encore faire ça (fabrication, entretien...) pour beaucoup moins cher"
Comme tout ça se voit et que les gens ne sont pas idiots, ça se répercute au niveau des orientations prises pour les études (après, c'est trop tard...). Dans les années 60 les prépas Math Sup + Math Spé étaient la voie royale et les prépas HEC c'était pour ceux qui n'étaient pas arrivés à suivre... Aujourd'hui ça c'est presque inversé.
Dans ce contexte, les Ecoles d'Ingénieurs restent des études difficiles, en tous cas pour les grandes Ecoles et toutes celles qui nécessitent de passer des concours. Il y a aussi de plus en plus d'écoles privées et payantes, ou on rentre "sur dossier" ( lire fric + piston ). Ces filières ont du succès car les Industriels abhorrent les universitaires et préféreront toujours embaucher des gens qui sortent d'une "petite" Ecole, surtout financée par le Privé.
Les Ecoles d'Ingénieurs conservent l'avantage de garantir en pratique un bon départ dans l'emploi, avec une vaste possibilité de choix d'orientation au début et par la suite. Mais ne vous trompez pas: ce qui intéresse les employeurs, c'est d'abord votre capacité de travail (ils s'imaginent qu'on peut tenir le rythme de Taupe pendant 40 ans et qu'on aime ça), ensuite l'idée plus confuse que les gens qui sortent de cette filère ont une "bonne mentalité" (pas trop à gauche, quoi...), et enfin que vous êtes adaptables et malléables c.a.d. qu'on peut vous demander de faire ou de faire faire à peu près n'importe quoi, que ce soit en raison des nécéssités du moment (normal) ou en fonction des foucades du "N+1" (souvent beaucoup moins normal). Les connaissances scientifiques ou techniques que vous êtes fiers d'avoir acquis pendant vos longues et difficiles études arrivent loin derrière tout ça.
Voili, voilou... j'espère ne pas avoir brisé trop de vocations, mais il vaut mieux savoir ou on met les pieds.
Claude