Article OPEX 360, avec le titre : Le Danemark s’inquiète du retard pris dans la livraison de ses chasseurs-bombardiers F-35A
https://www.opex360.com/2024/03/13/le-d ... ers-f-35a/
Le 12 mars, avec cinq ans de retard par rapport au calendrier prévu, le Pentagone a annoncé qu’il venait d’approuver la « production à plein régime » [dite « étape C »] du chasseur-bombardier F-35, dont le 1000e exemplaire est sorti des chaînes d’assemblage de Lockheed-Martin en janvier. « Cette décision […] montre aux services, aux partenaires du programme et aux clients [du F-35] que [cet appareil] est stable et agile et que toutes les exigences statutaires et réglementaires ont été dûment prises en compte », a fait valoir William A. LaPlante, le sous-secrétaire américain à la Défense chargé des acquisitions.
Seulement, dans le même temps, le Pentagone refuse toujours d’accepter de nouveaux F-35 tant que la mise à niveau logicielle Technology Refresh 3 [TR-3] de cet appareil n’aura pas été validée. Or, celle-ci est censée ouvrir la voie à la version Block 4, laquelle prévoit l’ajout de 66 nouvelles fonctionnalités, ce qui suppose, par ailleurs, l’intégration d’une motorisation plus puissante. Cette situation préoccupe le Danemark, qui dispose actuellement de dix F-35A [sur vingt-sept commandés], dont seulement quatre exemplaires ont été affectés à la base aérienne de Skrydstrup, les six autres étant restés aux États-Unis pour la formation et l’entraînement de ses pilotes.
Et cela d’autant plus que, dans le cadre de l’aide fournie à l’Ukraine, le ministère danois de la Défense a décidé de hâter le retrait de F-16 de la Flyvevåbnet [force aérienne royale], après avoir annulé un investissement de 150 millions d’euros pour continuer à les faire voler au moins jusqu’en 2027. Même si Lockheed-Martin maintient son objectif de livrer le premier F-35 en configuration dite TR3 vers juillet 2024, « il y a une incertitude au sujet de la livraison des prochains F-35A. […] J’ai demandé aux forces armées d’examiner des initiatives susceptibles de compenser cet éventuel retard », a ainsi fait savoir Troels Lund Poulsen, le ministre danois de la Défense, via un communiqué publié le 12 mars.
Parmi les solutions envisagées, la plus simple serait de faire venir au Danemark, temporairement, une partie des six F-35 actuellement affectés à la base aérienne de Luke [Arizona]. Mais cela supposerait que les pilotes de la Flyvevåbnet puissent poursuivre leur formation grâce au soutien « d’autres pays », souligne le ministère danois. Celui-ci avance aussi la possibilité « d’acheter ou d’emprunter des F-35 auprès d’autres pays déjà dotés de cet appareil ». Ce qui est, en clair, un appel du pied aux États-Unis, qui sont les seuls à pouvoir satisfaire une telle demande. Enfin, il est aussi question d’un « ajustement des jalons politiques » concernant le F-35, ce qui semble bien abscons.
« J’ai demandé aux forces armées de préparer un certain nombre de propositions qui pourraient servir de base à une solution globale que nous pourrions discuter et décider au sein du cercle de conciliation. Les avions de combat F-35 représentent un investissement majeur pour le Danemark. Ils seront importants pour notre défense et notre sécurité pendant de nombreuses années. Il est crucial que nous suivions cette affaire de près », a insisté le ministre danois de la Défense.
D’après le communiqué, « cette situation ne devrait pas affecter le don de F-16 à l’Ukraine, qui reste prioritaire, ni les obligations du Danemark envers l’Otan en cas de crise ». Avec de nouveaux chasseurs-bombardiers susceptibles de ne pas être livrés dans les temps, on voit cependant mal comment la situation ne serait pas « affectée »… Sinon, pourquoi M. Poulsen s’en inquiéterait-il ?