Article A&C, avec le titre : L'initiative populaire suisse pourrait torpiller le F-35... et l'aviation de combat suisse !
https://air-cosmos.com/article/linitiat ... isse-28539
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En Suisse, si une initiative populaire obtient un minimum de 100.000 signatures dans un délai de 18 mois, le Conseil fédéral doit rédiger une recommandation au Parlement pour en accepter ou rejeter l'objet, et ce dans un délai de 12 mois. En cas d’acceptation, le Parlement dispose de 18 mois pour discuter de la validité de l'initiative. Le Conseil fédéral peut aussi proposer un contre-projet à l'initiative en question, rallongeant le processus d'encore 12 mois maximum. Dans le cas où un accord est trouvé, un vote populaire doit ensuite être organisé dans les 10 mois. Ainsi, ce procédé est très long puisqu'en comprenant les délais préliminaires à l'organisation de l'initiative populaire, le processus peut nécessiter entre trois et cinq ans. La Suisse comptait 5.488.371 électeurs en 2020, dont 49.3% ont participé à ces dernières élections (participation non obligatoire).
Le 31 août 2021, l’initiative populaire fédérale "Contre le F-35" était lancée par le collectif "Stop F-35". Ce collectif estime que le F-35 ne rentrera pas dans le budget qui lui est alloué, que le rôle principal de police du ciel qui est exigé pour l'avion ne nécessite pas l'achat d'un chasseur furtif ou encore, que la Suisse serait trop dépendante des États-Unis sur sa politique de sécurité comme d'un point de vue industriel.
Dans le cas où le cap des 100.000 signatures est atteint pour le 1er mars 2023, le projet de F-35 risque donc de tomber à l'eau, ou serait a minima fortement retardé.
Les opposants au choix du F-35 sont cependant gênés par les modalités de l'initiative, puisqu'en dehors du renoncement aux F-35A et aux batteries de missiles Patriot de défense aérienne, l'initiative propose également une réduction du budget de la défense suisse visant à renoncer à tout achat d'avion de combat. Il ne s'agit donc pas de refuser le F-35 pour se rediriger vers le Rafale ou l'Eurofighter, mais bel et bien de remettre en cause le principe même d'une aviation de combat. La Suisse ne disposerait donc plus d'avion de combat une fois les F-5E II Tigre et F/A-18 Hornet mis à la retraite.
Le pays deviendrait alors totalement dépendant de ses voisins pour assurer sa sécurité, alors même que cette initiative se présente comme un moyen de maintenir l'indépendance de la Suisse sur la scène internationale. En cas de problème (appareil ne respectant pas son plan de vol, détournement, aéronef ne répondant plus à la radio...), ce sont des aviations de combats des pays étrangers qui pourraient devoir intervenir, comme ce fut le cas pendant plusieurs années en heures non-ouvrables.
Alors que le F-35 avait été choisi pour son coût inférieur à toutes les autres propositions, des détails du calcul avaient rapidement remis en cause ce choix. Le calcul du coût d'exploitation de l'avion avait par exemple été estimé en réalisant 20% d'heures de vol en moins que ses compétiteurs et l'engagement sur les coûts du maintien en condition opérationnelle de l'avion n'était garanti que jusqu'en 2031... un peu faible au regard de la durée de vie probable de l'avion.
Une semaine seulement après l'officialisation du choix suisse en juin 2021, le GAO (Cour des Comptes américaine) tirait la sonnette d'alarme quant à la disponibilité faible de l'avion et son coût d'utilisation sans cesse croissant, appelant officiellement les autorités américaines à réduire le nombre d'appareils commandés si son coût d'utilisation réel n'était pas divisé par deux.
En novembre, c'est l'inflation et le différentiel monétaire qui était évoquée pour expliquer une envolée de l'enveloppe budgétaire de près de 20%, 6,035 milliards de Francs suisses contre 5,068 milliards seulement quatre mois plus tôt. Fin novembre, c'était la Norvège, l'un des premiers opérateurs de l'avion en Europe, qui révélait l'écart énorme qui existait entre les engagements de Lockheed Martin et la réalité.
J'avais jamais fait attention aux autres aspects de l'initiative. Mais, apparemment, avant la votation, le Conseil Fédéral a la possibilité de modifier la teneur de l'initiative.
A suivre...