https://www.lemonde.fr/international/art..._3210.html
La Russie de Poutine est un pays pacifique et transparent (et Trump un fanfaron?):
Citation :
Que s’est-il passé, le 8 août à midi, au large de Nionoska, dans la région d’Arkhangelsk, dans le Grand Nord russe ?
L’explosion survenue dans un centre de recherches nucléaires aurait fait cinq morts et au moins trois blessés. Lundi, les corps de cinq ingénieurs de l’agence nucléaire russe, Rosatom, ont été enterrés avec les honneurs. Mais le bilan réel reste incertain et les circonstances précises de l’incident ne sont pas connues, tant l’absence de transparence des autorités rend les événements difficiles à reconstituer.
Après s’être contentées de déclarations floues pendant quatre jours, les autorités russes ont finalement reconnu, lundi, que l’accident était lié aux tests de « nouveaux armements », sans donner plus de précisions. Rosatom a également assuré vouloir « continuer le travail sur les nouveaux types d’armes, qui sera, dans tous les cas, poursuivi jusqu’au bout ».
Plusieurs experts cités par les agences de presse ont lié l’accident à la nouvelle génération de missiles vantés ces derniers mois par le président Vladimir Poutine comme « invincibles », « indétectables » ou « hypersoniques ». Le Bourevestnik (« oiseau de tempête », en russe), missile à propulsion nucléaire, ne serait pas encore au point, mais il serait conçu pour parer à quasiment tous les systèmes d’interception. L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) a donné à ce missile russe le nom de Skyfall.
En 2018, à quelques semaines de la présidentielle russe, Vladimir Poutine avait fait de la présentation de nouveaux missiles une démonstration de force à destination de l’étranger. « Personne ne voulait nous parler, personne ne voulait nous écouter. Ecoutez désormais ! », avait-il lancé, assurant que les nouvelles forces balistiques nucléaires de haute technologie de l’armée russe dépassent tout autre système de défense au monde.
Un nouveau détail a émergé lundi : l’accident aurait aussi impliqué un petit réacteur nucléaire, selon le directeur scientifique du centre militaire de Sarov, Viacheslav Soloviev. Comment un tel réacteur peut-il être impliqué dans un lanceur de missiles ? Les explications parcellaires fournies par les autorités russes ont de quoi susciter des interrogations : les scientifiques travaillent-ils sur un projet de missile alimenté par un réacteur nucléaire, qui lui permettrait de faire plusieurs fois le tour de la terre ?
Mardi, le porte-parole du Kremlin a refusé de confirmer qu’il s’agit du Bourevestnik. Mais il a assuré que la compétence atteinte par la Russie en matière de missiles à propulsion nucléaire « dépasse significativement le niveau atteint par d’autres pays et est assez unique ».
Propulser un missile avec de l’énergie nucléaire permet, en théorie, « de faire de larges détours pour frapper l’adversaire sur des zones exposées, utiliser des trajectoires non surveillées, afin de contourner et surprendre les radars américains et leur défense antimissile », a expliqué à l’Agence France-Presse Corentin Brustlein, directeur du centre des études de sécurité à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
Mais les défis techniques sont énormes. Il faut d’abord parvenir à miniaturiser un réacteur nucléaire au point de pouvoir l’embarquer à bord d’un missile, puis gérer la sécurité des chercheurs pendant les phases de tests, puis celle des opérateurs.
Dans une déclaration elliptique sur Twitter, le président américain, Donald Trump, a assuré que les Etats-Unis « ont beaucoup appris sur l’explosion d’un missile défectueux en Russie », ajoutant : « Nous avons une technologie similaire, mais plus avancée. » Les Etats-Unis ont développé dans les années 1960 un prototype de missile nucléaire, appelé projet Pluton, mais qui a été rapidement abandonné.