Azrayen a écrit : ↑ven. juin 07, 2019 5:16 pmMerci pour ton retour
Noté pour les shale oils qui effectivement font un gros boum ces dernières années ; je n'ai pas assez de visi pour me faire un avis sur la durabilité de ce boum, à la fois en terme de stocks accessibles (la technique impliquant si j'ai bien compris une baisse rapide de la rentabilité de chaque "puits"), et en terme d'inconvénients (moyen/long terme) qui pourraient finir par outrepasser l'avantage productif (court terme).
Ça va sans doute se résumer (*), comme pour le très profond, à la quantité non seulement de capitaux nécessaire pour produire tant de barils, mais aussi à la quantité d'énergie nécessaire pour extraire chacun des barils.
(*) en marché "libre" or là, on voit pointer des contraintes réglementaires visant à réduire les émissions GES donc à "laisser les réserves là où elles sont".
Pas de problème.
Le boum des shales va probablement durer et s'étendre. Ce que tu décris était vrai au départ mais ça l'est déjà beaucoup moins aujourd'hui. Les Américains y sont allés avec la finesse qu'on leur connait, à la cow-boy, donc n'importe comment. Et effectivement, au départ, un puits s'épuisait très rapidement, quand il arrivait à produire. Aujourd'hui, il y a un gros effort de R&D en cours aux States visant à optmiser les "jobs" de fracturation (et on en a désormais plusieurs par puits). En outre, le secteur a été "nettoyé" des pionniers du débuts, les plus petites compagnies ont disparu rachetées par les plus grosses et les majors (comme Total) commencent à investir massivement...
Le phénomène des shales est un évènement majeur, y compris au niveau géopolitique. Aujourd'hui les USA sont devenus les premiers producteurs de pétrole au monde grâce à eux (c'est plus de 50% de leur production) et ils sont en route vers l'autonomie... (pour la gaz ils y sont presque). Pour l'instant, ils importent toujours mais du Canada, du Mexique etc. beaucoup moins du Middle East. On en voit les effets (Iran, Yemen, etc.): les Américains se foutent désormais complètement de la stabilité de cette zone car leur approvisionnement n'en dépend quasiment plus. Le nôtre si...
Sur la ressource non conventionnelle, c'est certainement énorme, beaucoup plus que les conventionnels. En fait les shales sont ce qu'on appelle la roche mère: ce sont des argiles très fines qui ont piégé de la matière organique (typiquement des restes de végétaux) laquelle se transforme ensuite en hydrocarbure par "chauffage". Ensuite, avec le temps, certains de ces hydrocarbures sont expulsés et vont se piéger (ou pas....) dans les réservoirs conventionnels. La plupart des HC sont donc certainement encore piégés dans leurs roches mères.
En outre il existe encore d'autres non conventionnels auxquels personne n'a encore touché: les hydrates. Ce sont des réseaux cristallins de molécule d'eau qui ont piégé du méthane. On en trouve en mer, sur les marges océaniques, et dans les zones arctiques. Les quantités ne sont pas connues (les estimations les plus faibles donnent plus de 10 fois les conventionnels) et il n'y a eu pour l'instant que quelques tests de production (par les Japonais et les inévitables Chinois).
Bref, la ressource en hydrocarbure est très importante.
C'est à la fois une bonne nouvelle (car pénurie = explosion des prix et nos sociétés actuelles auraient du mal à survivre comme tu l'as dit) et une mauvaise car il va nécessairement falloir en sortir sans qu'on y soit obligé par la pénurie et donc effectivement laisser les réserves où elles sont.
Car à l'autre bout de la chaîne le CO2 est malheureusement une des molécules les plus stables de l'univers. L'énergie de liaison C=O est très élevée et pour la "casser", il faut beaucoup d'énergie (ou un catalyseur mais ça revient au même). Et elle est chimiquement stable dans l'atmosphère: pour s'en débarrasser, il faut donc attendre qu'elle soit fixée par un végétal (la photosynthèse dont le rendement est d'ailleurs très faible) ou qu'elle soit dissoute dans les océans.
Pour revenir au sujet, je pense que le transport aérien a mangé son pain blanc et qu'il va devoir s'adapter. Et surtout changer de discours sinon ce sera pire. Dire "je suis responsable de 2% mais les autres font 3%" ne tiendra pas longtemps.