Salut
Pour information, je ne sais pas si le livre a déjà été signalé sur le forum.
Mais (et c’est assez rare pour le noter), un livre vient de sortir sur le thème des combats en Afrique-Orientale italienne.
STEWART, Andrew. The First Victory: The Second World War and the East Africa Campaign. Yale University Press, 2016. 328 pp.
Je viens juste de recevoir le livre, donc uniquement commencer la lecture. Mais, quelques observations, je ferais en sorte d’en fournir une critique plus complète ultérieurement.
Tout d’abord, il s’agit clairement d’un ouvrage de type universitaire, comme le prouve d’une part le CV de l’auteur et d’autre part l’éditeur. En outre, la consultation de la bibliographie (9 pages + les nombreuses notes) renvoi essentiellement vers ce type d’ouvrages. Il est dommage de ne pas y trouver certains livres — articles provenant davantage de passionnés et non d’universitaires.
Ensuite, comme le titre l’indique, il s’agit d’une analyse de la campagne sous l’angle britannique, ou plus exactement comme l’explique l’auteur sur l’armée britannique, mais aussi la participation essentielle (et souvent négligée dans d’autres livres) de plusieurs membres de l’Empire. La majorité des sources consultées par l’auteur proviennent des archives britanniques, d’ouvrages relatifs aux unités terrestres engagées et des archives sud-africaines, voire du Kenya. Les archives italiennes ne sont pas mentionnées dans la liste des sources. C’est, en outre, confirmé par l’auteur dans son introduction, il laisse l’étude du côté italien à d’autres auteurs. Effectivement, les livres consultés ne sont que les classiques Del Boca ou l’étude de l’Ufficio storico (qui date de 1952). Malheureusement, cette étude ne viendra clairement pas combler ce point. C’est dommage, mais cela confirme aussi le manque criant de documentation et de sources sur les Italiens durant la campagne d’AOI.
Enfin, l’aspect aérien est quasiment voir totalement absent. En tournant rapidement les pages, je n’ai trouvé que de très rares mentions sur l’activité aérienne. Remarques qui sont, par ailleurs, souvent de mauvaise qualité. Je pense notamment à un paragraphe faisant référence « aux obsolètes Bristol sud-africains » (la SAAF n’a jamais employé d’avions de ce constructeur en Afrique de l’Est), ainsi qu’aux « Hartebeeste de la SAAF pilotés par des Rhodésiens du sud » (j’ai déjà expliqué pourquoi le terme de Hartebeeste est pour moi inapproprié et provient davantage d’une mauvaise transcription dans les documents britanniques et qu’il convient d’utiliser celui de Hartbees ; en outre, l’unité de la Southern Rhodesia avait été intégrée auprès de la RAF et non de la SAAF, dans tous les cas, ces derniers n’ont jamais piloté des avions sud-africains). Globalement, on voit clairement à travers d’autres mentions que les connaissances de l’auteur sont très limitées (voire erronées) dès qu’il parle d’aviation, et que cette dernière est la grande absente de l’étude. C’est dommage, car on ne peut négliger le rôle joué par cette dernière dans la réussite de la campagne (notamment lors de l’offensif au sud, que l’auteur cherche pourtant à mettre largement en avant), mais aussi dans les objectifs du commandement britannique. La neutralisation des aérodromes italiens, notamment en Érythrée, était jugée prioritaire pour supprimer tout risque sur la navigation en mer Rouge.
Pour le reste (mais à confirmer à la lecture), le livre semble de grande qualité sur le plan des opérations terrestres, ainsi qu’en expliquant longuement la stratégie britannique (ou plutôt anglo - sud-africaine). De longs développements semblent, en outre, être consacrés à la situation politique du secteur notamment les problèmes de rébellion à Aden (qui obligeront, notamment, la RAF à distraire durant les mois d’octobre à décembre une partie de ces moyens très limités pour mater et rétablir l’ordre dans le Protectorat. Enfin, plus éléments semblent être fournies sur le cas des « Patriotes éthiopiens », ainsi que sur l’élimination des dernières troupes italiennes et tensions orchestrées par le parti fasciste [une population civile italienne non négligeable restant sur place] après novembre 1941.
Dommage, par contre, que les illustrations [photographies] soient faméliques avec environ 10 pages au milieu et la qualité d’impression très moyennes.