“The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boeing co
“The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boeing co
#1« L’objectif est détruit » est la phrase lancée par le pilote du Su-15 qui a abattu le Boeing 747 sud-coréen du vol KAL 007 en 1983. C’est un titre doublement approprié puisque cette phrase, interceptée par les postes d’écoutes américains et japonais, fut l’une des principales preuves rendues publiques par l’administration Reagan dans les jours qui suivirent.
Le sous-titre dit « ce qui est réellement arrivé au vol 007 et ce que l’Amérique savait à son sujet ». En fait, l’ordre des priorités de cette enquête journalistique est plutôt l’inverse. Le livre est découpé en cinq parties : la scène, le renseignement, la politique, le vol, les suites.
« La scène » comprend un chapitre sur le vol Korean 902, abattu en 1978, et un chapitre sur un exercice massif de la marine américaine en avril 1983, qui vit notamment l’île de Zelenny (Kouriles) être survolée par des chasseurs de l’US Navy. Les Kouriles sont occupées par l’URSS depuis 1945, mais revendiquées par le Japon, soutenu par les USA. En conséquence, les Américains ne purent ni s’excuser d’avoir violé un espace aérien soviétique (puisqu’ils ne le reconnaissent pas), ni le justifier (visiblement une gaffe venue d’un niveau intermédiaire). La DA soviétique d’Extrême-Orient fut placée en alerte renforcée. Ambiance…
« Le renseignement » commence par un chapitre sur le RC-135 qui orbitait à l’est du Kamtchatka peu avant que le vol 007 n’y passe. Il ne s’agissait pas d’un Rivet Joint d’écoute électronique, mais d’un Cobra Ball, variante équipée de télescopes infrarouges pour repérer les ogives de missiles. Cette nuit-là, il avait été envoyé dans l’anticipation d’un test de SS-X-25 tiré de Plesetsk qui devait retomber sur le Kamchatka. Le test n’eut pas lieu en fin de compte et le Cobra Ball rentra à Shemya sans rien avoir remarqué de notable.
Les chapitres suivants de cette partie, eux, parlent de l’interception des communications de la défense aérienne (DA) soviétique pendant le survol – et la fin – du vol 007. Seymour Hersh retrace tout le processus, et c’est là le gros intérêt du livre. Hersh fait comprendre en toute simplicité à quoi servent les stations d’écoute de Misawa AB et Wakkanai, comment elles fonctionnent et pourquoi. Sa description est telle que j’avais l’impression d’être dans la salle de contrôle quand les opérateurs essayaient de comprendre ce que signifiaient les communications interceptées.
Les difficultés de l’analyse sont très bien expliquées : comme les opérateurs d’écoute entendent régulièrement des exercices de la DA soviétique, ils pensent d’abord que l’activité autour du KAL 007 était un exercice… ils n’avaient aucun moyen de savoir que l’objectif dont parlaient les stations radar russes était réel ! Les communications des chasseurs vers le sol sont interceptées à Wakkanai, mais pas celles du sol vers les chasseurs ; Misawa ne dispose pas de toutes les interceptions ; et encore faut-il les transcrire et les traduire. Ce n’est que quand le JT signalera qu’un avion de ligne est disparu que les Américains feront le lien, et même à ce moment, les messages CRITIC envoyés par Misawa seront annulés par la NSA, estimant qu’ils sont trop spéculatifs. Au total, il s’écoulera une douzaine d’heures avant que la communauté du renseignement ne conclue que le vol a bien été abattu.
Hersh aborde brièvement les théories du complot qui entourent l’affaire, et explique pourquoi il ne suit pas cette voie :
-Il n’a trouvé aucun indice suggérant que les services de renseignement s’attendaient au vol 007. (Une station a même totalement négligé de rapporter l’activité de la DA du Kamchatka lors du premier survol.)
-Si la DA soviétique avait fonctionné correctement, le Boeing aurait été intercepté avant qu’il n’atteigne le Kamtchatka, et la mission d’espionnage finissait avant même de commencer.
-Les Américains ne violaient plus l’espace aérien soviétique depuis les années 60, suite à l’apparition du renseignement satellitaire. (Pour être encore plus précis, les derniers survols connus de l’URSS remontent à 1960.)
Au passage, dans sa bibliographie il présente les livres soutenant ces thèses (ceux de Clubb, Dallin, R. W. Johnson et Jeffrey St. John), estime que leurs auteurs n’ont fait aucun effort visible pour interviewer les personnes impliquées, et qu’ils ont pris pour argent comptant ce qui fut publié à chaud dans les journaux – surtout si cela allait dans leur sens.
« La politique » suit divers aspects. D’abord l’annonce de la tragédie par le secrétaire d’Etat George Shultz. Celui-ci pensa que le chasseur soviétique avait forcément dû identifier l’avion comme un 747, puisque une des communications disait « je suis parallèle à l’objectif ». L’implication étant que les Soviétiques avaient abattu un avion de ligne en tout connaissance de cause, ce qui fut pris par Shultz (et le public) comme une monstruosité – que seule l’URSS pouvait commettre. Ensuite, les dissensions qu’il y eut entre estimations de renseignement, notamment l’Air Force qui fit une analyse bien plus précise, comprenant comment le 747 aurait pu être confondu avec le RC-135 (piste initialement exclue par les autres services), mais qui ne sera pas prise au sérieux initialement. En fait, le Su-15 volait parallèlement au 747 mais en-dessous, d’où il n’était pas évident de le distinguer d’un C-135. Et surtout, le plus important est ce qui ne figure pas dans les interceptions : à aucun moment le pilote n’a rapporté au contrôle que l’avion était civil. Les services de renseignement se rallieront finalement à la thèse de l’USAF, mais pas avant plusieurs jours (cela dit, Robert Gates dans From the Shadows dit que cette conclusion figurait dans le President’s Daily Brief dès le 2 septembre). A ce moment-là, l’opinion du public était faite depuis longtemps, et l’URSS s’était discréditée à la fois par son action et par sa communication totalement à la ramasse. Mais Shultz et compagnie ne revinrent jamais publiquement sur leurs déclarations initiales, et l’entourage de Reagan fit barrage le temps que la question disparaisse. Autre point de contentieux, la seule mention de tirs de sommations par le pilote ne fut comprise que lors d’un réexamen des enregistrements le 11 septembre, et c’est apparemment la seule preuve de sommations qu’aient eu les Américains. Cette partie du livre aborde également les relations avec le Japon, dont les USA tordirent pratiquement le bras pour publier ses enregistrements qui étaient de meilleure qualité.
La partie « le vol » est une reconstitution qui déroule en parallèle le vol et les conclusions du renseignement américain. Le livre datant de 1986, cette reconstitution est dépassée du fait des témoignages apparus et de la restitution des boîtes noires après la chute de l’URSS. D’autant qu’elle se base sur un scénario de plusieurs erreurs d’interaction avec l’INS, alors que le pilote automatique n’est pas passé sur l’INS et est resté sur un cap magnétique constant (du moins selon la série Mayday / Air Crash Investigation, je n’ai pas lu les rapports de l’OACI). Reste que cela a été fait avec sérieux et qu’il y a des infos intéressantes (le VOR d’Anchorage hors service, la probable absence du pilote du cockpit pendant l’essentiel du vol). Par contre la synthèse côté renseignement va sans doute rester la référence sur le sujet jusqu’à une plus grande ouverture des archives de la NSA.
Le service d’écoute de l’Air Force a conclu que l’écho radar du 747 avait été pris pour le Cobra Ball revenant patrouiller. La NSA, au contraire, conclut que les deux avions ont été suivis au radar simultanément, et que la DA a simplement pensé que le KAL était un Rivet Joint venant d’Alaska. Dans les deux cas, la DA du Kamchatka s’attendait à ce qu’il orbite tranquillement dans l’espace international, et a été totalement surprise par le fait qu’il continue tout droit. Cela explique en partie son échec à l’intercepter, et elle se serait abstenue de rapporter ce fiasco à ses supérieurs. A Sakhaline, par contre, la trajectoire venant du nord-est était inhabituelle, et le Su-15 était au contact onze minutes avant que l’avion ne survole l’île. Le centre régional de Khabarovsk a contacté Moscou pour obtenir un ordre, mais il n’est pas clair si c’est de là qu’est venu l’ordre de tirer. Un message de Khabarovsk a rappelé à Sakhaline qu’ils devaient identifier visuellement l’objectif. Un changement d’altitude du 747 à ce moment a été pris pour une tentative d’évasive et ça a scellé son sort. (Bizarrement, il semble qu’alors on ne savait pas que le Boeing venait juste de regagner les eaux internationales quand il a été abattu, alors qu’il est fait référence à un radar japonais à Wakkanai qui a suivi l’affaire.)
« Les suites » : deux officiers de Sakhaline furent relevés de leur commandement, sans doute pour ne pas avoir empêché le survol de leur territoire (mais pas pour l’avoir abattu, vu comme le Politburo crut dur comme fer que c’était un coup tordu US). L’officier de Khabarovsk qui avait rappelé les règles d’engagement (visiblement violées par ses subordonnés) fut le seul à s’en tirer. La DA d’Extrême-Orient fut lourdement réorganisée, mais il n’y eut pas de limogeage d’officiers supérieurs.
Fait peu connu, le premier ministre canadien Pierre Trudeau, correctement informé (la NSA partageant ses renseignements avec les services canadiens) a tenté de calmer le jeu en disant publiquement que les Soviétiques s’étaient trompés, et en se lançant dans une initiative pour apaiser les tensions internationales (qui n’a pas donné grand-chose).
Hersh explique pourquoi il a écrit ce livre : dénoncer le mauvais usage du renseignement par l’administration Reagan dans cette (on sent que pas mal de ses sources l’ont informé parce qu’elles étaient furieuses). Il estime que les professionnels du renseignement, notamment le directeur de la NSA, ont laissé dire l’administration sans chercher à faire valoir la vérité.
Selon moi c’est un livre intéressant à deux titres. D’abord, c’est une excellente « étude de cas » sur le renseignement, notamment qui fait comprendre intimement le fonctionnement du renseignement électromagnétique (Hersh est excellent sur le sujet, et pas seulement dans ce livre, contrairement aux descriptions lambda de la NSA trop portées à la démesure), et la connexion entre renseignement et politique. Ensuite, c’est le seul bon livre sur l’affaire. Certes il n’est pas exhaustif (dommage qu’il n’ait pas été mis à jour en 1993), mais c’est ce qui s’en approche le plus.
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Seymour M. Hersh, “The Target Is Destroyed” : What Really Happened to Flight 007 and What America Knew About It, New York, Random House, 1986, 282 p. (ISBN 0-394-54261-4)
Format hardback américain comme je les aime, avec un index, et une carte très bien faite sur une double-page. Pas de cahier photo. Réédité en format poche chez Vintage, 1987 (ISBN 0-394-75527-8). Je crois me souvenir que la carte est absente de l’édition poche, mais elle est partiellement reproduite sur la couverture.
Un remerciement au passage à Ironclaude pour m’avoir prêté son livre il y a un an
Dernière modification par Rob1 le jeu. mars 26, 2015 7:47 pm, modifié 2 fois.
#2
Très bon speech qui donne envie de lire le livre
"Tu as peur, Boyington, tu refuses le combat" (Tomio Arachi).
#4
Je crois que notre ami CJE avait fait paraître un article sur cette histoire dans un AJ ancienne formule.
#5
larsenjp a écrit :Je crois que notre ami CJE avait fait paraître un article sur cette histoire dans un AJ ancienne formule.
Absolument et soutenant une thèse totalement inverse et argumentée par les relevés du vol de KAL007, obtenus auprès de la NSA, indiquant un plan de vol plutôt erratique pour un avion de ligne.
#6
jeanba a écrit :Très bon speech qui donne envie de lire le livre
Merci. Pensant que je pense que peu de gens le liront, j'ai fait un résumé très détaillé. J’ai eu du mal (j'ai commencé à taper il y a 10 jours).LUSO 83 a écrit :Très intéressant dommage de ne pas avoir un anglais suffisant pour un tel volume.
Il est très dommage que ce livre n'ait jamais été traduit en français... Pas mal de livres de Seymour Hersh ont été traduits, mais pas forcément les meilleurs.
Pour info, l'article de CJE est disponible (mais sans illustrations) sur l'ancien site aerostories : http://aerostories.free.fr/events/kal007/.
Cet article avait d'ailleurs été ma première lecture sur le KAL il y a... houla, il y a bien 7 ou 8 ans.CJE a écrit :Absolument et soutenant une thèse totalement inverse et argumentée par les relevés du vol de KAL007, obtenus auprès de la NSA, indiquant un plan de vol plutôt erratique pour un avion de ligne.
Mais ayant lu pas mal de choses sur le renseignement américain en général (pas spécifiquement sur le KAL) depuis, je doute fortement qu’une opération tordue impliquant le KAL ait pu avoir lieu. La quantité d’informations disponibles est proprement hallucinante et apporte souvent un éclairage intéressant et assez honnête sur des évènements (au risque d’y accorder trop de confiance, certes). Par ailleurs, Seymour Hersh n’est pas un novice (l’opération MH/Chaos, le Glomar Explorer, Holystone…).
Je pense donc que globalement, le KAL s’explique de la manière la plus crédible comme une erreur de navigation simple mais aux proportions gigantesques. Après, je n’ai pas l’explication pour chaque point soulevé, et il est probable qu’on ne l’aura jamais.
Après, je n'ai pas la chance d'avoir ce plan de vol, je n'ai pas trouvé beaucoup de documents de première main à propos du KAL sur internet, pas même les rapports de l'OACI. Tout ce que j'ai c'est une transcription de 1983 des communications des chasseurs, et des transcriptions sur Wikisource qui sont incomplètes.
Quant aux livres… j'ai la manie de sélectionner soigneusement les livres que j'achète. Vu comme la plupart des ouvrages sur le sujet se sont fait descendre par les critiques (voir notamment http://intellit.muskingum.edu), et ayant une vague idée comment des auteurs peuvent bidouiller leurs indices pour les faire rentrer dans une thèse, je crois que je vais éviter.
#7
Un téléfilm sur le vol 007 Korean Air Lines, Absence radar (Coded Hostile, alias Tailspin aux USA, alias Le vol 007 ne répond plus) est sur Youtube en français :
http://www.youtube.com/watch?v=h7oorfBc9Gw
Visiblement il est très inspiré du livre de Seymour Hersh que j'ai présenté plus haut, on en retrouve beaucoup d'éléments en tout cas.
Le film a été "mis à jour" en 1993 en fonction des résultats de la 2ème enquête de l'OACI, mais visiblement ce n'est pas cette version.
C'est aussi un rare film à présenter le fonctionnement du renseignement électronique sans partir dans du n'importe-quoi (en fait, le seul à ma connaissance).
http://www.youtube.com/watch?v=h7oorfBc9Gw
Visiblement il est très inspiré du livre de Seymour Hersh que j'ai présenté plus haut, on en retrouve beaucoup d'éléments en tout cas.
Le film a été "mis à jour" en 1993 en fonction des résultats de la 2ème enquête de l'OACI, mais visiblement ce n'est pas cette version.
C'est aussi un rare film à présenter le fonctionnement du renseignement électronique sans partir dans du n'importe-quoi (en fait, le seul à ma connaissance).
#9
Sh.., je n'y ai pas accès.
Au fait, tu lis des bouquins, maintenant?
Je croyais que tu préférais "bouquiner" via internet et documents pdf?
Au fait, tu lis des bouquins, maintenant?
Je croyais que tu préférais "bouquiner" via internet et documents pdf?
#10
Bravo Rob pour ce résumé très complet sur ce bouquin que j'ai lu cet été (coincidence car le bouquin est ancien et date de 96 je crois).
Thème interessant, beaucoup d'infos sur les stations d'ecoute US. Mais à la fin, j'ai un peu lu en diagonale.
J'ai aussi acheté Incident at Sakhalin mais je crains qu'il soit moins intéressant... A voir...
Gnouze
Thème interessant, beaucoup d'infos sur les stations d'ecoute US. Mais à la fin, j'ai un peu lu en diagonale.
J'ai aussi acheté Incident at Sakhalin mais je crains qu'il soit moins intéressant... A voir...
Gnouze
#11
Tu es en France ? J'ai l'impression qu'il y a une restriction de la diffusion (mais pour moi la vidéo est tjs visible). Downloadhelper ne "réagit" pas à la vidéo, elle doit avoir des protections.III/JG52-Freiherr V. Kaos a écrit :Sh.., je n'y ai pas accès.
Qui, moi ? Je limite mes dépenses aéroludiques, mais je lis pas mal quand même.III/JG52-Freiherr V. Kaos a écrit :Au fait, tu lis des bouquins, maintenant?
Je croyais que tu préférais "bouquiner" via internet et documents pdf?
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#13
En fait , il ne peut pas te le dire mais il est infiltré. Il prépare la prochaine intervention en Syrie de la FranceIII/JG52-Freiherr V. Kaos a écrit :Non, je ne suis pas en France.
Ok, j'avais du mal interpréter.
#15
Je viens de voir que le blog Unredacted a mis en ligne le chapitre d'une histoire de la NSA concernant le KAL 007 : https://nsarchive.files.wordpress.com/2 ... istory.pdf. Dans les grandes lignes, j'y vois :
1) une récit assez complet du point de vue renseignement, assez proche de ce qu'on trouvait dans le livre de Seymour Hersh (petites différences sur le facteur qui a décidé l'envoi du 1er message CRITIC et comment il a été annulé, par ex).
2) un double scoop p. 330 : une enquête russe soviétique a eu lieu, et elle a remis son rapport à l'Etat-major général quatre jours après qu'Ogarkov avait fait sa conférence de presse télévisée. Le rapport contredisait Ogarkov en pas mal de points (pas détaillés) et corroborait ce qui avait été établi (a priori, on doit comprendre "par le renseignement américain"). Le KAL 007 serait arrivé au Kamchatka dans une zone radar qui aurait été totalement en reconstruction et rééquipement * et aucun poste de direction de chasse n'aurait été opérationnel dans la péninsule cette nuit-là. Les autorités militaires d'Extrême-Orient ont servi au moins un mensonge éhonté à leurs supérieurs en prétendant savoir qu'il y avait eu un contact radio entre le RC-135 et le KAL. La deuxième moitié de ce scoop est implicite : si l'histoire de la NSA en parle, c'est que la NSA a eu connaissance de ce rapport...
* ce point me semble inexact : il y a des relevés radars pour l'arrivée du KAL au Kamchatka... c'est seulement une-fois au-dessus des terres que sa trace est temporairement perdue.
3) pas mal de détails déjà publics ou sans importance, mais qui étaient caviardés dans la précédente publication de ce document.
1) une récit assez complet du point de vue renseignement, assez proche de ce qu'on trouvait dans le livre de Seymour Hersh (petites différences sur le facteur qui a décidé l'envoi du 1er message CRITIC et comment il a été annulé, par ex).
2) un double scoop p. 330 : une enquête russe soviétique a eu lieu, et elle a remis son rapport à l'Etat-major général quatre jours après qu'Ogarkov avait fait sa conférence de presse télévisée. Le rapport contredisait Ogarkov en pas mal de points (pas détaillés) et corroborait ce qui avait été établi (a priori, on doit comprendre "par le renseignement américain"). Le KAL 007 serait arrivé au Kamchatka dans une zone radar qui aurait été totalement en reconstruction et rééquipement * et aucun poste de direction de chasse n'aurait été opérationnel dans la péninsule cette nuit-là. Les autorités militaires d'Extrême-Orient ont servi au moins un mensonge éhonté à leurs supérieurs en prétendant savoir qu'il y avait eu un contact radio entre le RC-135 et le KAL. La deuxième moitié de ce scoop est implicite : si l'histoire de la NSA en parle, c'est que la NSA a eu connaissance de ce rapport...
* ce point me semble inexact : il y a des relevés radars pour l'arrivée du KAL au Kamchatka... c'est seulement une-fois au-dessus des terres que sa trace est temporairement perdue.
3) pas mal de détails déjà publics ou sans importance, mais qui étaient caviardés dans la précédente publication de ce document.
Dernière modification par Rob1 le dim. déc. 27, 2015 4:56 pm, modifié 1 fois.
Re: “The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boein
#16Merci pour ce topic et pour la remontée, je vais essayer de me procurer le bouquin.
Je suis comme tu le sais le topic sur le forum de l'ACIG, mais la discussion là-bas reste tout de même un peu sopo parce que très orienté sur la théorie du complot par B. Schlossberg, c'est un peu dommage.
Cette affaire à tout de même 35 ans...
Je suis comme tu le sais le topic sur le forum de l'ACIG, mais la discussion là-bas reste tout de même un peu sopo parce que très orienté sur la théorie du complot par B. Schlossberg, c'est un peu dommage.
Cette affaire à tout de même 35 ans...
Re: “The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boein
#17Je l'ai lu à l'époque où j'avais travaillé sur mon article. Pas convaincu.
J'avais préféré soutenir la thèse d'Allardyce, appuyée par de nombreux documents déclassifiés par la NSA, dont j'avais publié quelques repros.
J'avais préféré soutenir la thèse d'Allardyce, appuyée par de nombreux documents déclassifiés par la NSA, dont j'avais publié quelques repros.
Re: “The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boein
#18La thèse d'Allardyce? Tu peux me rafraîchir la mémoire? Ou plutôt m'apprendre quelque chose, soyons honnête.CJE a écrit :Je l'ai lu à l'époque où j'avais travaillé sur mon article. Pas convaincu.
J'avais préféré soutenir la thèse d'Allardyce, appuyée par de nombreux documents déclassifiés par la NSA, dont j'avais publié quelques repros.
Re: “The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boein
#19C'est un peu vieux tout ça.
Nous avions eu l'intention de recycler l'article dans Air Combat, mais le mag a disparu avant la réalisation du projet.
Je ne me suis pas replongé dedans depuis plus de 20 ans...
En gros, la thèse est que :
- KAL était une habituée des survols illicites du territoire soviétique
- ces survols s'accompagnaient d'une activité anormale des RC-135
- le trajet erratique du Boeing, clairement visible sur les relevés de la NSA, ne peuvent pas avoir été invonlontaires
- etc.
Bref, le survol avait été non seulement volontaire mais planifié.
Après, on en fait ce que l'on en veut.
Nous avions eu l'intention de recycler l'article dans Air Combat, mais le mag a disparu avant la réalisation du projet.
Je ne me suis pas replongé dedans depuis plus de 20 ans...
En gros, la thèse est que :
- KAL était une habituée des survols illicites du territoire soviétique
- ces survols s'accompagnaient d'une activité anormale des RC-135
- le trajet erratique du Boeing, clairement visible sur les relevés de la NSA, ne peuvent pas avoir été invonlontaires
- etc.
Bref, le survol avait été non seulement volontaire mais planifié.
Après, on en fait ce que l'on en veut.
Re: “The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boein
#20Ok, je vois.
Mais la question à se poser est celle de la plu-value d'un survol direct par une plate-forme civile (Equipée?) par rapport à ce que peuvent apporter les moyens traditionnels, comme la série des RC-135 via des vols bordant les frontières, ou des SR-71 via des survols direct? Qu'est-ce qui, sur Sakhaline, aurait pu justifier un tel survol?
Même l'époque de la guerre froide ou l'on était beaucoup moins bisounours vis à vis de pertes potentielles lors d'opérations de ce type, on faisait tout de même attention car ce ne sont en effet pas les exemples avions de reco/surveillance abattus qui manquent, ni d'ailleurs les liners civils.
Qui donc aurait pris la responsabilité de mettre en jeu la vie de plus de 200 passagers, et pour quelle raison?
J'ai beaucoup de mal à croire à cette version avec les infos dont je dispose.
Mais la question à se poser est celle de la plu-value d'un survol direct par une plate-forme civile (Equipée?) par rapport à ce que peuvent apporter les moyens traditionnels, comme la série des RC-135 via des vols bordant les frontières, ou des SR-71 via des survols direct? Qu'est-ce qui, sur Sakhaline, aurait pu justifier un tel survol?
Même l'époque de la guerre froide ou l'on était beaucoup moins bisounours vis à vis de pertes potentielles lors d'opérations de ce type, on faisait tout de même attention car ce ne sont en effet pas les exemples avions de reco/surveillance abattus qui manquent, ni d'ailleurs les liners civils.
Qui donc aurait pris la responsabilité de mettre en jeu la vie de plus de 200 passagers, et pour quelle raison?
J'ai beaucoup de mal à croire à cette version avec les infos dont je dispose.
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Re: “The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boein
#22Impressionnant ! Ca fait des centaines d'avions descendus dans le cadre de la Guerre Froide. Certains faits très connus, la plupart passés sous silence, volontairement ou passivement. Je ne savais pas qu'il y en avait eu autant...III/JG52-Freiherr V. Kaos a écrit :Histoire d'illustrer, Intrusions, Overflights, Shootdowns and Defections During the Cold War and Thereafter
Re: “The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boein
#23Le Boeing pouvait toujours alléguer une erreur de navigation. Qui aurait pensé que les Russes auraient été capables de descendre un avion civil ? D'ailleurs, on ne sait pas encore vriament si KAL 007 a été identifié comme tel, les témoignages (même du pilote soviétique) sont contradictoires.
Cela évitait de faire survoler le territoire soviétique par un avion de guerre US, bien que les incidents aient été fréquents et nombreux en certaines périodes.
Cela évitait de faire survoler le territoire soviétique par un avion de guerre US, bien que les incidents aient été fréquents et nombreux en certaines périodes.
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- Légende volante
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Re: “The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boein
#24Sauf si ça m'a échappé, on n'a pas reparlé de l'erreur qui aurait été faite à Anchorage lors de la programmation de l'INAS du 747, erreur qui serait passée inaperçue mais qui aurait conduit le 747, au bout de XX heures de vol, près de 1000 km à côté de sa route normale...III/JG52-Freiherr V. Kaos a écrit : Ok, je vois.
Mais la question à se poser est celle de la plu-value d'un survol direct par une plate-forme civile (Equipée?) par rapport à ce que peuvent apporter les moyens traditionnels, comme la série des RC-135 via des vols bordant les frontières, ou des SR-71 via des survols direct? Qu'est-ce qui, sur Sakhaline, aurait pu justifier un tel survol?
Même l'époque de la guerre froide ou l'on était beaucoup moins bisounours vis à vis de pertes potentielles lors d'opérations de ce type, on faisait tout de même attention car ce ne sont en effet pas les exemples avions de reco/surveillance abattus qui manquent, ni d'ailleurs les liners civils.
Qui donc aurait pris la responsabilité de mettre en jeu la vie de plus de 200 passagers, et pour quelle raison?
J'ai beaucoup de mal à croire à cette version avec les infos dont je dispose.
Ca veut dire que (sauf à avoir fait cette erreur volontairement...) les pilotes Coréens n'étaient pas en train de conduire une mission d'espionnage, mais qu'ils se sont tout bêtement pointés "le doigt au Q" au dessus d'une zone ou il ne fallait pas aller et ou ils n'avaient pas prévu d'aller.
Autre rappel, si je me souviens bien, les faits conduisant à la destruction du 747 se sont produit de nuit. Ce qui a bien sur ajouté à la confusion des deux côtés: les pilotes du Boeing n'avaient pas de visuel sur le sol, qui aurait pu les alerter sur leur erreur, et les pilotes Russes ne pouvaient pas non plus identifier facilement l'avion qu'ils interceptaient...
Re: “The Target Is Destroyed” : livre sur l'affaire du Boein
#25Pour moi, ça ne tiens pas debout.CJE a écrit :Le Boeing pouvait toujours alléguer une erreur de navigation. Qui aurait pensé que les Russes auraient été capables de descendre un avion civil ? D'ailleurs, on ne sait pas encore vriament si KAL 007 a été identifié comme tel, les témoignages (même du pilote soviétique) sont contradictoires.
Cela évitait de faire survoler le territoire soviétique par un avion de guerre US, bien que les incidents aient été fréquents et nombreux en certaines périodes.
Question d'abattre un avion civil, ce n'est pas parce qu'ils ne l'avaient pas encore fait qu'il ne pouvaient pas le faire, je ne vois pas un décideur mili (ou civil, même) parier ainsi sur la vie de centaines de passagers.
Et quand bien même, s'il n'était pas abattu, il était à tout les coups intercepté, avec le risque d'être dérouté sur une base aérienne. Que se passe-t-il si l'avion est "équipé"???
ça n'a aucun sens, trop d'inconnues à l'équation pour une opération d'espionnage de cette envergure.
Et encore une fois, pour quel bénéfice?