Boulot ou devoir ?

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CJE
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Boulot ou devoir ?

#1

Message par CJE »

Il est intéressant de comparer le vocabulaire entre les aviateurs britanniques et américains qui faisaient "un boulot" (job) et les français qui faisaient leur "devoir".
Si "duty" revient, notamment dans les citations, chez les Anglo-américains, jamais la notion de "travail" n'apparaît chez les Français.
Étonnant, non ?

Bon, z'êtes pas non plus obligés de fermer livres et cahiers ni d'avoir deux heures pour plancher sur ce sujet.
C'était juste une remarque en passant.
:cowboy:
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ex:Kaos
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#2

Message par ex:Kaos »

Simple besoin de justifier qu'on à fait plus que son boulot...
Particulièrement nécessaire au moment ou sonne la défaite.

NNFFL=Clovis=
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#3

Message par NNFFL=Clovis= »

On parle de quel contexte la? Deuxieme guerre mondiale?
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Warlordimi
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#4

Message par Warlordimi »

Celui qui dit qu'il à "fait son devoir" éprouve de la fierté.
Celui qui dit qu'il a "fait son job", éprouve du remord et/ou de la honte.

A prendre dans le cas d'une description d'une opération. Pas d'une carrière dans son ensemble!
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-Les pilotes de chasse font des films, les pilotes de bombardiers ecrivent l'histoire!!!;
-Quand les allemands volent, les alliés tombent. Quand les britanniques volent, les allemands tombent. Et quand les américains volent, tout le monde tombe!!!
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Belly
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#5

Message par Belly »

Bonjour Tous,

Certes il y a le contexte qu'il faut toujours prendre en compte, mais il y a aussi la possibilité de la signification d'un mot. La traduction directe peut être parfois maladroite.

Un petit exemple parmi de très nombreux autres, les Anglais utilisent traditionnellement le féminin d'une personne (she) pour nommer leur avion et non l'article d'objet (it) comme les Français le font.
Comme petit jeu de mots, ne pourrait on pas dire (she) elle pour l'avion, (he) il pour le pilote ... et (it) l'objet pour l'objectif :)
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eutoposWildcat
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#6

Message par eutoposWildcat »

Belly a écrit :Certes il y a le contexte qu'il faut toujours prendre en compte, mais il y a aussi la possibilité de la signification d'un mot. La traduction directe peut être parfois maladroite.
+1

"job" n'a pas en anglais la même charge que le mot "travail" en français.

Pour faire court:
"Job" est d'une manière générale moins négativement chargé en anglais que le mot "travail" en français (y a qu'à voir les origines des deux mots :happy:).

Ainsi, quand on a "fait son "job"" en anglais, c'est qu'on a fait ce qu'on attendait soi-même. En français, lorsqu'on a "fait son travail", c'est qu'on a fait ce qui était attendu de nous. De sorte que si l'on veut dire qu'on a fait la chose qui nous semblait juste, on n'utilisera en principe pas le mot "travail". En revanche, pour la même idée "job" en anglais reste possible, quoique toujours moins fort que "duty" naturellement. Mais justement ça permet parfois d'exprimer la même idée de devoir personnel accompli tout en se la ramenant moins. :happy:
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CJE
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#7

Message par CJE »

Très bien et comment traduire alors : "It's a dirty job but someone has to do it" ?
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Furax0
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#8

Message par Furax0 »

http://www.youtube.com/watch?v=HjM1B5Uw4cc

ici à 1m35 il n'y pas d'ambiguïté sur le fait que le terme job soit positif.

"the job well done" l
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eutoposWildcat
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#9

Message par eutoposWildcat »

CJE a écrit :Très bien et comment traduire alors : "It's a dirty job but someone has to do it" ?
À partir du moment où t'as un qualificateur clair ("dirty") pour "job", tu n'a plus besoin de te soucier de savoir si le terme "job" est par défaut moins chargé dans la bouche du locuteur anglais ou américain que le terme "travail" dans la bouche du locuteur français. Là, tu sais clairement qu'on veut exprimer quelque chose de négatif.

Donc en l'occurrence (sauf contexte particulier) "C'est un sale boulot mais il faut que quelqu'un le fasse." ferait l'affaire, par exemple, je pense. :cowboy:

Enfin bref, tout ça pour dire qu'il y a très peu de "synonymes parfaits" d'une langue à une autre. Il y a toujours des subtilités qui ne se transmettent pas entre les langues. "Traduire, c'est trahir", ça reste toujours un peu vrai. :cowboy:
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larsenjp
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#10

Message par larsenjp »

On trouve quand même souvent l'expression dans l'aviation française de "travail" pour la reconnaissance : tel avion commence à travailler à telle heure, ou telle altitude de tel endroit à tel endroit...
Et comme l'aviation de reconnaissance représentait une bonne partie de l'AA en 39-40, j'en conclus que, effectivement, pas mal d'aviateurs travaillaient.

Cela pourrait d'ailleurs avoir un petit coté péjoratif : les équipages de la reco ou de l'observation (encore pire!) travaillaient alors que ceux de la chasse et du bombardement (ou de l'assaut) faisaient leur devoir... Ceci dit, il est vrai que ces avions suivaient des trajets planifiés et que ça fait un peu penser à un travail à la chaîne, sans véritable possibilité d'initiative.

SpruceGoose
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#11

Message par SpruceGoose »

eutoposWildcat a écrit :
Ainsi, quand on a "fait son "job"" en anglais, c'est qu'on a fait ce qu'on attendait soi-même. En français, lorsqu'on a "fait son travail", c'est qu'on a fait ce qui était attendu de nous. De sorte que si l'on veut dire qu'on a fait la chose qui nous semblait juste, on n'utilisera en principe pas le mot "travail". En revanche, pour la même idée "job" en anglais reste possible, quoique toujours moins fort que "duty" naturellement. Mais justement ça permet parfois d'exprimer la même idée de devoir personnel accompli tout en se la ramenant moins. :happy:
Oui, c’est exact.

Job, concernant la notion de travail, possède plusieurs subtilités qui dépendent du contexte

Job : Paid work - Work for which you receive a regular payment
Ex : She took a job as a waitress – He’s never had a steady job – I’m only doing my job

Job : Task - A particular task or piece of work that you have to do
Ex : I’ve got various jobs around the house to do – Sorting these papers out is going to be a long job

Job : Duty - A responsibility or duty ***
Ex : It’s not my job to lock up

(On ne parlera pas des significations de Job concernant : Crime; Objet ; Ordinateurs)


*** Ici Duty n’est pas pris dans son sens : Something that you feel you have to do because it is your moral or legal responsibility (ex : To do your duty for your country), mais dans le sens The work that is your job (ex : Report for duty at 8.00 am) ou bien Tasks that are part of your job (ex : I spent a lot of my time on administrative duties)

* * *
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III/JG52-Drach
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#12

Message par III/JG52-Drach »

Je prefere retourner a la piscine .........................
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Tom38000
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#13

Message par Tom38000 »

Côté français, qualifier de "travail" les missions de frappes/de chasse donnerait un côté mercenaire pas très éthique (tuer pour de l'argent finalement), alors que par exemple dans la reco, on ne bombarde pas, donc on peut dire qu'on travaille (d'autant que comme tu dis, il n'y a pas vraiment d'initiative)...
Côté anglo-saxon, job ne veut pas dire travail, vous l'avez bien dit, donc on a pas ce "problème"
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jojo
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#14

Message par jojo »

Je pense que côté anglo-saxon (et surtout américain) l'utilisation du mot "job" est souvent une justification pour ses actes, et a implicitement le sens de devoir, ou du moins une exigence des circonstances.

D'autre part je pense que les américains ont aussi une autre vision de l'armée, c'est plus un tremplin social vers autre chose. D'où peut-être ce côté "mercenaire" pour certains.

Exemple contemporain: on vous paie vos études vous faites 7 ans (au pif) de contrats.

En Europe en général et en France en particulier je pense que l'Armée est (était) plus considérée comme une carrière, voir selon les époques une tradition familiale. On a donc une approche différente de la notion de devoir. D'autant plus que pendant la 2ème GM (si c'est bien de ça qu'on parle) les américains font leur devoir à l'étranger, alors que les européens se battent pour "la mère patrie".

ps @ TOM38000:
Côté anglo-saxon, job ne veut pas dire travail, vous l'avez bien dit, donc on a pas ce "problème"
C'est plus compliqué, Spruce Goose a bien expliqué que ça dépend du contexte
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CJE
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#15

Message par CJE »

C'est, effectivement, très complexe.

Quand on lit les témoignages des pilotes britanniques de 1939-1940, ils se divisent (en gros) en deux catégories :
- les officiers, issus pour la plupart des hautes écoles anglaises, qui considéraient la guerre plus ou moins comme un sport ;
- les sous-officiers (de carrière), qui, eux, faisaient le "boulot" pour lequel ils étaient payés.
Le clivage entre ces deux "classes" est absolument évident, les uns ne fréquentant jamais (ou presque) les autres.

Chez les Américains, c'est moins évident. L'immense majorité des pilotes étaient officiers, donc "Bac+2" minimum. Mais, eux, parlent volontiers de "business", ce qui rejoint la notion de "job".
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eutoposWildcat
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#16

Message par eutoposWildcat »

CJE a écrit :Quand on lit les témoignages des pilotes britanniques de 1939-1940, ils se divisent (en gros) en deux catégories :
- les officiers, issus pour la plupart des hautes écoles anglaises, qui considéraient la guerre plus ou moins comme un sport ;
- les sous-officiers (de carrière), qui, eux, faisaient le "boulot" pour lequel ils étaient payés.
Je ne sais pas pour les sous-officiers, mais cette manière répandue chez pas mal d'officiers de traiter la guerre comme une une sorte de sport, en effet, m'a toujours intrigué. C'est d'ailleurs une vision qu'on voit aussi relayée dans les textes d'époque par certains journalistes.
J'ai le sentiment qu'on pouvait retrouver cette notion de guerre des gentlemen chez certains Allemands également, non?

EDIT: "Déromancer" les choses, tâcher de les ramener à quelque chose de plus terre à terre (quitte à parfois le surjouer), c'est très américain, je crois. On retrouverait ça dans bien d'autres secteurs que le militaire. Par exemple l'écrivain américain qui se prétend "artisan" tandis que son homologue français prétend en somme lire dans les étoiles le devenir des hommes, c'est un peu la même chose. :happy:
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bandini
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#17

Message par bandini »

Ce qui est drole c'est aussi de comparer la littérature technique, comme les manuels d'avions.
Je me souviens d'un manuel de P40, très pragmatique dans sa présentation, avec des dessins,
des petits bonhomme, vraiment pas austère. Je suis qu'un cadre français de l'époque et malheureusement encore aujourd'hui aurait trouvé que ça faisait pas très sérieux.
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larsenjp
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#18

Message par larsenjp »

CJE a écrit :C'est, effectivement, très complexe.

Quand on lit les témoignages des pilotes britanniques de 1939-1940, ils se divisent (en gros) en deux catégories :
- les officiers, issus pour la plupart des hautes écoles anglaises, qui considéraient la guerre plus ou moins comme un sport ;
- les sous-officiers (de carrière), qui, eux, faisaient le "boulot" pour lequel ils étaient payés.
Le clivage entre ces deux "classes" est absolument évident, les uns ne fréquentant jamais (ou presque) les autres.
Sans oublier le clivage avec ceux que les britanniques appelaient les coloniaux, c'est à dire canadiens, australiens, neozed et sud-af, surtout chez certains officiers de carrière.

Rien de tel chez les américains qui sont tous des anciens coloniaux. Il faut dire qu'ils avaient malheureusement d'autres clivages...
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Papy Navions
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Traduttore...

#19

Message par Papy Navions »

Bonjoursoir,

Je suis un bien piètre angliciste, mais je doute que les termes "job" et "travail" recouvrent la même réalité.
La preuve avec le "travail de souffler" qui revient à "donner une tête". :Jumpy:

Traduttore, traditore, c'est bien connu.

PB

SpruceGoose
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#20

Message par SpruceGoose »

Il faut remarquer que la plupart des pilotes de la RAF avant le déclenchement du 2è conflit mondial étaient issus de l’aristocratie (gens riches) et pratiquaient l’aviation (entre autre) comme loisir.
Ces aristocrates de l’époque avaient une certaine conception, désinvolte n’est peut-être pas le bon mot, mais je dirais plutôt naïve, du monde qui les entourait.
Certainement cette idée de la grandeur de l’Empire Britannique ainsi que son invulnérabilité ancrées au plus profond des entrailles de cette classe sociale.

Il n’est donc pas étonnant que partir en guerre, combattre pour la grandeur et le prestige de l’Empire, soit un peu considéré comme vous le qualifiez, une sorte de sport – on part en guerre comme on part à la chasse, à pied ou la chasse à courre.

Et comme la très grande majorité des officiers issus du Royal Military Academy Sandhurst, du Britannia Royal Naval College ou du Royal air Force College Cranwell étaient des jeunes gens qui appartenaient à l’aristocratie, il n’était pas étonnant de constater chez eux cette position qui peut paraître quelque peu désinvolte ou surprenante.

Comme au Moyen Age, les seigneurs partaient en guerre en premier lieu et donnaient leur sang pour les intérêts du royaume et la protection de leur souverain – le fameux droit du sang de la classe supérieure et ses devoirs
On le voit très bien dans les romans ou films tels que :

- Good Bye Mister Chips (Roman de James Hilton 1934 – Films de Sam Wood 1939 et d’autres…)
- Le Pont de la Rivière Kwai (Roman de Pierre Boulle 1952 – Film de David Lean 1957)
- The Prime of Miss Jean Brody (Roman de Muriel Spark 1961 – Film de Ronald Neame 1969)
- Remains of the Day ( Roman de Kazuo Ishiguro 1989 – Film James Ivory de 1993)
- Tea with Mussolini (Film de Franco Zeffirelli 1999)
- My Boy Jack (Film de Brian Kirk 2007)
- Downton Abbaye (Série TV de Julian Fellowes 2011)
Etc…

Mais bien sûr, la réalité et ses horreurs finissent toujours par rattraper les individus.

Chez les Américains, l’armée n’est qu’un passage professionnel dans une vie, un ascenseur social (comme dit jojo), et être issu de West Point, US Naval Academy ou US Air Force Academy n’est qu’une étape d’éducation dans un établissement d’études supérieures.
Très peu de diplômés restent dans l’armée après leur temps légal imposé, souvent pour raison d’ambition financière (le privé paie beaucoup mieux, surtout quand l’armée a financé un Master dans une université prestigieuse au cours du temps de service).
De toute façon, chez les Américains, il n’y a pas de boulot à vie. Il n’y a que des opportunités de progression dans la diversification de carrière.
Tout est question de business (comme le dit CJE).
(Chez les Anglais, ce n’est pas bien différent non plus).

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