Aujourd’hui, je vais partager avec vous mon lâché sur Cessna 152. En effet, aujourd’hui est un grand jour pour moi, puisque c’est aujourd’hui la première fois que je pilotais seul à bord.
Avant de commencer, je vais récapituler rapidement ma « formation aéronautique » :
Passionné depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours voulu piloter. J’ai la chance d’habiter en Gironde, un département qui organise tous les ans un concours permettant aux jeunes comme moi de se voir offrir 20 heures de vol en vue de l’obtention du brevet de base. Il y-a bien évidemment une sélection, puisqu’en général il n’y a que 4 élus par an.
J’ai donc tenté ma chance en 2009, mais ce fut un « demi-échec » : j’avais été présélectionné, mais pas pris parmi les 5 finalistes de cette année-là. Ce fut cependant pour moi l’occasion de me préparer au concours de 2010, en tirant les leçons de mes erreurs. Parmi les points n’étant pas à mon avantage, il y-a eu le fait que je ne possède pas le BIA (Brevet d’Initiation Aéronautique), un atout certain pour passer le concours.
C’est donc alors que j’étais en classe de première que j’ai pris des cours et passé mon BIA, en étant admis mention très bien. Le BIA en poche, le prochain objectif était bien clair : Le « Concours Aviation jeunesse Yvrac » et le Brevet de Base à la clé.
Pour moi, 2010 fut un meilleur millésime que l’année précédente, puisque cette fois, j’ai eu la joie d’apprendre lors de la remise des prix au siège du conseil général que je terminais deuxième du concours…Et que donc j’allais piloter.
S’en suivent quelques cours théoriques avec celui qui sera mon instructeur pour la suite : François. En effet, je dois obtenir mon Brevet de Base théorique avant de commencer la pratique.
Le théorique est vite obtenu, au premier passage : les choses sérieuses vont pouvoir commencer !
![Image](http://img812.imageshack.us/img812/1748/25611010150217705068118.jpg)
On est maintenant début 2011, et l’heure est venue d’apprendre à piloter.
Mon avion de formation sera un Jodel D-112, un petit biplace fait de bois et de toile… Les premiers vols ne sont pas les plus simples, car le roulage à lui seul représente pour moi une réelle difficulté : vive les trains classiques !
Je progresse doucement, et commence à accumuler les vols, ayant la chance de ne pas être trop perturbé par la météo.
Il y-eut quand même une perturbation lors de ma formation : fin Juin, l’avion que je pilotais habituellement s’est écrasé, laissant ses deux occupants pour morts. Il s’agirait d’un malaise du pilote lié aux fortes chaleurs sur Bordeaux ce jour là (plus de 40°C, sachant en plus que la verrière du Jodel n’a probablement pas arrangé les choses…)
C’est évidemment un coup dur pour le club, mais ce sont hélas des choses qui arrivent…
Cet évènement tragique marquera un arrêt provisoire dans ma formation : en effet, l’autre Jodel du club était en réparation pendant ce temps. Finalement, je ne revolerai que fin Août, et avec une nouvelle surprise :
Etant donné mon mètre 98, la forme de la verrière de l’autre Jodel ne me permettait pas de rentrer dedans… Ou alors en ayant la tête constamment baissée…
Je suis donc transféré sur Cessna 152. Mon premier vol sur 152 est vraiment excitant : « ça, c’est un avion ! » Non pas que je dénigre mon ancien Jodel, mais la transition est pour le moins surprenante : l’avion est bien mieux équipé (volets, freins hydrauliques, train tricycle), bien plus gros, bien plus lourd. Le roulage est facile, et j’en maîtriserai rapidement le pilotage, après m’être habitué aux nouvelles procédures liées à l’utilisation des volets. L’inertie n’est pas la même, mais cet avion est vraiment aisé à piloter. C’est aussi pour cela que le Jodel est formateur : après avoir volé sur Jodel, le reste devient « facile ». Merci le Jojo
![Wink ;)](./images/smilies/wink.gif)
![Image](http://img254.imageshack.us/img254/4830/24359410150217706318118.jpg)
Les vols continuent, et on est maintenant le 19 Novembre 2011.
Ce matin, je me lève, me prépare et pars à l’aéroclub. En effet, mon vol est prévu à 8h30, avec mon fidèle instructeur et mon beau Cessna <3
Quand j’arrive, en retard de 10 minutes, les hangars sont déjà ouverts : François est déjà là, en train de préparer les avions. Je le rejoins, on sort l’avion. Il fait beau aujourd’hui sur Bordeaux, il n’y a que quelques nuages qui ne viendront pas perturber le vol. On fait le plein et rajoute 30 litres d’ AVGAS 110LL à mon gros Cessna (oui, il est gros, enfin je trouve :p )
Visite prévol, tout va bien, on peut monter dans l’avion. Je mets mon casque, attache ma ceinture et attaque la Check List avant mise en route. Aujourd’hui, il ne faut pas perdre trop de temps à mettre en route : il fait froid, et il faut éviter de solliciter la batterie trop longtemps, pour ne pas se retrouver à plat. Le moteur démarre sans soucis, l’alternateur allumé, la radio, le transpondeur sur STBY, les instruments moteur répondent normalement… On va pouvoir y aller !
A la radio, c’est le désert : A Yvrac, là où je pilote, on pratique l’autoinformation, et à ce moment-là il n’y a encore personne ni dans le circuit ni au bureau du club… Pas grave pour l’essai radio, on y va !
Aujourd’hui, ce sera la piste 11. En général c’est celle que j’aime le moins, à cause de sa courte finale, mais il va falloir faire avec. Au point d’arrêt, essais moteur : tiens, on était en train de givrer ! On va laisser la réchauffe carbu pour le reste des opérations au sol. Sinon, tout est bon, la check list avant décollage est OK…
« Yvrac de Victor Roméo, je pénètre, je remonte et je m’aligne piste 11 »
Je m’aligne, et plein gaz ! Je décolle, et je peux vous dire que ça fait plaisir de voler !
Je ferais ensuite 4 tours de piste. L’approche du premier sera bien sympa, hélas gâchée par un arrondi foireux : en fait, j’ai pas arrondi, et François a dû reprendre les commandes pour poser l’avion proprement… Pourquoi n’ai-je pas arrondi ? Je pense que j’ai mal estimé la distance, avec le Soleil qui était pile en face de moi et qui m’éblouissait… Du coup je suis déçu : « mince, l’approche était pas mal pourtant, c’est dommage… »
On repart, remise des gaz, et cette fois je suis déterminé à ne plus me faire avoir : oublier d’arrondir, mais on croit rêver, non ?
S’en suivent trois beaux atterrissages, bien arrondis…Et je suis content de moi. De plus, je remarque que François ne touche plus du tout aux commandes, et je me dis que le lâcher pourrait ne plus tarder… En fait, je ne m’imaginais pas que c’était pour aujourd’hui…
Alors que je m’apprête à remettre les gaz à l’issue du quatrième atterrissage, François m’interrompt : « on va s’arrêter là pour aujourd’hui ».
J’avoue que je suis un peu surpris, d’habitude on vole un peu plus longtemps… Et ça me met la puce à l’oreille : pourquoi cette envie « d’arrêter » alors que les conditions sont bonnes ? C’est étrange… Et je commence à me poser des questions alors que je remonte la piste en roulant en direction du taxiway menant au parking. A l’entrée du taxiway, François freine, et stoppe l’avion :
« Bon, bah tu vas repartir en faire un ».
Après de rapides instructions, il débranche son casque, et descend de l’avion : je suis dans l’avion, avec le moteur qui tourne, seul à bord et seul face à mon « lâché » : l’heure H est arrivée…
Je suis un peu surpris, en fait j’ai du mal à réaliser ce qu’il m’arrive… La sensation est assez étrange : il y-a 5 minutes je volais avec un instructeur très expérimenté et je me retrouve maintenant avec un siège vide à côté de moi…
Quand faut y aller faut y aller…
« Yvrac de Victor Roméo, je pénètre, je remonte et je m’aligne piste 11 ».
Je roule, je roule… Alors que je suis au milieu de la piste je m’aperçois que je roule un peu moins vite que d’habitude pour rejoindre l’extrémité de la piste.
Je m’aligne, jette un œil au cockpit : tout est correct. Quand faut y’aller, faut y’aller…
« Yvrac de Victor Roméo, je décolle piste 11 »
Je pousse la manette des gaz tout en repoussant le chauffage carbu, et le moteur se réveille… Je roule, je roule… La vitesse augmente, je tire légèrement, et ça y-est, je vole… Je passe en pallier à basse altitude pour laisser le badin monter un peu alors que je freine les roues de l’avion… La vitesse est supérieure à 70kt, je passe en assiette de montée. 500 ft, je rentre les volets, et trim l’avion. Je continue ma montée vers 700ft. « Sécurité », je peux faire mon virage. J’annonce toutes mes actions, même si je suis tout seul à bord…ça me permet de rester concentré sur ce que je fais.
J’arrive à 1200ft QNH, « mise en palier ». Je repousse sur le manche, laisse l’avion accélérer, réduis les gazs et trim l’avion. J’ai l’impression d’être monté rapidement, et pour cause, c’est la première fois que je vole seul à bord : ça grimpe mieux !
« Yvrac de Victor Roméo, en vent arrière piste 11 »
Je prépare mon avion en vue de l’atterrissage : réchauffage carburateur, réduction des gazs, augmentation de l’incidence, volets sur 10, je remets des gazs et je trim.
J’ai l’impression que la vent arrière passe très vite… Bientôt, il va falloir tourner en base.
« Sécurité, je vire »
L’altitude est bonne, je continue… Je commence ma descente : 1700tr environ, en prenant soin de corriger la légère dérive à droite que je subis… L’avion correctement trimé, la descente débute… On y arrive, l’atterrissage se profile doucement mais surement…
Là, je m’aperçois que j’ai oublié la radio : « Mince, je me suis pas annoncé en base ».
« Yvrac de Victor Roméo, en étape de base piste 11 »
« Bon, ça c’est fait… Sécurité finale… Personne… »
J’approche de l’axe de piste, et je débute mon virage en descente. En sortie de virage, je suis aligné avec la piste…Mais je suis sous le plan… va falloir corriger cela.
Je profite de la sortie des deux crans de volets supplémentaires pour laisser remonter mon appareil, et me retrouver sur le plan. Maintenant, mon regard fait des allers retours entre l’intérieur et l’extérieur : il s’agit de vérifier que le léger vent ne fasse pas trop chuter ma vitesse, tout en conservant mon plan et mon axe de piste…
J’approche la piste, j’approche… ça s’annonce plutôt bien…
Je passe verticale de la clôture, je passe plein réduit. J’arrondi, je tire, je tire. « Biiiiiiiiiiip », l’avertisseur de décrochage s’égosille… Les roues touchent la piste en herbe, ça y est, je suis de nouveau terrien… Je pose la roulette de nez, et je remonte lentement la piste en direction des installations. François est en bout de piste, avec une radio portative à la main : il me fait signe d’aller garer l’avion, je m’exécute.
J’arrive au parking, j’éteins le transpondeur et la radio, j’étouffe le moteur… Il s’arrête, ça y-est, c’est fini : « J’ai été lâché ».
Je commence à me détacher, mon instructeur arrive, ainsi que ma mère qui a assisté à la scène bien malgré elle…
Et je dois admettre que j’ai bien du mal à retenir un sourire…
Selon François, mon atterrissage était réussi, et j’en suis très satisfait !
Y’a plus qu’à fêter ça, et à revenir voler la semaine prochaine, car ce n’est qu’une étape de franchie… Devant il y-a encore plein de choses !