Un peu de fiction pour changer. Deux livres dont vous avez du entendre parler sur TS (et trouvés par Razneff- rendons la Belgique à César). Très différentes dans leur genre, mais aussi sympathiques à lire l'une que l'autre.
Les Abattoirs du Ciel, de Derek Robison, 1972, 284p, <10euros sur le net (j'ai payé 6 euros avec port, pour un exemplaire en parfait état, qui n'avait jamais été lu.)
L'histoire se déroule dans une escadrille anglaise au début 1918 (l'escadrille des Eperviers-Goshawk Squadron est le titre original). Escadrille menée par un homme extrêmement dur, le Major Wooley, qui entraîne ses hommes de façon implacable, en réfutant toute idée de chevalerie, d'honneur, etc...dans le combat aérien. Si le récit se focalise plus sur la vie de l'escadrille et les moyens trouvés pour oublier la guerre (notamment une virée dantesque dans un cabaret français), et la haine de Wolley, le récit est ponctué de courts, mais plutôt bien écrits, descriptions de combats aériens. La tension et la violence (des combats et du Major) vont crescendo tout au long du livre jusqu'à l'explosion finale (qui correspond au début de l'opération Michael en Mars 1918). On peut regretter quelques erreurs d'un point de vue historique (dans le nom des avions, ou dans les performances relatives de ceux-ci - je doute qu'un pilote de SE5a eut trouvé le Camel plus rapide), mais qui sont excusées vu la qualité générale du livre, que j'ai lu quasi d' une traite. Seule, une certaine francophobie répétée, m'a un parfois peu "dérangé". Si je sais qu'aujourd'hui le "french bashing" est assez répandu chez les Anglo-Saxons, était-ce le cas en 1918? J'en doute un peu.
Anno Dracula 1918 : Le Baron Rouge Sang, Kim Newman, 2015, 554p, 9 euros environ, facilement trouvable en librairie.
Alors nous sommes ici dans ce que j’appellerai une "dystopie imaginaire". A l'inverse du roman de Stoker, Dracula a vaincu Van Helsing et Jonathan Harker, puis a réussi à devenir Prince Consort du Royaume-Uni. Sous son règne, le vampirisme s'est répandu, et si il existe une certaine cohabitation entre les morts et les vivants, le Comte et ses sbires imposent un régime de terreur. Seulement, même parmi les vampires, tous n'acceptent pas son joug, et certains aident les vivants à le défaire (je n'en dit pas plus-tout ça est relaté dans Anno Dracula, le premier tome de la série).
Dans le Baron Rouge Sang, nous sommes en 1918, Dracula, après sa fuite d'Angleterre, s'est réfugié en Allemagne, a mêlé son sang aux Hohenzollern et pris le contrôle du Reich. Dans sa volonté de vengeance contre l'Angleterre, il a déclenché la première guerre mondiale. Des rumeurs courent sur une escadrille d'élite allemande, qui, aidée par des expériences et les pouvoirs des vampires, développerait des aptitudes monstrueuses qui pourraient faire basculer le cours de la guerre. Charles Beauregard, membre du Diogene's Club (et personnage principal du premier tome) est envoyé sur le front pour enquêter...
Alors, à premier abord, cela semble être du grand n'importe quoi...et ça l'est. Mais au final, on se dit, pourquoi pas? C'est agréable à lire, et il y a eu une recherche historique certaine ainsi qu'un talent, qui font que personnages historiques ("vampirisés" ou non) et personnages fictionnels se mélangent assez bien. A l'inverse des "Abattoirs du Ciel", qui était complétement centré sur l'aviation, c'est ici plutôt un roman policier mais qui fait intervenir autant Manfred qu'Edgar Allan Poe, ce qui rend la lecture assez amusante, pour peu qu'on ait quelques connaissances sur l'aviation de l'époque et le genre du fantastique.
Il y a par contre, d'un point de vue aéronautique beaucoup plus d'erreurs que dans les "Abattoirs". Mais en tout cas, cela m'a assez plu pour ensuite lire le premier tome, que j'ai au final préféré, (cela se passe avec les crimes de Jack l' Eventreur en toile de fond), et me faire attendre la réédition du Tome 3 (Anno Dracula 1959 : Dracula Cha Cha Cha) en Poche.
J'ajouterai que ses 550 pages en font aussi un objet parfait pour remettre les idées en places des personnes qui à l'évocation d'histoires de vampires vous répondent "Ah, oui, comme dans Twilight?! Qu'est-ce qu'il est beau Robert Pattin"...paf, et ça ne laisse pas de traces!
