Oui c'est ça.
Pour planter le décor, au début sur les bateaux de la Marine les chiottes étaient directement reliées à la mer, si vous voyez ce que je veux dire, en mer ça va c'est pas (trop) un problème et ça donne des souvenirs "humides" à certains, comme par exemple sur le Foch dans des chiottes dont j'avais la charge d'entretien tout à l'avant au pont 04, c'est à dire juste sous le pont d'envol, où quand on posait son séant sur la lunette froide on sentait l'air aller et venir au gré des mouvements du bateau et de la houle marine le siphon glouglouter
... et même là haut, par mer forte, il arrivait qu'on puisse bénéficier d'un bain de siège un poil salé
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Sauf que tout ça c'est bien joli mais quand on est en escale, faire pipi-caca directement dans le port c'est plutôt très moyen, du coup au fil des IPER et des constructions neuves, les chiottes ont été raccordées à des caisses à eaux noires qui avaient la possibilité d'étaler les besoins d'un équipage de 2200 personnes pendant 5 jours, durée normale d'une escale, ces caisses étaient progressivement vidées et rincées en mer et les évents de ces caisses étaient reliées directement à l'air libre extérieur.
Par contre le CDG dont le système de propulsion est nucléaire a besoin de mesures de confinement des compartiments étanches différent de celui des propulsions classiques, la ventilation de ces compartiments organisée en cathédrales est complètement autonome et quasi étanches entre chacune avec le moins possible de mise à l'air libre vers l'extérieur pour garantir un confinement optimal, or, ce qui est valable pour la ventilation du bord est aussi valable pour la ventilation des caisses à eaux noires et c'est là que le bât blesse car les mises leur l'air libre se trouvent dans les hauts et dans le bateau... fermées par des filtres à charbon actif certes mais dedans quand même, du coup au début on a eu quelques soucis au niveau des odeurs toussa toussa
Et dans ces odeurs formées par des gaz on avait surtout un gaz qui s'appelle le
H²s hautement toxique et mortel... dans les hauts ça allait à peu près parce que les concentrations étaient faibles, mais dans les bas et notamment dans les accès de visite des caisses à eaux noires là...
Et le drame est arrivé un beau matin lorsque deux "sécuritards" (éléctro-mécaniciens de sécurité, pompiers quoi) sont allés faire la ronde des caisses à eaux noires et celui qui est descendu dans l'échappée pour vérifier les vannes etc... y est resté à cause du H²s
son collègue a eu juste le temps de donner l'alerte avant de tomber dans les vapes.
J'avais quitté le bord à ce moment là mais dans tous les bateaux de la Marine on en avait entendu parlé, la solution définitive a été de faire effectuer les rondes par du personnel équipé en
Matisec Triplair seul, sans la tenue de pompier lourd, et un système de ventilation modifié et plus performant situé au niveau de tous les évents qui est devenu la norme sur toutes les nouvelles unités de la Marine nouvellement construites.