Ah , les "What if", c'est un truc que les anglo-saxons aiment bien... Sur un plan historique, l'intérêt en est très limité.
Dans un jeu, pourquoi pas; je ne suis pas fana, mais je peux comprendre que certains aient envie d'imaginer une confrontation entre alliés en 1945-46 ou tout autre scénario. Il y a des jeux semi stratégiques et géopolitiques qui proposent des parties au départ de situations réelles. Mais dans ce cas, pourquoi partir d'un contexte historique si c'est pour aller dans tous les sens après (exemple, l'Italie s'allie avec la France en '40, les Allemands aident les Russes en Finlande etc...). très vite la base historique disparaît. Donc, pourquoi ne pas jouer avec des pays imaginaires par exemple, pour reprendre ce que j'ai lu la Syldavie, Bordurie, la Roubanie ect...
En fait les What If ne sont qu'une ne vue de l'esprit guidée par une hypothèse ou une idée de base (exemple: qu'est-ce qui se serait passé si les PA américains avaient été à Pearl; Si l'amiral Dönitz avait réellement possédé les 300 sous-marins dont il révait). Ces questions, aussi séduisantes soient-elles, n'en sont pas. Car dès que vous changer un paramètre ou un événement vous chambouler toutes la chaînes des événements et, alors que vous n'imaginez qu'une seule suite logique à ce changement, il ouvre la porte à une infinité d'options différentes qui elles mêmes vont amener d'autres changements.
Cela ne veut d'ailleurs pas dire qu'au final, le résultat soit radicalement différent (est-ce que l'Allemagne aurait vraiment gagné la guerre avec 10 x plus de sous-marins?).
J'aimerai parler maintenant des reconstitutions pointues de batailles célèbres. En fait, ce sont des What If à l'envers et guère plus intéressant. En histoire, on considère qu'une reconstitution est absolument et rigoureusement impossible à approcher.
Pourquoi:
- nous entront dans l'histoire en remontant le temps et en sachant... ce qui va se passer. Ne fut-ce que pschycologiquement c'est être à 10.000 km de l'état d'esprit des acteurs réels de l'événement.
- il est impossible de répéter un événement aussi complexe qu'une bataille car il existe un milliard de paramètres absolument inconnaissables qui ont fait que telle bataille se soient déroulée de telle façon et pas autrement.
Prenons les reconstitutions si prisées que sont les batailles du Premier Empire.
a) Malgré la meilleure volonté, les "acteurs" ne seront jamais plus de 5.000 là où il y avait 150.000 combattants;
b) il faut que les conditions météo soient rigoureusement les mêmes, y compris celles des jours précédents (à Crécy, les cordes des arbalétriers de l'armée française endommagées par la pluie des jours précédants)...;
c) il faut que chaque combattant acteur soit dans le même état d'esprit que le soldat de l'époque (étant donné qu'il sait qu'il ne risque rien... il n'y a pas comparaison);
d) il faudrait que chaque action, déplacement, de chevaux,d'hommes soient recréées...
![Sweatdrop :sweatdrop](./images/smilies/sweatdrop.gif)
;
e) il faudrait être sûr que chaque fait militaire se soit déroulé comme prévu. Exemple, imaginons tel général qui a eu la tête emportée par un boulet ou la poitrine perforée par une balle de mousquet. Ce boulet ou cette balle ont bien dû provenir de quelque part. Reconstituons les faits, rien ne garanti que le fantassin ne fera pas long feu cette fois-ci ou que le canon soit légèrement pointé différemment (à l'époque on ne visait pas un individu, on pratiquait des feux de salve sur la ligne d'en face et non du tir à tuer individuel);
f) je vous laisse imaginer les autres problèmes inhérents à toute reconstitution qui lui enlève en fait ... toute "vérité".
Enfin, quel est l'intérêt de recréer à l'identique un évenement.
Par contre, il y a des reconstitutions instructives et je crois que de plus en plus, on va vers cela:
- au lieu de vouloir recréer une bataille célèbre, les figurants s'installent et vivent dans un campement avec les moyens de l'époque (édifiant sur la vie du soldat au quotidien);
- ils manoeuvrent, chargent et nettoyent leur arme (iédifiant quant aux techniques et armement de l'époque);
- ils recréent une escarmouche qui aurait pu avoir lieu même si historiquement on ne trouve nulle trace de cette rencontre (édifiant quant à l'ambiance d'un combat) ;
- on reconstitue du matériel (armure, arme de jet) afin d'étudier leurs caractéristiques... édifiant.
- ...
Dans Il2, c'est bien cette dernière philosophie qui prime et revient le plus souvent... C'est à dire créer des campagnes ou missions au départ d'un contexte donné (année, matériel, théâtre d'opération,...) et créer des situations qui auraient pu exister sur le plan tactique... C'est tout l'intérêt du jeu...
Si on s'enferme dans une approche trop historique ... cela devient de la pure reconstitution (mais je viens de prouver que c'est impossible) et on quitte le domaine du jeu pour vite s'embêter....
Si on s'en tient à la reconstitution, croyez-vous qu'une campagne Lufwaffe vs aviation belge va m'intéresser le moins du monde (alors que je suis belge). Comprenez: me battre avec des Cr42, Fox firefly ou gladiator contre des 109 ou 110... (et je suis pas sûr que cela intéresserait bcp de pilotes bleus)?; partir en mission détruire des ponts avec des bombes de 50 kg (en fairey battle)? Vous me direz, les Belges avaient des hurri. (I pipales en bois)! Oui mais détruits au sol le premier jour (pas un n'a décollé). Donc pas de Hurri s'y on s'en tient à la reconstitution...