Ce petit chasseur a été développé par les Taiwanais dans les années 80, car ils avaient des difficultés à acheter des avions de combat à l’étranger, la Chine continentale faisant les gros yeux (et prenant des sanctions économiques…) aux pays qui acceptaient de fournir des armements sophistiqués à « l’île rebelle ».
On sait que les Américains et les Français ont finalement bravé cet interdit et livré pas mal de F-16 et de Mirage 2000, mais les Taiwanais, prudents, n’ont pas abandonné leur programme pour autant et, après un premier vol en 1989, ont produit pas moins de 130 F-CK-1A au cours des années 90.
Le « Ching-Kuo » est un tout petit avion, de taille comparable à un F-5, mais plus rapide et mieux armé. Il a une allure de F-16 avec des entrées d’air de F-18, et deux moteurs dérivés des TFE 731 desFalcon, délivrant un total de 8 tonnes de poussée maximum. Il n’est plus en production, mais toujours en service, avec un programme d’amélioration MLU (Mid Life Update) en cours.
Je n’ai pas trouvé de livre sur cet avion, juste un grand article dans Air International, par contre il y a plein de belles photos sur Internet, donc la documentation ne manque pas.
La diffusion de cette maquette de Moxing est une bonne surprise, d’abord parce que, évidemment, il ne fallait pas s’attendre à voir Trumpeter ou Hobby Boss sortir un modèle de cet avion… mais aussi car elle est de grande qualité. Les maquettes « short run » en résine ne sont plus ce qu’elles étaient : la finesse et le niveau de détail de celle-ci sont du même niveau que les meilleures maquettes injectées, même si la présentation et le matériau employé rendent l’utilisation moins facile. Il y a deux planches de décals très complètes, une belle verrière apparemment injectée, et même une perche en métal tourné ! Particularité : la notice papier habituelle est remplacée par un mini reportage photo du montage.
Je commence par l’aménagement du cockpit, très détaillé pour cette échelle. La casquette et la planche de bord sont une pièce à part, ce qui facilite le détaillage avant mise en place. Des decals sont fournis pour la planche, le pupitre et les banquettes, en version de base et en version MLU ! Les panneaux latéraux sont aménagés et le dispositif d’ouverture de la verrière est représenté aussi. Par contre le siège fourni est un peu basique, je le remplace par un Mk 10 en résine (en vrai c’est un Mk 12, très peu différent, surtout au 1/72 ! ). Il est très incliné, exactement comme sur le F-16. Le cockpit du Ching Kuo est réputé plus petit que celui du F-16… car dessiné autour du gabarit des Chinois et non des Texans ! En tout cas, le cockpit terminé est particulièrement dense :
Comme déjà dit, la verrière est parfaite et se met en place sans aucun ajustement…
La suite du montage, vu la qualité de la maquette, se fait sans problème, les moulages sont d’une grande finesse de détail et les assemblages sans défaut.
Souci du détail, Moxing a même fourni une pièce en résine qui sert d’outillage pour poser et aligner le train d’atterrissage principal, qui a un angle prononcé difficile à réaliser « en l’air ».
J’ai juste rencontré deux difficultés :
- La souplesse de la résine, plus la finesse des pièces, fait qu’il est assez facile de les casser : la crosse et la perche n’ont pas résisté, j’ai du les remplacer, et à un moment ou je tenais l’avion par la dérive, celle-ci s’est cassée dans le sens long… Par ailleurs, quelques pièces étaient un peu vrillées, mais qu’elles ont pu être redressées avec un passage à l’eau (très) chaude.
- La notice d’instruction tout en photos n’est pas toujours facile à déchiffrer : à la fin du montage il reste quelques très petites pièces dont je ne vois absolument pas ou elles auraient du aller !
Le camouflage du Ching-Kuo comporte pas moins de 5 nuances de gris…donc autant d’occasions de se tromper ! J’ai beau me référer à un nuancier complet de mes peintures, après première application (à la bombe, avec masquage différent à chaque fois), deux des gris ne font absolument « pas vrai » et il faut les refaire avec d’autres nuances pour arriver à un meilleur résultat :
Après vernissage brillant, je passe à la pose des decals. Il y a une petite planche (celle qui comprenait les decals des planches de bord), et une grande avec apparemment tous les insignes de toutes les unités volant ou ayant volé sur Ching-Kuo, plusieurs immatriculations toutes prêtes, ainsi que des séries de chiffres permettant sans doute de représenter tous les appareils produits (je suppose que les Taiwanais en sont aussi familiers que, par exemple, nous avec les Rafales…), mais la notice, en dehors d’un joli plan 3 vues couleurs, n’est pas très explicite ! Heureusement, parmi les photos rassemblées, je trouve un avion montré des deux côtés, et c’est donc lui que je vais représenter. Néanmoins, pas mal des plus petits decals vont rester sur la planche, faute d’avoir pu identifier où ils devaient aller…
A noter aussi sur la grande planche la présence d’une immatriculation de Ching-Kuo biplace : comme sur la petite planche il y a assez de decals de planches de bord pour équiper deux cockpits, on en déduit que ces planches pourront servir aussi pour un Ching-Kuo biplace, à venir prochainement…
Après la pose des décals, je bombe la maquette en vernis mat, puis je passe aux charges extérieures. Comme le reste, elles sont exactes et détaillées, avec deux réservoirs supplémentaires et 4 missiles Sidewinder sous les ailes, et 2 missiles guidés radar sous le fuselage (selon certaines sources, ces deux derniers missiles seraient même des « Fox 3 »…). Voila, c’est fini :
Le Ching Kuo est vraiment un chasseur léger, dans la même catégorie que le JF-17 ou que le F-5, mais mieux équipé que ce dernier.
Cette maquette d’un avion peu connu chez nous vient combler un manque dans le panorama des avions de combat contemporains au 1/72, mais elle annonce aussi un nouveau standard de qualité pour les maquettes en résine. La réalisation reste évidemment plus délicate que pour une maquette injectée, mais la finesse et le niveau de détails proposés sont au moins aussi bons. Seul petits bémols, la fragilité de certaines pièces, et la formule pas toujours pratique choisie pour la notice.
J’espère que Moxing n’en restera pas là et nous proposera par la suite d’autres modèles aussi originaux et aussi bons !
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