Dans le courant des années 70, les kits plastiques (alors appelés boîtes de construction) quittèrent fort heureusement le rayon jouets des grandes surfaces pour s’empiler désormais sur les étagères de magasins dévolus exclusivement au maquettisme.
C’est durant cette période que les premières véritables méthodes de montages virent le jour, et des mensuels, tels que le Fanatique de l’Aviation, consacrèrent une rubrique régulière dédiée à la pratique de cette nouvelle forme de loisirs.
Mais si les conseils prodigués par la crème des modélistes de l’époque furent suivis par quantité de novices désorientés, ils appartiennent toutefois à la préhistoire du maquettisme plastique.
Ceci est la première partie d’un article consacré à la réalisation d’un modèle simple en utilisant les techniques récentes utilisées par nombre de constructeurs, dont je fais bien évidemment partie.
Commençons par le commencement :
Une règle incontournable fait que le montage d’un avion débute invariablement par le cockpit.
Puisque celui-ci sera inaccessible une fois le fuselage refermé, il va s’agir de le peindre avant de l’insérer à l’emplacement idoine.
Comment procéder ?
Les usages ancestraux recommandaient de peindre toutes les pièces de petites dimension directement sur la grappe avant des les assembler…
Cette véritable hérésie, heureusement abandonnée de nos jours, devrait être sanctionnée par le pal en cas de récidive.
En effet, s’il apparaît plus pratique de procéder de la sorte, le résultat sera catastrophique pour plusieurs raisons :
nombre de pièces annexes sont en plusieurs parties comme les roues, qui se présentent la plupart du temps sous la forme de deux demi flasques.
Le ponçage inévitable de ce genre d’item va enlever une grande part de vernis,
Cela va de soi !
le simple fait de dégrapper les pièces laissera immanquablement un « trou » à l’endroit
où la pièce était rattachée à la grappe, et les retouches restent souvent visibles une fois
le travail terminé.
3. il faudra également gratter la peinture à l’endroit où la pièce sera collée sous peine de
voir l’assemblage se …désassembler.
de plus, ces pièces seront immanquablement manipulées à un moment ou à un autre, et vous vous retrouverez avec plus de couleur sur les doigts qu’il n’en restera sur la plastique.
Comme vous pouvez le constater, ce système n’offre en définitive que des inconvénients…
La meilleure façon de venir à bout de ce premier sous ensemble (et ceci est valable pour tout le reste d’ailleurs !) est de commencer par le montage. Laissez donc vos pinceaux de côté pour l’instant et commencez par soigneusement dégrapper les éléments concernés avec une pince prévue à cet effet ( une petite pince coupante d’électricien fera aussi parfaitement l’affaire), plus l’opération sera effectuée avec précision, moins il y aura de bavures de plastique à enlever.
Ensuite, passez au montage proprement dit. N’hésitez pas faire plusieurs essais à blanc avant le collage afin de s’assurer d’un ajustement parfait.
Pour ma part, je commence toujours par un assemblage du kit complet à « blanc » en utilisant de petits morceaux de bande cache Tamiya pour maintenir l’ensemble.
Une fois votre sous-ensemble terminé peignez le entièrement avec la couleur de base indiquée par la notice.
Je préconise encore une fois l’emploi des couleurs acryliques Tamiya pour leur facilité d’emploi et le fini qu’elles apportent. Ne lésinez pas sur le diluant (alcool à brûler pour la gamme Tamiya, encore un avantage !) et préférez l’application de deux couches minces qu’une seule épaisse.
En cas de ratage complet : pas de panique, plongez tout l’ensemble dans de l’alcool à brûler et à l’aide d’un gros pinceau très doux, enlever la peinture le plus simplement du monde ! Et cela fonctionne même avec une peinture sèche…
Une fois la couleur de base parfaitement sèche, adonnez vous à la mise en peinture des éléments tels que leviers et manettes diverses, harnais et coussins du siège,
Bref, tout ce qui n’a pas la même teinte que la couleur de base.
ET N’OUBLIEZ PAS CE PRINCIPE : LA OU LE PINCEAU NE PEUT ALLER, L’ŒIL NON PLUS !
Ne paniquez pas si la précision de votre geste est parfois…zigzagante car une fois cette opération terminée il conviendra d’appliquer un « jus » qui va donner du relief en même temps qu’estomper les petites inégalités votre micro-peinture précédente.
Pour ce faire, il faut de la peinture à l’huile en tube (1 de noir et 1 autre de marron foncé) et de l’essence à briquet.
Récupérez les bouchons en plastique des bouteilles d’eau minérale, il feront d’excellents petits godets jetables, et faites un mélange extrêmement dilué de noir et de marron (environ 5-10 % de peinture pour 90-95 % de diluant), ensuite, avec un bon pinceau pointu no 3 imbibé de ce jus, laissez la se déposer par capillarité dans les creux et autour des reliefs de votre cockpit.
Procédez par petites touches et rediluez si nécessaire votre mixture avec de l’essence.
Après l’application des différents jus destinés à « ombrer » les divers éléments et détails, nous pouvons passer à l’étape suivante et nous livrer à la mise en pratique d’une technique d’une facilité déconcertante, mais d’un rendu absolument étonnant : le DRY BRUSHING (ou brossage à sec).
Le principe en en fort simple : il s’agit d’ « éclairer » les parties saillantes des pièces de la maquette en les brossant avec un pinceau plat (les brosses commercialisées par TAMIYA font merveilles…) au préalablement chargé d’une petite quantité de pigments secs de la peinture correspondant à l’effet recherché.
Cette technique appartient à la préhistoire du maquettisme, et si elle n’a pas évolué depuis lors, elle ne s’en est pas moins développée, surtout par la diversité des teintes et des matières employées.
Commençons par quelques règles de bases :
Cette technique consiste à recréer en fait les effets de lumière disparus en raison de la réduction (la réfraction lumineuse dans l’air étant identique, il s’agit de réinventer les ombres et les reflets de manière artistique pour compenser la perte de contraste et de luminosité…), pour ce faire, les teintes utilisées seront toujours plus claires que la couleur de base.
On n’utilisera que des peintures à l’huile de type HUMBROL, ou des tubes de couleurs pour artiste, les peintures acryliques ne conviennent pas du tout et le résultat risque d’être catastrophique (pâtés, traînées, etc,etc…)
Ayez toujours la main souple et légère car même avec très peu de pigments résiduels sur la brosse, l’effet d’éclaircissement apparaîtra rapidement au fil des va-et-vient.
En principe, il faudrait utiliser la teinte de base que l’on aura éclairci à l’aide de blanc, mais si comme moi vous peignez vos maquettes avec des acryliques, ce ne sera pas possible.
Personnellement, je ne me sers que de quatre couleurs en pot HUMBROL ou MODEL MASTER : blanc, jaune, chamois et argent (SILVER).
Le blanc s’utilisera pour éclairer les pièces ou les surfaces de couleurs grise ou de dominante bleue.
Le chamois (beige clair) est à réserver pour les teintes comprenant une primaire rouge (brun, ocre,etc.) car appliqué un dry brushing de blanc pur sur une partie rouge se soldera par un désastreux effet « rosé ».
Le jaune sera employé pour rehausser les variantes à base de vert.
L’argent, quant à lui, s’il est applicable sur n’importe quelle nuance, son emploi doit cependant se limiter à quelques pièces d’aspect métallique comme les armes ou les moteurs.
Mais passons à un exemple concret pour illustrer l’explication de ce procédé : le brossage d’un cockpit de chasseur Américain de la seconde guerre mondiale.
La couleur de base est variable mais nous nous arrêterons à un interior green des plus standard.
Vous aurez remarqué (si vous avez suivi mes conseils du chapitre précédent…) que votre sous ensemble s’est passablement assombri après l’application des différents jus préconisés : ne paniquez pas, nous allons maintenant « illuminer » cet habitacle à l’aide de jaune mélangé a 2/3 de blanc (utilisez pur cette petite décoction un bouchon en plastique de bouteille d’eau minérale : pratique, pas cher et jetable !), trempez y votre brosse de manière à bien l’imbiber de peinture. Ensuite, il s’agit de l’essuyer sur un morceau de papier ménage ou autre Kleenex de manière à ce qu’il ne reste plus sur les poils qu’une infime partie des pigments presque secs.
Le moment idéal est arrivé lorsque vous obtenez sur une partie propre de votre chiffon qu’un halo faiblement coloré : il est alors temps de passer au dry brushing proprement dit !
Commencez à brosser délicatement votre pièce en faisant de rapides et légers mouvements de va-et-vient et, oh surprise, tous les détails vont petit à petit sortir du néant pour votre plus grande satisfaction. Il y aura même des détails du moulage que vous ne découvrirez qu’à ce moment là !
Mais attention : n’insistez pas trop au même endroit et souvenez vous que le mieux est l’ennemi du bien !
Il vous sera toujours possible d’en « remettre une couche » si le résultat est en dessous de vos espérances.
Voyons maintenant une variante intéressante :
Les pièces métalliques comme les mitrailleuse cal.50 de votre chasseur peuvent en tirer un grand bénéfice visuel.
Après les avoir peintes en noir mat, procédez à un brossage léger à l’argent en suivant la manière de faire décrite plus haut, mais n’exagérez pas (je n’aurai de cesse de le répéter !), puis, sur un coupon de papier abrasif de grain 400 ou 600, réduisez la mine d’un crayon à papier 2B à l’état de fine poussière de graphite.
Armé d’une brosse propre et sèche appliquez, toujours avec la même technique, cette poudre grise sur vos Brownings miniatures : effet garanti !
Voilà, un minimum d’entraînement sera suffisant pour faire de vous un virtuose du brossage à sec, tant cette technique est exempte de difficultés !
Techniques de bases : sous-ensembles et dry brushing
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