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Seconde Guerre mondiale : l'exploit oublié

Publié : mar. déc. 04, 2012 5:28 pm
par JagF1
Je ne connaissais pas cette histoire, et vous ?

http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-p ... 251_55.php
Seconde Guerre mondiale : l'exploit oublié

C'est une vente aux enchères un peu particulière qui a eu lieu vendredi 30 novembre à Colchester, dans l'Essex. Sous le marteau du commissaire-priseur James Grinter ont été dispersés des objets personnels ayant appartenu à un héros quasi méconnu de la Seconde Guerre mondiale. Parmi ces souvenirs, outre un carnet de vol et des gravures relatant un fait de guerre exceptionnel, une demi-douzaine de décorations britanniques, dont la Distinguished Flying Cross et la Distinguished Service Cross (DSC). Mais aucune décoration française.Pourtant, celui dont on vendait ce jour-là les trophées à l'encan méritait sans aucun doute que la France le remercie. Car c'est pour remonter le moral de nos compatriotes subissant l'occupation et montrer, à un moment critique de la guerre, que l'ennemi était vulnérable que le Wing Commander Ken Gatward a accompli à la barbe des Allemands un exploit d'une audace incroyable : le 12 juin 1942, aux commandes de son bombardier Beaufighter, en prenant de vitesse la DCA et les escadrilles de Focke Wulf basées autour de Paris, il a survolé à basse altitude les Champs-Élysées et a largué sur l'Arc de Triomphe un immense drapeau français.

Opération "Accrochage"

Cette idée un peu folle était née d'une information obtenue par les services de renseignements britanniques. Ils avaient appris que, tous les jours, entre 12 heures et 12 h 45, un détachement de la Wehrmacht ou des SS venait parader sur les Champs-Élysées. La Royal Air Force décide alors de venir ridiculiser les Allemands en portant un coup spectaculaire à leur arrogance de vainqueur. L'objectif de l'opération "Squabble" (accrochage) était de profiter de leur défilé quotidien pour venir les mitrailler pendant qu'ils se pavanaient sur la plus belle avenue du monde.

Mais pour que l'opération réussisse, il fallait qu'une couverture nuageuse importante sur la Manche et les côtes françaises permette à l'avion de ne pas être repéré et qu'au contraire un temps dégagé et une bonne visibilité l'autorisent à voler à très basse altitude. Après quatre essais infructueux, les conditions ont été réunies le 12 juin 1942. Après avoir décollé de sa base de Thorney Island, Ken Gatward, en compagnie de son mitrailleur le sergent Fern, a franchi les côtes françaises à Fécamp, alors sous une pluie battante. Son carnet de vol indique que le temps a commencé à s'améliorer au-dessus de Rouen et qu'il faisait un grand soleil quand il a plongé après les collines de Saint-Cloud vers la tour Eiffel "qui se dressait, à côté de la Seine, comme une curieuse allumette".

"Je n'oublierai jamais..."

En volant à la hauteur des derniers étages des immeubles, il a remonté les Champs-Élysées à 12 h 27 précisément... Las, c'était quelques minutes trop tôt pour le défilé allemand, dont les troupes commençaient seulement à se regrouper dans une rue adjacente. Mais pour ne pas rentrer en Angleterre sans avoir tiré un coup de feu, le Beaufighter a viré sur l'aile pour attaquer le second objectif qui lui avait été assigné : le QG de la Gestapo de la rue Lauriston. Après quoi il a délicatement largué deux immenses flammes tricolores, l'une sur l'Arc de Triomphe, l'autre sur le ministère de la Marine à la Concorde. "Je n'oublierai jamais, a écrit Gatward, l'étonnement des Parisiens en manches de chemise voyant cet avion anglais raser les toits des Champs-Élysées."

Après la libération, pour le remercier de ce coup d'audace, la France reconnaissante a offert au Wing Commander Gatward... un magnum de champagne. Dont la caisse en bois ornée d'un ruban tricolore avait été soigneusement gardée par l'ancien aviateur. La caisse et son ruban ont été mis aux enchères, vendredi, en même temps que ses décorations.

Publié : mar. déc. 04, 2012 5:57 pm
par Warlordimi
Mouarf... Jean de Selys Longchamp, on lui a au moins fait un buste devant l'immeuble qu'il a mitraillé!

Enfin bon, mort en 43, il n'a pas eu avoir une caisse de bière lui!

Je ne connaissais pas! C'est "sympa" et suicidaire comme événement!

Publié : mar. déc. 04, 2012 6:01 pm
par TOMPCAT
l'exploit oublié : effectivement , je n'avais jamais entendu parler de cet d'une bravoure inouïe

Publié : mar. déc. 04, 2012 6:25 pm
par jojo
C'est d'autant plus touchant de la part d'un Anglais. Belle marque d'audace :notworthy

Publié : mar. déc. 04, 2012 6:34 pm
par Kamov
Je me demande si j'ai pas déjà lu ça dans un des Fana de l'Aviation

Publié : mar. déc. 04, 2012 6:44 pm
par Tubs
Je crois que ca a fait la couverture d'un Fana il n'y a pas si longtemps en effet.

René Mouchotte en parle dans ses carnets, avec beaucoup d'admiration pour le pilote anglais mais aussi beaucoup de regrets... Il avait proposé de faire la même chose plus de 6 mois auparavant pour le 11 novembre, ce qui lui avait été refusé.

Publié : mar. déc. 04, 2012 6:57 pm
par warbird2000
Kamov &Tubs vous avez raison

Fana 498 S mai 2011

Publié : mar. déc. 04, 2012 6:58 pm
par Kamov
Il a eu également un pilote Belge de Typhoon qui avait mitraillé le siège de la Gestapo à Paris je crois J'avais dû lire ça dans mes Oiseaux de Feux de Demoulin

Publié : mar. déc. 04, 2012 7:00 pm
par Kamov
warbird2000 a écrit :Kamov &Tubs vous avez raison

Fana 498 S mai 2011

Merci Warbird! :notworthy

Publié : mar. déc. 04, 2012 7:28 pm
par LUSO 83
Kamov a écrit :Il a eu également un pilote Belge de Typhoon qui avait mitraillé le siège de la Gestapo à Paris je crois J'avais dû lire ça dans mes Oiseaux de Feux de Demoulin

Bruxelles en fait il me semble!

Publié : mar. déc. 04, 2012 7:29 pm
par LUSO 83
Kamov a écrit :Il a eu également un pilote Belge de Typhoon qui avait mitraillé le siège de la Gestapo à Paris je crois J'avais dû lire ça dans mes Oiseaux de Feux de Demoulin

Pas plutot Bruxelles?

Publié : mar. déc. 04, 2012 8:43 pm
par Warlordimi
C'est le gars dont je parle au 2ème post! :innocent:

Publié : mar. déc. 04, 2012 8:53 pm
par Kamov
LUSO 83 a écrit :Pas plutot Bruxelles?

Oui Luso je crois bien que c'est Bruxelles!

Publié : mar. déc. 04, 2012 9:28 pm
par J.j.
Je connaissais, effectivement il y a eu un article dans le Fana, et j'en avais fait une mission offline sur Il2. Tompcat y avait répondu d'ailleurs je crois lol

En tout cas dommage que ses affaires aient été dispersées, ça aurait pas mal de regrouper le tout pour un musée ou autre...

Ken Gatward a eu après cet exploit une remarquable carrier dans la RAF, il a fini Wingco d'un "Strike Wing" de Beaufighter, et il me semble même qu'il a fini sa carrière sur Mossie au dessus de la Norvège en 45.

Publié : mar. déc. 04, 2012 9:32 pm
par Col. Chibani
Pendant le raid du Beaufighter sur Paris, l'équipage a pris des photos de la capitale, au ras des toits. Le Fana les a publiées, ainsi que Life, à l'époque : ici.

Publié : mer. déc. 05, 2012 9:15 am
par Milos
Kamov a écrit :Oui Luso je crois bien que c'est Bruxelles!
En effet, mais ça a eu un effet double tranchant.

Il préparait ce coup depuis un bon moment. Chaque fois qu'il en parlait à sa hiérarchie, silence géné.

Il a donc fait son opération "rhubarbe" a remonté l'avenue en face de l'immeuble et l'a truffé d'obus de 20 mm puis a largué de petits fanions belges ainsi qu'un grand drapeau. Il a remonté le moral des Belges par cette opération audacieuse..

Le problème, c'est que sur le corps de l'un des officiers SS, on a retrouvé une liste de noms. Cet officier était un infiltré. Les Allemands ont pù démanteler un réseau de résistants dont beaucoup ont péri.

Pour cette action, il a été décoré ... et puni.

Publié : jeu. déc. 06, 2012 10:04 am
par bandini
Il semble que les anglais ait quelque peu piqué l'idée aux français. En tout cas d'après la version du commandant jubelin, dans son livre "marin de métier, pilote de fortune" :
... Un soir que j'avais été plus bouleversé que de coutume, je pris séance tenante ma plume pour écrire au générale de Gaulle. Je lui demandai la permission d'aller au dessus de Paris pour jeter un drapeau francais sur la ville. Nous venions justement de toucher un nouveau type de Spitfire, avec un réservoir supplémentaire dans le ventre qui permet le trajet aller-retour à partir d'Ibsley. Je restai deux ou trois jours dans une attente un peu angoissée. Un coup de téléphone de mon ami de Rancourt, m'informait que celui-ci avait accepté ma proposition.
Il décrit ensuite les préparatifs en liaison avec l'Air Ministry, l'horaire du détachement de la wermacht qui remonte les champs chaque jour, la difficulté de la mission etc. Je vous passe les détails. Tout ce met finalement en place :
Tout allait bien. Le 6 juin, j'appris par la filière des réseaux de renseignement que les deux grandes avenues étaient nettes de tout obstacle. La musique allemande remontait à 11h15 précises les Chaps-Elysées. Mon but était simple : arriver du rond-point des Mobiles, foncer en rase-motte dans l'avenue de la grande Armée, saluer l'Arc de Triomphe en larguant le drapeau et, descendant les Champs-Elysées, ouvrir le feu de toutes mes armes sur le détachement boche. Ce rendez-vous était très difficile à tenir. Il fallait arriver à deux minutes près. Aussi, me livrai-je à des calculs savants pour baliser mon itinéraire.
Entre temps, Rancourt m'avait téléphoné plusieurs fois en disant que l'affaire marchait bien, je pouvais y compter.
Hier, je vins à Londre afin de prendre les dernières instructions. Le général me reçut aimablement. Palesky était à coté de lui [...] Palesky souligne que mon incursion comporte de grands risques. Je me souviendrai toujours de la réponse du général.

- Les risques n'existent pas pour ceux qui ne les courent pas. Ils n'existent pas d'avantage pour ceux qui les courent, puisqu'ils les ont acceptés. Ne m'en parlez plus.

Dehors, je trouve Rancourt. Il a fait préparerun magnifique pavillon français et une multitude de petit pamphlets timbrés de la croix de Lorraine, que je larguerai en paquets sur les Champs-Elysées.

Ce matin, 16 juin, je retourne au quartier général pour prendre tout ce matériel, quand je me trouve devant Rancourt absolument défait. Il vient de recevoir un coup de téléphone de l'Air Ministry qui lui annonce qu'un avion Beaufighter anglais à jeté la veille un pavillon français sur l'arc de Triomphe. Le général, à qui il vient de l'annoncer est dans une colère blanche. Plutot que de la colère j'éprouve un sentiment de profond dégout. Ainsi, la mission que j'avais patiemment couvée m'avait été prise par un autre. Très sagement je fis tout de suit le départage entre le courageux pilote et l'Air Ministry qui lui avait ordonné cette mission pour que ce ne fut pas un Français qui l'éxécutat le premier. Toujours est-il qu'à l'instant meme le général de Gaulle demandait d'etre reçu par sir Archibald Sinclair.

Cette sorte de rivalité est parfaitement admissible. Je comprends que le ministère anglais ait voulu faire le premier geste envers une France opprimée. Mais puisque l'idée était notre, que nous sommes ici si petits, si peu, il me semble qu'il aurait pu montrer, de deux mots qu'ils ont invantés, un peu plus de "fair play"
Etant donné qu'il s'agit d'un livre qu'il a rédigé après guerre d'après son journal, la note suivante est ajoutée en bas de page :
J'ai appris beaucoup plus tard qu'un an avant moi mes amis français Dupérier, de Scitivaux, et Mouchotte avaient eu la meme pensée. A cette époque, leurs avions n'auraient pas eu de quoi retourner, c'était un suicide, pur et simple. Il a été sage de leur refuser. Il n'empeche, et cela ne m'étonne pas d'eux, qu'ils en ont eu les premiers l'idée.

Publié : jeu. déc. 06, 2012 10:56 am
par Togno
Commander Ken Gatward a accompli à la barbe des Allemands un exploit d'une audace incroyable : le 12 juin 1942, aux commandes de son bombardier Beaufighter
Ca ne choque que moi ?

Publié : jeu. déc. 06, 2012 11:32 am
par CrazyFry
Togno a écrit : Citation:
Commander Ken Gatward a accompli à la barbe des Allemands un exploit d'une audace incroyable : le 12 juin 1942, aux commandes de son bombardier Beaufighter
Ca ne choque que moi ?
Arf, j'avais déjà lu cet exploit dans "l'Atlas des bombardiers de la seconde guerre mondiale". Justement au chapitre traitant du Beaufighter :innocent:

Publié : jeu. déc. 06, 2012 8:10 pm
par J.j.
Togno a écrit :Ca ne choque que moi ?
Ben, le Beaufighter utilisé était un Beaufighter IC du Coastal Command, qui utilisant assez régulièrement des bombes de 250 livres. Pour cette mission non.
Donc, non, ça ne me choque pas, même s'il ets vrai que le terme "chasseur bombardier" est peut être plus correct, ou "avion d'attaque".

Publié : jeu. déc. 06, 2012 11:02 pm
par Col. Chibani
En volant à la hauteur des derniers étages des immeubles, il a remonté les Champs-Élysées à 12 h 27 précisément... Las, c'était quelques minutes trop tôt pour le défilé allemand, dont les troupes commençaient seulement à se regrouper dans une rue adjacente.
De mémoire, je crois qu'il y a une histoire comme quoi Paris était à l'heure allemande, ce qui n'a pas été pris en compte par la RAF, et le Beaufighter est arrivé une heure trop tôt.

Publié : ven. déc. 07, 2012 9:13 am
par Milos
J.j. a écrit :Donc, non, ça ne me choque pas, même s'il ets vrai que le terme "chasseur bombardier" est peut être plus correct, ou "avion d'attaque".
Ca ne me choque pas non plus. Le Beaufighter a bien été utilisé en chasseur de nuit, mais pour le reste, c'était surtout un bombardier léger :yes: