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Dien Bien Phu et aérodrome

Publié : lun. mars 05, 2012 7:25 pm
par Tom38000
Bonjour à tous, j'ai regardé un film sur la défaite de Dien Bien Phu, et je me suis ensuite renseigné sur Wikipedia pour savoir si c'était vraiment la m..... comme ça. Conclusion, oui ça l'était, mais un détail m'a choqué : On voit sur une carte, qu'en gros la grosse partie de la troupe est stationnée sur l'aérodrome de DBP, entouré des collines dominique eliane etc.., avec des vietnamiens tout autour en masse. Sauf que vers le sud, je n'ai vu (sur la carte, et avec mes maigres connaissances en matière d'analyse) qu'une plaine, avec un peu plus au sud, à 3-4 km une autre colline isolée du reste, qui s'est d'ailleurs battu en autonomie, et à côté de cette colline, une autre piste ! Alors vu qu'à ce que j'ai compris, la bataille était perdue dès que la piste de DBP a été détruite, je me demande pourquoi les troupes des collines au nord n'ont pas reculé vers le sud, vers l'autre aérodrome, qui, j'imagine, était hors de la portée des canons vietnamiens....
Quelqu'un a la réponse ? (je sais, c'est limite hors sujet sur l'aéro mais bon)

Publié : mar. mars 06, 2012 9:28 am
par Milos
Tom38000 a écrit :Bonjour à tous, j'ai regardé un film sur la défaite de Dien Bien Phu, et je me suis ensuite renseigné sur Wikipedia pour savoir si c'était vraiment la m..... comme ça. Conclusion, oui ça l'était, mais un détail m'a choqué : On voit sur une carte, qu'en gros la grosse partie de la troupe est stationnée sur l'aérodrome de DBP, entouré des collines dominique eliane etc.., avec des vietnamiens tout autour en masse. Sauf que vers le sud, je n'ai vu (sur la carte, et avec mes maigres connaissances en matière d'analyse) qu'une plaine, avec un peu plus au sud, à 3-4 km une autre colline isolée du reste, qui s'est d'ailleurs battu en autonomie, et à côté de cette colline, une autre piste ! Alors vu qu'à ce que j'ai compris, la bataille était perdue dès que la piste de DBP a été détruite, je me demande pourquoi les troupes des collines au nord n'ont pas reculé vers le sud, vers l'autre aérodrome, qui, j'imagine, était hors de la portée des canons vietnamiens....
Quelqu'un a la réponse ? (je sais, c'est limite hors sujet sur l'aéro mais bon)
DBP était ce que l'on appelait à l'époque, un hérisson, c'est à dire, un camp retranché en milieu hostile, ravitaillé par air. Articulé autour de la piste (la piste au sud n'étant qu'un terrain auxiliaire).

Le camp était protégé par des pitons sur lesquels des positions défensives très complexes et efficaces étaient installées. Les viets n'avaient pas d'autre possibilité que les prendre l'un après l'autre, au prix de pertes très élevées.

La piste de DBP n'a jamais été détruite, mais sous le feu constant de l'artillerie viet-minh (ce qui revient un peu au même).

Petit à petit, l'étau s'est resserré autour du camp. Ravitailler Isabelle (au sud) devenait une véritable opération avec troupes, plans de feu et soutien de l'artillerie. L'impossibilité de garder la route ouverte a obligé le commandement d'abandonner la position et rapatrier sur le camp les défenseurs d'Isabelle.

La partie a été perdue très vite, en fait dès la chute de Béatrice où le détachement de Légion Etrangère a été balayé en une nuit. Avec une vue parfaite sur la piste, l'artillerie viet-minh s'y est installé, rendant le ravitaillement aérien possible uniquement de nuit.

La suite est simple. Ecrasant le site sous un déluge d'artillerie et creusant des tranchée d'assaut permettant d'acheminer des combattants au plus près des défenses françaises, les Viets ont submergé le camp, position par position, jusqu'à la rédition des défenseurs. Contrairement a ce qui a été dit, il n'y a jamais eu de drapeau blanc.

Je te renvoie à la lecture des livre d'Erwan Bergot (qui commandait les mortiers lourds de la Légion Etrangère) : "Les 170 jours de DBP" et "2eme classe à DBP"
Il y a aussi "DBP, les artilleurs dans la fournaise" (je chercherai le nom de l'auteur ce soir*).

Voilà voilà

Edit : * Brancion Henri

Publié : mar. mars 06, 2012 9:50 am
par jojo
En fait la défaite de Dien Bien Phu est dûe à plusieurs erreures:
- répéter à plusieurs reprises la tactique du "hérisson", victorieuse à Na San
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Na_San
- croire les vietnamiens incapables de monter des pièces d'artillerie sur les collines.

Les vietnamiens n'ésitaient pas non plus à sacrifier leurs troupe (faire charger leurs hommes sur un affut quadruple de 12.7 par exemple), au final il ont probableent perdu 5 fois plus d'hommes pendant la bataille.

Mais eux pouvaient se le permettre.

Publié : mar. mars 06, 2012 10:02 am
par fredem
Le positionnement du "Hérisson" à la limite de portée de l'aviation tactique basée ailleurs qu'à DBP a joué également.

Publié : mar. mars 06, 2012 12:43 pm
par Milos
jojo a écrit :Mais eux pouvaient se le permettre.
Oui et non. Quand il a vu l'installation du camp français à DBP, Giap a joué le tout pour le tout. Il a envoyé son armée dans la fournaise avec les tactiques communistes de l'époque (la vague humaine). La défaite française à DBP a provoqué la défaite en Indochine, mais Giap y a laissé son armée. Il lui faudra plus de dix ans pour en remettre une sur pieds.
C'était un coup de poker. Coup payant.

Publié : mar. mars 06, 2012 5:14 pm
par Tom38000
Mais ce que je comprend pas, c'est qu'à partir du moment ou la piste était pilonnée par l'artillerie, pourquoi ne pas avoir fait se replier les troupes vers Isabelle et l'aérodrome secondaire ? Il était pourtant évident que la bataille était perdue alors non ? Ou bien alors croyait on encore que les collines tiendraient ?

Publié : mar. mars 06, 2012 7:40 pm
par jojo
J'aiplu la chronologie en tête: à quel moment Isabelle est-elle tombée? Là est peut-être la réponse...

re

Publié : mer. mars 07, 2012 12:10 am
par LEPEREMAGLOIRE
secteur nord:REDDITION:7 MAI 1954 17H30
Ils ont tenu 8h de plus sur Isabelle;et on tenté une sortie(très peu s'en sont sorti)
des liens:
http://dienbienphu.xooit.com/index.php

http://paralegion.free.fr/dienbenphu6.php

http://histoiresdebatailles.over-blog.c ... 30889.html

Publié : mer. mars 07, 2012 12:24 am
par MS Galileo
Tom38000 a écrit :Mais ce que je comprend pas, c'est qu'à partir du moment ou la piste était pilonnée par l'artillerie, pourquoi ne pas avoir fait se replier les troupes vers Isabelle et l'aérodrome secondaire ? Il était pourtant évident que la bataille était perdue alors non ? Ou bien alors croyait on encore que les collines tiendraient ?
Ils etaient sur des positions defensives bien préparées, tenter une sortie aurait été tactiquement suicidaire, pour aller ou et faire quoi, le souvenir de la RC4 étaient encore frais.
De plus le haut commandement arrêtait pas de dire, les renforts sont en route, tenez bon, ils ont mem demander des volontaires (qui n étaient pas parachutistes) de sauter du DBP, leur promettant une fois la bataille terminée le brevet para et la solde correspondante (ce qui n'est bien sure jamais arrive). Erwan Bergot dans un de ces ouvrages rend parfaitement cet état d'esprit, des gars sautaient sur DBP sachant pertinemment qu'ils y aller mourir, mais ils sautaient quand même.

Publié : mer. mars 07, 2012 10:08 am
par Milos
jojo a écrit :J'aiplu la chronologie en tête: à quel moment Isabelle est-elle tombée? Là est peut-être la réponse...
Gabrielle est tombée le 15 mars. La bataille a été perdue ce jour là.
Tom38000 a écrit :Mais ce que je comprend pas, c'est qu'à partir du moment ou la piste était pilonnée par l'artillerie, pourquoi ne pas avoir fait se replier les troupes vers Isabelle et l'aérodrome secondaire ? Il était pourtant évident que la bataille était perdue alors non ? Ou bien alors croyait on encore que les collines tiendraient ?
Il faut avoir une chose en tête : les viets encerclaient DBP (et Isabelle). Le terrain secondaire était non seulement impraticable, mais, en plus, aux mains des viets. A DBP, ils étaient dans des positions aménagées. Les quitter les aurait placé à découvert, sous le feu de l'artillerie. Et comment veux-tu faire aller 15.000 bonhommes (plus leur matériel lourd) du camp aux abords d'Isabelle ?

A la fin, ils avaient envisagé une sortie pour rejoindre les lignes à pieds. Ils l'avaient nommée "la percée de sang". Ca veut tout dire :crying:

J'ai connu quelqu'un qui y était (artillerie). Il m'en a souvent parlé. Ce qu'ils ont vécu n'est pas imaginable.

Publié : mer. mars 07, 2012 10:33 am
par jojo
D'ailleur les artilleurs ont vendu chèrement leur peau quand ils ont préféré effectuer des tirs tendus plutôt que de faire sauter leur canons et se replier...

Publié : ven. mars 09, 2012 10:11 am
par Milos
jojo a écrit :D'ailleur les artilleurs ont vendu chèrement leur peau quand ils ont préféré effectuer des tirs tendus plutôt que de faire sauter leur canons et se replier...
Oui, ils étaient installés dans le "drain japonais". Le Ltt Brunebrouck a refusé d'évacuer en sabotant ses canons. Quand les viets ont attaqué, il a fait tirer en tir tendu. De l'infanterie en vagues face à des 120 qui débouchent à zéro... :blink:

Mais il a quand même fallu évacuer la position plus tard quand elle risquait d'être coupée du reste du dispositif.

Publié : ven. mars 09, 2012 11:59 am
par ex:Kaos
Le 120 est un calibre de mortier, on ne tire pas à hausse zéro au mortier.
L'artoche à DBP, c'était du 155, peut être aussi du 105.

Publié : ven. mars 09, 2012 1:40 pm
par Ost
C'était des 105HM2. Alter Post Fulmina Terror !

Ost

Publié : ven. mars 09, 2012 4:12 pm
par ex:Kaos
Tu ne m'avais pas dit que tu avais fait DBP???
:Jumpy:

Publié : ven. mars 09, 2012 11:04 pm
par Milos
III/JG52-Freiherr V. Kaos a écrit :Le 120 est un calibre de mortier, on ne tire pas à hausse zéro au mortier.
L'artoche à DBP, c'était du 155, peut être aussi du 105.
Oups, c'est mon doigt qui a fourché, le fourbe. :innocent:

Il s'agissait des 105 de Brunebroucke. Les 155 n'étaient pas dans le drain.

Ce jour-là, les viets se sont heurtés aux 105, en face, et aux quadS de 12.7 qui les prenaient par le côté.

Publié : ven. mars 09, 2012 11:14 pm
par moi1000
Il y a un truc que je ne comprends pas : pourquoi avoir fait ce camp ici, en acceptant le fait qu'en cas d'attaque il ne serait ravitailler que par voie aérienne, et qu'il y a souvent des nuages bas dans cette vallée ce qui justement le ravitaillement plus difficile ainsi que le soutien aérien apporter par les Bearcat et autres bombardiers ?

Publié : ven. mars 09, 2012 11:35 pm
par jojo
Ils ont sous-estimé les capacités des vietnamiens. En particulier leur capacité à prendre les collines et à y placer de l'artillerie.

PS: mon grand-père m'a raconté qu'ils avaient chargé vagues après vagues sur les quads de 12.7:wacko:

Publié : dim. mars 11, 2012 12:30 pm
par Tom38000
Et puis je crois qu'il fallait bien mettre un poste défensif quelque part avant Hanoï, donc DBP, avec ses collines etc semblait idéal, et il n'y avait pas vraiment le temps de préparer autre chose...

Publié : dim. mars 11, 2012 12:36 pm
par Ost
III/JG52-Freiherr V. Kaos a écrit :Tu ne m'avais pas dit que tu avais fait DBP???
:Jumpy:
Pas moi, mais un camarade de mon père était dans la cuvette ,).

Ost

Publié : dim. mars 11, 2012 4:43 pm
par Milos
moi1000 a écrit :Il y a un truc que je ne comprends pas : pourquoi avoir fait ce camp ici, en acceptant le fait qu'en cas d'attaque il ne serait ravitailler que par voie aérienne, et qu'il y a souvent des nuages bas dans cette vallée ce qui justement le ravitaillement plus difficile ainsi que le soutien aérien apporter par les Bearcat et autres bombardiers ?
Oui, mais dans cette région, le terrain commande. DBP est le croisement des routes vers le Laos et le Mékong. En prenant cette voie, les Viets contournaient les défenses françaises et débouchaient sur les hauts plateaux proches de Saigon (ce fut d'ailleurs l'itinéraire de la piste Ho Chi Minh quelques années plus tard). Ils pouvaient aussi viser le delta du Tonkin pour faire main basse sur les réserves de riz indispensables pour nourrir les Bo-Doïs. Donc, en installant un "bouchon" à cet endroit, on faisait d'une pierre deux coups.

Giap ne pouvait pas se permettre d'ignorer ce poste l'empéchant de passer sur cet itinéraire, permettant de lancer des attaques sur ses lignes de communication et de ravitaillement et de former des guerrillas anticommunsites.