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Blind Landing sur les terres de La Queen

Publié : ven. nov. 07, 2008 10:23 pm
par PB0_Fighter
En Anglais :stuart: http://www.timesonline.co.uk/tol/news/u ... 107128.ece

Bon en short c'est l'histoire d'un gars de 65 balais qui se ballade en Cessna et qui soudainement perd la vue suite à on ne sait pas trop quoi du genre une mini crise cardiaque... Et la, soudainement La Queen se met a gueuler "For Christ sake faites moi Scrammmbeuler un Tuc pour aller aider Stevee Wonders bande de ass holes !!!"
La Queen n'est pas comme ça, c'est une Lady. :ouin:
Bref un Tucano de la RAF se pointe en faisant du slalom comme si il était bourré et assiste Stevee tout le long du trajet qui va l'ammener à la B.A de la RAF de Linton-on-Ouse, prés de York.
Assisté également par les controlleurs au sols de la RAF qui aidés de leurs radars vont à la huitième tentative ammener Wonders qui leur fait Supersticious en live sur un axe parfait et la aprés deux rebonds, tel une balle de tennis le Cessna va s'immobiliser non loin de la limite du terrain, les ambulances sont la...

"At one point Gerrard was flying alongside O’Neill, just 500ft away, giving instructions over the radio.

As O’Neill approached the runway on his eighth and final attempt the Wing Commander reassured him, saying: “You are doing OK, carry on, can you see the runway?”

O’Neill was then able to put down safely after two bounces on the runway. He came to a halt at the very end of the runway where he was met by the emergency services."

Publié : ven. nov. 07, 2008 10:52 pm
par Snake (PB0_Foxy)
sacré histoire o_O
ça doit être un des boulots des plus gratifiants qui puisse arriver à des pilotes de chasse

Publié : ven. nov. 07, 2008 11:58 pm
par SpruceGoose
Véridique, mais il m’est arrivé à peu près la même chose.
C’est d’ailleurs peut-être la seule chose dont je sois réellement fier côté aviation.

J’explique ce fameux jour où j’avais fait ma BA.

MTO bouchée par brume. On est que 2 instructeurs ce jour-là à partir en TdP. Même pas de local réellement envisageable.
Tiens, il y a un avion qui décide quand même de partir pour un terrain local à 15 min (en C152). Quel intérêt réel, on n’y voit rien.

Bref, au bout d’environ 25 min, je décide d’arrêter la leçon et de passer le reste de la fin d’après-midi au bar.
Quand sur les ondes (fréquence TWR), on entend l’avion parti en local annoncer qu’il est complètement perdu et qu’il sent qu’il est incapable de retrouver notre terrain.

Quel c.. m’étais-je dit, avait-il réellement besoin d’aller se mettre dans une situation pareille !
Le contrôleur TWR lui demande de s’aligner sur le radial xyz de VOR du terrain sur lequel il est allé, et ça devrait le ramener sur la verticale de notre (et son) terrain.
Le pilote trahit un peu d’inquiétude (mais vraiment un peu seulement) dans sa voix en répondant qu’il ne sait pas se servir d’un VOR… il avait juste abordé les petites navs locales avec son instructeur – c’était un élève lâché local en somme.

Je demande à mon élève s’il est d ‘accord que l’on essaie de le retrouver (mon élève était un brèveté, volant peu, et venant de temps en temps faire de la mania pour rester dans le coup).
Il est cool et me répond OK.

Je demande à la TWR d’avertir mon club que je pars faire une BA.

A ce moment là, j’avais pris cette décision parce que je connaissais le coin comme ma poche, chaque arbre, chaque pylône, chaque maison, chaque route etc… je ne suis pas fou au point de faire une chose qui pourrait mettre la vie d’un autre en danger (mon élève) et risquer en même temps la mienne.

Je prends les commandes et demande à mon élève de noter tous ce que je lui demanderai.
Je passe en conversation avec notre pilote perdu.
Je lui demande de rester en visuel avec le sol, même s’il doit descendre un peu.

En fait ce jour là, entre 700 et 900 pied sol on arrivait à distinguer le sol assez correctement, plus ça devenait critique. Par contre la visibilité horizontale était vraiment réduite.

Je lui demande de faire des 360 afin qu’il n’aille pas se mettre à la verticale de l’un des 2 grands aérodromes internationaux dont nous sommes vraiment très proches.
Je lui demande l’heure précise où il a quitté le terrain local. Il n’a pas noté. Merde !
Même s’il ne sait pas se servir d’un poste VOR, je lui demande d’exécuter des actions sans se poser des questions.
Ainsi je lui demande successivement, mais lentement et surtout sans quitter la vue du sol (toujours en volant en cercle), d’afficher la fréquence (VOR/DME) ; de tourner lentement le bouton OBS ; de me dire lorsque l’aiguille sera centrée ; de me dire s’il voit le triangle ou le mot TO ou FROM s’afficher.

Bien sûr, entre chaque instruction, mais sans trop l’abrutir, je lui demande de manière incessante s’il voit toujours le sol et si son inclinaison est faible. J’avais réellement peur qu’il perde le contrôle de son avion.
On a mis le temps, mais on a fini par y arriver.

Ce type avait été remarquable. Il n’avait jamais perdu les pédales. Toujours la même voix à peine un peu inquiète. En bref il pilotait toujours son avion. Ca me rassurait.

Pas de DME sur son C152.
Pas grave. J’avais son relèvement VOR.

Inutile de compliquer la tâche et de lui faire faire une manip identique avec une autre station VOR du coin pour faire un recoupement.

Je lui annonce sa position approximative par rapport au VOR (une zone d’incertitude estimée en fonction de l’heure estimée (par moi) de son départ de son terrain local) – en fait pour le rassurer un peu.

Je décide de contacter l’un des grands terrains proches pour un relevé radar de notre égaré.
Tilt ! je n’y avais pas pensé, mais son avion est obligatoirement équipé d’un transpondeur.
Je lui annonce que le gros terrain va le repérer précisément avec ça.

Il ne sait pas le mettre en marche.
Pas grave, je lui explique la manip comme avec le VOR. C’est très simple.

Je contacte le grand terrain sur Comm2, explique le problème.
Ca y est on nous donne un code transpondeur – je le communique à l’égaré, et il l’affiche. Bien.

Le contrôleur repère notre homme et me donne sa position. Il me passe également un code.
Et merde, on n’est pas très loin l’un de l’autre.

Je descends de 300 ft de peur d’un abordage. Je n’aime pas ça, je suis à environ 400/500 ft sol
Le bougre est beaucoup plus loin de son terrain local que je ne pouvais l’imaginer.

Comme lui je tournais en 360 depuis le début.

Je lui annonce que je suis dans son secteur, que je suis descendu pour ne pas l’aborder et je lui demande d’allumer tous ses feux (javais allumé les miens également), de me décrire un peu ce qu’il voit au sol sans se presser.

En fonction de ses dires, j’essaie de me placer au mieux.

Et ce n’est qu’au bout d’environ 15 minutes interminables (en réalité je n’y croyais plus trop) à scruter les alentours au dessus de nous (mon élève scrutait également) que nous l’avons repéré arrivant de face phares allumés.
Coup de chance monstrueux que nos 2 avions se soient retrouvés dans une telle position. En fait je tournais un coup à gauche et un autre coup à droite, plus pour rompre une certaine monotonie que pour autre chose.

Ainsi donc, je donne à notre égaré chanceux, le cap pour rentrer au terrain, en l’assurant que je reste derrière lui, en dessous, et que je ne le quitte pas des yeux.

Je le place en vent arrière, le suis en étape de base et ensuite il s’est débrouillé comme un chef pour se poser.

Durant cette opération, notre égaré avait gardé tout son sang-froid. Et je l’avais félicité pour ça.
Ca m’avait paru grotesque de lui faire la leçon. Je pense qu’il avait capté de lui-même ce jour là.

Il avait voulu rembourser le temps de vol à mon élève, mais notre club a tout pris en charge.

Il est des jours où l’on se sent utile à quelque chose.

***

Publié : sam. nov. 08, 2008 12:17 am
par PB0_Fighter
Mon bon SpruceGoose au nom de Saint Michael et Saint Georges je t'éléve au titre de Chevalier du Ciel.

Publié : sam. nov. 08, 2008 12:38 am
par InaZuma
Chapeau l'artiste ! Je pense ne pas exagerer en disant que tu as sauvé une vie ce jour la !

@+

Zuma

Publié : sam. nov. 08, 2008 11:02 am
par Furie
Superbe récit SpruceGoose, et bravo pour ce que tu as fait. :yes::king::king::yes:
D'une éventuelle catastrophe, tu as transformé ça en épilogue heureux au bar... ;)

Publié : sam. nov. 08, 2008 12:23 pm
par *Aquila*
Furie a écrit :D'une éventuelle catastrophe, tu as transformé ça en épilogue heureux au bar... ;)
[mode tacle amical on]
Un N ième exemple d'une loi immuable: on ne peut rien reprocher à un ivrogne qui exerce son vice avec talent... :exit:

Publié : sam. nov. 08, 2008 2:53 pm
par SpruceGoose
Il faut quand même que j'ajoute la chose suivante afin de coller un peu plus à la réalité :

En fait ce jour là, je tournais en tours de piste depuis la fin de la matinée et je commençais à en avoir un peu ras la pâquerette.

Le sort avait voulu qu'au moment où j'allais arrêter mes vols, l'appel de perdition était arrivé.

En dépit du fait que je connais parfaitement la région (formé là, instructeur professionnel et bénévole là etc...), ça m'avait un peu excité d'aller faire un truc qui sortait un peu de l'ordinaire.
J'étais persuadé dès le début que tout allait se dérouler très vite - i.e on aurait repéré l'égaré de suite, on l'aurait ramené au terrain.

Les choses avaient commencé à m'inquiéter au moment même où l'égaré m'avait répondu ne pas avoir pris de top chrono en quittant son terrain local.
Le fait qu'il avait auparavant répondu à notre contrôleur TWR qu'il ne savait pas utiliser le VOR ne m'avait pas trop gêné sur le moment.

J'ai commencé à me faire du souci (là j'ai douté de ma capacité à réussir l'entreprise) lorsque l'on a mis au moins 15 à 20 min afin qu'il puisse afficher la fréquence VOR, centrer son aiguille, repérer l'histoire du TO/FROM... tout en pilotant son avion correctement, c'est à dire ne pas entrer en IMC, ne pas partir en virage engagé.

Sur ces 2 dernier points je le sollicitais de manière ininterrompue, et calmement.

J'avais vraiment eu la trouille d'un abordage lorsque sa position m'avait été communiquée et que le contrôleur du grand terrain annonçait 2 échos pratiquement confondus.

Le plus dur ensuite avait été la recherche en visuel.
Je n'avais jamais réalisé à quel point il était difficile de repérer un autre avion (surtout par visibilité réduite) dans son secteur quand on a aucune idée de nos positions relatives.
Les minutes paraissaient des heures.

Je reste persuadé qu'on l'avait repéré par un gros coup de chance.

Je pense que 5 minutes de plus et je demandais au contrôleur du grand terrain de le ramener (j'ignore dans quelles conditions) sur son aérodrome, et notre égaré se serait certainement posé entre 2 liners... dans le meilleur des cas, bien sûr.

***

Publié : dim. nov. 09, 2008 4:07 pm
par clem42
En tout cas bravo pour la manip, et félicitation pour le récit, on s'y croirait ;)