La justice américaine enquête sur BAE
Publié : mer. juin 27, 2007 7:31 pm
Bon, j'ouvre un nouveau topic sur ce vaste sujet, qui n'a probablement pas fini de faire imprimer beaucoup de pixels...
Soupçons de corruption de la justice américaine sur BAE Systems
LA JUSTICE AMÉRICAINE OUVRE UNE ENQUÊTE SUR BAE SYSTEMS
LONDRES (Reuters) - La justice américaine a ouvert une enquête sur BAE Systems pour tenter d'établir si le groupe britannique d'aéronautique et de défense a respecté ou non la législation anti-corruption, notamment dans le cadre de contrats avec l'Arabie saoudite.
L'annonce de l'ouverture de ces investigations fait chuter l'action BAE à la Bourse de Londres: vers 10h00 GMT, le titre abandonne 9,44% à 400,50 pence, la plus forte baisse de l'indice
FTSE (-0,35%).
Il a effacé un temps jusqu'à 10% de sa valeur, les intervenants craignant surtout que l'enquête débouche sur des amendes, mais aussi qu'elle perturbe l'activité du groupe aux États-Unis, où il est très présent, ou qu'elle ternisse ses relations avec l'Arabie saoudite.
BAE construit notamment les avions de chasse Typhoon, les appareils de reconnaissance Nimrod et des sous-marins à propulsion nucléaire. Il a également obtenu un nouveau contrat, baptisé Al Salam, prévoyant la livraison à Ryad de 72 Eurofighters.
"C'est mauvais pour la confiance et la signature du contrat Al Salam pourrait s'en trouver retardée", commente Nick Cunningham, analyste chez Panmure Gordon.
"Il est toutefois improbable que cela ait un impact financier important", précise-t-il.
Un autre analyste souligne ainsi que BAE a reçu, pas plus tard que la semaine dernière, le feu vert des autorités américaines à son rachat pour 4,1 milliards de dollars du constructeur de véhicules militaires Armor Holdings, signe selon lui que la position du groupe aux États-Unis n'est pas véritablement menacée.
BAE, numéro un de la défense en Europe, a déjà réalisé deux grosses acquisitions en deux ans sur le marché américain, où il a choisi de poursuivre son renforcement après sa sortie du capital de l'avionneur européen Airbus (groupe EADS).
UN MILLIARD DE LIVRES
L'enquête de la justice américaine porte sur le contrat Al Yamamah, le plus gros contrat d'exportation d'armement jamais signé par une entreprise britannique. Celui-ci remonte aux années 1980 et a représenté un montant global estimé à 43 milliards de livres sterling (64 milliards d'euros).
En Grande-Bretagne, le Serious Fraud Office, l'agence chargée de ce type d'affaires, avait pour sa part abandonné ses investigations sur le dossier en décembre dernier, le premier ministre Tony Blair ayant argué qu'elles mettaient en péril la sécurité nationale et les relations diplomatiques avec Ryad.
"BAE Systems s'est vu notifier par le département américain de la Justice que celui-ci a entamé une enquête formelle liée au respect par la société des lois anti-corruption incluant les activités de la société concernant le royaume d'Arabie saoudite", annonce le groupe dans un bref communiqué mardi.
Un porte-parole du bureau de Tony Blair a déclaré pour sa part: "Nous ne pouvons commenter une procédure judiciaire qui n'a pas encore débuté mais nous la surveillerons avec intérêt."
Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès du ministère britannique de la Défense.
BAE a toujours nié toute malversation ou infraction dans le cadre de ses relations avec l'Arabie saoudite.
La presse britannique a rapporté récemment que BAE avait versé, avec l'aval du ministère de la Défense britannique, plus d'un milliard de livres au prince saoudien Bandar ben Sultan via des comptes bancaires aux Etats-Unis. BAE a nié ces informations.
Bandar, ancien ambassadeur saoudien aux États-Unis et actuel secrétaire général du Conseil national de sécurité du royaume, a vigoureusement démenti que ces sommes aient pu constitué des commissions occultes versées en sa faveur, et qualifié l'affaire de "pure invention".
Les avocats de Bandar répondent que les fonds versés sur des comptes en banque de la Riggs Bank ont été crédités au nom du ministère saoudien de la Défense et de l'Aviation et que cet argent a été exclusivement utilisé pour les besoins du ministère.
BAE souligne pour sa part que le contrat Al Yamanah a fait l'objet d'un accord entre les deux gouvernements, et que tous les paiements impliqués ont dont fait l'objet de la validation expresse de Ryad et de Londres.
Le groupe a demandé ce mois-ci à un ancien responsable judiciaire britannique, Lord Woolf, de mener un audit de ses pratiques éthiques mais les transactions passées avec l'Arabie saoudite ne sont pas concernées.