TooCool_12f a écrit : ↑mer. mars 23, 2022 5:51 pm
côté chars, on voit régulièrement du T72 qui, comme le nom l'indique est un bazar dont la conception a déjà une cinquantaine d'années
Ben, le soucis, c'est qu'en termes de chars en service actif la Russie n'a que des variantes de T-72, T-80 et T-90. Il y a aussi des T-64 en stockage (dont certains ont probablement été refourgués aux séparatistes Ukrainien vu que l'Ukraine en utilise toujours), et des prototypes en évaluation donc qu'on ne devrait pas voir sur le front (T-14, T-15,... quoique visiblement le BMPT est apparemment amené sur le terrain en grande pompe parce qu'il faut bien le vendre à l'export, et que
l'unique prototype du T-80UM2 a fini sa carrière récemment en Ukraine rien n'est à exclure). Pour les dates d'entrée en service des modèles de base, c'est effectivement le numéro à 2-3 années près (pour le T-14 ce serait plutôt l'année de construction du 1er prototype...). Valable uniquement pour les chars, et à partir du T-44. Avant c'était le bordel complet (le prototype du T-34 pour reprendre cet exemple, s'appelait A-32 et il y a eu des chars BT, KV, IS...)
Le T-80 a été conçu en prenant des éléments de design du T-64 ("de luxe"), du T-72 ("plus raisonnable et avec quelques meilleures idées") avec une turbine à gaz comme moteur et quelques autres améliorations (tank "de luxe" aussi donc, et trop gourmand en carburant donc adopté en petite quantité. Les ukrainiens ont fait une version à moteur Diesel pour limiter la conso vu qu'ils avaient encore une usine dont ils comptaient se servir).
Le T-90 est issu d'une base de T-72 (il a commencé sa vie en tant que T-72BU) mais avec beaucoup d'améliorations, notamment issues du T-80 mais pas que. Le changement de nom étant en partie marketing ("T-72" ça sonnait moins bien tout d'un coup à la sortie de la guerre du Golfe) mais pas que: on ne peut pas faire de T-90 à partir de T-72, il y a beaucoup de différences y compris dans la structure de base. C'est un peu la version "ultime" du concept russe de char compact avec chargeur automatique en bas de caisse.
Ça explique qu'il soit compliqué de faire la différence entre ces types de char: on est plus sur une évolution sur le même concept que sur de vraies ruptures comme on a pu avoir ailleurs. Et après il y a toutes les sous-versions (chaque pays sous influence soviétique ayant fait ses propres modernisations).
La Russie n'ayant pas les moyens de remplacer toute sa flotte de chars en plus du reste le T-90 est resté minoritaire faute de budget, et toutes les tentatives de faire quelque chose de plus récent sont pour l'instant restées à l'état de prototype. Ils se sont donc orientés vers une solution viable: faire des modifications sur des chars déjà présents en grosses quantités. (Même principe que pour l'aviation où on repart du Su-27 pour faire des version modernisées, et le programme de mise à jour des Mig-31).
Donc quand on voit un T72B3M en Ukraine (alias T-72B3 obr. 2016) on a affaire à un T-72 modernisé au tout dernier standard (entrée officielle en service en 2017, c'est une incrémentation supplémentaire par rapport T-72B3 qui est lui-même un programme de modernisation lancé en 2012-2013 il me semble). Quasi ce qui se fait de mieux chez les russes en fait (les seuls designs plus récents sont les T-90M et T-80BVM, entrés en service en 2019 et 2020 respectivement). A chaque fois on parle de modernisation assez importante, avec nouveau canon, système de conduite de tir, imagerie thermique, le dernier modèle de blindage réactif, des fois changement de moteur et même nouvelle tourelle pour le T-90M avec enfin un compartiment avec panneau de soufflage pour les munitions hors chargeur automatique pour limiter l'effet "tourelle volante" (taper dans le chargeur automatique restera un problème, mais au moins il n'y a plus de munitions stockées partout dans la tourelle ce qui augmentait sévèrement les chances d'explosion en cas de pénétration n'importe où si le char partait avec plus de munitions que ce que peut contenir le chargeur).
Avant les opérations il y avait environ 3000 chars en service actif, dont environ 2000 T-72 (aux 2/3 modernisés au standard B3 ou plus), 480 T-80 (1/3 modernisés) et 435 T-90 (dont 20% de modernisés). Les chiffres officiels qui donnent plus de 10 000 chars, comptent tous ceux qui sont stockés en réserve dans des états plus ou moins délabrés. Et là, c'est sûr qu'on est sur de la technologie du début des années 90 au mieux.
Niveau blindés "dernier cri" (y compris pour les blindés de transport de troupe et de combat d'infanterie), hors prototypes/présérie il n'y a que les T-90M qu'on n'aie pas vu passer dans les véhicules détruits/capturés. Je ne sais pas s'il y en a en Ukraine au vu des unités impliquées. Vu qu'on a retrouvé des T-90A il y a des chances que oui (si ça fait comme pour les unités équipées de T-80 où on a une base de T-80BV et T-80U avec quelques T-80BVM "nec plus ultra").
TooCool_12f a écrit : ↑mer. mars 23, 2022 5:51 pm
Donc, effectivement, entre troupes de conscrits et tous ces petits "détails", il semble bien qu'ils n'ont pas sorti toute l'artillerie dernier cri
C'est pas très gentil pour les VDV, l'infanterie de marine et toutes les unités avec "Garde" dans le nom qui sont impliquées (d'ailleurs c'est a priori la 4ème Division de chars de la Garde qui a perdu ledit prototype de T-80UM2). C'est officiellement l'élite, ils ont l'équipement de pointe. Après, effectivement toutes les unités d'élite ne sont pas engagées et il y a des unités de seconde zone impliquées.
Mais en même temps si on se limite aux effectifs professionnels, l'armée de terre ne compte que 300 000 militaires professionnels (dont un certain nombre encadrent des unités composées majoritairement de conscrits. Les unités "pro" contenant quand même une certaine portion de conscrits si j'ai bien compris, d'où en partie les "oups y'en a qu'ont oublié de signer avant d'être envoyés au front"). En ajoutant les VDV (un petit 50 000) et l'infanterie de marine (dans les 15 000 je crois), et la quantité qui va bien de personnel d'autres unités comme la défense aérienne et des unités gérant les missiles tactiques, TOS-1 et autres matériels exotiques qui ne relèvent pas de l'armée de terre on doit monter à un gros 450 000. Donc sortir 200 000 hommes sans aucun conscrit, c'est faisable mais ça va commencer à être compliqué.
Surtout si on lance une "opération militaire spéciale" et pas une guerre (donc sans mobilisation des réservistes et avec implication "minimale" des conscrits) et qu'on ne veut pas se retrouver à poil au hasard sur les frontières avec des membres de l'OTAN (faut être cohérent au moins sur la communication: l'OTAN est dangereux, on ne peut pas laisser des conscrits équipés de BMP1 et de T-72B du début des années 80 en face) ou dans les coins qui pourraient avoir des idées de séparatisme (pour ceux qui ne seraient pas au courant: il y a des tchétchènes des deux côtés en Ukraine actuellement).
D'où le fait que ça aie tapé un peu dans les environ 260 000 conscrits intégrés tous les ans (par vague de 6 mois) pour permettre de gonfler les effectifs (il y a plus d'éligibles, c'est juste que ce n'est pas automatique. Question de besoins/moyens). Et que pour les républiques séparatistes on soit en mode mobilisation avancée.