Re: la Suisse relance son appel d'offre: résultat en 2021
Publié : mar. juin 29, 2021 4:38 pm
La simulation de vol de combat
https://ts.checksix-fr.com/
A suivre...A 24 heures de l’annonce du vainqueur de la compétition AIR2030 visant à remplacer les avions de combat F/A 18 Hornet et F5 Tiger II en service au sein des forces aériennes helvétiques, le poids de l’opinion publique semble représenter un enjeu croissant, pour ne pas dire décisif, dans ce dossier dont les rebondissements n’ont guère à envier à une 8ème de finale opposant la France à la Suisse. A en croire les médias suisses, l’issue de cette compétition risque fort de ne pas être davantage favorable au Rafale français que ne l’a été le match d’hier pour l’équipe de France, puisque tout semble indiquer que la cheffe du Département fédéral de la défense, Viola Amherd, ait choisi de privilégier l’offre de Lockheed-Martin et de son F-35.
Mais les arguments avancés par Armasuisse et Mme Amherd, ou pour être plus exact, les arguments qui auraient fuités dans la presse à ce sujet, sont très loin de convaincre une bonne partie de la presse helvétique, ainsi que les partis de gauche du pays, qui ont annoncé sans ambages qu’en cas de sélection d’un avion américain, F35 ou F/A 18 E/F, ils appelleraient à une votation contre ce programme, comme ce fut le cas en 2014 contre le Gripen suédois, dans un contexte remarquablement proche, avec un risque bien réel de faire, une nouvelle fois, dérailler le processus de modernisation des forces aériennes helvétiques. Depuis, les articles de presse se multiplient, notamment en Suisse Romande, pour soutenir l’offre française ou remettre en question l’équité du processus de sélection, la confidentialité des offres, les performances du F35 et le pilotage même de l’appel d’offre, puisque nombreux sont ceux qui semblent découvrir que le principe des Best Offer n’est jamais respecté, et que ce type de compétition portant sur plusieurs milliards d’euro, donne lieu à des offres et contre-offres de la part des industriels participants jusqu’à la dernière minute, en Suisse comme ailleurs.
(La suite pour les abonnés)
27 juin 2021
Selon l'expert aéronautique Georges Bridel, le choix du F-35 serait incompréhensible. L'avion de chasse américain est bon pour les bombardements lors de missions en réseau, mais mauvais pour la Suisse, estime ce spécialiste de longue date de l'aviation de chasse.
En réponse à diverses publications sur l'achat d'avions de combat dans l'Infosperber, l'expert aéronautique suisse de renommée internationale Georges Bridel nous a envoyé une appréciation précise relative à ce marché d'armement controversé. Infosperber la rapporte dans son intégralité.
Un choix en faveur du F-35 : une préférence incompréhensible de la part du ministère de la Défense :
Dans la discussion en cours sur l'achat d'un nouvel avion de chasse, il n'est question, le plus souvent, que des modèles d'avions engagés dans la compétition. Le contexte, c'est-à-dire les conditions-cadres de la politique de sécurité et de défense qui sont essentielles pour la Suisse, est le grand absent.
Exclusion du contexte de politique sécuritaire :
Les exigences de la guerre aérienne moderne ont été abordées en se référant aux dangers sur le plan mondial. Mais ça n'est pas réaliste dans le contexte suisse : par quels scénarios spécifiques la Suisse est-elle concernée ? Cela entraîne des questions qui n'ont pas non plus été évoquées sur le plan politique, comme, par exemple, sur l'utilisation en air-sol. Il s'agit aussi d'évoquer la division inévitable des tâches entre nous et les voisins, pour savoir comment la sécurité optimale peut être obtenue dans le cadre d'une coopération.
Le F-35 a un profil différent de celui dont nous avons besoin :
Les déficiences du F-35 dans la mission de police du ciel : en terme d'intervention rapide (jargon technique « QRA ») le F-35 est bien moins efficace que ses concurrents européens Eurofighter et Rafale. Le temps requis par le F-35 pour intercepter un avion à 11 000 mètres (altitude de vol typique des avions commerciaux) est au moins 50 pour cent supérieur à celui d'un chasseur standard haute performance. Il lui faut plus d'une minute de plus par rapport à la concurrence. Dans la guerre aérienne, c'est une éternité. Le F-35 ne peut être choisi sur la base de ce seul critère, où la concurrence le surclasse. La furtivité du F-35 ne joue en effet qu'un rôle mineur dans les missions de défense aérienne .
Le F-35 est conçu pour des scénarios de guerre aérienne air-sol complexes et en réseau (missions de bombardements) avec plusieurs avions. Une telle flotte de F-35 dépend du soutien de divers autres moyens, tels que des avions de reconnaissance, des avions d'alerte lointaine ("AWACS"), des avions de reconnaissance à haute altitude ("HALE"), des avions ravitailleurs, des satellites et - selon la menace dans la zone cible - des chasseurs d'escorte. Il s'agit d'une association classique au sein de l'OTAN, pour des missions de l'OTAN. La Suisse n'aura jamais à effectuer ce genre de mission sur son sol.
Cela n'aurait de sens que si les Forces aériennes suisses participaient également à des missions "hors zone" (déploiements bien au-delà des frontières nationales, éventuellement avec relocalisation de l'avion), pour notre propre sécurité et celle d'autres pays européens avec qui nous interviendrions à la périphérie de l'Europe, c'est-à-dire là où surgissent de réelles menaces militaires, et pas sur notre territoire.
Dépendance importante à l'égard des États-Unis :
Dans le cadre d'une intégration à des missions de l'OTAN mentionnées ci-dessus, une dépendance totale à l'égard de l'industrie américaine et du département américain de la Défense (DoD) apparaît. Le contrôle concerne plus particulièrement l'outil le plus important de la mise en réseau, le très secret "MADL" Datalink. Cela signifie que le F-35 n'est pas directement compatible avec les avions d'autres pays européens comme l'Eurofighter, le Rafale, le F-16, le Gripen, etc. - mais seulement de façon limitée via la liaison 16 conventionnelle.
Contrairement à l'exploitation du F-16 dans les petits pays de l'OTAN, les États-Unis exploitent le F-35 séparément avec chaque pays et entravent ainsi la coopération et l'échange de données entre ces autres pays.
Calcul de coût opaque ?
Le rapport de la NZZ, selon lequel le F-35 (selon Armasuisse) a des coûts d'exploitation bien inférieurs à ceux de la concurrence, est apparemment basé sur la simulation du F-35, qui permet d'économiser des heures de vol.
Sur quelle base ce résultat est-il obtenu ? des rapports réalisés par le fabricant Lockheed-Martin. S'il n'a pas été demandé aux trois autres concurrents d'effectuer des offres sur les mêmes bases, le ministère de la Défense aurait un vrai problème. Parce que tous les autres concurrents disposent aussi d'importantes installations de simulation avec lesquelles les heures de vol et donc les coûts d'exploitation de l'ensemble de la flotte peuvent être considérablement réduits. Sinon, cela signifierait que des faiblesses du F-35 mises en perspectives pourraient être compensées par le coût inférieur des heures de vol. Ce serait absurde.
Aujourd'hui, en matière de coûts d'exploitation, il n'est pas possible de se fier aux seules déclarations d'un constructeur. Le fabricant A est-il plus honnête que le fabricant B ? Les informations sur l'évolution future des coûts des heures de vol doivent être rendus accessibles de la part de tous les concurrents et présentées de manière totalement transparente.
Que se passe-t-il si ces coûts s'avèrent plus tard plus élevés qu'initialement annoncé dans l'offre ? Il est totalement impossible de fournir des informations prospectives sur les coûts liés au développement en cours d'un système (ce qu'on appelle les « mises à niveau »). Comme on peut le voir dans toute la presse spécialisée, ainsi que de la part des autorités nationales de contrôle, des surcoûts en découlent - d'où une controverse et des critiques envers le F-35, y compris de la part d'un ancien ministre américain de la Défense.
Un exemple : La mise à niveau du bloc 4 pour les 48 F-35 de la RAF / Royal Air Force (logiciel, intégration d'armes) coûte à elle seule entre 1 et 2 milliards £. Conséquence : le Royaume-Uni ne peut pas se permettre plus que ses 48 F-35B pour le moment et équipe donc ses deux gros porte-avions avec seulement 24 unités pour chacun. Mais, un certain nombre d'avions devant rester à terre pour la maintenance, la formation et les diverses mises à niveau, les effectifs réels sont encore plus limités.
Si le ministère de la Défense ne s'appuie que sur les informations du constructeur, l'exercice est improductif.
Des organismes de contrôle inefficaces ?
Ces faits non encore confirmés soulèvent des questions sur le professionnalisme de l'évaluation. Quelle est l'efficacité des organismes de contrôle des achats d'armements ? Comment fut-il possible que toutes les autorités (Armasuisse, état-major de l'armée, politique, parlements) aient entériné le choix du Gripen sans résistance, alors qu'il était déjà manifeste à l'époque (2013) que cet achat n'était pas réaliste ? Nous aurions dû recevoir le premier avion en 2018. Or, le premier avion ne sera livré en Suède qu'en 2023 (déclaration de l'armée de l'air suédoise en janvier 2021). Cela aurait doublé nos délais de livraison, les faisant passer de 5 à 10 ans. Il ne s'agit pas de la qualité du Gripen E, qui aurait suffi à nos services s'il avait existé...
De toute évidence, il manque en Suisse les organismes de contrôle nécessaires, comme il en existe à l'étranger : aux USA le GAO (General Accounting Office) et les audiences du congrès, en Allemagne le Contrôle fédéral des finances et les très efficaces commissions parlementaires de la défense et du budget. En France, il existe un certain nombre d'organes de contrôle tels que la Cour des comptes, l'Inspection générale des armées et les commissions parlementaires.
En Suisse, il existe des commissions et des comités de sécurité et de politique financière. Mais les moyens de contrôle sont manifestement sous-développés.
Conclusion
Aujourd'hui, le débat sur le nouvel avion est beaucoup trop orienté sur le combat aérien et les missions air-sol. Depuis des décennies, l'«urgence» de l'armée de l'air suisse a été la mission de police du ciel et l'établissement temporaire de zones de protection lors de conférences internationales et de grands événements.
Il y a toujours des scénarios guerriers, mais à la périphérie de l'Europe. Des conditions de guerre aérienne au-dessus de l'Europe occidentale sont peu probables.
La transition de la police du ciel à la guerre aérienne est fluide. Dans tous les cas, si la Suisse devait éventuellement être mêlée à un conflit aérien, cela nécessiterait une coopération pleine et entière avec les pays voisins.
Même si les avions travaillant en réseau, comme F-35, promettent un haut niveau d'efficacité dans les opérations air-sol (bombardement), il est incompréhensible que cette capacité soit prioritaire pour l'armée de l'air. Cette capacité n'a été considérée que comme un aspect marginal lors des projets d'armement précédents, y compris lors des référendums.
L'évaluation de l'avion de combat devrait être effectuée par des sociétés professionnelles indépendantes dans les domaines stratégie, technologie, économie, questions militaires et politique. Parce qu'on ne peut pas imaginer que les politiciens et le peuple seront convaincus par un choix discutable en faveur du F-35.
Justement : pour défendre ton territoire 100% montagneux, faut détecter l'adversaire qui peut très bien se servir du relief en question, donc se mettre haut. Coincé dans une vallée tu seras invisible mais aveugle, et justement, ton rôle est plutôt de voir.TooCool_12f a écrit : ↑mer. juin 30, 2021 8:42 ambeeen.. en l'occurrence, quand tu opères en défense au dessus de ton territoire, surtout un territoire 100% montagneux, c'est plutôt secondaire
euh... non... l'adversaire, comme ça, tu le detectes avec les moyens au sol. Si tu montes haut et allumes ton radar pour le chercher, par définition tu émets et n'es pas furtif, en plus de ne pas le voir car il est quand même masqué par le relief à moins d'être pil-poil en dessous de toil3crusader a écrit : ↑mer. juin 30, 2021 8:56 amJustement : pour défendre ton territoire 100% montagneux, faut détecter l'adversaire qui peut très bien se servir du relief en question, donc se mettre haut. Coincé dans une vallée tu seras invisible mais aveugle, et justement, ton rôle est plutôt de voir.TooCool_12f a écrit : ↑mer. juin 30, 2021 8:42 ambeeen.. en l'occurrence, quand tu opères en défense au dessus de ton territoire, surtout un territoire 100% montagneux, c'est plutôt secondaire
1) à priori aucun Suisse n'a volé sur F-35. En fait personne ne vole dedans à moins d'être déjà dans le programme.warbird2000 a écrit : ↑mer. juin 30, 2021 8:35 amMonsieur Bridel
1) n a pas volé sur f-35
2) pour les performances en montée on ne peut faire que des suppositions
3) les suisses ont eut la chance d évaluer les quatre avions . J espère que le rapport sera rendu public
4) si j en crois le journal écho, 55 pourcents de l évaluation est basée sur les qualités techniques
5) comme il n a pas vu le rapport final , il ne peut pas critiquer
6) les coûts du f-35 sont connus mais c est très difficile de comparer d un pays à l autre
Il dit que la communication du F-35 à travers la L16 est limité et que pour en tirer tout le bénéfice il faut utiliser la MADL et globalement tout le réseau OTAN auquel la Suisse ne participe pas.l3crusader a écrit : ↑mer. juin 30, 2021 8:38 amEt dire que la furtivité et les capacités en réseau ne servent pas en défense aérienne, c'est un peu fort :p
Sur la compatibilité en F-35 et les autres avions en Europe, dire qu'elle est quasi nulle car uniquement L16, c'est moyen. A ce compte la un Rafale F3R n'est quasi pas compatible avec un autre Rafale ou un -5...
Pour varier, il y a aussi DeepL (https://www.deepl.com/translator) qui fonctionne plutôt pas mal, donnant de bons résultats.
J'avais déjà fait la remarque plus haut en me demandant comment ils avaient évaluéà priori aucun Suisse n'a volé sur F-35. En fait personne ne vole dedans à moins d'être déjà dans le programme.
Je pense qu'au niveau du prix d'achat l'offre est compétitive en tout cas moins chère que le F/A-18Tu ne peux pas continuer à dire quand c'est pro-F-35 "oui c'est vrai", et quand c'est contre le F-35 "on ne peut pas dire, on ne sait pas"...malgré les sources que tu apportes toi-même.
Deux sources c'est mieux qu'uneles coûts sont vol.us grâce au rapport du GAO. Tu cites toi-même 7m€/avion poir les Pays-Bas. C'est cohérent avec les rapports du GAO à >8m$. Donc en fait si, on sait.
ça ne veut rien dire si tu ne mets pas à minima une disponibilité et un nombre d'heures de vol en face.jojo a écrit : ↑mer. juin 30, 2021 11:47 amQuand les "cours des comptes" ou équivalent chiffrent le coût annuel de l'entretien par avion, IMHO c'est plus crédible que le coût à l'heure de vol qui est souvent manipulé.
Le F-35 a déjà un rythme de production supérieur à tous ses concurrents, avec des coûts de maintenance pourtant nettement supérieurs.
1) Personne n'a volé sur F-35, ça n'empèche pas d'avoir un avis éclairé de sa propre expérience basé sur les données publiquement disponibleswarbird2000 a écrit : ↑mer. juin 30, 2021 8:35 amMonsieur Bridel
1) n a pas volé sur f-35
2) pour les performances en montée on ne peut faire que des suppositions
3) les suisses ont eut la chance d évaluer les quatre avions . J espère que le rapport sera rendu public
4) si j en crois le journal écho, 55 pourcents de l évaluation est basée sur les qualités techniques
5) comme il n a pas vu le rapport final , il ne peut pas critiquer
6) les coûts du f-35 sont connus mais c est très difficile de comparer d un pays à l autre