Dakota a écrit :
C'est trop marrant de voir comment on est décalés! :laugh:
Surtout, que cela ne nous empêche pas de continuer à discuter...
Dakota a écrit :
Je sais que beaucoup ici ont lu "le grand cirque". En décrivant la traque aux avions à réaction allemands par des chasseurs à pistons, Clostermann évoque quelques phénomènes "marrants" tels un Spitfire XIV qui, après avoir abattu un Me 262 dans un piqué rageur, est rentré à sa base pour filer directement à la casse: structure déformée, rivets arrachés un peu partout, "ailes en accordéon". Sur Tempest, il explique le risque, à l'issue d'un piqué trop optimiste, de "se retrouver en caleçon accroché à ses suspentes de parachute".
Oui, les aviateurs de l'époque se sont heurtés au phénomène sans, au début, savoir lui donner un nom. Et quand ça leur arrivait, ils n'avaient pas le temps de prendre de notes, encore heureux s'ils pouvaient rentrer pour raconter...
En fait même sans aller taquiner le mur du son la pression dynamique (celle qui génère des efforts sur la structure) augmente comme le carré de la vitesse... Les avions sont conçus avec une VNE au delà de laquelle il peut se produire le "flutter" ou vibrations destructrices qui peuvent casser, par exemple et en priorité, les gouvernes . A la fin de la guerre de nombreux chasseurs avaient encore des gouvernes entoilées, et ils étaient passés de 300 à 900 km/hr en une dizaine d'années... D'ou des faiblesses bien compréhensibles.
Avec l'approche du mur du son, un second phénomène prend le relais: en transsonique, la répartition de pression autour de l'avion se modifie. Sur les parties fixes ce n'est généralement pas trop grave mais sur les surfaces portantes et plus encore sur les gouvernes, ça a eu au début des effets désastreux. L'équilibrage des gouvernes est rompu. Une onde de choc peut s'installer au même endroit que l'articulation d'une gouverne qui à ce moment se met à répondre n'importe comment (la fameuse "inversion des commandes de vol" qu'on a servie à toutes les sauces).
Les solutions empiriques adoptées à l'époque furent le renforcement et surtout la rigidification des gouvernes, avec généralisation des revêtements métalliques, et surtout l'empennage monobloc: en supprimant l'"élévateur" on écartait la possibilité de l'inversion de la profondeur. Et plus généralement, pression dynamique oblige ( x 4 entre 600 et 1200 km/hr ! ), les avions supersoniques furent construits plus costauds.
Dakota a écrit :
Plus près de nous, tout le monde a en tête cette vidéo où l'on voit un F-14 survoler une frégate et, au moment des "passer la bosse" comme dit Claude, se désintégrer comme un oeuf jeté contre un mur! Tout ça pour appuyer le propos de Claude: le passage du mur du son ou les évolutions en transsonique produisent des phénomènes violents, d'où la perpétuelle recherche pour optimiser aérodynamiquement les appareils.
Oui, cette vidéo est fameuse, mais en fait c'est un moteur du Tomcat qui explose ! En effet, les avions font généralement du supersonique à haute altitude, là ou la densité de l'air est plus faible et donc la traînée des avions aussi. Seuls les avions les plus puissants sont capables de dépasser Mach 1 au niveau de la mer ( en dehors des démonstrations, d'ailleurs, ça n'a pas d'intérêt opérationnel ) et ils leur faut mettre la pleine puissance pour y arriver. Donc ce qu'on voit là c'est plutôt comme un dragster qui explose son moteur au cours d'un run. Et le moteur des premiers Tomcat était notoirement caractériel.
Dakota a écrit :
Les recherches en termes de nuisances sonores sont une autre histoire, mais si on veut un jour du transport civil supersonique, il va falloir mettre un coup de collier. Et je ne suis pas sûre que cette recherche intéresse les militaires qui ont d'autres chats à fouetter.
Les militaires se sont en pratique désintéressés du supersonique, avec la généralisation des satellites pour le reconnaissance et l'utilisation de la furtivité, plus que de la vitesse, pour les avions "offensifs". Sur les avions d'armes , une motorisation capable du supersonique garantit d'autres performances plus essentielles: décollage à pleine charge, motorisation élévée pour le combat, etc...
Les militaires US s'intéressent par contre à l'hypersonique, leur objectif à long terme étant de pouvoir mener des strikes n'importe ou sur la planète en décollant de chez eux et en y revenant, et avec un temps de réaction très bref...
Du côté civil, comme déjà dit, les avionneurs et motoristes ont tellement à faire pour produire les milliers d'avions subsoniques en commande que c'est tout juste s'il subsiste un minimum de veille technologique sur le sujet. L'atténuation du boom n'est pas le seul prérequis... l'augmentation du prix du carburant ne cesse de repousser la pespective d'un SST ou d'un SSBJ bien au delà de notre horizon.
Claude