Oh là là il s'est fait tapper sur les doigts le rigolo dans son YF-19 (si c'est pas de la personification ça
).
N'empêche qu'il a raison.
D'ailleurs il a raison parce que je suis du même avis que lui, c'est déjà un sacré bon argument...
Il a encore plus raison quand il reproche aux acteurs spatiaux leur manque de vision globale de la conquète spatiale... (que l'on peut souvent résumer à une succèssions d'impulsions données par des dirigeants et souvent avortées par leurs succèsseurs)seulement cette vision globale n'existe pas et n'a pas de raison d'exister. Et là notre Isamu fait valoir son status de doux rèveur (et moi aussi par la même occasion
).
Je vois la conquète de l'espace comme j'ai vu la conquète du ciel, mais en plus récente, plus difficile, plus dangereuse, et moins directement utile.
Plus récente : l'aviation a plus d'un siècle, alors que Gagarine a fait son tour dans l'espace en 1961 : il n'y a même pas cinquante ans. Pensez qu'au cinquantenaire de l'aviation, on commençait tout juste à utiliser les moteurs à réaction... Autrement dit l'astronautique est encore un domaine jeune, même si les progrès sont (censé être) fulgurants de nos jours.
Plus difficile : un avion est déjà complexe à mettre au point, un train spatial (Non je ne parle pas du Galactic Express, mais des fusées à étages...) c'est pire. Concevoir un engin capable d'évoluer dans plusieurs milieux, capable de s'arracher totalement à l'attraction terrestre, largement plus couteux qu'un simple avion... personne ne me contredira là-dessus.
Plus dangereuse : l'espace est bien plus hostile que notre atmosphère, même en haute altitude. Pas moyen de redescendre en parachute si le vaisseau a un problème...
Moins directement utile : l'aviation s'est developpée parce qu'elle s'est très rapidement affirmée comme indispensable au niveau militaire : n'importe quelle armée dans le monde, même pauvre, a des aéronefs (ou tente de s'en procurer). Au niveau commercial, elle a enterré dans tous les domaines (sauf celui du transport de fret lourd) son rival :le bateau. On rallie aujourd'hui New-York plus vite et pour moins cher en liner qu'en paquebot (les transatlantiques ont disparus d'ailleurs), et cette liaison
est indispensable. Il y a des gens là-bas (des pays même), on commerce avec eux, on communique avec eux, etc.
Et dans l'espace ? Il n'existe aucun moyen de transport à concurencer pour rallier Mars ni de Marsiens chez qui faire du tourisme et avec qui faire du commerce...
Il y a bien les satellites artificiels comme motivation commerciale et militaire, mais nous avons déjà les lanceurs pour les envoyer, et ceux-ci traversent d'ailleurs une période de vaches maigres...
Ce manque de motivation, allié au coût exhorbitant des vaisseaux et aux risques encourus (multipliés statistiquement par le faible nombre de vaisseaux lui même entrainé par leur coût élevé) amène à des comportements sécuritaires qui frisent souvent le ridicule. La navette en est quand même arrivé au point qu'un seul echec (le deuxième certes, mais le premier pouvait être considéré comme digéré) a valu un arrêt des vol pendant près de deux ans... Et la NASA en arrive à se féliciter d'avoir réussi une mission qui était banale avant la perte de Colombia... L'histoire rappelle celle de concorde, voire celle de nos canadairs récement.
Bien sûr c'est prudent (non je ne pars pas en croisade contre la sécurité des vols), pourtant on interdit pas de route un modèle de voiture lorsqu'arrive un accident qui met en cause la mécanique de celui-ci. Parce qu'il y en a beaucoup plus probablement, que ce n'est pas politiquement gérable, etc...
Bref, ce genre d'histoire (au niveau spatial je parle) achève de discréditer un milieu qui consomme beaucoup d'argent et dont le contribuable n'a pas énormément de raison de croire qu'il est utile (vous seriez étonné de constater le nombre de gens qui pensent que les images de Mars sont des montages et qu'on a jamais envoyé de sondes là-bas
).
Bon maintenant, les pays qui ne rechignent pas à préparer le prochain lancement immédiatement quand bien même le précédent a fait des dizaines de morts sont le plus souvent des dictatures faisant bien peu de cas des droits de l'homme (de celui à travailler en toute sécurité ici).
Tout ça pour dire que pour avoir cette vision globale qui nous manque tant, il nous faudrait :
- Quelque chose de précis à aller chercher dans l'espace (autre chose que du vide), si possible vital
- Des gens à aller visiter et avec qui entretenir des relations (commerciales ou belliqueuses) : je veux bien aller faire des signaux de fumée dans mon jardin pour attirer les ET mais à défaut il va falloir que nous installions nous même des colonies un peu partout (et là c'est le serpent qui se mord la queue : pour se lancer dans la colonisation il faut justement déjà avoir cette vision globale et donc d'autres motivations...)
- Des moyens de locomotions spatiaux plus fiables, moins coûteux et en plus grande quantité (notez que ce dernier paramètre entraine les deux précédent), qu'innexorablement, le développement des technologies tendra à nous apporter (le rapport à la jeunesse de l'astronautique est là). Cependant il nous manque encore cette vision globale pour lancer les recherche sur ce développement de masse des véhicules spatiaux.
Je conclus donc sur une note d'espoir : le temps apportera avec la solution à notre problème de toute façon, si on ne passe pas par la case "fin de la civilisation" avant. Cependant le seul miroir du futur qui soit accessible à tous m'inquiète un peu : lorsque j'étais jeune, la SF futuriste était soit post-spatiale (on avait colonisé l'espace donc), soit post-apocalyptique (on s'était fait sauter la gueule, une météorite nous était tombée sur la gueule, le climat dérèglé nous avait gelé/brulé la gueule, le soleil/l'entrée de la terre dans un nuage de poussière cosmique avait fait la même chose...). Depuis j'ai vu apparaître des scènario qui proposaient un futur civilisé sans apocalypse, mais dont l'aspect "espace" était au mieux en l'état actuel, au pire totalement abandonné... Ce n'est qu'une impression, mais je n'aime pas ça.
Tiens, Moonlight Mile vient d'être traduit dans notre belle langue : c'est un exemple d'apparition d'une motivation importante pour l'exploration de l'espace. Même si le premier volume n'approche pas énormément l'espace, ils allument les booster dès le deuxième et à partir du troisième on ne rigole plus.