Re: Intervention au Mali
Publié : mer. févr. 17, 2021 5:12 pm
Oui, mais dire qu'on a tué des gens, c'est mal, alors que surfer sur l'émotion causée par la perte de nos soldats, ça fait monter la côte.
Il y en a ?
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Oui, mais dire qu'on a tué des gens, c'est mal, alors que surfer sur l'émotion causée par la perte de nos soldats, ça fait monter la côte.
Il y en a ?
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"L’armée de l’Air et de l’Espace et la DGA travaillent de concert de façon à ce que les conditions nécessaires au premier vol sur le théâtre soient satisfaites au plus tôt" (a indiqué) le minarm par écrit.
On ne sait donc pas pourquoi ce dossier n'évolue pas (...), et ce, depuis un bon bout de temps. La France n'est pas la seule à utiliser le Block 5, mais elle la seule à l'avoir et à ne pas l'utiliser. Un premier système a été livré en janvier 2020 (avec déjà plusieurs mois de retard) et le deuxième en décembre. Les deux attendent l'autorisation de vol.
Le deuxième est déployé à Niamey depuis décembre, soit bientôt trois mois, sans perspective de vol. Rappel, les Reaper sont une des premières, sinon la première source d'attrition de djihadistes au Sahel, un fait que le minarm peine à reconnaître, pour des raisons difficiles à comprendre.
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La 33e ESRA (Escadre de Surveillance, de Reconnaissance et d'Attaque) dispose de 12 Reaper : six Block 1 et six Block 5.
Faudrait savoirLa France n'est pas la seule à utiliser le Block 5, mais elle la seule à l'avoir et à ne pas l'utiliser.
Et même JAMAIS sur des habitations.
Donc, en généralDeeJay a écrit : ↑mer. mars 03, 2021 5:25 pmEt même JAMAIS sur des habitations.
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En temps de guerre et en opération, cette limitation\restriction de déport max longitudinal n'existe pas. Bien que le bon sens permet de la prendre en compte si les dimensions de la zone, le vent et l’environnement le permettent, elle n'est plus obligatoire.
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dans un premier temps, un important rassemblement de l’EIGS a été repéré au sud d’Indelimane par des « aéronefs » de la force Barkhane [probablement un drone MQ-9 Reaper]. Il a alors été décidé de procéder à une frappe aérienne. Frappe qui a été effectué par des Mirage 2000, ces derniers ayant largué, selon l’État-major des armées [EMA] « plusieurs bombes ». Mais cela s’est avéré insuffisant.
En effet, envoyé sur la zone où les Mirage 2000 venaient de frapper, le groupement commando de Barkhane a été pris à partie par les jihadistes dès son arrivée. L’EMA ne donne pas plus de détails sur les combats qui ont suivi, si ce n’est que cette « action combinée a permis de neutraliser de nombreux GAT [comprendre : terroristes, ndlr] et de saisir ou détruire 3 armes d’infanterie, 3 mitrailleuses, de nombreuses munitions, 12 motos et 5 équipements de communication. »
Pour rappel, le groupement commando [GC] a récemment succédé aux GCM [groupement commando montagne] et GCP [groupement commando parachutiste]. Désormais, cette unité intégre des « groupements d’aide à l’engagement débarqué » [GAED].
« Cette adaptation qui se fait à effectif constant permet de maintenir les mêmes effets sur le terrain. Dotés d’une importante capacité de réaction rapide et de moyens matériels leur permettant une grande vélocité, les commandos peuvent être engagés par les airs ou en véhicules tout-terrain sur très court préavis pour agir en discrétion et surprendre l’ennemi », avait expliqué l’EMA, en février.
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« Ce renfort ponctuel dont la durée est estimée à deux mois va permettre de réaliser un ensemble d’opérations de maintenance sur les hélicoptères du Groupement tactique désert aéromobile [GTD-A] et donc de maintenir un volume d’heures de vol suffisant pour conduire les opérations », avance l’état-major. En clair, ils vont remplacer trois hélicoptères de manoeuvre [NH-90 TTH ou Cougar?] qui ont besoin de souffler et d’être réparer.
Il faut dire les hélicoptères de GTD-A « Hombori » sont particulièrement sollicités, d’autant plus que leur nombre est limité à une petite vingtaine. Lors du dernier mandat, qui s’est terminé en février, ces appareils ont effectué 3.650 heures de vol [soit une moyenne de 20 heures par jour]. Ils sont presque de toutes les opérations, que soit pour déposer des commandos, évacuer des blessés ou assurer des missions logistiques. Qui plus, au regard des conditions dans lesquelles elles évoluent, ces machines sont mises à rude épreuve [sable, chaleur, etc].
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Ce renfort de trois Puma « démontre la pertinence des forces prépositionnées. Les FFDj représentent une plateforme stratégique, opérationnelle et logistique. La bonne connaissance de l’environnement, les savoir-faire spécifiques à l’intervention en milieu désertique et leur capacité de projection rapide sont une réelle plus-value opérationnelle », n’a pas manqué de souligner l’EMA.
Une "relève majeure" et un "dispositif adapté", selon l'EMA. Effectivement, la relève des 5100 soldats de la force Barkhane vient de s'achever en BSS.
Voici le nouveau dispositif:
- trois GTD (groupements tactiques Désert):
Bison: constitué autour du 126e RI (opérationnel depuis le 10 mars)
Douaumont: autour du RICM
Chimère: autour du 8e RPIMa et d'éléments de la brigade parachutiste, qui travaillera avec les Tchadiens.
- Un groupement commando qui, nouveauté, sera aux ordres directs du commandant de la force
- Un groupement aéromobile autour du 3e RHC, avec 23 hélicoptères et des renforts ponctuels venant de Djibouti
- un GT Log baptisé Charente, autour du 515e régiment du Train et du 2e RMAT
Le 3 janvier, une association culturelle peule affirma qu’une frappe aérienne effectuée le même jour avait visé un mariage organisé dans le village de Bounti, dans le centre du Mali. Et la force française Barkhane fut très vite accusée, notamment sur les réseaux sociaux, d’avoir commis une « bavure » avec, parfois, la diffusion de photographies n’ayant rien à voir avec les faits ainsi rapportés.
En outre, les premiers témoignages recueillis par la presse évoquèrent la présence d’un « hélicoptère volant à très basse altitude » au moment de la frappe. En outre, un communiqué de Médecins sans Frontières [MSF] ajouta de la confusion en affirmant que les équipes de l’organisation humanitaire avaient pris en charge « huit huit blessés graves suite à des bombardements sur les villages de Bounti et Kikara. »
Le 7 janvier, l’État-major des armées [EMA] publia à son tour un communiqué pour préciser le lieu et les circonstances de la frappe, effectuée par une patrouille de Mirage 2000, après une « manoeuvre de renseignement » ayant permis de « caractériser et d’identifier formellement » un groupe d’une quarantaine d’individus « comme appartenant à un GAT [groupe armé terroriste, ndlr] » et « d’exclure la présence de femmes ou d’enfants. » Et d’ajouter que les trois bombes larguées avaient « neutralisé une trentaine » de jihadistes de la katina Serma.
En outre, et même si leur diffusion aurait permis de clarifier les choses, l’EMA a exclu de produire les images de la frappe en question. « Il faut avoir en tête que montrer des images, c’est montrer à notre ennemi ce que nous voyons de lui. Il ne sait pas précisément ce que nous savons et voyons de lui. C’est tout le problème », expliquera Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une audition au Sénat, le 20 janvier. « Il y a […] la nécessité de protéger nos soldats en ne livrant pas à nos adversaires des éléments qui pourraient modifier leurs modes opératoires », ajoutera-t-elle, avant de déplorer le fait que cette limitation dans la communication opérationnelle « nous place nous-mêmes dans une situation » inconfortable.
De son côté, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilité du Mali [MINUSMA] ouvrit une enquête sur la frappe de Bounti dès le 4 janvier. Mais ce n’est que 21 jours plus tard que l’une de ses équipes put se rendre sur les lieux pendant 48 heures.
En outre, précise la MINUSMA dans le rapport d’enquête qu’elle vient de rendre public [.pdf], ce 30 mars, elle a conduit des « entretiens présentiels individuels avec au moins 115 personnes et avec au moins 200 personnes lors des réunions groupées », « réalisé plus d’une centaine d’entretiens téléphoniques » et « analysé au moins 150 publications, notamment des communiqués et déclarations officiels, des articles de presse, des déclarations et positions d’autres acteurs et des sources ouvertes ainsi que des photographies et vidéos concernant la frappe de Bounti ».
« La protection des témoins et les potentiels risques d’interférence ont été considérés et ont emmené l’équipe à relocaliser certains d’entre eux pour leur sécurité et d’autres réticents à témoigner librement. Chaque témoignage a fait l’objet de vérification pour confirmer ou infirmer les informations recueillies. Ces informations ont été examinées, vérifiées et confrontées avec d’autres sources selon des règles rigoureuses. Par ailleurs, la collecte, l’analyse et la conservation des éléments recueillis au cours de l’enquête ont été faits dans le respect des règles strictes », assure la MINUSMA, qui affirme avoir mené ses investigations « conformément à la méthodologie du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. »
À l’issue de son enquête, la MINUSMA dit qu’elle est « en mesure de confirmer » la tenue d’un mariage ayant rassemblée sur le lieu de la frappe, une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma. En outre, poursuit-elle, « au moins 22 personnes, dont trois des membres présumés de la Katiba Serma présents sur le lieu du rassemblement, ont été tuées par la frappe de la Force Barkhane » et « au moins huit autres civils ont été blessés. »
« L’équipe n’a constaté sur le lieu de l’incident aucun élément matériel qui aurait pu attester la présence d’armes ou de motos tel qu’établi par le rapport des experts de la police scientifique des Nations unies. Le groupe touché par la frappe était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire », souligne encore la MINUSMA, pour qui cette frappe « soulève des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités, notamment le principe de précaution dont l’obligation de faire tout ce qui est pratiquement possible pour vérifier que les cibles sont bien des objectifs militaires. »
En conséquence, la MINUSMA demande aux autorités maliennes et françaises de « mener une enquête indépendante et transparente afin d’examiner les circonstances de la frappe et son impact sur la population civile de Bounti », d’enquêter sur « les possibles violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme » afin d’établir, le cas échéant, les « différentes responsabilités », d’examiner de « manière approfondie » les processus de mise en œuvre des précautions lors de la préparation d’une frappe ainsi que des critères utilisés pour déterminer la nature militaire de l’objectif » et d’envisager d’indemniser les familles des victimes.
Seulement, s’il salue le fait qu’une enquête des Nations unies ait pu avoir lieu sur la frappe de Bounti car c’est une « condition essentielle de la vitalité des valeurs et du respect des principes démocratiques auxquels la France est fermement attachée », le ministère des Armées campe sur sa version des faits tout en émettant de « nombreuses réserves » sur la méthodologie retenue par le rapport de la MINUSMA.
Ainsi, explique-t-il, cette dernière « oppose des témoignages locaux non vérifiables et des hypothèses non étayées à une méthode de renseignement robuste des armées françaises, encadrée par les exigences du droit international humanitaire. »
Soulignant que l’enquête confirme qu’aucune femme et qu’aucun enfant n’a été touché par la frappe, le ministère des Armées insiste que le fait que « les seules spurces conconcrètes sur lesquelles se fonde ce rapport relèvent de témoignages locaux » qui « ne sont jamais retranscrits » et dont l’identité des auteurs « n’est jamais précisée », tout comme « les conditions dans lesquelles » ils ont été recueillis.
Aussi, continue le ministère des Armées, il est « dès lors impossible de distinguer les sources crédibles des faux témoignages d’éventuels sympathisants terroristes ou d’individus sous influence [y compris la menace] des groupes jihadistes. »
Qui plus est, relève-t-il, « les premiers propos discordants et contradictoires recueillis sur la frappe montrent par ailleurs à quel point la fiabilité d’un témoignage individuel est relative. » D’autant plus que « certains témoins ont […] affirmé avoir vu un hélicoptère alors que ni les forces maliennes, ni Barkhane n’ont engagé d’hélicoptères dans cette zone ce jour-là » quand d’autres ont évoqué « un avion volant à basse altitude » alors que Mirage 2000 qui effectué la frappe « se trouvaient à plusieurs kilomètres d’altitude. »
« Le rapport suppose donc que des témoignages anonymes, énoncés par des individus dont ni les intérêts, ni les allégeances ne sont connus, présentent une crédibilité équivalente à celle d’une méthode de renseignement et d’engagement rigoureuse, encadrée par les exigences du droit international et vérifiée de bout en bout par l’opération Barkhane », déplore le ministère des Armées.
Quant au processus de décision pour déclencher une frappe, ce dernier assure que celui mis en oeuvre par les forces françaises est « robuste » et qu’il permet « d’assurer le strict respect des règles du droit des conflits armés ». Et de rappeler que la frappe a été effectuée « dans le cadre de l’opération Eclipse, en respectant un plan d’opération global, partagé et approuvé entre Barkhane, les forces armées maliennes, la force conjointe du G5 Sahel et la MINUSMA. »
« Dans ces conditions, le ministère des Armées estime que les allégations portées sur l’action de la force et sur son intégrité sont non fondées et maintient fermement sa version des faits », conclut-il.
Et je suis persuadé que l'EMA et le MINDEF sont plus qualifiés que toi pour savoir ce qu'ils fontJaguar a écrit : ↑mer. mars 31, 2021 9:33 amQue l'armée française refuse de publier les images, je comprends. Qu'elle refuse de les montrer en toute confidentialité à des enquêteurs de l'ONU (Mais l'ont il seulement demandé ?), je ne comprendrai pas, il est évident que ça entretient le doute.
Le patriotisme, c'est bien. Le patriotisme aveugle, c'est dangereux.
Si on remplaçait "armée française" par "armée turque", certains hurleraient à la propagande...
Les enquêteurs de l'ONU sont quand même des gens qualifiés, plus que la majorité d'entre nous ici, et ont eu accès à des informations et données que nous n'avons pas. iIs méritent d'être entendu, à minima, même si leur rapport n'est pas non plus parole d'évangile...
Et il est naïf de pas voir les changements de rapport de force politique à l'intérieur de l'ONU.