Ric a écrit : ↑ven. oct. 26, 2018 12:08 pm
La Belgique voulait un appareil d'attaque. Le F-35, le Super Hornet, les Typhoon, Gripen et Rafale pouvaient prétendre répondre à l'appel d'offre.
Boeing s'est retiré de la compétition car jugée biaisée (à tord ou à raison, on s'en fiche).
Le Gripen n'offre pas d'avantage significatif par rapport au F-16 sur le long terme.
Le Typhoon est un appareil de supériorité aérienne avec des capacités d'attaque au sol limitées. C'est d'ailleurs en partie pour cette raison que les Anglais et les Italiens se sont dotés en F-35 en complément de leurs flottes respectives de Typhoon. Sans compter que le Royaume Uni n'est pas en odeur de sainteté avec l'UE et que les évolutions s'annoncent difficile en raison de 4 pays membres du programme qui ne sont pas capables d'avoir un standard identique.
Restent le Rafale et le F-35.
Le F-35 est présenté comme un appareil d'attaque neuf, ayant encore des problèmes à régler.
Les + :
- Soutient des USA, offre plus qu'alléchante en fin de compétition, plusieurs pays de l'UE déjà équipés ou en cours d'équipement, notamment les Pays-Bas. Ce dernier point offre la possibilité de partager pas mal de structures entre pays voisins.
- Panoplie d'armement identique à celle du F-16 déjà en service et destinée à évoluer.
- Des années d'expériences avec le programme EPAF. Les autres pays se sont d'ailleurs également portés aquéreurs, plus l'Italie et le Royaume Uni.
- La Belgique n'ouvre jamais un conflit d'elle même, elle est toujours au sein d'une coallition. Besoin de supériorité aérienne? Il y a les Etats Unis, la France, le Royaume Uni et éventuellement l'Italie qui possèdent à la fois la capacité et la volonté d'engager des chasseurs en qualité et quantité suffisantes pour s'assurer la maitrise du ciel sur n'importe quel théâtre. L'Allemage est trop frileuse et l'Espagne trop fauchée.
Les - :
- L'appareil va coûter un montant faramineux à opérer. Que ce soit pour la logistique, le réaménagement des bases afin de pouvoir entretenir les revêtements furtifs ou le besoin de passer par l'oncle Sam pour changer un boulon en kevlar-platine certi de kryptonite. L'avantage est que ce montant a des chances de diminuer au fil du temps à mesure que les quantités livrées aux différents pays clients augmentent.
- D'un point de vue politique, la Belgique est au centre de l'Union Européenne et cette dernière a bien besoin d'union et de cohésion.
- Dun point de vue politique (bis), la Belgique dépend de l'OTAN pour sa défense et doit ménager ses partenaires et fournisseurs. Quel qu'eût été le choix, il aurait fait des mécontents de chaque côté.
- Si les Etats -Uni décident de bloquer la flotte, ils peuvent.
- Le F-35 a déjà souffert de beaucoup d'interdictions de vol.
- Il est moche.
Concernant le Rafale,
Les + :
- L'appareil est opérationnel depuis des années, il a été éprouvé sur beaucoup de théâtres d'opérations.
- Il est beau.
- Les Français ont sû tirer les leçons du Mirage 2000. L'avion évolue, il est prévu pour. Cela concerne aussi bien l'avionique que l'armement.
- Il est beau.
- Le Rafale est solide et facile à entretenir. Bien que produit en quantités plus faibles que le F-35, je doute que sa maintenance soit aussi chère. L'absence de furtivité active signifie qu'il est plus facile de le déployer sans avoir à se soucier autant de l'entretien du revêtement, de la corrosion, etc...
- Il est beau.
- Il fait tout très bien. Air air, air sol, air mer, reco.
- Il est beau.
Les - :
- S'équipper de Rafale, c'est renoncer à emporter la majorité des équipements US. Ce qui signifie quantités plus petites et plus chères à l'unité. Sauf à vouloir payer l'intégration d'Amraam et de SDB, mais là ce sont les USA qui risquent de bloquer.
- Les Belges n'ont pas une bonne expérience de la formation commune sur Alpha Jet. Le traitement infligé aux élèves pilotes est archaïque et n'est pas jusitifié au 21e siècle. S'équiper d'avions français signifie se former en France et j'imagine que beaucoup d'officiers belges ont gardé un amer souvenir de leur passage en métropole.
- L'appareil est déjà relativement ancien dans sa conception. Il est très bon, mais son potentiel est déjà entammé.
- Les Belges ne s'engageront jamais seuls dans une opération extérieure donc l'argument de l'autonomie d'utilisation de leur arme a moins de poids que pour la France.
Au final, les Français ont joué leur propre jeu en refusant de se plier aux conditions de l'appel d'offre et en proposant un partenariat économique étendu avec la Belgique. C'était un coup audacieux, et payant. Sans celà, je doute que les USA auraient perçu le Rafale comme une menace sérieuse et se soient décidés à casser le prix de leur chasseur.
Les Belges ont lancé un appel d'offre qui, certains disent, était taillé sur mesure pour le F-35. Si les dés sont pipés, on n'entre pas dans la compétition en s'attendant à jouer fair play. En jouant chacun sur leurs atouts, les Etats Unis et la France ont offert à la Belgique une réelle opportunité pour s'équiper de ce qui se fait de meilleur en terme d'appareils d'attaque à l'heure actuelle. La Belgique a réalisé un choix politique, certes, mais entre deux avions parfaitement adaptés à ses besoins.