galgot a écrit : ↑dim. mars 06, 2022 6:56 pm
Le truc c'est que même si Poutine arrive à prendre toute l'Ukraine (j'en doute), vu qu'apparemment les Ukrainiens ne veulent pas du tout du tout de lui et sont très motivés, il lui faudrait une force énorme pour occuper et tenir le pays... je ne vois pas comment c'est possible. Surtout avec un pays sous sanction, donc avec des moyens qui se réduisent de jour en jour; plus les pertes humaines (parce que quand les bodybags vont commencés à rentrer, je doute que la propagande "operation militaire" continue à marcher)...
Et aussi, avec les sanction, il s'est mis tout les gens les plus riches de Russie (ceux qui perdent leurs yachts) à dos.
C'est un suicide pour la Russie cette histoire.
Alors… je ne dis pas le contraire, mais je resterais plus prudent en considérant les points suivants :
1- Il n’y a pour ainsi dire pas ou plus d’opposition digne de ce nom en Russie ;
2- L’état poutinien (et je pense même pouvoir dire "la dictature poutinienne") a verrouillé l’essentiel des médias atteignant la majorité des Russes ;
3- Cette même majorité des Russes semble, quoi qu’on en dise, assez favorable à "l'opération militaire spéciale" ou en tout cas guère opposée, ni même vraiment concernée ;
4- Les oligarques qui perdent leurs yachts n’ont plus des masses d’influence sur l’état poutinien auquel ils doivent tout, et la majorité des Russes les déteste ;
5- La Russie possède encore des alliés influents (la Chine) et des ressources financières assez importantes pour tenir plusieurs mois (accessoirement bien plus que la France si celle-ci s’était fourré dans une situation de ce genre…) ;
6- Poutine a fort peu discrètement rappelé le statut de grande puissance nucléaire de la Russie, c’est-à-dire que potentiellement la situation est suicidaire pour tout le monde ;
7- Pour cette raison, l’OTAN ne peut pas intervenir directement au risque d’une escalade incontrôlable, et je pense que ses dirigeant en ont conscience ;
8- Donc, OTAN et Russie se neutralisent mutuellement car, franchement je doute que la Russie ait les moyens d’attaquer l’OTAN de façon conventionnelle ;
9- À son grand dam, c’est l’Ukraine qui se transforme en champ clôt de l’affrontement OTAN-Russie ;
10- Désormais, la situation est une course d’endurance où chacun devra tenir le plus longtemps possible et où le premier qui craque aura perdu ;
11- En premier lieu l’Ukraine n’a d’autre stratégie que "être et durer" et tentant de tuer les Russes au fur et à mesure qu’ils arrivent, tout en supportant l’exode de sa population et des destructions massives sur son sol ;
12- De son côté, la Russie doit arriver à contrôler une assez grande partie du territoire ukrainien AVANT que le nombre de morts ne deviennent assez lourd pour secouer la léthargie de la majorité des Russes, ceci afin de conserver l’apparence de la légitimité de son agression ;
13- En second lieu, les pays Européens vont devoir gérer collectivement la sortie de leur dépendance aux énergies fossiles russes, quitte à passer dans un premier temps sous dépendance aux énergies fossiles issues d’autres fournisseurs (dont les États-Unis). Les économies européennes vont devoir "durer" sous une contrainte économique comparable aux premiers chocs pétroliers des années 70. De toute façon la sortie des énergies fossiles reste une nécessité pour tous, guerre ou pas guerre
14- Parallèlement, c’est sous ses contraintes fortes que les Européens vont devoir financer (enfin) un réarmement militaire trop longtemps différé, une ré-industrialisation nécessaire pour sortir de leur dépendance à la Chine et réinvestir le champ de la recherche technologique pour compenser là encore leur dépendance technologique vis-à-vis des États-Unis. Inutile de dire que je suis tout sauf optimiste quant à la capacité européenne à endurer une telle épreuve ;
15- D’un autre côté les réactions et décisions européennes des 10 derniers jours tiennent pour moi du miracle pur et simple, alors gardons espoir… ;
16- En troisième lieu, les États-Unis ne s’impliqueront pas en Europe. D’abord parce que ce continent ne les intéresse plus, ensuite parce qu’ils n’ont pas les moyens de gérer simultanément une crise en Europe face à la Russie et une crise à Taiwan, face à la Chine ; et ils ont depuis longtemps fait le choix de donner priorité absolue à cette dernière ;
17- En conséquence, il n’est pas impossible que les États-Unis acceptent de "sous-traiter" la crise ukrainienne à l’Europe, quitte à lui concéder enfin un minimum de cette "autonomie stratégique" que leurs supplétifs britanniques ont saboté avec constance ces 40 dernières années avant de brexiter avec perte et fracas ;
18- Ne rêvons pas, une telle potentielle "autonomie stratégique" restera otanienne et atlantique, ne ressemblera pas à ce dont rêvent certains théoriciens en France ;
19- Je suis néanmoins disposé à prendre ce tout qui sera possible de gagner dans ce domaine, car la situation actuelle de l’Union européenne comme "Nain politique et Géant économique" (selon la formule consacrée) n’est tout simplement plus tenable. Elle doit faire le choix entre être un nain tout court ou un géant tout court, et c’est de la capacité de l’Ukraine à tenir pour de longs mois, ou même des années, que cela dépend désormais.
Ou p’têt que je déconne complètement, auquel cas merci de ne pas tenir compte de ce message et de reprendre une activité normale.