Les mémoires de Zargos

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Nephtis
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#26

Message par Nephtis »

Pour ma part une saison me revient a 1300 euros, 30 a 40 heure mais ca aurai fait beaucoup plus d'heures pour le meme prix avec des longs vols, sachant que je fait 2h en moyenne, certain 4 voire 5.


Je paye 700 environ pour un nombre illimité d'heures de vol, puis 23 euros par remorqué 500m.


Après ca dépend des clubs, de leur fonctionnement (treuil?) etc...

Mais quel que soit le club, le planeur c'est trop bien:notworthy:Jumpy::cowboy::laugh:
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Black Wolf
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#27

Message par Black Wolf »

Re, pour les amateurs de vol libre, nous avons maintenant créé un rubrique "Vos vols" et son album "Vol Libre" pour poster vos photos de vol dans la galerie C6 :) Have fun et bons vols ! :yes:
A ceux qui nous ont quittés trop vite : bon vol les gars !
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UF_Zargos
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#28

Message par UF_Zargos »

Black Wolf a écrit :Re, pour les amateurs de vol libre, nous avons maintenant créé un rubrique "Vos vols" et son album "Vol Libre" pour poster vos photos de vol dans la galerie C6 :) Have fun et bons vols ! :yes:
Où ça, je ne la vois nulle part ?
:crying:

Ha ! Si vu maintenant !
Mais dans cette rubrique, on ne peut pas poster de récit !
Zargos
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#29

Message par UF_Zargos »

Nephtis a écrit : Mais quel que soit le club, le planeur c'est trop bien:notworthy:Jumpy::cowboy::laugh:
Alors là, d'accord à 150.000 %
:Jumpy:
Zargos
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Black Wolf
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#30

Message par Black Wolf »

Yep ce n'est pas pour les récits mais juste pour y mettre quelques belles photos de vol (tu peux ensuite récupérer le lien et le mettre entre balises [NOPARSE][img]l'adresse%20de%20l'image%20dans%20la%20galerie[/img][/NOPARSE] pour les afficher dans tes récits sur le forum (p.ex comme je l'ai fait pour mon récit de vol en delta plus bas)). Ca fait un peu "double emploi" avec ta galerie Picasa mais ça permet de laisser quelques belles photos pour les visiteurs de la galerie C6 ;)
A ceux qui nous ont quittés trop vite : bon vol les gars !

TOMS
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#31

Message par TOMS »

Salut Zargos,

bravo pour ton réçit,
tu as l'étoffe d'un conteur!
N'hésite pas à beaucoup écrire, un jour tu mettras tout bout à bout et tu en feras un livre.
Si si, c'est possible.

Laurent.
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UF_Zargos
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#32

Message par UF_Zargos »

Justement à ce sujet ... Voici la suite de mes aventures :

Mon rêve d'Icare (Samedi 26 Juillet 2008)
Deux week-end sans voler, je bouillonnais ! A cause de la conjonction du sommet d'ouverture de l'union de la Méditerranée et des festivités aériennes du 14 Juillet, l'aérodrome était interdit de vol. No comment ! Et puis le week-end suivant j'accompagnais une de nos filles aux championnats de France d'équitation, cas de force majeure. Cela dit je n'ai pas eu de trop de regrets car hormis le 14 Juillet, les conditions n'étaient pas bonnes. Ce week-end était ma dernière chance de voler avant nos vacances et la perspective de rester 6 semaines sans voler ne me réjouissait pas vraiment.
Et pour ce Samedi, ça ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices : ciel plombé, plafond bas, plus que moyen. En plus la météo "Bidochon" annonçait des pluies. Pour une fois il se pouvait qu'elle ait bien raison. Mais le vélivole est un animal pugnace … Faisant fi de ce ciel peu engageant, je me suis rendu au terrain. J'y ai retrouvé deux ou trois élèves et un pilote de monoplace, plus le chef pilote et quelques individualités de la cohorte des piliers du club. Ceux qui sont là tout le temps quelque soient les circonstances.
Le décryptage des cartes météo lors du briefing n'était pas très enthousiasmant, quant à la conclusion c'était du genre : tant que ce n'est pas mauvais ça peut être bon. Peu importe j'étais là pour voler et je volerai. Au pire je ferai les deux tours de piste qui me manquaient pour atteindre les 10 atterrissages nécessaires pour l'obtention du brevet, toujours ça de pris.
Je ne peux m'empêcher de faire une petite parenthèse sur la façon dont je ressens les choses depuis que je suis lâché sur monoplace. Lors du briefing, il y a la traditionnelle séance d'affectation des planeurs qui commence par la répartition des monoplaces et se termine par la "distribution" des élèves entre les instructeurs prévus. Quand le chef pilote s'adresse à moi en me disant que je vole sur K23, j'ai comme une poussée de joie intense. J'ai l'impression de vraiment faire partie du clan, d'être reconnu en tant que pilote à part entière. Ca paraît tellement puéril quand j'y pense après coup, mais j'assume ce petit plaisir sans aucun scrupule.
Finalement on se retrouve à deux planeurs en piste, plus les biplaces. Pour ces premiers vols solos, la mise en piste prend pour moi la forme d'un cérémonial. Il y a comme un rituel d'appropriation du planeur : aller chercher la batterie pour la radio, prendre un parachute, le vérifier. Puis installer l'équipement dans le planeur, le sortir du hangar … Des opérations au cours desquelles j'essaye de me concentrer sur mon futur vol. Je sais pertinemment que ce n'est qu'une machine, mais cette petite séance de préparation semble créer un lien entre le planeur et moi. Une fois en piste les opérations continuent avec la visite de prévol qui consiste à vérifier que les éléments vitaux du planeur (gouvernes, fixations, instruments, etc.) sont en bon état et fonctionnent normalement. Sans doute parce que c'est tout récent pour moi, effectuer ces opérations dépasse le côté purement mécanique et sécuritaire. Je dirai qu'il y a de l'affectif là dedans.
Trêve de philosophie (enfin ce n'est pas si sûr), l'heure du décollage arrive et me voici à nouveau bien en place dans le cockpit de Charlie Zoulou. Procédure habituelle, et ça décolle. Le moins qu'on puisse dire c'est que ça ne part pas fort. Je me largue, heureusement assez haut, dans une pompe pas géniale mais qui me permet d'aller taper le plafond à 760 m. C'est après que ça se gâte, je n'arrive pas à attraper quoique ce soit dans la zone à 1060 m. Je me bagarre dans des ascendances mollassonnes des quelles je me fais sortir illico. Retour sur la pelouse 23 minutes chrono après le décollage. Je ne vais quand même pas me laisser faire … Je repars donc illico et je me rejoue le même scénario, mais plus court encore : 22 minutes enregistré sur la planche de vol. Bon là ça va, ça suffit. Je décide de rentrer au hangar. J'ai fait les deux vols qui me manquaient, c'est bon pour aujourd'hui.
Sauf que je me fais gentiment eng... par le chef pilote qui me dit que je ne suis pas là pour faire des caprices de star et que tant que ça vole, il ne veut pas me voir au sol. D'autant plus, ajoute-t-il avec un sourire narquois, que vu le manque de précision de mon dernier atterrissage, ça me ferait pas de mal d'en refaire au moins un. Quel enfoiré celui-là ! Que puis-je répondre ? Rien ! Parce qu'il a raison le bougre. Du coup je m'installe à nouveau dans le cockpit en maugréant un peu quand même parce que si je ne vole pas plus longtemps que les fois d'avant ça va me coûter cher cette journée. Mais ma pseudo mauvaise humeur ne dure pas bien longtemps. Dès que je suis en vol, j'oublie tout ça. Et puis, tiens ça m'a l'air de bien pousser par là. D'ailleurs le remorqueur se met à tourner et le vario semble s'affoler. Je suis à quelle altitude ? 500 m ? Ca se tente. Allez hop, je largue et je me mets en virage.
Aussitôt je reçois un bon coup de pied aux fesses : le vario se colle à 3 m/s. Yes ! Ca c'est de la pompe ! En deux tours je suis bien centré et je monte régulièrement entre 1 et 3 m/s. Me voici au plafond : je file vers l'ouest, vers le bois de Beynes et la terre promise de la zone à 1060 m. J'avise un cumulus engageant et file vers lui. Ca me permet de constater que les conditions sont devenues nettement meilleures. Là haut le voile d'altitude se déchire et le soleil se met à chauffer, les cumulus sont bien répartis et commencent à avoir une allure sympathique : base bien plate et noire et au-dessus ça bourgeonne comme un chou-fleur.
Le cumulus visé tient ses promesses : en dessous ça aspire fort, 2 m/s en moyenne avec 3, voire 4 m/s en pointe. Pas de doute la convection est partie et bien partie. Seul bémol, la base des nuages plafonne à 900 / 950 m : pas possible de faire le plafond pour l'instant. Mais peu importe la zone est pavée de cumulus, alors je saute de nuage en nuage et j'en profite pour essayer de m'éloigner le plus possible du terrain, histoire de pousser un peu mes limites et tester ma capacité à revenir dans le "local". Là ça devient franchement génial. Je commence à apprécier le vol à voile dans toute sa dimension. Il y a le plaisir de trouver les pompes soi même, puis de les exploiter. C'est tellement jouissif de se sentir poussé vers le haut par une force irrésistible et d'en maîtriser les accès de brutalité qui tentent d'éjecter le planeur de la pompe. Pendant ces instants, je profite du paysage et de temps en temps du spectacle majestueux d'un autre planeur qui vient me rejoindre dans la pompe. Aussitôt, il s'établit une connexion impalpable entre les pilotes, un défi silencieux et amical pour savoir qui sera le meilleur, qui montera le plus vite ... Parfois l'autre machine est si proche (enfin dans les limites du raisonble) que l'on distingue le visage de son pilote rivé sur son propre planeur. Ces sont des instant d'une incroyable intensité qui amplifient le plaisir de voler à son paroxysme. Franchement je sens aujourd'hui mon rêve d'Icare devenir réalité et ça me rend heureux au delà de tout ce que j'avais immaginé. Mon petit ballet entre les cumulus continue à marcher comme sur des roulettes. Enfin jusqu'à un certain point … arrive fatalement le moment où une erreur de jugement me fait prendre un nuage sans intérêt pour un cumulus magique. Je ne peux pas raccrocher et je dois rentrer au terrain. Misère ! Tout allait si bien. Mais au sol une bonne surprise m'attendait : mon vol avait duré près de deux heures (1h58 très précisément) alors qu'en l'air je n'avais pas vu le temps passer. Record battu. Jamais je n'étais resté aussi longtemps en vol. Finalement cette journée fût magique.
Nous l'avons terminé joyeusement en improvisant un buffet campagnard sur le terrain avec les pilotes et les instructeurs qui restaient. Pâté, rillettes, saucisson arrosés de Côtes du Rhône, un sacrée bonne façon de conclure une belle journée vélivole ! Retour au bercail vers minuit. La nuit fût courte : je me repassais en boucle ce merveilleux vol.


Voila pour le moment.
Zargos

TOMS
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#33

Message par TOMS »

AAAARGHHH!
Voilà qui me replonge 20 ans en arrière dans mes années vol à voile!
T'es fouttu mon pote!
Tu peux toujours checher maintenant, tu ne retrouveras rien d'aussi jouissif en aéronautique que ce que tu viens de vivre!:king:
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UF_Zargos
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#34

Message par UF_Zargos »

TOMS a écrit :AAAARGHHH!
Voilà qui me replonge 20 ans en arrière dans mes années vol à voile!
T'es fouttu mon pote!
Tu peux toujours checher maintenant, tu ne retrouveras rien d'aussi jouissif en aéronautique que ce que tu viens de vivre!:king:
T'en fais pas, je ne cherche plus !
J'ai vraiement trouvé ce que je voulais.
C'est exactement comme ça que je voulais voler.
Toi c'était il y a 20 ans, moi ça ne fait que commencer !
Zargos

TOMS
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#35

Message par TOMS »

T'as bien raison!
Tiens, j'espère ne pas polluer ton post, mais voilà le récit de ma première vache, il y a 23 ans:

"Le vol sur la campagne en planeur n’est pas une mince affaire. Il est vrai que cette pratique comporte un certain nombre de risques. Un atterrissage dans un champ n’est jamais complètement anodin. Il court tant d’histoires évoquant des circuit commencés dans l’euphorie et finissant en catastrophe : l’atterrissage dans un champ cultivé digne d’un billard, mais dans lequel est planté un piquet métallique qui dépasse à peine, et découpe le fuselage du nez à la queue. La simple pierre, cachée dans l’herbe, qui enfonce l’avant du fuselage. La clôture en fil de fer qui décapite le pilote imprudent. La herse ou la charrue oubliée au coin d’un champ, sur laquelle le planeur vient se disloquer … Sans parler des approches ratées qui finissent dans les arbres, des décrochages en dernier virage dont il ne reste qu’un petit tas de plastique au coin d’un champ… Voilà de quoi faire appliquer pour toujours le sacro saint principe de précaution !

Et pourtant ! Comment décrire ce qu’on ressent aux commandes d’un bête de course capable de fendre l’air des ses quarante points de finesse (voir même bien plus) ? Cet esprit de compétition, même quand on part seul, parce toute faiblesse est rapidement sanctionnée par la nature elle-même. Alors on se bat. On se bat parfois pendant huit heures. On parcourt des kilomètre, on épie le moindre nuage, on a les yeux partout pendant les spirales : sur la carte, sur les nuages, sur les repères de navigation, sur les autres planeurs, sur les champs vachables au cas ou ça tournerait mal. Et quel plaisir quand on réalise le but fixé. Trois cent kilomètres, cinq cent, parfois plus pour les meilleurs. Le tout couronné par une arrivée majestueuse, un passage à la VNE au raz de la piste, suivi d’une ressource pour finir par un tour de piste.

Alors voilà, selon les clubs (et leur dirigeants), il y a des lieux ou ça « circuite » plus ou moins. Des clubs on annonce royalement : « j’ai fait un aller retour sur Lunéville ». « T’as fait des photos ? » (Et oui, ce n’est pas si facile, il faut prouver que le but a été atteint par une photo à sa verticale). « Non, j’avais pas envie… » Ca, ça veut dire que l’individu en question a vaguement aperçu le but au bout de son aile, quasiment sans quitter le local du terrain de départ. Nul et non avenu ! Et puis il y en a d’autres, ou l’évolution d’un pilote vers cet art si particulier et tellement enrichissant est une progression normale. Des clubs où, quand le retour s’avère difficile voir compromis, l’équipe de dépannage se constitue naturellement, et où l’aventure se termine par un pot entre amis après la tombée de la nuit.

A cette époque à Malzéville, on ne peut pas dire que nous étions prêts pour les jeux olympiques. J’avais passé ma qualification campagne neuf mois plus tôt avec Fifi. Nous avion pris le SF28 et il m’avait initié aux plaisirs des approches en campagne. Depuis, j’avais accompli mon épreuve de cinquante kilomètres en vue de l’obtention de l’insigne d’argent de vol à voile. Mais après, plus rien ! Et puis quelques nouveaux arrivants ont pointé leur nez dans notre petit club. Du sang neuf, comme on dit. Et les conversations ont commencé à s’orienter vers cette pratique risquée qu’est le vol sur la campagne. Evidement, à chaque fois j’ouvrais grand mes oreilles et mes yeux brillaient d’envie. Bon sang, ça à l’air chouette ! Parmi ces nouveaux arrivants, il y en avait un particulièrement sympathique, mais qui m’impressionnait un peu, et pour cause !

Je travaillais à l’époque comme chaudronnier sur Jaguar à la base de Toul Rosières, avec le grade de caporal-Chef (s’il vous plait). Et ce nouveau (je devrais dire « petit » nouveau, vous allez comprendre) était également militaire. Il avait un grade un peu différent du mien. Lors de son arrivée, sur le cahier d’ordre ou tout militaire devait inscrire ses vols, il avait écrit une sorte de « Cal » devant son nom. J’avais alors demandé à la cantonade : « Eh, le nouveau, il est caporal ? » (Enfin quelqu’un de moins gradé que moi) « Mais non triple andouille (et non triplan d’Houille) c’est un « G », il est général ! » Oups ! La boulette ! Heureusement qu’il n’était pas dans les parages ! Car oui, le nouveau est bien Général, et même directeur technique de la FATAC (Force Aérienne Tactique, ne cherchez pas, ça a changé de nom au moins trois fois depuis). C’est même un de mes chefs, et dans cette branche, il n’y en a pas beaucoup au dessus de lui, et un gros paquet entre nous deux !

Et donc, ce Général (appelons le le Général O), il était VRAIMENT très sympa, ne faisant aucun cas de sa situation (et surtout de notre différence de situation), mais il n’était pas grand. C’est mal me direz vous, d’insister ainsi sur un détail physique (et en plus c’est pas à la mode) mais c’est important pour la suite. Si j’utilisais une expression en vigueur dans notre atelier à l’époque, je vous dirais qu’il était grand comme trois couilles à genoux (nous avions le verbe un peu léger). Mais n’ayant jamais réussi à observer trois couilles à genoux, j’ai du mal à me rendre compte de ce que ça représente, et je vais donc vous donner un exemple plus parlant. Je pense qu’il était plus petit que Jan, c’est vous dire s’il était petit !

Je vous ai dit qu’il était sympa, le Général O, mais je ne vous ai pas dit que c’était quelqu’un de bien, et qui en plus n’aimait pas trop l’immobilisme. Donc, pour revenir à nos moutons (ce ne sont pas encore des vaches) les discutions sur le sujet du vol en campagne allaient bon train, et commençaient même à devenir subversives ! Comprenez que raconter des souvenirs, c’est parfait (bien que, parfois…) mais évoquer la possibilité de pratiquer cette activité dangereuse, ça réveille de vieux fantômes comme le pilote sans tête qui hère dans les champs en maudissant les fils barbelés ! D’autant plus que des voix s’élèvent pour engager le club dans cette direction. Philippe le nouvel instructeur, n’est pas le dernier à commenter sur ce sujet.

Et donc, un beau jour de mai 1985, alors que j’ai maintenant presque deux cent heures de vol dont quelques heures de LS4 faites à Saint Auban, je suis prêt à partir avec l’Astir FCFCV. Le petit groupe des conspirateurs est assemblé autour de moi, et le sujet fatidique est à nouveau évoqué. Il est vrai qu’il fait beau, et même si le plafond n’a pas l’air mirobolant, les cumulus ont une bonne tête. « Et puis, tu pars vers l’est, pas trop loin, une cinquantaine de kilomètres, et puis si tu te vache, c’est pas grave, on est là, on viendra te chercher, et puis finalement, un vache, ça te ferait une bonne expérience, ça briserait la glace ! » Bon… je m’interroge, mais j’ai quand même très envie d’essayer. Me voilà sanglé dans mon pur sang, je lève le pouce, le Général lève mon aile, et me voilà parti ! Le remorqueur me largue dans une pompe assez puissante, et quelques spirales me conduisent rapidement au plafond. C’est vrai qu’il n’est pas très haut, mais bon, dans mas tête, le schéma est clair : « GAZZZZZZ ! »

Je choisi un cumulus engageant qui bourgeonne à l’est du terrain. Ca y est, je sors du local ! J’avance de nuage en nuage jusqu’à ce que l’antenne de Malzéville ne soit plus qu’un point à l’horizon. Bon, en réalité, je ne suis pas à plus d’une vingtaine de kilomètres, mais quoi, il faut un début à tout ! A peine une vingtaine de kilomètres, mais déjà, les réalités du vol sur la campagne s’imposent à moi. Mon dernier cumulus ne m’a pas monté aussi haut que prévu, et je débute un transit qui s’annonce sans avenir. Le sol se rapproche de plus en plus, heureusement les champs accueillants sont légion et le relief pas trop tourmenté. La bouffée de liberté qui m’avait porté jusque là s’est transformée en une drôle de sensation au creux de l’estomac. Je ne suis pas sur que ce soit de la trouille, mais une sorte d’incertitude bien inconfortable ! Cette incertitude se transforme d’ailleurs rapidement en une certitude bien bucolique : il va falloir aller aux vaches !

Je suis à la verticale de mon champ, qui s’avère confortable à première vue. C’est un champ cultivé où rien n’a encore commencé à pousser. Il est bien assez long, et de toutes façons, l’Astir a des aérofreins très efficaces. Il y a même une ferme pas trop loin, ce qui m’évitera une marche forcée pour trouver un téléphone. Je me présente en finale et touche des roues en début de champ. Le planeur s’arrête en quelques dizaines de mètres, la terre meuble n’a rien à voir avec une piste en herbe damée par des années d’utilisation. J’ai à peine ouvert la verrière qu’une voix tonitruante m’accueille : « c’est donc que vous avez perdu vot’ moteur ? C’est ça qui vous a fait tomber ?? » Passé l’instant de surprise, j’entame des explications techniques tout en me confondant en excuse pour cette violation de domicile. « C’est pas grave ! C’est pas tous les jours qu’on peut voir un aéroplane de près! »

Face à cet élan de gentillesse j’en profite honteusement pour demander la possibilité d’utiliser le téléphone. « Mais bien sur ! » et nous voilà partis vers la ferme. A Malzéville c’est un peu la surprise (sauf peut être pour la joyeuse bande de révolutionnaires) mais je n’aurais pas à attendre longtemps pour voir arriver un attelage à l’allure caractéristique : une remorque de dix mètres de long, ça ne passe pas inaperçu ! Et devinez qui est là pour me sortir de cette situation ? Le Général et sa bande ! Voyant que tout s’est bien passé, ils sont tout sourire et veulent savoir les détails du vol. Bon, pas de panique, une heure de vol et moins de trente kilomètres parcourus, je ne risque pas d’entrer dans le livre des records ! L’ambiance est bon enfant et chacun y va de sa plaisanterie. Notre paysan local s’amuse bien lui aussi, et dès que le planeur est démonté et mis en remorque (ce qui prend à peine plus de vingt minutes), il nous invite à aller boire un coup à la ferme.

Nous voilà tous rassemblés dans une cuisine aux dimensions imposantes. Le paysan disparaît un instant et revient avec une bouteille en verre contenant un mélange clair comme de l’eau. « Un p’tit coup d’ mirabelle ? » Nous nous regardons d’un air interrogateur, mais comment refuser ? Nous avons bientôt tous un verre à moutarde dans la main, que notre ôte s’empresse de remplir de mirabelle. « Allez, à la votre ! » Chacun lève son verre et bois une rasade du précieux breuvage. Je vois quelques grimaces se profiler sur les visages, personnellement j’ai les yeux qui pleurent et la gorge en feu ! La situation me rappelle quelque chose, mais quoi ? Alors que le joyeux cultivateur a le dos tourné, j’entend l’un de nous murmurer : « Il a arrêté la production, les clients devenaient aveugles ! » Mais c’est bien sur, les Tontons ! En attendant, il faut s’armer de courage pour finir le verre. Que dis je, le verre ? Vu ce qu’il y a dedans, il a à présent la teneur d’un baril ! Mais comment peut on boire un truc aussi fort ? Rien que les vapeurs pourraient décoller la tapisserie !

Notre bourreau, lui n’a pas l’air plus ému que ça. Il entame même la conversation : « et qu’est ce que vous faites donc dans la vie ? » d’un air de dire : « vous qui ne travaillez pas la terre, bande de fainéants ! » Alors nous commençons à raconter nos vie : et bien moi, je suis chaudronnier, je répare les bosses des avions. Et moi je suis mécano fil, je travaille dans les transmissions. Comme nous sommes presque tous militaire nous y ajoutons notre grade. Il sait ce que c’est, l’ancien, il a fait son service ! C’est maintenant au tour de notre sommité à nous, le Général O. Très modestement, il explique son rôle dans le dispositif, et finit par annoncer qu’il est Général. La réaction ne se fait pas attendre : « Quoi ? Général ? C’est pas possible ! » Surprise, on est un peu gênés, on espère que notre « Gégène » ne va pas mal le prendre. Pas du tout, il répond simplement : « Comment ça, pas possible ? Et pourquoi donc ? »

Parce qu’un Général…. Ça doit être Grand ! J’sais pas moi… comme Le Général !! » Passé l’instant de surprise, c’est l’éclat de rire général (c’est le cas de le dire) et la mirabelle descend du coup beaucoup mieux. Nous nous quittons à regret sur cette référence à De Gaulle pour regagner notre port d’attache. Nous rions encore de ces instants uniques. L’arrivée au club nous dégrise instantanément. Nous sommes attendus de pied ferme par l’équipe conservatrice qui prend à partie le général et un instructeur qui avait soutenu les idées perverses. Un autre instructeur (conservateur) me prend à part et me noie sous les questions : « Alors, comment à tu pris la décision de partir ? Quel est ton plafond mini pour quitter le local ? » « Ben… j’sais pas trop… » Je crois que si je lui dis comme ça, tout d’un coup : « On fonce et on verra après » ça ne va pas lui plaire… Mais passé cette petite discussion un peu vive, tout le monde se rabiboche autour d’une bonne Jeanlain, qui, c’est bien connu, fait passer tous les maux !

La situation se débloquera même au plateau dans les mois à venir. La campagne va s’ouvrir, et des stages un peu partout en France vont me permettre d’assouvir mon besoin de campagne et de liberté. Bien sur, il aura d’autres vaches, et même une bonne dizaine. Mais, c’est une autre histoire !"
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#36

Message par UF_Zargos »

Arf ! Excellent ce récit. Il ne pollue en rien ma piètre prose.
Tu aussi tu as l'âme d'un conteur.
Serait-ce un don attribué à tous les vélivoles que de raconter aussi bien leurs aventures ?
Rendez-vous dans quelques mois quand j'aurai mon autorisation campagne et que je me serai vaché !
Parce que chez nous (à Beynes) ça rigole pas ... On a des circuiteurs acharnés dont un ex champion du monde (François Louis Henry pour ne pas le nommer) qui malgré ses 70 ans bien passés persiste à enchaîner les 700 km sur son Ventus 2a comme si de rien n'était.
Donc faire de la campagne à Beynes, ça fait partie de la progression de tout vélivole.
Dès la reprise de la saison, je me lance ... va falloir que je fasse mes 5 heures, mon gain de 1.000m et mon premier 50 km. Joli programme.
Zargos

TOMS
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#37

Message par TOMS »

A malzéville, on a eu un chef pilote qui venait de Beynes.
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Nephtis
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#38

Message par Nephtis »

Le plus impressionant chez FLH, c'est ces 300 bornes en Ka6!!
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UF_Zargos
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#39

Message par UF_Zargos »

Nephtis a écrit :Le plus impressionant chez FLH, c'est ces 300 bornes en Ka6!!
Tu le connais FLH ?
A Beynes il fait de l'instruction de temps en temps.
Au cours de ma formation, j'ai eu l'occasion de voler deux fois avec lui.
Ce sont des leçons qu'on n'oublie pas.
En général, quand il sort un de ses planeurs (Ventus ou Ka6), c'est le premier parti et le dernier rentré.
Ce qui est clair c'est que l'on ne joue pas dans la même cour.
Zargos

Nephtis
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#40

Message par Nephtis »

Je vole a bailleau, donc je cotois plutôt le fils et petits fils. Mais j'ai pu le rencontré cet été au concours de bailleau, qu'il a d'ailleurs remporté sans trop de problemes...
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JulietBravo
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#41

Message par JulietBravo »

Nephtis a écrit :Je vole a Bailleau, donc je côtoies plutôt le fils et petits fils. Mais j'ai pu le rencontrer cet été au concours de Bailleau, qu'il a d'ailleurs remporté sans trop de problèmes...
Précisons pour la forme que ces deux membres de la famille (vélivole) H, si ils ont bien des attaches à Bailleau, volent essentiellement un peu plus au sud-ouest...:innocent:
Sans vouloir lancer une polémique entre voisins et parfois rivaux !:sweatdrop
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fred 41
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#42

Message par fred 41 »

Ou si peu ...:laugh:
A la chasse ...bordel !!

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UF_Zargos
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#43

Message par UF_Zargos »

Pour rebondir sur la question, j'ai comme l'impression que la famille H vole partout où c'est possible Beynes, Bailleau et ailleurs ...
En ce qui concerne "l'ancêtre" alias François Louis, je tiens à saluer sa gentillesse et sa disponibilité envers la bleusaille dont je fais partie.
Il prête très souvent son fameux Ka6 n°17 (basé à Beynes, nananère !) à des pilotes peu expérimentés, histoire qu'ils goûtent au plaisir de piloter un bon vieux "bois et toile".
Plutôt cool de sa part.
Zargos

Nephtis
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#44

Message par Nephtis »

JulietBravo a écrit :Précisons pour la forme que ces deux membres de la famille (vélivole) H, si ils ont bien des attaches à Bailleau, volent essentiellement un peu plus au sud-ouest...:innocent:
Sans vouloir lancer une polémique entre voisins et parfois rivaux !:sweatdrop


je n'ai jamais dit le contraire! Mais ils étaits tous la pendant le concours et j'ai voler avec le petits des petis fils. Chacun ses champions, on a les notres aussi :laugh: (surtout coté féminin:Jumpy:)
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UF_Zargos
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#45

Message par UF_Zargos »

Allez pour attaquer la semaine de bonne humeur ...

L'appel de l'ouest - Dimanche 27 Juillet 2008
Evidement le lendemain et toujours en dépit d'une météo à nouveau peu engageante, je suis retourné au terrain avec la ferme intention de voler à nouveau. Cette fois, il y avait nettement plus de monde. Les prévisions optimistes de Météo France pour ce jour avaient dû tirer plus d'un vélivole du lit. Seulement voila, le temps de rêve n'était pas au rendez-vous. Le briefing météo était du même genre que celui de la veille : aucune certitude d'avoir du beau temps.
Je me voyais attribuer à nouveau Charlie Zoulou ce qui me convenait tout à fait. Hier il m'avait bien réussi. Le rituel de la préparation des planeurs, de la mise en piste et du casse croûte en commun sur les tables de pique nique situées en bordure de piste se déroule tranquillement jusqu'à l'heure des premiers décollages. Cerise sur le gâteau : la couche de nuages bas s'est dissipée et un soleil radieux fait son apparition, suivi de près par les premières formations de cumulus.
Lorsque vient mon tour de décoller, les cumulus ont bien grossi, le temps paraît idéal. D'ailleurs mon vol démarre très fort. La pompe dans laquelle je me largue m'emmène directement au plafond et je peux continuer ainsi vers la zone des 1060 m. Une fois dans la zone je fais des sauts de puces entre les cumulus.
Mais très vite, je me sens attiré vers l'Ouest, là où se trouve la limite de la zone à 1600 m. Le hic c'est que pour y aller je perds le local du terrain. En gros il se trouve un moment où je suis trop bas par rapport à mon éloignement de la piste ce qui veut dire que je ne suis plus capable de rentrer me poser directement. Je triche un peu en constatant qu'il y a un peu de vent qui souffle dans la direction du terrain et que les conditions sont tellement bonnes que je trouverai forcément une pompe pour me remonter sur le chemin du retour. La première étape est le parc animalier de Thoiry. Je sais que si je ne parviens pas à l'atteindre avec 800 m d'altitude, je devrai rentrer.
Mes premières tentatives échouent, mais finalement je parviens à accrocher une pompe à 900 m au-dessus du parc. Je me laisse monter jusqu'à 1.060 m la limite, limite du plafond et je me lance. La limite de zone n'est qu'à 2 km. La chance est avec moi, l'air continue à me porter encore (le vario oscille entre 0 et 0.5 m/s) et je suis encore à 950 m quand je franchis la frontière tant convoitée. Toujours chanceux le cumulus sous le quel je me trouve "donne" à plein régime et l'aiguille de l'altimètre progresse doucement 1150, 1200, 1250, 1300 m … Merveilleux ! Vais-je pouvoir continuer ainsi ?
Hé bien non … Le petit vent qui m'a permis de tricher me déporte petit à petit vers la zone 1060. Je vais devoir revoir ma stratégie : soit je rentre dans la zone 1060 en perdant de l'altitude, soit je continue vers l'ouest en me mettant "hors limites" avec le risque de ne pas pouvoir renter au terrain et de devoir me "vacher" si je n'accroche pas une pompe. Mais un évènement impromptu vient précipiter ma décision : tout en réfléchissant à la conduite à adopter, je me rends compte que je n'entends plus les conversations à la radio. L'habituel bruit de fond des annonces des décollages, des planeurs qui se présentent en vent arrière, ou des commentaires des pilotes en campagne sur leur situation est singulièrement absent.
Tout absorbé à mon pilotage, je n'avais pas remarqué sa disparition. Ce silence m'inquiète. Je tente plusieurs essais radio, personne ne me répond. Plus question de réfléchir, je dois rentrer au plus vite. Je fais demi-tour et lance mon planeur à toute vitesse dans la direction du terrain. Je traverse la zone 1060 comme une balle quasiment sans perdre d'altitude tellement les conditions sont bonnes et je dois sortir las aérofreins à fond pour arriver dans la zone 760 à la bonne altitude. Un peu stressé par le fait ne pas savoir si je suis entendu, je précipite ma préparation et mon atterrissage est un peu brusque. Une fois au sol j'explique mon cas, on discute et on essaye. Au premier test rien ne fonctionne et au second tout redevient normal. Je fulmine, sans cette maudite radio je serai sans doute encore l'air en route pour battre à nouveau mon record. Je me voyais bien faire un trois heures cette fois. Le sort en aura décidé autrement. Cela dit ce vol avorté aura duré pas loin de deux heures, j'aurai mauvaise grâce à m'en plaindre. Mais tout de même, je suis frustré !
Je retente un vol pour la forme, mais le cœur n'y est pas vraiment, et puis les conditions faiblissent un peu à basse altitude. D'ailleurs la plupart des planeurs rentrent se poser. Je n'arrive pas à tenir correctement en l'air. Je tournicote sans résultat et de guerre lasse je me pose au bout d'une demi-heure. Malgré la frustration liée à cette bête panne de radio, la journée aura été bonne. Je termine avec la certitude que j'étais capable de faire mieux. Je peux partir en vacances l'esprit serein. J'ai fait le plein de sensations, de plaisir de voler. J'ai le moral au beau fixe et je suis prêt pour passer mon examen pratique dès la rentrée.

Arrêt sur image
Quand j'ai commencé à voler, je ne pensais pas que le planeur m'apporterait autant de sensations et d'émotions. Je savais que je prendrai du plaisir à voler puisque c'était mon rêve depuis l'enfance. Dès que mon mal de l'air a cessé, j'ai commencé à prendre du plaisir. Certes ce n'était pas toujours rose, il y a u des périodes de découragement. Mais en général dès que je posais les fesses dans un cockpit je me sentais bien. Bien que mon attention soit relativement mobilisée sur l'apprentissage, je pouvais en certaines occasions me délecter de la beauté du paysage, de la majesté du ballet des autres planeurs qui parfois spiralaient avec nous, de la sensation grisante de monter juste par la force des mouvements de l'air et de la satisfaction de réussir mes premiers atterrissages.
Je partageai mes expériences avec d'autres pilotes, la plupart brevetés et tous me disaient que lorsque je volerai seul ça n'aurait plus rien à voir. Je me disais qu'effectivement ça serait mieux, puisque je serai autonome et que je n'aurai plus la sensation d'être observé en permanence. Ce qui devait sans doute agrémenter les sensations par un sentiment de liberté qu'il me restait à découvrir.
J'étais à mille lieues de me douter, du moins en ce qui me concerne, que ce serait à ce point différent et surtout aussi intense. La chose ne m'est pas apparue immédiatement lors de mon premier vol. Je devais être trop absorbé pour en profiter. Qui plus est j'ai mis l'euphorie "post vol" sur le compte de l'excitation d'avoir réussi mon lâché. Ce n'est qu'à mesure que j'enchaînais les vols solo que j'en venu à me rendre compte qu'effectivement je ressentais un plaisir de plus en plus intense à voler. Ce plaisir se diffuse de façon continue mais discrète comme une douce musique d'ambiance qui me comble de bonheur (le mot n'est pas trop fort) tout en me laissant toute la lucidité et l'attention nécessaire pour la conduite de mon vol. En revanche une fois au sol, la tension et l'attention se relâchant, une vague de plaisir déferle en moi tel un tsunami. Toutes les images accumulées, parfois sans que je m'en rende compte, reviennent brutalement, se bousculent dans ma mémoire. Et tout se mélange joyeusement ! Le pire, ou le meilleur en fait, c'est que ce déferlement est quasiment continu et se prolonge des jours et des jours après le vol. Je crois que je suis définitivement devenu vélivole dépendant.
Mais d'où vient tout se plaisir ? Tout d'abord du simple fait de voler. C'est une sensation merveilleuse que de quitter le sol, que d'admirer tout cela d'en haut. Il y a aussi le plaisir de partager les pompes avec d'autres planeurs ... il en résulte un ballet majestueux d'ailes effilées dont je ne me lasse pas même si dans ces moments la vigilence du pilote doit être à son maximum. En ce qui concerne le planeur la cerise sur le gâteau est que tout cela se fait sans moteur, uniquement par la puissance des éléments. Bien que la physique l'explique parfaitement, calculs à l'appui, il n'en reste pas moins fascinant de se dire que ce sont de simples molécules d'air qui portent nos planeurs dans le ciel. C'est tout simplement grisant.
Est-ce le fait qu'en tant que débutant je découvre tout du vol à voile qui me procure cette sensation ? Réussir à trouver une pompe, l'exploiter correctement, en trouver une seconde pour aller un peu plus loin ou un peu plus haut et ainsi de suite, est une source de satisfaction supplémentaire qui contribue à mon bonheur de voler. Il en va de même pour l'atterrissage … Chaque atterrissage réussi est une source supplémentaire de plaisir. Une sorte de "happy end" qui libère les émotions accumulées pendant le vol.
Le dernier facteur qui vient magnifier toutes ces sensations de plaisir est ma fierté d'avoir réussi à 47 ans à franchir les étapes qui m'ont amené jusque là. En soi il n'y a rien d'extraordinaire à cela ; nombreux sont ceux qui y parviennent, souvent bien plus vite que moi. Mais sur le plan strictement personnel, je vis cela comme un accomplissement. A 47 ans, après être passé par tous les stades du découragement, je concrétise mon rêve d'enfant ! C'est franchement fabuleux et dans une certaine mesure, inespéré. A chaque fois que les souvenirs de mes vols reviennent me hanter pour mon plus grand bonheur, une petite voix se fait entendre pour me dire : "Hé oui c'est toi qui l'a fait". Alors là c'est la totale. Plus heureux que moi ? Ca ne doit pas exister !


En prime, une petite photo prise un peu avant le décollage :

http://picasaweb.google.com/Zargos1961/ ... 8918885874
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Pierre Alfaro
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#46

Message par Pierre Alfaro »

Bravo Zargos!:king:

TOMS
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#47

Message par TOMS »

Tu devrais envoyer ton dernier texte à la fédé.
Ils s'en servirait pour motiver les troupes!:notworthy
pour bien voler, volez léger !
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