Interview avec un ancien pilote de YAK 9

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Puppetmaster
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Interview avec un ancien pilote de YAK 9

#1

Message par Puppetmaster »

Salut :cowboy:

Voici une petite interview d'un ancien pilote de YAK 9 pendant la seconde guerre mondiale, réalisée il y a peu par des amis Israéliens (nous sommes membres d'une escadrille virtuelle qui vole sous IL2 forgotten battles). Certains d'entre vous l'ont peut être déjà lu, vu que les liens ont été posté sur d'autres forums, notamment anglo-saxons.

C'est une petite interview sans prétention qui je pense est intéressante. Elle est en 3 parties, mais pour l’instant seules les 2 premières parties sont disponibles et désolé pour les non anglophones, j’ai eu la flemme de la traduire en français, je le ferai peut être demain si j’ai le temps à moins qu'une âme charitable ne se devoue :tongue:

1ere PARTIE

2eme PARTIE

Vous excuserez l'anglais, il s'agit d'une traduction faite à partir de l'interview originale qui est en Hébreu.

voilà

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Crickey
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#2

Message par Crickey »

meme pas un petit résumé en françois ? ............. :) un p'tit truc, une phrase, un mot :tongue:
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maitretomtom
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#3

Message par maitretomtom »

Je ferai une traduction dans la journée si j'ai le temps
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Crickey
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#4

Message par Crickey »

je suis passé par un traducteur auto, c'est toujours aussi passionant d'entendre les souvenir de pilotes WW2.

Parmit les combattant de cette époque, ce qui est marquant c'est peut etre les seuls qui en repensant a cette epoque terrible, c'est la guerre quand meme n'oublions pas, exprime dans leur mot je ne sait quel pincement nostalgique, nul doute qu'ils aimaient piloter et aimaient leurs avions, et ils aiment encore 60 ans apres (et meme des fois sur un simu pourvu que ca vole)
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maitretomtom
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#5

Message par maitretomtom »

La première interview (il peut encore y avoir quelques fautes. Désolé). Si certaines traductions ne vous paraissent pas correctes, signalez le moi et je corrigerai.

Pour les anglophones, préférez quand même la VO, plus "fidèle".
INTERVIEW AVEC UN PILOTE DE YAK-9 - PARTIE 1

En essayant de mettre en place une date et un lieu pour l’interview avec “notre”pilote, nous avons eu à son égard l’impression d’un homme strict qui préfère garder sa vie privée et rester à l’écart du public. Une autre chose qui nous inquiétait était le fait qu’il disait avoir volé sur 15 types d’appareils ce qui nous a un peu laissé perplexes.

Nous étions donc inquiets mais pleins d’espoir pour le mieux. En rencontrant cette personne, nous nous sommes retrouvés avec cet homme de 83 ans, sympathique, à la poignée de main forte, avec une très bonne mémoire (nous avions apporté quelques images des cockpits du jeu et il a aimé apporter des précisions sur eux et pensait qu’ils étaient assez bons) et surtout un homme honnête sans langue de bois.

Il nous a demandé à rester anonyme car il ne souhaite pas être exposé au public donc tout ce que nous pouvons dire, c’est que l’interview a eu lieu en Israël et que nous nous réfèrerons à lui dans l’interview en tant que “A”.

Etant donné que nous avions un interprète (NdT : même deux maintenant :tongue:) nous nous pouvons pas affirmer que nous l’avions citée au mot près mais nous avons fait notre mieux pour en conserver l’esprit et les faits.

Nous n’avons eu qu’une heure pour faire l’interview, voici donc, très résumée, son histoire : “A” est né à Gomel en Biélorussie en 1923. En 1939, à l’age de 16 ans, il rejoint un aéroclub dans la ville d’Odessa et apprend à piloter des Polikarpov-2 pendant 1 an. Il rejoint l’armée à 17 ans bien que l’incorporation se fasse à 18. Il en a été autorisé après avoir envoyé une lettre au Ministre de la Défense. En septembre 1940 il rejoint l’Ecole de l’air d’Odessa, qui fut déplacée (sur ordres) avec l’approche de la guerre à Stalingrad où ils étaient 1000 étudiants. Quand la guerre a éclaté, il a été envisagé de convertir 600 étudiants en soldats de l’armée régulière mais cela fut abandonné et tous ont pu continuer leurs études du vol. Ils ont commencé l’entraînement sur Po-2 (Biplan Polikarpov) puis sur Polikarpov UTI-4 (monoplan) et ensuite sur I-16.

En 1941 quand la guerre a commencé, l’école fut déplacée près du Don et alors que les Allemands se sont approchés à 100 km l’école fut re-déplacée au Kazakhstan où ils se sont entraînés sur Yak-1. A cette époque tous les instructeurs étaient envoyés au combat et de nouveaux instructeurs étaient choisis parmi les étudiants. ” A” en a faisait partie. ”A” a servi comme instructeur jusqu’en octobre 1944. Puis il fut décidé d’envoyer les instructeurs “au feu” afin de les aguerrir et qu’ils puissent par la suite revenir et transmettre leurs connaissances aux étudiants. “A” a été affecté au ”1er Front Biélorusse” où il pilotait le Yak-9T en tant qu’escorte rapprochée pour des Il-2. L’unité était placée sous le commandement d’un commandant d’artillerie et leur objectif était de défendre des Il-2 qui transportaient un officier d’artillerie en lieu et place du mitrailleur arrière et qui devaient localiser les unités allemandes et informer l’artillerie de leurs activités. Ils volaient à entre7 et 9 appareils par vol – 1 Il-2, entre 4 et 6 Yak-9T en escorte rapprochée (pas plus de 500 m entre appareils) et 2 autres en escorte de haute altitude.

Q: Aviez vous une radio à bord ?
A: Seul le leader et son n° 2 avaient une radio à deux voies, tous les autres n’avaient qu’un récepteur.

Q: Quels étaient les avions allemands auxquels vous étiez confrontés ?
A: Principalement des Bf-109, des FW-190 et aussi des Ju-87.

Q: Avez vous rencontrés des chasseurs allemands ?
A: Non, à cette époque de la guerre, les allemands étaient affaiblis et ils n’auraient pas attaqués un grand groupe de chasseurs juste pour descendre un ou deux appareils.

Q: Avez vous essayé de chasser les avions allemands ?
A: Non, notre boulot était de protéger notre précieux Il-2. Lui permettre de se faire descendre n’était pas une option.

Q: Avez vous rencontré des tirs AA ?
A: Nous connaissions leurs emplacements alors nous les contournions. J’ai été touché une fois seulement et mon trim a été endommagé.

Q: Quelle était votre place dans le vol ?
A: J’étais n° 2 du leader de l’escorte.

Q: Est ce que vous voliez beaucoup et subissez la fatigue du combat ?
A: Non, on avait du temps libre – parfois on ne volait pas pendant une semaine et on n’avait rien à faire.

Q: Combien de sorties avez vous faites sur le front biélorusse ?
A: 25.

Q: Aviez vous des problèmes à toucher vos cibles avec le canon de 37mm du Yak?
A: Non, il avait beaucoup de recul mais je visais bien et je n’avais pas de problème pour toucher des cibles.

Q: Le Yak était-il exigeant physiquement ?
A: Pas du tout, nous volions à 400 ou 450 km/h et il n’y avait pas tellement de charges à cette vitesse.

Q: A quelle hauteur utilisiez vous le compresseur (supercharger) ?
A: Nous l’activions et utilisions les masques à oxygène au dessus de 5000 m mais comme je ne volais généralement pas si haut je ne l’utilisais pas.

Q: Comment gériez vous le pas d’hélice ?
A: Nous nous l’utilisons que pour les longues distances pour économiser le carburant sinon il était à 100%.

Q: Comment trouviez vous le Yak-9?
A: Je l’aimais beaucoup. Il était très bon, fiable et simple. Il pouvait être piloté même par un pilote moyen. Il était facile à décoller et à faire atterrir. Il n’avait pas de cockpit compressé et pas de chauffage ce qui fait qu’il faisait très froid en hiver – on devait utiliser des vêtements arctiques. On avait l’habitude d’avoir nos réservoirs remplis à bloc ce qui dégradait la maniabilité de l’avion. Les “chasseurs” parmi nous qui volaient s’attaquer aux allemands avaient leurs réservoirs remplis partiellement pour une meilleure capacité au dogfight. Le Yak-3 était meilleur et avait un cockpit mieux organisé sans toutes ces jauges de radiateurs comme sur le Yak-9, les français du Normandie Niémen l’ont eu.

Q: Qu’avez vous fait après la Biélorussie ?
A: J’y suis resté jusqu’à la fin de la guerre en Europe, puis nous sommes allés en Mongolie combattre les Japonais de la même façon qu’en Biélorussie. J’ai fait 2 sorties de combat et la guerre était terminée.

Q: Et après la guerre ?
A: Je suis devenu chef d’escadron (NdT : où alors il s’agit du grade ? pour info squdron leader est aussi un grade dans la RAF équivalent au grade de Commandant). J’ai piloté les La-9, La-11, Mig-15, Mig-17. J’aurais du m’entraîner sur Mig-19 mais en 1958 l’armée de l’air a dû procéder à des coupes budgétaires et le programme a été stoppé.

Q: Quel était l’avion que vous avez préféré ?
A: Les Mig-15/17, ce sont presque les mêmes.

Q: Et pour les chasseurs à hélices, Lavochkin et autres ?
A: Je préférais le Yak. Il était beaucoup facile à faire décoller et atterrir.

Q: Vous utilisiez beaucoup le palonnier pendant les décollages ?
A: Ce n’était pas tellement un problème. Après que la roulette de queue soit levée, je devais utiliser plus les pédales pour compenser la déviation accrue à cause du couple moteur.

Q: Que s’est-il passé après ces coupes budgétaires ?
A: On m’a offert d’être le commandant en second avec position de chef de wing (NdT : meilleure traduction à trouver) mais ma femme a dit “ça suffit” et j’ai quitté l’armée aérienne avec une pension complète.

Q: Preniez vous le vol comme un travail où vous aimiez vraiment ça ?
A: Oh j’adorais vraiment voler et j’aimerais toujours voler aujourd’hui.

Espérons qu’il y aura une autre rencontre avec “A” dans laquelle nous lui montrerons le jeu et lui poserons quelques questions supplémentaires.

Un grand merci à “A” pour sa coopération d’une façon aussi sympathique et patiente.
Merci également à Leonid qui fut notre interprète Russe / Hébreux.
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maitretomtom
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#6

Message par maitretomtom »

Deuxième partie :
INTERVIEW AVEC UN PILOTE DE YAK-9 - PARTIE 2

Ceci est la deuxième session que nous avons eu avec un pilote de Yak-9. Cette fois ci, il a été d’accord pour révéler son nom : Boris Alterman.
Au début de la session, nous avons montré à Boris le simu (FB 4.06). Sans trop d’explications, nous lui avons demandé de l’essayer. Les commandes utilisées étaient un X-52 et son Throttle (pas de pédales).
Les 5 minutes qui ont suivi ont été extrêmement mouvementées et excitantes, quelque chose que tous ceux qui étaient présents n’oublieront jamais. Boris Alterman, un homme de 83 ans, marchant avec une canne, s’est transformé en quelques secondes en un pilote professionnel et précis, regardant et bougeant tel un jeune homme.
Il a commencé par piloter le Yak-9, réalisant immédiatement des tonneaux parfaits. En les faisant, ses jambes bougeaient instinctivement, essayant de pousser les pédales (inexistantes) et son corps bougeait en anticipation des forces G.
Réaliser des loopings fut plus difficile, car il essayait d’évaluer sa position selon la position de son corps (et était peu familier du système de vues). En décrochage, là aussi il essayait de pousser les pédales.
Boris a volé sur le simu pendant 5 minutes. Nous pouvons dire qu’il l’a beaucoup apprécié, malgré son manque de familiarisation avec le joystick et les fonctions du simu. Il a dit que pour vraiment jouer il aurait besoin d’entraînement pour quelques jours, étant donné que les sensations dans le simu sont différentes de la réalité, du fait de l’absence de forces de gravité et des G sur le corps. Le joystick répond trop, le palonnier en réalité n’était pas difficile à appuyer.
La phase suivante fut l’interview. Nous avons laissé les tracks de FB tourner et ce que nous avons est basé sur ce qu’il a vu sur l’écran

A propos de son service durant la 2e GM :
Il a servi dans une unité nommée : “L’unité aérienne de reconnaissance et d’intelligence n° 117” (nous avons le nom en russe, nous ne sommes pas surs de la traduction exacte). Comme mentionné dans l’interview précédente, il faisait des missions d’escortes pour des Il-2 d’observation d’artillerie.

Formation de combat : En escortant les Il-2, une paire au même niveau, 1 km sur le côté en arrière, l’autre paire en avant et plus haut. 4 autres avions volaient en couverture haute. Différences d’altitudes - 500 mètres.

Communications : Au début de la guerre, seulement quelques avions avaient des récepteurs radios, et moins encore avaient des transmetteurs. Quand un pilote voyait un avion ennemi, il bougeait ses ailes pour attirer l’attention. A l’époque où il volait en missions de combats, 1945, tous les avions avaient des radios à 2 voies.

Navigation : Les pilotes d’Il-2 utilisaient des cartes. Les pilotes de combat n’avaient pas le temps pour ça. En conséquence ils se fiaient à des objets visuels et apprenaient la zone. Il n’y avait pas de balises. En cas de temps nuageux, ils volaient sous les nuages.

Bases aériennes : Improvisées, alors qu’ils chassaient les allemands en retraite en Prusse. Ils utilisaient des terrains agricoles. Parfois des filets en métal étaient étalés sur les champs. Le filet faisait 500 mètres de long, 100 mètres de large, taille 5X0.5 mètres.

Décollages et Atterrissages : Au centre de la piste, volets sortis à 15 degrés. Avec les freins serrés, Application de la puissance maxi puis mini, plusieurs fois, pour chauffer les bougies. Desserrer les freins, manette des gaz en avant, en mettant du palo. Lever la queue doucement pour empêcher les pales de l’hélice de toucher le sol et le fuselage de tourner à gauche ou à droite (en fonction du sens de rotation du moteur).

Distance de Tir : 200 mètres (pas recommandé) et moins, Puis c’est près mieux c’est. Au début de la guerre il n’y avait pas de cannons, seulement des mitrailleuses de 7.9mm.

Combattre un Messerschmitt avec un Yak-9 : Ca dépend des aptitudes du pilote. Si il est capable d’anticiper les mouvements de l’adversaire, et agir avant lui, il serait vainqueur. Il était très important de rester à l’intérieur du taux de virage de l’adversaire. Et encore une fois, ça dépend du pilote et pas de l’avion.

Attaque de face : Le FW pouvait le faire, grâce à son moteur en étoile qui pouvait être endommagé, protéger le pilote et continuer à fonctionner Le Yak-3 ne le pouvait pas, parce qu’il avait un radiateur, mais le Lavochkine pouvait.

Utilisation du palo en virage : Toujours. Garder la bille au centre.

Le Normandie Niémen : Il a visité leur escadron plusieurs fois, mais la communication était difficile à cause des différences de langue. Ils pilotaient des missions différentes, interceptions, protection de l’Armée du Général Zacharov. Une fois, après l’atterrissage, quelqu’un a apporté un ballon de football. Tout le monde, y compris les mécanos qui réparaient les avions de retour de mission, et qui les préparaient pour la suivante, quittaient leur activité et courraient jouer au football.
A la fin de la guerre, Staline leur a donné 33 nouveaux Yak-3 (sortis d’usine) comme un cadeau à la France.

I-16 (en arrière plan il a vu le TB-3 avec ses deux I-16) : Boris a ri comme s’il voyait un dinosaure revenir à la vie, et a dit qu’il étaient effectivement utilisés. Le moteur du I-16 ne se coupait pas immédiatement si le manche était poussé en avant ou même si l’avion volait inversé. Il y avait assez de carburant pour 2 ou 3 minutes avant que le moteur ne s’arrête de fonctionner (contrairement au jeu où il s’arrête immédiatement). Les Allemands étaient heureux de combattre ces avions, car ils les descendaient facilement.

P39 Aircobra : Ils n’avaient pas de portes mais une verrière coulissante. Le moteur n’était pas costaud. Dans la dernière année de la guerre, ils l’ont changé pour le Kingcobra. Pourquoi les américains ne le considéraient-ils pas adapté pour le dogfight ? “Ce sont les jambes du danseur, pas le sol”.

Hurricane : Extrêmement inflammable, se transformait en boule de feu rapidement (si vous aviez vu la mine dégoûtée sur son visage quand il a vu le Hurricane).

A propos des Yak et les La : Boris a piloté tous les modèles de Yak, sauf le 3 (il devait le faire, mais le cadeau à la France l’en a empêché), et les La-7, 9 et 11. Il considère le Yak comme un bon avion pour des pilotes médiocres, et le La pour des pilotes de plus haut niveau, en partie parce qu’ils étaient plus difficiles à faire atterrir.


Nous avons quelques histoires supplémentaires de Boris sur son expérience post-guerre, dont une fois où il a été pris dans une vrille inversée. Nous espérons également scanner quelques unes de ses photographies. Nous publierons ceci dans la partie 3.
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