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Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : sam. oct. 24, 2015 7:29 pm
par Philippe Ballarini
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J'imagine que comme moi, vous vous êtes dit "Pffff ! Encore un bouquin sur les kamikazes !" Entre nous, c'est de cette manière que je l'ai accueilli. Et puis je l'ai ouvert, et là, j'ai compris que j'étais en présence d'un ouvrage qui abordait la question d'une façon différente de ce à quoi nous étions habitués.
Les auteurs :
Pierre-François Souyri est professeur à l'université de Genève. Il a publié notamment la Nouvelle Histoire du Japon, un livre très remarqué.
Constance Sereni enseigne l'histoire du Japon au XXe siècle à l'Université de Genève.

Une approche intéressante et originale des différentes historiographies concernant ce qu'il faut bien appeler "le phénomène kamikaze". N'y cherchez pas d'opérationnel. On est plutôt dans le registre de l'étude sociologique, une tentative de répondre à la question "Comment le Japon en est-il venu à exiger de ses sujets un sacrifice ultime ?" Le peu que j'ai lu me donne le sentiment que bon nombre d'idées reçues vont voler en éclats.
Je vous en dirai davantage lorsque je l'aurai lu, mais à vu de nez, nous sommes dans le registre de l'excellence. N'y recherchez toutefois pas d'opérationnel.

Une présentation provisoire en attendant la recension.

PB

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : sam. oct. 24, 2015 8:36 pm
par PatCartier
A noter: ce livre ne traite pas exclusivement de l'aviation.
Très intéressant.

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : sam. nov. 21, 2015 1:25 am
par Philippe Ballarini
Bonjoursoir,

À dire vrai, je n'envisageais guère d'octroyer un coup de cœur à ce livre.
Tout bêtement parce qu'il y a peu, le même éditeur en recevait un pour un livre de Pierre Razoux. Deux coups de cœur pour le même éditeur en si peu de temps, cela m'ennuyait vraiment. Mais alors que j'en terminais la lecture (et la recension), je m'apercevais que décidément je ne pouvais pas faire l'économie de cette "distinction".

Comme le précise ma critique, il ne faut pas s'attendre à des détails dans le registre de l'opérationnel. En revanche, nos deux spécialistes de l'histoire du Japon signent un livre indispensable à la bonne compréhension du "phénomène kamikaze". Le neuvième "coup de cœur" de l'année.

Kamikazes : la recension de l'Aérobibliothèque

Bonne lecture.

PB

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : sam. nov. 21, 2015 12:16 pm
par rakacha
Ah les notes en bas de page, c'est aussi un truc que j'apprécie énormément.

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : sam. nov. 21, 2015 8:15 pm
par Philippe Ballarini
rakacha a écrit :Ah les notes en bas de page, c'est aussi un truc que j'apprécie énormément.
Il y a pire encore que les notes en fin d'ouvrage : il y a celles en fin de chapitre. Et d'une il faut la trouver, cette fin de chapitre. Et de deux, il faut chercher la note. Bilan de l'opération : on laisse tomber, au risque de ne pas bien comprendre. :crying:

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : sam. nov. 21, 2015 11:16 pm
par Kamov
Philippe Ballarini a écrit :
rakacha a écrit :Ah les notes en bas de page, c'est aussi un truc que j'apprécie énormément.
Il y a pire encore que les notes en fin d'ouvrage : il y a celles en fin de chapitre. Et d'une il faut la trouver, cette fin de chapitre. Et de deux, il faut chercher la note. Bilan de l'opération : on laisse tomber, au risque de ne pas bien comprendre. :crying:
Oui je comprends j'ai eu quelques bouquins comme ça inachevés, ça m'énervais d'aller chercher toutes les quatre phrases les notes en fin de chapitre ou du livre :busted_re

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : dim. nov. 22, 2015 7:33 am
par CJE
Philippe, je me permets de pas être du tout d'accord avec ta recension.

Cela fait bien longtemps que plus aucun auteur, pas plus américain qu'autre chose, ne tombe dans le piège du "volontariat" et encore moins du "fanatisme" (je crois me souvenir que même Bernard Millot réfutait cette thèse dans son livre). Il y a longtemps qu'a été mise en avant la coercition invisible et le poids de la pression sociale. "Ils" y sont allés moins pour ne pas se couvrir de déshonneur que pour éviter le regard familial s'ils avaient refusé. Combien de survivants ont hésité à franchir le pas de la porte de leur maison, une fois rentrés au pays après la fin de la guerre ? Certains livres ont publié la dernière lettre des "l'heureux élus" et, dans la plupart des cas, on ne sent guère pointer l'enthousiasme, plutôt la résignation.

Si le rôle d'Onishi a été, en effet, important, il s'avère qu'il n'a été qu'une courroie de transmission entre les pilotes et le Haut état-major qui avait déjà pris cette décision depuis longtemps et qu'il certainement pas été l'instigateur des "missions spéciales". Ne pas oublier que le programme du "Ohka" a été lancé dès fin 1944, soit quatre mois avant l'arrivée d'Onishi aux Philippines. Dans cette optique, il est faux de dire que cette "tactique" ne devait être que provisoire. Tout était en place pour qu'elle s'inscrive au contraire dans la durée. C'est peut-être pour mieux faire accepter sa mission que le Haut état-major a "vendu" à Onishi ces opérations comme temporaires, car il fallait un sacré estomac pour envoyer en toute connaissance de cause la fine fleur de son pays à la mort.

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : lun. nov. 23, 2015 6:39 am
par Philippe Ballarini
Christian,

Je me permets de ne pas être d'accord avec ton "pas d'accord". :Jumpy:

Cela fait bien longtemps que plus aucun auteur, pas plus américain qu'autre chose, ne tombe dans le piège du "volontariat" et encore moins du "fanatisme"

Mouais. Je me dois de te contredire sur ce point. Je lis beaucoup, très très beaucoup, même. Et pas seulement "Bonnes soirées" ou "Fripounet et Marisette". Le volontariat des kamikazes, c'est tout de même un schéma qui revient souvent, et encore ! Nous ne parlerons pas des mangas ou des "documentaires", etc. qui sont tout de même des "sources" qu'on ne peut pas ignorer. Il t'a d'ailleurs été donné, sauf erreur, de visionner assez récemment deux films japonais dont l'un des deux, au moins, véhiculait cette version. Ce serait une erreur de croire que, sur le sujet des kamikazes (comme de l'histoire ou de l'aviation en général), seuls écrivent (et sont lus) une poignée d'auteurs hautement qualifiés.
En tout cas, c'est bien la première fois que je vois la question de la pression sociale et idéologique étudiée avec autant de profondeur (rien que 42 pages sur le sujet, tout de même !), avec une profusion de détails. Intéressant également le topo sur l'origine sociale des kamikazes.

Quant à Onishi et au Oka, puisque, sauf erreur, tu as reçu le bouquin en SP de chez Flammarion, il ne t'aura pas échappé que les auteurs n'écrivent rien d'autre :

Certaines de ces armes ont été élaborées bien avant qu'Ōnishi ne donne l'ordre aux premiers kamikazes de décoller, ce qui, encore une fois, tend à relativiser son rôle en tant que « père » des kamikazes : il est vrai que c'est lui qui a formé les premiers escadrons de kamikazes, mais la marine et l'armée de terre étaient déjà en train de mettre au point des armes destinées à des attaques suicide. (page 115)

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"Devenir kamikaze ? Rontûdjû ! Je m'en arrache les cheveux !" s'exclama le capitaine Seki quand Onishi lui annonça qu'il conduirait la première attaque suicide.

Je te laisse. C'est l'heure de mon Banania. :cheer:
PS1 : Mais je te recommande néanmoins la lecture du bouquin. :yes:
PS2 : Il faut encore que je mette en place une intéressante interview de Pierre-François Souyri (La fabrique de l'histoire - France Culture)

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : lun. nov. 23, 2015 8:31 am
par CJE
Certes, certes... mais je parlais d'auteurs sérieux.
Pour mon article sur les kamikazes, j'ai aussi lu beaucoup (mais pas de mangas) et pas que des ouvrages récents (certains dataient de plus de 20 ans).
Tous m'ont donné l'impression que Souyri enfonçait des portes ouvertes et avec quelque retard - mais vieux motard que j'aimais.
Je pense que son étiquette universitaire lui donne un écho que n'ont pas de simples chercheurs - la plupart des auteurs américains sont des amateurs éclairés, y compris les plus brillants comme Jonatghan Parshall. Il est d'ailleurs symptômatique qu'il ait été invité par la "Fabrique de l'histoire" - une émission que j'aime beaucoup - mais qui pratique beaucoup l'entre-soi.

PS - Je n'ai pas encore fini le livre.

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : lun. nov. 23, 2015 11:24 am
par Gaston
Aha... voilà un bouquin que je vais probablement acheter !

Je vois plus haut que quelqu'un parle d'un intéressant topo sur l'origine sociale des kamikazes... ça me rend très curieux ! car je suppose que le Japon n'a pas échappé à ce qui se passe partout dans le monde : ce ne sont pas les enfants des élites qu'on envoie à la mort assurée... ou je me trompe ?

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : lun. nov. 23, 2015 11:25 am
par jeanba
Gaston a écrit :Aha... voilà un bouquin que je vais probablement acheter !

Je vois plus haut que quelqu'un parle d'un intéressant topo sur l'origine sociale des kamikazes... ça me rend très curieux ! car je suppose que le Japon n'a pas échappé à ce qui se passe partout dans le monde : ce ne sont pas les enfants des élites qu'on envoie à la mort assurée... ou je me trompe ?
Il y avait "de tout"
J'avais vu vers 1995 u document sur Arte parlant des kamikazes et qui mettait l'accent sur la pression mise sur les "volontaires"
Apparemment, ceux qui refusaient étaient muté dans les secteurs les plus durs

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : lun. nov. 23, 2015 12:30 pm
par Philippe Ballarini
Gaston a écrit :car je suppose que le Japon n'a pas échappé à ce qui se passe partout dans le monde : ce ne sont pas les enfants des élites qu'on envoie à la mort assurée... ou je me trompe ?
Outre l'effarante jeunesse* des "volontaires" (nous avons tous vu un jour la photo [ci-dessous] d'Araki Yukio et de ses camarades trois jours avant sa mort), il y a effectivement la question de leur origine sociale. Selon les auteurs, les enfants des patrons des grandes sociétés échappent à ce recrutement, mais il y a autre chose d'intéressant : les "volontaires" sont souvent choisis parmi les étudiants qui se destinaient à des carrières autres que techniques. Ce sujet est abordé dans l'émission du 9 octobre de la Fabrique de l'histoire, mais il figure au milieu d'autres interviews. J'ai récupéré le mp3 et je vais isoler l'interview de Pierre-François Souyri et je la mettrai en ligne si j'obtiens l'autorisation de Radio France.

Gaston, vous deviez vous mettre en chasse de cette interview qui vous intéressera (un peu bordélique à trouver). Ceux que ce bouquin intéresse ne devraient pas trop traîner les pieds : j'en ai eu connaissance tardivement et il m'a fallu pleurnicher pour avoir un service de presse. Selon ma correspondante, le stock a déjà bien fondu et je suis arrivé un peu tard sur ce coup. Apparemment, Flammarion n'avait pas communiqué avec la presse aéro pour ce livre, car je ne souviens pas avoir vu de communiqué chez mes confrères de la presse imprimée.

* au sujet de cette jeunesse, je n'ai pas pu m'empêcher de faire un parallèle avec la U-Bootwaffe. Lothar-Günther Buchheim, jeunot, avait effectué un reportage à bord d'un sous-marin allemand pendant la guerre (on lui doit le livre "Das Boot" et donc le scénario du film homonyme). Pour lui, Dönitz était un des pires criminels de guerre pour avoir organisé une sorte de "croisade des enfants". (Il me semble me souvenir que la moyenne d'âge des matelots sous-mariniers était de l'ordre de 17 ans, avec une espérance de vie très limitée (je n'ai plus le taux de survivants, mais c'est effarant).

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Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : lun. nov. 23, 2015 3:41 pm
par Rob1
Philippe Ballarini a écrit :* au sujet de cette jeunesse, je n'ai pas m'empêcher de faire un parallèle avec la U-Bootwaffe. Lothar-Günther Buchheim, jeunot, avait effectué un reportage à bord d'un sous-marin allemand pendant la guerre (on lui doit le livre "Das Boot" et donc le scénario du film homonyme). Pour lui, Dönitz était un des pires criminels de guerre pour avoir organisé une sorte de "croisade des enfants". (Il me semble me souvenir que la moyenne d'âge des matelots sous-mariniers était de l'ordre de 17 ans, avec une espérance de vie très limitée (je n'ai plus le taux de survivants, mais c'est effarant).
Le chiffre souvent repris pour la U-Bootwaffe est de 10 000 sous-mariniers survivants sur 40 000. (Notamment cité en intro du film Das Boot).

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : lun. nov. 23, 2015 4:18 pm
par Obelix
On retrouve ce phénomène avec la 12. SS PanzerGrenadier Division dont les effectifs sont puisés dans les Jeunesse hitlériennes (hors les cadres) avec de très jeunes enfants

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : lun. nov. 23, 2015 6:13 pm
par Gaston
Comme quoi une donnée est essentielle, en temps de guerre comme en temps de paix : mieux vaut être l'enfant de gens des classes supérieures ou des classes dirigeantes que fils de prolo ! mais bon... on le savait déjà, hein...

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : jeu. déc. 17, 2015 2:31 am
par Taeht Dewoht
Concernant les kamikaze, il me semble qu'effectivement, que cela soit dans les livres ou même documentaires, l'aspect volontaire ou fanatique est contrebalancé par la pression morale évoquée ci-dessus.
Que l'ouvrage mette en avant des thèses déjà évoquées n'est pas critiquable en soi. Un auteur n'est pas obligé de tout réinventé en matière d'approche historique. Il peut nuancer, approfondir certains aspects. Ce qui est critiquable c'est de vouloir faire croire qu'on vient de tout inventer et qu'on livre un regard définitif et nouveau.
N'ayant pas lu le livre, je ne peux pas le juger sur ce plan.

Par contre, plus inquiétant, c'est le regard sur le phénomène qu'avaient encore certains acteurs au terme de leur vie... Ainsi dans le "Guerres et Histoire" n° 25 de juin 2015, le pilote rescapé Itatsu Tadamasa semble n'avoir eu qu'un seul regret tout au long de sa vie: avoir manqué la mission suicide (problème technique). Non seulement, il ne remet pas en question la vanité de l'opération (en ki 27 !!!! semble-t-il,- mais il reste très vague quand à l'aspect opérationnel) mais il continue d'affirmer que tous les pilotes étaient volontaires et qu'il n'y a pas eu de pressions ou d'obligation. Même au terme de sa vie, après s'être intéressé des années durant au phénomène et avoir été directeur du musée de la Paix de Chiran, le regard n'a pas évolué.
S'il semble qu'une forme de révisionnisme et de nationalisme soit à nouveau de mode au Japon, ce manque de recul face aux événements pourrait bien en être une concrétisation.


... Parce que franchement, accepter de partir en Ki 27 en '45 en espérant faire grand mal à la flotte américaine peut être compréhensible de la part d'un jeune homme de 20 ans baignant dans son milieu ultranationaliste et militariste mais cela traduit une méconnaissance totale de la réalité opérationnelle.
Ne même pas se poser de questions sur la validité d'une telle action des années après est vraiment surprenant.

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : jeu. déc. 17, 2015 9:53 am
par Razneff
Taeht Dewoht a écrit :en ki 27 !!!! semble-t-il
Ce qui n'est pas impossible du tout. Il y a quelques mois, j'ai lu un vieil ouvrage (Stock, 1972), J'étais un kamikaze, préface de Closterman. L'auteur, Ryuji Nagatsuka, évoque un vol en Ki-27, pas kamikaze, mais pour attaquer... des B29, à la toute fin de l'année 1944. Citation, p181: "Il est presque impossible de descendre la Superforteresse avec les balles de 7,7 millimètres, mais ce serait lâche de formuler quelque plainte que ce soit".

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : jeu. déc. 17, 2015 10:05 am
par CJE
Il me semble peu probable que le Ki.27 ait été utilisé pour les "missions spéciales", faute d'une autonomie suffisante pour faire le voyage Kyûshû - Okinawa.
C'était éventuellement possible avec des vieux biplaces (type "Willow") avec un fût en place arrière (au prix d'un sacré bricolage).

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : jeu. déc. 17, 2015 11:16 am
par garance
@ CJE

Peut-être que ces Ki27 étaient prévus sur les missions Kikusui lancées alors que la TF 38 en juillet 45 évolue souvent à quelques dizaines de nautiques des côtes japonaises

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : jeu. déc. 17, 2015 11:51 am
par CJE
Ils pouvaient transporter une bombe de 250 kg ?
Je dubite fortement...

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : jeu. déc. 17, 2015 1:07 pm
par LEPEREMAGLOIRE
A priori c'est la version d'entrainement biplace du Ki-27: le Ki-79 Manshu qui a été utilisée par les kamikazes

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:flowers:

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : jeu. déc. 17, 2015 4:39 pm
par CJE
OK.
Merci.

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : jeu. déc. 17, 2015 9:09 pm
par larsenjp
Je pense que c'est un problème assez complexe; à mon avis il y a eu plusieurs profils de kamikaze.

Les premiers (chronologiquement) étaient des pilotes du front qui étaient probablement exaspérés par la supériorité américaine et qui brûlaient de trouver un moyen efficace de venger les pertes nippones. Etant donné qu'un avion d'attaque classique avait toutes les chances de se faire descendre avant d'avoir pu lancer sa bombe (qui elle-même a peu de chance de toucher sans même parler de couler la cible), autant aller juqu'au bout et percuter. Le sentiment de deshonneur en cas d'échec et de vouloir à tout prix tuer l'ennemi même au prix de sa propre vie dominait de toute façon, même avant que la guerre ne tourne mal, et même avant la guerre du Pacifique (cf. les mémoires de Juzo Mori, en Chine).
Il y a sans doute aussi ceux qui en ont simplement reçu l'ordre et on ne rigolait pas avec la discipline dans les forces armées impériales; il était très difficile de refuser un ordre.

Ensuite, il a fallu élargir la base d'où le recrutement d'étudiants, des jeunes gens exaltés, proies faciles et consentantes pour la propagande qu'ils subissaient de toute façon depuis l'enfance. Cela ne veut pas dire que certains ne sont pas posés de question mais l'effet d'entraînement du groupe et la pression qui en résultait devait être énorme. Et effectivement j'ai lu quelque part que la "cible prioritaire" était les étudiants en sciences humaines (droit, histoire etc.) qui étaient considérés comme "inutiles" dans le cadre de l'effort de guerre.

Re: Kamikazes (Constance Sereni & Pierre-François Souyri)

Publié : sam. déc. 19, 2015 2:29 am
par Taeht Dewoht
LEPEREMAGLOIRE a écrit :A priori c'est la version d'entrainement biplace du Ki-27: le Ki-79 Manshu qui a été utilisée par les kamikazes

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:flowers:
Ce serait une explication car il me semble que le Ki27 de chasse pouvait juste emporter deux bombinettes.... Bref, un avion bien trop léger structurellement pour faire bien mal même avec ses petits projectiles.

Quoiqu'il en soit le témoignage évoqué dans "Guerres et Histoire" restait très vague sur les appareils, les vols, la formation etc et restait confus quant à la distinction aviation de marine et aviation de terre. C'est parce qu'il mentionne le Ki 27 qu'on peut déduire l'arme dans laquelle il était versé. J'ajoute que le kamikaze en question était persuadé d'appartenir à une "arme d'élite"... Ce qui conforte l'impression d'aveuglement total chez certains d'entre eux. Car si on peut caractériser les opérations spéciales d' "arme d'élite", c'est uniquement du fait qu'elles regroupent des volontaires et qu'elles représentent l'arme de la dernière chance. Mais si on se penche sur les matériels, l'entraînement et l'expérience des pilotes, on est loin d'une "arme d'élite".