jeanba a écrit : ↑mer. juil. 10, 2019 3:19 pm
Deltafan a écrit : ↑mer. juil. 10, 2019 12:52 pm
jeanba a écrit : ↑mar. juil. 09, 2019 5:14 pm
D'après les témoignages polonais qui traînent un peu partout sur le net, je crois que ce livre ne va pas être tendre avec les français.
Ils ne l'étaient déjà pas à l'époque, les pilotes polonais considérant (où ai-je lu ça ? Peut-être le livre sur les "1000" victoires de la chasse française de Gisclon) que c'était un b... total en France, alors qu'ils ont loué l'organisation british (à mettre en perspective avec la vision british "indisciplinée" des Polonais...).
C'est à ça que je faisais référence, pas à la Pologne moderne
Bonjour à tous
Je ne rentrerais pas dans les détails concernant le livre à venir. D'abord parce que je ne l'ai pas lu (logique il est pas encore sorti) ensuite parceque c'est un sujet que je connais fort bien ayant publié il y a longtemps à son propos. Par contre, "Ultimate" m'apparaît une chouille présomptueux à mon goût mais ça correspond assez bien à l'image que l'auteur se fait de lui même (jugement de valeur que j'assume parfaitement).
Bref, l'idée n'est pas là. "Le livre ne va pas être tendre avec les français" c'est fort probable et pour plusieurs raisons. La première est que c'est la tendance général de l'auteur. La seconde est que c'est, effectivement, la tendance de beaucoup (pas tous) de rapports de pilotes polonais écrits concernant leur passage en France.
Peut-il en être autrement alors même que nous avons à faire à des combattants ayant connu l'expérience d'une première défaite et dont cette même expérience n'a, à aucun moment, été mise à profit ? Je ne le crois guère.
Mais à y regarder de près, les pilotes polonais sont finalement alignés avec leurs camarades français : hiérarchie vieillissante, système d'alerte inexistant, arrière déconnecté des réalités et j'en passe.
Je rajouterais qu'à leur arrivé en Angleterre ces hommes sont 1) en colère 2) ils veulent reprendre le combat le plus vite possible 3) ils ont tout intérêt à se mettre en valeur. De facto les curseurs sont un peu poussés dans les extrêmes histoire de gagner le plus vite possible la confiance des anglais.
En résumé il faut prendre en comptes des éléments de modération.
Dans le cas des patrouilles détachés en groupe de chasse dans l'immense majorité des cas la collaboration s'est déroulé à merveille entre les hommes. Ce fut nettement plus compliqué dans le cas des patrouilles de défenses, les polonais étant balancés à la va comme je te pousse en défense des point sensibles. Là encore l'amertume qui en a découlé peut se comprendre...
Mais les faits sont têtus... A titre d'exemple, j'ai traité du cas de Zumbach dans mon récent ouvrage sur le 1/55 (pardon pour la pub mais je parle de ce que je connais). Son témoignage dans son ouvrage "Mister Brown" est truffé d'erreur factuel tandis que celui rédigé immédiatement après son arrivé en GB et disponible à l'institut Sikorski est plus pondéré. Néanmoins il stigmatise une forme de couardise des pilotes français et le fait qu'ils ne volaient pas beaucoup. Carnet de vols et rapports prouvent le contraire...
Pour le 1/145, la légende voulant qu'on refourgue du matériel pourri aux polonais en les envoyant à l'abattoir de si brillant combattant est à balayer d'un revers de la mains.
En effet à l'origine, l'EM français donne l'ordre de séparer les deux escadrille pour protéger les points sensibles d'Avord et Clermont. Loin du front donc et ce en attendant la possibilité d'un meilleur équipement. Le problème c'est que le gouvernement polonais fait des pieds et des mains pour avoir un groupe de chasse au complet et au front. Or il n'y a aucune disponibilité matériel pour l'équiper... CQFD. L'expérience bouclé en quelques jours, la majorités des pilotes sont dispatchés au I/1 et I/8 où ils volent d'ailleurs très rapidement.
Tout n'est pas aussi "noir et blanc" qu'on voudrait parfois le croire. De la même manière, considérer basiquement qu'on aurait du utiliser des pilotes polonais "parfaits" plus rapidement et en plus grand nombre fait fit de nombreux autres impératifs - dont celui non négligeable de la langue. Certes, certains officiers français (on va dire non combattant pour simplifier) ne les portaient pas en très haute estime (pour tout un tas de raisons sociétales propres à l'entre deux guerre) mais à partir du moment ou le DIAP de Lyon se met en marche (tardivement faute de moyens) ça dépote sérieusement et leurs qualités sont très rapidement reconnues. Enfin, ne soyons pas idyllique, plusieurs rapports montre effectivement une forme d'indiscipline et une capacité à sortir du cadre non négligeable. Mais il est assez marrant de constater que ce sont des Français qui puissent faire ce type de reproche :-) et vice versa d'ailleurs. A l'inverse il est intéressant de constater que les français notait aussi une rigueur extrême de certains officiers et des comportements parfois durs.
Bref, il ne faut pas caricaturer, ce qui apparaît un peu trop souvent à mon goût dans certaines littératures polonaise (qui oublie bien souvent de consulter les archives françaises pour "vérifier" et contextualiser).
Quant à la comparaison avec l'exceptionnel rôle des polonais en GB, il me paraît par trop simpliste... mais c'est un autre débat.
Tout cela n'est qu'un avis parmi d'autres :-)
Amitiés à tous
Matt