Fighter Boys : Saving Britain 1940

[SpruceGoose]

Voilà un ouvrage très sympa qui devrait plaire à tous ceux qui aiment les détails du quotidien des pilotes de chasse.
L’époque relatée est celle de la fameuse Bataille d’Angleterre.

L’auteur Patrick Bishop passe en revue en 430 pages (à raison d’une moyenne de 370 mots par page – dense donc) tous les aspects techniques et humains de la vie de ceux qui ont été, en quelques mois, métamorphosés de "farmboy" ou "posh boy" en héros, et qui seront connus sous le puissant sous-entendu "The Few".

Le style est simple, la structure de la prose dénuée de toute sophistication, un peu comme dans The Lords of the Rings de Tolkien (pour ceux qui l’auraient lu) où les personnages ne gagnent leur importance que par leurs paroles et leurs actes et non pas leurs pensées intérieures, et où la vraie personnalité ne peut se révéler autrement que dans l'action.
Le ton est paternaliste, à l’image du titre. On ressent bien toute l’affection et la gratitude de l’auteur envers ces "Boys", sans toutefois sombrer dans l'excès de la vénération.
Le rythme est tranquille mais sans que l’ennui n’arrive à se nicher car les informations s’enchaînent ligne après ligne, avec discipline, sans bousculade, au rythme implacable du métronome.

On apprend par exemple que la RAF, sévère sur le plan de la discipline et l’entraînement, était tolérante sur le plan du cursus scolaire et toute latitude était laissée aux recruteurs afin de ratisser large et essayer de prendre ceux qui resteraient en vie dans le ciel de guerre.
Les "Boys" des familles défavorisées, ayant quitté l’école à 14 ans sans diplôme, eurent donc leur chance de piloter Hurricanes et autres Spitfires, et l’occasion de s’illustrer.
Bien sûr on abordera la différenciation entre les officiers bien nés et les autres au sein des escadrons.

On parle des peurs des crash dans la Manche. Et surtout de celle de se retrouver membre à vie du terrible Guinea Pig Club. Chacun y cherchera sa solution.

On parle de rapports entre hommes et femmes, de ce que la hiérarchie tolère ou condamne.

On parle de la mort des uns à la toute première mission, de la mort des camarades tout court. De comment il faut s’organiser afin de pouvoir tenir et avoir foi en la victoire.

En plus de 400 pages, on a vraiment le temps de parler de tout et on ne s’en prive nullement.

Mais ce qui est remarquable, c’est qu’à chaque événement nouveau, il y aura toujours au moins un grade, un nom, un visage, un type qui en aura fait l’expérience et qui nous enrichit.

Dans "Fighter Boys", on est jamais seul. On est entouré en permanence de ces jeunes gens en pantalon de laine bleue froissé aux mollets par les bottes fourrées montantes, en veste ceinturée assortie étrangement associée à un gilet jaune dépareillé gonflable par la bouche. On finirait presque par sentir leur sueur et leur taper dans le dos comme avec de vieux potes.

Il n’y a pas à dire, il y a eu un travail de recherche assez colossal et difficile dans cet ouvrage.
Vivement que je me procure "Bomber Boys"... de Patrick Bishop.

***

[EDIT] Ce n'est pas un livre d'histoire sur la Bataille d'Angleterre, donc "Historiens s'abstenir", mais un bon complément sur certains des acteurs.

[warbird2000]

Merci pour cette brillante synthèse

Continue sur cette voie

[ex:Kaos]

BoB est loin d'être ma tasse de thé (:Jumpy: ), mais j'avoue que je me laisserais bien tenter...