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Publié : dim. janv. 11, 2004 5:45 pm
par Moutton
Janvier 1944


Il fait beau, il fait doux. Le soleil est haut dans le ciel, les quelques nuages poussés lentement par le vent m’amènent de l’ombre de temps à autre. Les pieds plongés dans la rivière fraîche, je somnole longuement. Cela doit faire une bonne heure que je suis là, ma canne à pêche aussi. Je n’ai pas de chance aujourd’hui, les poissons ne mordent pas mais je m’en fiche, je suis heureux. Le front me semble bien loin. Ici, plus de guerre, plus d’avions, plus de bombes, plus d’obus, plus rien. Que le silence. Eva, ma femme, est assise près de l’arbre, je l’entends chanter. Les enfants jouent un peu plus loin, dans l’herbe grasse du printemps. Ah, quelques poissons courageux se frottent à mes pieds, je ne réagis pas. J’ai déjà commis trop de violence. Je laisse ces agresseurs faire leurs méfaits, ils ne sont pas bien méchants. Quel jour sommes-nous ? Dimanche ? Non, il n’y a pas eu de messe ou alors je l’ai ratée. Lundi ? Peut-être. Je m’en fiche, je suis bien. Au loin, les bruits de la ville chantonnent la petite mélodie des usines. Tout est si calme …
« Reinhardt !!! Reinhardt !!! »
J’ouvre les yeux. Hanz me hurle dans les oreilles. Une sirène siffle de tous ses organes.
« Alerte ! Un raid dans notre direction ! »
Machinalement, je sursaute dans mon lit. Je suis assis, seul dans le dortoir, ils sont déjà tous dehors. La sirène finit de me sortir de mon rêve. C’est la guerre.
D’un bond, je suis hors du lit. Quelques secondes plus tard, je cours vers le quartier général. Le soleil vient juste de se lever. Arrivant bon dernier dans la salle de briefing, je m’installe au premier rang. Le kommandant finira de me réveiller.
« Ce matin, une formation de bombardier a été détectée par nos stations radars. Ils sont en ce moment même en train de franchir la Manche. Nos opérateurs tentent d’estimer leur objectif d’aujourd’hui. Notre mission sera de les intercepter sur le chemin du retour, d’autres seront chargés de les attaquer avant. »
« Génial, rien de tel qu’une interception de bon matin. »
« Il est 7h52, l’heure de décollage estimée est de 9h15. Vous serez donnés plus d’informations dès que possible. Préparez vos appareils. Et Bulhinger, je vous dispense de vos commentaires ! »
Aie. Il m’a entendu.
Tout le monde sort en rang de la salle. Je rejoins Hanz à la cantine.
« Alors, en forme ce matin ? » me fit il.
« On a connu mieux. »
« On va pouvoir tester nos nouveaux appareils ! » dit-il en gloussant.
Nos nouveaux appareils. Les fameux FW190A8. Depuis un mois nous nous entraînons tous les jours dessus. Finis nos lents Stukas, nous sommes passés à la vitesse supérieure, et ce n’est pas peu de le dire.
Le reste du petit déjeuner fut pris dans le silence. On ne sait jamais quoi vraiment quoi dire le matin, qui sera peut-être le dernier de notre vie. Une fois fini, je retourne au dortoir, enfiler ma combinaison de vol. Cette fois, j’ai le temps. A chaque vêtement enfilé, je regarde ma femme, sa photo épinglée sur le mur. C’est pour elle que je fais ça. Quand je pars dans les cieux, elle s’enfouit dans les abris souterrains pour échapper aux bombes. Sa mère a été tuée par une de ces bombes. Une bombe perdue, tombée sur une ferme à 20 kilomètres de toute structure majeure. Même les experts en balistique n’arrivent pas à m’expliquer. Et je n’arrive pas à le lui expliquer. Elle n’a pas de haine envers les américains car elle sait que nos troupes font de même sur les autres peuples. Incompréhension. Pourquoi toute cette violence ? Elle n’a jamais demandée cela, et pourtant elle la subit. De mon mieux, je la protège, tout en créant ma part de violence dans les cieux. Maudite guerre.
8h30.
Le kommandant nous appelle. Les bombardiers ont pour objectif Stufkreig et ses usines d’aluminium. La formation semble consister d’une cinquantaine de bombardiers et d’une vingtaine de chasseurs d’escorte.
Nous ne pouvons aligner que huit appareils dans notre groupe. Huit Focke-Wulf D9 ‘Dora’ assureront notre couverture, et huit Bf-110 nous assisterons contre les bombardiers. Bien entendu, nous ne nous attaquerons qu’à l’arrière de la formation, sur les traînards pour les achever. Quelle gloire.
Je suis affecté à la deuxième paire du premier groupe. Hanz sera mon leader. La mission sera simple. Montée à 7500mètres en spirale au dessus de Burgstreim. Prendre le cap d’interception. Foncer sur les bombardiers et en abattre le plus. Notre seule chance de ne pas y rester est que les mitrailleurs américains aient épuisé leurs munitions lors des premières attaques et que les chasseurs d’escorte ne soient pas capables d’intervenir. Notre seule chance, bien mince.
Les bombardiers sont des B17 et sont accompagnés par des P47. Parmi les plus féroces adversaires, on pouvait décidément difficilement trouver pire.
Décollage à 9h07. Interception à 9h36.
Joyeux programme.

Nous sortons de la salle.
« Même pas le temps pour un dernier schnaps ! » me fait Ugo. Toujours le mot pour décontracter. Je ne l’ai jamais vu stressé. Même lors de cette mission contre ce port russe défendu par une cinquantaine de poste de DCA. Il avait le même sourire qu’aujourd’hui. Il savait qu’il allait revenir. Il en avait l’étoffe.
« Allez mon grand, cesse de rêvasser en monte dans ton bébé. » Hanz me passe devant, une tape dans l’épaule.
Mon Numéro 9 est là. Gustav, mon mécano, finit de me le préparer. Sans un mot, je fais le tour de l’appareil, je vérifie les ailerons, la profondeur, les trappes pour qu’elles soient bien fermées. Il me regarde faire.
« Elle est prête. Elle n’attend que vous. »
« Je l’espère. »
« Je n’ai qu’un ordre à vous donner : Ne la cassez pas. »
« Pas une égratignure. »
Et j’enfile mon parachute. Je m’assois dans le cockpit. Les derniers ajustements. Gustav me serre le harnais, bien serré, comme j’aime.
« C’est parfait. » d’un geste de la main, je le remercie.
Tout le monde est prêt. Tous, nous levons le pouce. Les tests radio peuvent commencer. Chacun notre tour, nous vérifions notre laryngophone, pas question de partir muets. Puis le leader lance son moteur. Encore, chacun notre tour nous lançons nos moteurs. Nos mécaniciens aidant, assis sur l’extrémité de notre aile droite, nous avançons un par un vers la piste de décollage. Ca y est, nous sommes alignés.

Gustav me fait un signe de la main, je lui réponds d’un pouce levé. Il saute sur la piste, et s’en va se mettre à l’abri. Il est 9h05.
« Deux minutes. » nous informe le leader. Mais nous le savons tous déjà. Alors qu’il informe la tour que nous sommes prêts, je vérifie encore une fois les instruments. Carburant OK. Pression d’huile OK. Munitions OK. Altimètre OK. Compas répétiteur OK. Tachymètre OK. Volets sur ‘décollage’ OK. Une dernière fois j’actionne les ailerons pour vérifier leur bon fonctionnement.
« Leader Schwarm Noir roulage. »
La mission commence, il est 9h07.
« Noir 2 roulage. »
« Noir 3 roulage. » Hanz s’élance sur la piste. Je patiente deux secondes, puis j’enfonce la manette des gaz.
« Noir 4 roulage. » Les tours augmentent. Le moteur s’énerve, il hurle à cette venue brutale de nourriture. Mais il aime ça. Du palonnier je contre le couple du moteur qui me fait dévier de la piste. La vitesse augmente. Je suis le dernier du premier groupe. Déjà le leader Rouge doit être en train de pousser sa manette des gaz. Rapidement, les trains ne touchent plus le sol. Avec délicatesse, j’enclenche leur rentrée et remonte les volets d’un cran.
« Noir leader sur cap en montée à 5 vitesse 3-5-0. »
Il n’y a pas de temps à perdre, notre carburant est précieux. Habituellement, un hippodrome autour de la base est nécessaire pour rassembler le groupe. Cette fois, nous prenons directement le cap vers le point de rendez-vous avec les Bf-110 et les Dora. Je prends donc une légère inclinaison sur la droite. Au loin je vois les trois premiers Focke Wulf. Négligemment, le leader réduira ses gaz pour qu’on puisse le rattraper sur le cap.
« Noir 2 en position. »
Quelques secondes plus tard, c’est au tour de Hanz de s’affirmer en position, et encore quelques secondes plus tard, le groupe est formé.

« de Noir leader, Burgstreim à 1 heure. »
Le point de rendez-vous. Mais nous ne sommes qu’à 2.000 mètres et il n’est que 9h12. Il nous reste à monter à 7.500 mètres et attendre le reste de la formation. Nous montons en spirale autour de la ville. Quel doux spectacle. Plus je monte, plus la réalité avec la guerre semble s’éloigner comme si cette violence n’existait pas dans les airs. Quelle étrange sensation. D’ici, tout semble si calme, si reposé, si doux.
La tour de contrôle nous informe que les Dora viennent de décoller. Ils vont nous rejoindre dans 7 minutes. Les Bf-110 ‘Zerstörers’ sont sur le chemin. La machine est en route. Dans quelques minutes, dans ce ciel si calme, les armes vont se déchaîner et déchirer cette si fragile harmonie.

« de Contrôle Sol, nous percevons des contacts venant sur les bombardiers. Chasseurs d’escorte américains, je répète chasseurs d’escorte. Observations au sol indiquent des P51. »
« de Noir leader bien reçu. »
Il ne manquait plus que ça. Avec un peu de chance, ils arriveront trop tard, avec un peu de malchance c’est nous qui arriverons trop tard. Mais notre objectif était les bombardiers et non les chasseurs. Un regard à mon altimètre. 6.000 mètres. Il faut encore monter.
« de Noir leader à schwarm Noir, les Dora ont engagés les P47. »
Ils sont déjà au combat ? Ces nouveaux appareils m’étonneront toujours.

Plus tard, on apprendra que la première victoire de la journée fut pour un Dora sur un P47. Les ayant pris par surprise, ils leur fondirent dessus et par l’arrière. Le premier P47 eut l’aile arrachée lors de la passe du leader allemand. Le combat qui s’en suivit ne compta pas d’autres victoires, mais plusieurs fois les Dora se mirent en mauvaise posture, alors que leurs appareils surclassaient les américains. Le combat était au 1 contre 1. Des duels de chevaliers, dans la rapidité du combat les apprentissages théoriques pouvaient vite laisser place à l’orgueil de ramener une victoire. Nous n’en entendrons plus parler lors de cette mission.
Ce n’est que grâce à la robustesse de nos appareils que nos pilotes purent retourner sur leurs bases. En effet, certains d’entre eux étaient criblés d’impacts. Nos ingénieurs faisaient vraiment du bon boulot.

« de Noir leader, on prend le cap 2-7-0 altitude 7-5-0-0 vitesse 4-0-0 formation large »
C’est parti. La spirale se termine. Je pousse le manche à gauche et stabilise à l’horizontale. Les trois autres avions sur là, sur ma gauche. Poussant négligemment du pied droit sur le palonnier j’élargis la formation. Un bref regard sur mes instruments me renseigne de la bonne santé de mon appareil.
« de Contrôle Sol, vous êtes à 4 minutes de bombardiers. Cap 2-6-5 altitude estimée 7-3-0-0 »
« de Noir leader, bien reçu. Vous avez entendu ? On ouvre les yeux maintenant ! »
« Noir 2 bien reçu »
« Noir 3 bien reçu »
« Noir 4 bien reçu »

A cette altitude, les bombardiers devraient laisser traîner de longs filets de condensation à cause de leurs moteurs. Nous également. Deux choses nos yeux recherchent. Les bombardiers, mais surtout les chasseurs américains. Le groupe Rouge nous suit de quelques secondes légèrement plus haut. S’il venait à y avoir des chasseurs, ils devront s’en charger.
Nous devrions les voir à présent. Jamais des secondes m’ont paru plus longues.
« de Noir 2 contacts 1 heure même altitude ! »
Immédiatement, je braque mon regard dans cette direction. Ils sont là. Une myriade de petits points noirs dans le ciel, sans traînée de condensation. Mais j’y réfléchirais plus tard. Un bref regard vers le haut, pas de signes de chasseurs.
« de Noir leader, on monte ! »

L’attaque a commencé. Une légère montée va nous amener au dessus de la meute de B17 et nous permettre de faire notre attaque.
« de Noir leader à Rouge leader, nous avons les bombardiers en visuel. »
« de Rouge leader, nous les avons aussi. »
« de Blanc leader, nous avons les contacts en visuel. »
Les Zerstörers nous informent qu’ils vont également passer à l’attaque.

Selon les techniques pré-établies, mon groupe va attaquer la dernière formation, tandis que le groupe Rouge va attaquer la formation supérieure et le groupe Blanc va attaquer la formation inférieure. Pour plus de clarté dans les conversations, chaque groupe s’affecte une fréquence radio prédéfinie au briefing. Ainsi les groupes peuvent mieux coordonner leurs attaques. Quand le leader d’un groupe veut l’aide d’un autre, il suffit de changer de canal radio. De même pour un appareil esseulé voulant trouver la sécurité d’un groupe.
Plus nous nous rapprochons, plus les points deviennent des silhouettes. Ils doivent nous avoir vus maintenant. Je compte rapidement une quarantaine de B17, ce qui veut dire plus de 300 mitrailleuses prêtes à se défendre. Nous allons vérifier leur surnom de ‘forteresse volante’.
La radio est silencieuse, seul le bruit du moteur se permet de briser le silence d’avant la bataille. Je sens mon cœur battre à tout rompre. Mon premier combat aérien contre ces monstres d’acier. Le leader et son numéro 2 sont d’anciens pilotes de Bf-109, ils sont habitués à ce genre de situation. Toute ma confiance se concentre sur mon leader. Il sait ce qu’il fait. Si je le suis, je resterais en vie. Du moins, j’essaye de m’en convaincre.
« de Noir leader, nous sommes au dessus des B17. Préparez vous à plonger à mon signal. »
Plonger. Oui, c’est ça. A pleine vitesse. Aligner le bombardier dans le viseur. Calculer la déflection. Ecraser la détente. Dégager. Ressourcer. Se reformer. Et recommencer. Tout parait si simple, et pourtant si compliqué. Ils ne se laisseront pas faire. Ce sont des dizaines de cracheuses de métal qui vont s’égailler à me tirer dessus. A cette vitesse, ils ne pourront pas me toucher, non c’est impossible. C’est imp….
« top !! »
Un coup de manche à droite. Un demi-tonneau. Et on tire sur le manche. Instinctivement, je reproduis les gestes exécutés mille fois sur Stuka. Mais cette fois, il n’y a pas de frein de piqué, il n’y a pas de bombes, il n’y a pas de tank ou de convoi. Juste des bombardiers et trois Focke-Wulf qui fondent dessus.

Déjà les B17 s’illuminent de mille feux. Les mitrailleurs sont déchaînés. Ils se protègent, ils tentent de sauver leurs vies. Le bombardier visé est celui de tête. C’est souvent les meilleurs éléments qui sont mis en tête, ce sont eux qu’il faut éliminer en premier. Gart, le leader, ouvre le feu. Ses traçantes encadrent l’américain et plusieurs éclats sont visibles. A peine eut-il terminé que Gus à son tour tire. Lui aussi encadre le bombardier. Des plaques de métal s’en détachent, de la fumée jaillit. La bête est touchée. Déjà, c’est au tour de Hanz. Ses obus visent les moteurs dont l’un explose violemment. Il est passé. C’est à moi. Comme à la foire, c’est mon tour. Pas le temps de réfléchir et j’écrase la gâchette. L’avion tremble sous les à-coups des culasses. Je suis passé. Je crois que je l’ai touché. Je tire sur le manche pour redresser et incline sur la droite. Les trois Focke-Wulf sont toujours devant moi, se reformant en patrouille mortelle. Un bref regard sur le B17 de tête. La pauvre bête fume noir. Son aile gauche semble fortement endommagée, mais il résiste. Il ne veut pas mourir. Il faudra l’achever.
« de leader Noir, numéro 2 avec moi, 3 et 4 sur bombardier de queue. »
« de Noir 3 bien reçu. »
Tout ceci n’aura duré que trois secondes. Trois petites secondes.

Nous reprenons encore de l’altitude, l’action va se répéter.
« de Noir 3 à Noir 4, t’es avec moi ? »
« de Noir 4 affirmatif. »
De nouveau, nous surplombons les bombardiers. Gart et Gus sont devant nous.
« de Noir 3 on plonge à mon top. »
« de Noir 4, bien reçu. »
J’ai juste le temps de regarder au dessus pour voir quatre points se mettre en formation serrée au dessus d’un groupe de B17. Le groupe Rouge va passer à l’attaque. Vont-ils s’en sortir comme nous ?
« TOP ! »
Demi-tonneau. Redressement. Il est là. Ils sont là. Hanz tire, cette fois il utilise ses canons de 30mm, les fameux Mk108. Ces canons sont dévastateurs quand bien utilisés, ils font des dommages qui laissent peu de chances à l’adversaire. Contre un chasseur, un seul obus suffit. Pour un bombardier, une salve bien placée peut suffire. Je vais le suivre avec mes canons. Il finit sa passe, le bombardier crie déjà l’agonie. Son aile droite est déchiquetée à l’emplanture et plusieurs impacts sont visibles à hauteur du cockpit, d’ailleurs le mitrailleur dorsal a cessé de tirer. En ajustant au mieux, je lâche tous mes canons. Le Focke-Wulf tremble de tous ses membres. Mes traçantes encerclent le bombardier et je vois plusieurs impacts. Je n’avais jamais pu imaginer que des canons puissent avoir une telle puissance. Le bombardier était littéralement secoué de part en part par les impacts des Mk108. Ce sont mes réflexes qui m’ont fait redressé car je n’en ai pas souvenir.
« Reinhardt ! Regarde ce que tu as fait ! » me crie Hanz.
« de Noir leader, on plonge top ! »
C’est alors que je tourne la tête. Quel spectacle. Deux scènes tragiques. Le bombardier de queue a succombé à sa première –et dernière- attaque. Un moteur est en feu, un réservoir également et la partie avant a été entièrement soufflée. Au même moment, Gart et Gus plongent sur le B17 de tête qui été resté dans la protection du groupe. Gart ouvre le feu. Le bombardier prend immédiatement feu. Gus ouvre le feu à son tour. L’aile gauche se détache. Un instant d’hésitation et il s’effondre. Deux silhouettes tombent. Où ? Sur quoi ? Sur qui ? Ce n’est que maintenant que je réalise que les bombardiers se défendent comme ils peuvent. Des dizaines de bouches crachent des flammes, des balles par milliers zèbrent cette portion du ciel. Et pourtant, nous sommes passés.
Plus haut, je vois un américain qui plonge vers le sol. Un de ses moteurs semble s’être arrêté et une longue traîne de fumée noire s’étend depuis son aile gauche. Il ne rentrera pas chez lui ce soir. Les Zerstörers amorcent leur première attaque sur le groupe inférieur. Alors que notre groupe se reforme, je peux voir les bimoteurs éventrer les quadrimoteurs. Encore deux qui fument. Ils restent au sein du groupe. Seuls leurs réservoirs ont été touchés. Ils sont saufs, pour le moment.
« de Noir leader, état. »
« de Noir 2, tout OK 2 tiers ammo. »
« de Noir 3, tout OK 2 tiers ammo. »
« de Noir 4, tout OK 2 tiers ammo. »
« de Noir leader, rejoignez. »

Il faut reprendre l’attaque. Se reformer et fondre de nouveau. Alors que je rejoins la paire leader, je jette un coup d’œil rapide alentour. Nous sommes seuls, aucun signe des chasseurs d’escorte. Le contrôle sol ne nous a pas donné de nouvelles de leur position. Avec de la chance, nous finirons avant qu’ils ne puissent nous intercepter. Avec de la chance.
« de Noir leader on plonge sur ma cible »
Je retiens ma respiration. Une éternité.
« top »
Telle une machine, je mets mon appareil en piqué. Gart, Gus puis Hanz font feu sur le pauvre diable. Le voila qui perd son empennage arrière. Une partie de sa dérive part en éclat. Mes balles se logent à l’arrière du fuselage. Je ne donne pas cher des deux mitrailleurs latéraux, mais le temps de faire des états d’âmes. Indemnes. Nous sommes passés. De tels passages ne laissent que peu de chance aux mitrailleurs de nous atteindre. En remontant, j’aperçois le bombardier. Il souffre. Il perd son carburant. Il résiste. Il ne veut pas tomber. Il ne veut pas se rendre. Un coup d’œil au groupe Rouge. Ils plongent. Le bombardier de queue sera leur victime. Au milieu du déluge de balles défensives, ils fondent sur leur proie. Elle ne peut s’échapper. Rouge 3 lui donnera le coup de grâce. Le bombardier se coupe en deux sous l’effet de ses obus. Ces canons de 30mm sont vraiment dévastateurs. Rouge 4 passe sans tirer, ça ne sert à rien, l’américain est condamné. Il se cabre légèrement, puis le nez plonge vers le sol. Celui-là non plus ne reverra pas son pays ce soir.
« de Blanc leader nous sommes attaqués ! Je répète nous sommes attaqués ! »
Les chasseurs d’escorte sont arrivés. Nos bimoteurs n’ont aucune chance contre eux, il faut aller les aider. Nous sommes le premier groupe, ça sera pour donc pour le groupe Rouge.
Une nouvelle danse commence.

Nous avons encore des munitions pour faire deux passes. Deux chances d’abattre ou de se faire abattre. Nous ne plongerons pas cette fois. Nous arrivons par l’arrière de la formation des bombardiers. Nous finirons les traînards laissés par les groupes Rouge et Blanc. Un léger piqué nous permet de prendre encore de la vitesse. D’un battement d’aile, Gart nous prévient que nous attaquerons par paire. Gart et Gus, et Hanz et moi. La paire leader ensuite décroche sur la gauche, Gart a trouvé sa cible. Je poursuis avec Hanz. Je vois sa cible. Une paire de B17 est en retrait. Ils sont à nous. Un instant avant d’entamer la passe, je jette un regard à gauche, j’ai cru voir des flashes. C’est un B17 touché à mort qui s’affaisse sur son aile droite. Il crache du feu. Gart et Gus ont fait leur passe, sans un mot.
Un mitrailleur ventral nous envoie quelques rafales. Il est trop loin, nous sommes trop loin. A plus de 600km/h, même en ligne droite, il est pratiquement impossible de nous toucher. Je vois le bombardier grossir dans mon viseur. Je sais que Hanz est juste à ma droite, légèrement en avant. Nous ne faisons qu’un. Malgré le moteur, je peux l’entendre tirer de tous ses canons. Il dégage sur la droite. Je suis à portée. Je libère mes balles. Des impacts. Nombreux. Je dois dégager pour éviter la collision. Je tire sur le manche. Je passe au dessus du groupe. Une violente explosion secoue mon appareil. Que s’est-il passé ? Suis-je touché ? Je regarde mes instruments, tout semble fonctionner. Les commandes répondent.
« Il a explosé !! Il a explosé !! » me crie Hanz.
Je me retourne et je vois le B17 sectionné en deux au niveau du fuselage. Sûrement un qui n’avait pas largué ses bombes. Comme un patin démembré il s’enfonce vers le sol. Aucun parachute à l’horizon. Nous venons de tuer dix hommes.
« On se reforme. »
« Bien reçu. »
Et notre paire se rejoint. Il nous reste de quoi faire une ultime passe, après quoi notre carburant viendra à manquer, en plus des munitions. Hanz trouve une paire de bombardiers qui semblent avoir du mal à tenir l’air, de nombreux impacts sont visibles sur leur carlingue. Hanz vide ses derniers chargeurs. Je l’aligne dans le viseur et je vide mes chargeurs. Encore une fois, je vois des impacts. Mais il semble tenir bon. Un dernier regard en arrière et je vois le bombardier blessé descendre lentement. Il va s’écraser, c’est certain. Alors que je cherche Hanz dans les airs, il m’alerte :
« J’ai été touché. Je perds de l’huile. Mon moteur ne tourne pas rond. »
Effectivement, son avion semble en bien mauvais état.
« Tu fumes noir, tu devrais te poser tout de suite ! »
« Accompagne-moi jusqu’à la base. »
« Bien reçu. »
Sacré Hanz, il ne s’avouera jamais vaincu.
« de Noir leader à Noir 3, ne cherchez pas à jouer aux héros et aller vous poser dans un champ. »
« de Noir 3 à Noir leader, je peux encore rentrer, il tourne pas rond, mais il tourne. »
« de Noir leader, bien reçu, nous assurons couverture haute. Rendez-vous au dessus de la base. Je préviens de votre état. »
« de Noir 3, bien reçu. »
Lors de notre rentrée, nous croisons des Bf-110 qui rentrent de leur combat contre les chasseurs. Je n’en compte que trois, sur les huit qui sont partis. Une mauvaise journée pour les Zerstörers.

La base n’était qu’à quelques minutes de vol, mais Hanz avait de plus en plus de mal à tenir son appareil en vol. Ca y est, je pouvais voir la piste au loin.
« Ici Contrôle Sol, Noir 3 vous êtes autorisé à vous poser en urgence. »
« de Noir 3, bien reçu. »
Sur le parking, je pouvais compter 3 Focke-Wulf. J’espère que le pilote manquant est sauf. Hanz commence son approche. Je l’accompagne, pour qu’il se sente en sécurité, c’est dans ces moments-là qu’il faut apporter tout son soutien à un pilote, et un ami. Il sort les volets. Il s’aligne. Il ralenti. Il sort le train. Non ! Il décroche ! Je ne peux pas parler, j’ai la respiration coupée. L’avion se débat, il ne veut pas tomber. Il n’est plus très haut. Il touche durement le sol, le train gauche est arraché, le nez s’enfonce. S’il se retourne, il n’a aucune chance d’en ressortir. Silence de mort sur la radio. Non. La queue de l’avion se lève, mais il ne bascule pas. La verrière saute. Hanz surgit du cockpit, des flammes l’accompagnent. Il s’éloigne de l’appareil en feu. Il nous fait des signes. Il est sauf. Déjà, les ambulances et pompiers arrivent sur le lieu du crash, à 100 mètres de la piste en herbe.

« de Noir 4, demande l’autorisation de me poser. »
« Autorisation accordée. »

Je m’aligne.
Et je me pose.

La mission est finie.

Publié : dim. janv. 11, 2004 7:15 pm
par Tom.Ryder
Youpi, Moutton est de retour! :-))

Publié : ven. janv. 16, 2004 6:06 pm
par hellflyer
hehehe :P pas mal pour un gars qui dort beaucoup ;) Super le binome Hanz Reinhardt manquait un peu, c'est comme si Les Tetes Brulées n'existait plus....

Merci et bien sur à quand la suite? B) B)

Publié : ven. janv. 16, 2004 9:54 pm
par pelican72
LA suite vous allez l'avoir c'est moi qui vais la faire mais vu de mon côté...en B17, car j'ai vécu l'attque de Moutton en campagne dans B17II...rendez vous ce vendredi soir mes amis...... ;)

Pé-Pé72

Publié : ven. janv. 16, 2004 10:53 pm
par pelican72
Coucou, voici la mission de Moutton vécu de mon côté en B17..et c'était pas drôle croyez moi!! :blink:



Janvier 1944....il fait beau, il fait doux.

Mon B17 est près et, après un Briefing soigné, nous montons dans nos forteresses respective.

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Décollage....rassemblement, c'est devenue presque une routine...

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L'objectif est aujourd'hui les usines d'aluminium de Stufkrieg.

LA mission en elle même s'est déroulée sans histoire, mon Box de B17 fut épargné par les attaques allemandes, nous étions escortées par des P47 dont l'un je me souviens a eu une aile arrachée par un Dora...

LE retour fut une autre histoire. Ensemble, nous volons au cap retour....C'est beau, la neige a recouvert le paysage de son manteau....on en oublierai presque la guerre....


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Tout à coup ça hurle dans l'interphone. Bandit, bandits!!!

Merde...nous sommes privée de notre escorte pour un moment car les P47 on fait chemin retour en attendat que nous soyons escorté par d'autres chasseurs....ils nous tombe dessus...

A leur tête, le tristement célèbre Jabo Moutton, lui, le casseur de B17 :P , lui et sa horde de Fw190 nous fondent dessus tel des loups affamés.
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Immédiatement, les 12.7 se mettent en batteries, ça crachent de tout les côtés.

On peut reconnaitre le Fw190 de Moutton, c'est le seul avion quand il passe à côté de toi il fait "Bêêêêêêêhhhh!!!!" :P ;) :rolleyes:


Cette première passe est meurtrière, elle est concentrée sur le Bombardier de tête, et sur celui de queue. En tant que leader je morfle...d'entrée mon léral gauche tombe sous les balles et mon aile gauche est une passoire.....le radio, mort de peur, prend la place du latéral gauche défunt...


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Mais quelque chose retiens l'attention de l'ensemble du groupe.."Mon dieu, en voilà un autre" geule un mitrailleur dans l'interphone.....

En effet, un B17, désemparé, semble se ruer vers un autre appareil du squadron, la collision semble inévitable :

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Les pilotes, des bleux, font ce qu'ils peuvent pour éviter cela. On en est pas fier, mais je sais ce qu'on pense tous...."mieux vaut eux que nous!"
Heureusemnt la collsion est évitée de justesse...oufffff.

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Mais Moutton et sa horde sauvage n'en démordent pas. De passe en passe, à chaque fois un B17 tombe. Un des bombardiers s'est vu littéralement cuopé en deux tandis qu'un autre a carréement explosé...sans parachute.

Des équipages de B17 sont littéralement décimée...dans les interphone c'est la panique, ça beugle de partout....

Dans ma forteresse c'est guerre mieux...mon nav est gravement blessé et mon bombardier, a eu un malaise....on fait ce qu'on peut.....

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Les attques vont de plus belles....Les Fw190 ne nous laissent aucun répis...nous sommes désemparé, ma formation est complèteùment anéantie..mon copilote est mort de trouille lui aussi il se sent impuissant (je rapelle au passage que B17 II gère le stress des équipages!! B) )


LE calme revient tou à coup....les Fw190, rassasié, s'en vont, l'un d'eux ets touché....Moutton et ses équipiers m'ont fait vivre 10 minutes d'enfer ce jour là..


Le retour à la base fut laborieux, le moral de mon squadron a pris un sérieux coup, les équipages sont décontenancé et fatigués..les casiers des équipages manquant sont vidé, et renvoyés chez eux avec la lettre qui va bien.... :ph34r:

Assis, seul, dans mon bureau, je réfléchis à tout cela..je consulte le carnet médical de mon équipage, il n'est pas fameux ( option du mode campgne de B17 2), je lit le courrier et les news avant d'aller inspecter l'épave que j'ai ramené au bercail...(toujours partis des options de B17 II!!! B) ) et je me dis..........ben heureusement que c'est de la simulation!!!! :rolleyes:


@+++

PS @ la prochaine dans les cieux Moutton!! :P B)

Publié : mar. janv. 20, 2004 1:55 am
par SPbest
:) Trop Genial !!!! surtout que c vecu des 2 cotés ;)
je ne dis qu"une chose : encore !!!!

Ps: la 1er partie c'est forgotten battles ?

Publié : mar. janv. 20, 2004 11:59 am
par Moutton
Joli Pélican ;)

Petit bémol , je n'étais pas le leader de ma formation :P
ET JE FAIS PAS "Bêêêêêêêêhhh" quand je straffe des bombers !!!!!!!


SPbest >
Oui, ça vient de FB.

Publié : mar. janv. 20, 2004 1:03 pm
par pelican72
Originally posted by Jabo_Moutton@Jan 20 2004, 12:59 PM



ET JE FAIS PAS "Bêêêêêêêêhhh" quand je straffe des bombers !!!!!!!


:D C'était pour rajouter une petite note d'humour hi hi hi :P :D Tu m'en veux pas dis? :rolleyes:

Pélican 72

Publié : mar. janv. 20, 2004 6:11 pm
par Moutton
Et d'abord tu triches, y'a plus de photos que de texte.


Tricheur.

Publié : mar. janv. 20, 2004 9:51 pm
par pelican72
:D :rolleyes:

C'est aussi pour faire apprécier B17 II. Les images sont parfois plus parlantes et percutantes que les textes pour beaucoup. J'ai voulu par là aussi montrer les différents mods de B17, dont la neige, l'IA améliorée, le nombre accru de B17 dans le Box (18 au lieu de 12 initials).

je suis un grand fan de B17 II pour moi ce soft reste et restera dans les anales...et ma démarche dans ce post fut aussi de partager ma passion sans borne pour ce simulateur!! :)

Et puis tu sais Moutton, je suis un mauvais narrateur aussi et j'écris avec plein de fautes!! :rolleyes:

Pélican 72