Dans le mille Emile (9)
Publié : jeu. sept. 21, 2006 11:18 pm
Comme je vois que le Knell cale sur l'histoire precedente, il doit probablement etre dans les cartons de son demenagement, on en arriverait presque a le plaindre.
Bref, voila une petite histoire qui me trottait derriere la tete.
Un petit rafraichissement la pour ceux qui ont un peu oublie.
Bon la on frise le tragique, on a paume le chien ... en vol ...
********************************La récupération********************
- Et comment qu’on fait pour voler à 20 m d’altitude, constant, sans jouer au yoyo ?
- Facile, tu as deux projos dans les ailes qui pointent vers le bas et se croisent devant, quand tu vois qu’un seul point sur la surface de l’eau, t’es à 20 m pile poil garanti.
- Marcel restait dubitatif, l’explication de Werner tenait debout. Mais que de risques de se balader avec un Lancaster, au ras des flots avec une bombe de 4 t sous le fuselage et tout ca en pleine nuit.
- Et la FLAK ? T’y as pense à la FLAK ? Avec nos deux projos, ca va être du gateau pour elle et aussi bas, aucune chance de s’en sortir si on se mange un pruneau
- Arf, la FLAK elle est pas pointée coté lac, elle est pointée coté barrage. De ce cote ils n’attendent personne
- Vi, évidement.
Marcel refléchissait, l’idée était audacieuse, ingénieuse, terriblement risquée, mais ca pouvait marcher.
- OK je marche, je viens. Et les autres ?
- Seront d’accord, y a que le clebard à convaincre et lui faire voir des cartes de la Norvège répondit Werner en faisant un clin d’œil.
Les colonels et les deux ingénieurs aéronautiques arrivés la veille de Londres avaient aussi éte trés convaincants avec Werner.
Le Wing Commander l’avait convoqué tout seul et il s’était retrouvé avec les visiteurs, entrés bien discrétement sur la base. Sur le tableau noir était dessiné à la craie, un Lancaster de profil, avec 2 traits partant des ailes et se rejoignant devant sur un point un peu plus bas que le nez de l’appareil. Werner s’était interrogé en voyant cela en entrant dans la piéce mais quelques minutes plus tard il avait compris. Les visiteurs mysterieux de Londres arrivaient avec un projet fou. Balancer une bombe sphérique de 4 t a la surface de l’eau d’un lac qui irait par ricochet taper et exploser sur un barrage. Dambuster. C’etait le nom de ce projet de destruction des barrages Norvegiens en les attaquant par l’arrière et pas de face comme tout le monde pouvait l’imaginer.
Complétement bargeots ces Brits avait pensé Werner avant de les assaillir de questions croyant les démolir en un rien de temps. Mais les types avaient réponse à tout, Tout avait étè murement réfléchit.
L’effet donné à la sphére pour ricocher à la surface de l’eau grace à un petit moteur hydraulique la mettant en rotation avant le largage, l’altitude dudit largage calibrée à 10 cm prés grace aux faisceaux des deux projos, tout, tout avait étè disséqué et étudié
La vache, ils sont forts, mériteraient de ne pas être Anglais se dit il interieurement, épaté par les trouvailles.
Maintenant, il n’y avait plus qu’ à essayer cette idée de génie au fin fond d’un loch en Ecosse et de faire pareil en Norvége ensuite, sur un barrage classé stratégique.
Werner avait étè choisi avec quelques autres pilotes triés sur le volet à partir de leur dossier directement à Londres. Vu la confidentialité du projet, les concepteurs eux même, devaient tenter de convaincre en tête à tête chaque pilote qui ensuite essayerait de former un équipage pour le suivre dans cette aventure de fous.
Werner était tout de suite allé voir Marcel et lui avait proposé de faire un tour dehors pour lui parler au calme.
Les briefings avec les ingénieurs de Londres étaient longs, lourds et fastidieux. Tous les points étaient abordés. Direction du vent, axe d’approche, vitesse de rotation de la bombe, vitesse d’approche, procédure d’échappement une fois le largage effectué.
Tout avait éte réflechi, pensé, décortiqué, pesé.
Les pilotes écoutaient religieusement en prenant des notes :
Le deuxieme équipage choisi était Australien, ils volaient à bord du «Melbourne Limoges».
Ce fut un soulagement pour tout le monde quand les premiers vols d’essais, de jours, eurent lieu quelques temps plus tard dans un Loch isolé au fin fond de l’Ecosse avec de fausses bombes en béton.
C’était facile en pleine journée de suivre les Kangourous pour aller s’entrainer, ca allait l’être beaucoup moins quand il faudrait les suivre en pleine nuit sans les lacher au risque de se perdre. Le chien savait rentrer a la base, pas aller sur les objectifs…
Paulo, le chef mécano eut une idée un soir, au bar en buvant une bière.
- Et si on lui foutait sa gamelle dans le zinc des Kangourous ?
Vous en pensez quoi ?
Il ne devrait pas les quitter de vue une seconde non ?
- Génial ca va le faire, on essaye demain.
- Faudra penser à mettre la gamelle vide, que les Aussies lui bouffent pas ses croquettes intervint Raymond, sinon ca va encore faire un drame.
- Et oui soupirèrent les autres en cœur.
Le test fut concluant, le chien se refugiait dans la bulle du bombardier et ne quittait pas de vue le « Melbourne Limoges » en chouinant.
- Un affectif jugea Bébert, philosophe, le mitrailleur avant.
Dés que les avions se posaient et s’arrétaient au parking le chien se précipitait ventre à terre devant la trappe de sortie en aboyant comme un fou. Les Australiens lui balancaient sa gamelle vide au loin pour pouvoir descendre en sécurité.
Le grand soir arriva enfin, les deux appareils s’envolèrent au crépuscule, lourdement chargés.
Après 4 h de vol, en suivant les indications du chien, l’avion arriva en amont de l’objectif, Werner réduisit les gaz et le Lancaster perdant de l’altitude se stabilisa au ras de l’eau, Marcel ouvrit la soute à bombes et descendit les volets. Les hélices etaient sur plein petit pas, l’appareil ralenti et se stabilisa autour de 95 kts
- LE CHIEN MERDE LE CHIEN hurla Riné depuis la radio
- Quoi le chien ?
- Il a sauté le con
- QUOI ?
- Oui le clebard a sauté.
- Merde, qu’est ce qu’il lui a pris ?
- Sais pas, peut être l’idée d’aller récupérer sa gamelle ?
- Voilà ,hurla Raymond du fond de sa tourelle, voilà, avec vos conneries de gamelle on a paumé mon chien.
- D’abord, c’est pas ton chien, c’est le mien répliqua Werner
- Bon hé, on verra plus tard s’interposa Marcel. Vous croyez qu’il s’en est sorti ?
- Tout sorti à 90 knts, 20 m, ca se peut, avec tous le poils qu’il a, ca a du amortir. En plus la flotte, il aime ca.
- Eh oui, croisé Terre-Neuve…
- Bon je vais le chercher annonca Werner
- Quoi ? rétorqua le reste de l’équipage.
- Vi je vais le chercher. J’ai une idée, dit Werner en se débrellant.
Marcel, fait demi tour on refait un passage bas en suivant le même cap.
Riné gonfle moi un canot de sauvetage.
- Et, … et … tu vas faire quoi ?
- Facile je pose le canot devant la soute à bombes ouverte, je m’y assois et je m’accroche. Riné tu ouvres mon parachute et tu balances l’extracteur dehors. Il se gonflera, me tirera en arrière et ralentira ma chute quand je descendrai. Je glisserai sur l’eau avec le canot
- Dis donc toi, t’étais à Medrano avant la guerre ?
- C’est ca moques toi tu verras, je parie qu’on se servira de cette idée pour livrer du matos aux biffins sans etre obligés de se faire chier à se poser, et meme d’aller les voir, tu verras…
- C’est ca et ma grand mère fait du tricycle …
- Avec des palmes renchérit Raymond de l’arrière.
- Bon ca va, Riné t’en es ou ?
- C’est prêt. T’es sur que tu veux y aller ?
- Je veux oui, vais pas laisser le clebs tout seul.
- Ouais, surtout que les animaux sont sacrés en Angleterre. Vont nous faire la gueule quand ils vont voir qu’on l’a paumé.
- Bon dit Marcel, serieusement, tu rentres comment aprés. T’oublies pas que ca va etre coton de retrouver l’autre Lancaster dans le noir pour qu’il nous raméne. Surtout qu’il n’a pas du nous attendre.
Sans le clebard, c’est macache pour rentrer.
- Oui je sais.
- Bon écoutes bien, je prends le lance fusée de detresse.
- Vi ?
- Quand j’aurai récupéré le clebard j’irai sur la berge. D’aprés la météo il y a 15 knts de vent, en courant je devrai pouvoir gonfler le parachute, tu me chopes au passage.
- Gniéééééé ?!!!!!!???/?
- Oui tu prends le parachute avec le nez de l’avion les suspentes et la toile se détendront ca fera amortisseur, vous nous récupérez au niveau de la soute à bombes.
- Mais t’es complétement bargeot !!! dit Marcel en le regardant avec stupeur. Va falloir te secouer le crane pour décoller la pulpe qui reste accrochée sur les bords.
- Tu parles, ca va le faire, je parie meme que plus tard…
- Oui c’est ca coupa Marcel brusquement, tu paries qu’au 25 ème siecle on fera monter les gens en route, sans s’arrêter, ni se poser, faudra en trouver des bargeots
- Ben vi, on prendra des biffins, tu sais il y a 40 ans le gens pensaient pas qu’on pouvait descendre en marche d’un avion comme on fait.
- Sur que l’invention du parachute a bien aidée.
Bon ; et le bébé de 4 tonnes et demi ? J’en fais quoi ?
- Fais comme d’hab’, l’amorce pas et balance la à l’eau
- Oui comme d’hab’ en fait.
- T’essayeras de ne pas me la foutre sur la gueule quand même.
- Oh moi tu sais hein, faut pas trop m’en demander dit en souriant Marcel, Bon vas-y ton carrosse est prêt. N’oublies pas la laisse du clebard.
Werner s’installa dans le canot pose sur le plancher du bombardier, la soute beante juste derriere lui, s’y sangla tant bien que mal, Rine ouvrit le sac de son parachute sorti l’extracteur qu’il garda à la main, se pencha vers Werner et lui hurla dans l’oreille :
- PRET ?
Werner hocha la tete, Riné balanca l’extracteur dans le vide, il se passa une demi seconde, le temps que le parachute sorte du sac, soit happé par le vent et arrache Werner et le canot par la soute à bombes.
- Ca y est ! hurla Riné à l’interphone du bord.
- Raymond, tu vois quelque chose dit Marcel les yeux rivés sur le point lumineux devant l’avion.
- Putain, ca marche ! ca marche ! J’ai vu le parachute s’ouvrir à l’horizontale et il était déja dans l’eau. Quelle gerbe de flotte ! Dingue, il a réussit.
- Ouais, il a réussit ce coup là, mais tu connais pas la suite pépére…pensa Marcel
La suite s’annoncait gratinée, on n’était pas encore rentré…L’equipage du Lady Pleyoud allait encore connaître des emotions...
- Bon tout le monde s’accroche, je fais un 180 deg.
On largue le bébé juste aprés.
Tout le monde chouffe la berge pour le signal. Je vais continuer à tourner en rond au ras de l’eau
- Dis donc, heureusement qu’il n’y a pas de pécheurs dans le coin avec le raffut qu’on fait et les projos, les Allemands auraient vite fait de rappliquer expliqua Maurice à l’interphone pour le reste de l’éequipage.
- Pas les pécheurs, les chasseurs rétorqua Bébert depuis le poste avant, tu imagines des chasseurs sur la berge, on en prendrait plein la poire.
- S’en fout , la saison de la chasse aux canards est fermée et tu chasses la nuit à deux plombes du mat toi ? Dit Marcel coupant court la conversation.
- Pffffffff toi tu trouves toujours à redire se renfrogna Maurice.
Le choc avait étè violent, la décélération intense, mais Werner était entier.
Il ramassa le parachute dans le canot en le vidant au fur et à mesure et pagaya tant bien que mal vers la berge.
- Bon, il est où ce con ?
Werner scruta la berge. Il atterri, tira le canot et mis en boule le parachute dedans.
S’agit pas de le perdre celui la, pensa-t-il. Il commenca à chercher le chien à droite et à gauche dans les fourrés en sifflotant doucement.
Il vit une ombre sortir des buissons, se precipiter vers le canot le renifler et pisser conscencieusement dessus.
- Ah te voilà toi, viens la. Pffffffff si ca ne se bouffe pas, si ca ne se baise pas, faut que tu pisses dessus dit il dépité en voyant les coulures sur le canot
Werner attrapa le chien qui venait vers lui en remuant la queue, il lui mit son harnais, LC 617 th Sqn avait brodé Amoré sur la sangle du dessus, pffffff soupira Werner, broder les initiales du chien sur son harnais, quelle idée, comme si on allait lui piquer, Il sorti le parachute du canot qu’il étendit dans le sens du vent, attrapa la laisse du chien et saisit le pistolet lance fusée. Il se mit à courir le parachute se gonfla et monta au dessus de lui, d’un coup d’œil par dessus son epaule, il vit la corolle largement déployé au dessus de lui.
Il tendit alors le bras et tira une fusée verte en l’air
- Là, là hurla Maurice depuis la tourelle dorsale il est à une heure.
- Bébert tu me guides dit Marcel d’une voix inquiéte en entamant un léger virage à droite.
Le Lancaster glissa doucement sur une aile en direction de la berge. Marcel réduisit les gaz, mit plein petit pas, sorti les volets et le train. L’avion, à la limite du décrochage vibrait de partout. Sous les indications de Bébert il descendit encore et se mit dans l’axe du parachute qu’il ne voyait pas.
- On est bon bouges plus, tu peux pas ralentir un peu dit Bébert en voyant le parachute se dandinant devant sa bulle.
- Peux pas lacha Marcel dans un souffle, suis à la limite, c’est lui qui va nous ramasser pas le contraire
Werner courant comme un dératé entendait le bruit grossissant du Lancaster arrivant derrière lui Au moment où le bruit lui parut le plus assourdissant il jeta juste un coup d’œil en arrière pour voir le Lancaster rugissant, légèrement cabré qui lui remplissait l’horizon en lui tombant dessus.
- Je vais le prendre sur la figure se dit-il effaré
Il n’eut juste que le temps d’attraper le chien à la volée par le harnais qu’il se sentit violement soulevé.
- ON L’A, ON L’A hurla Bébert la bulle et la tourelle avant recouverte entiérement par la corolle blanche.
- JE L’AI brailla Riné depuis la soute à bombes.
Aidé par Maurice descendu pour donner un coup de main de la tourelle dorsale, il tira Werner, sonné, à l’intérieur pendant que le mitrailleur attrapait le chien par le col.
Marcel remit du gaz et l’avion à cabrer tout en rentrant le train.
- La vache, ils reviennent de loin.
- Comment vont-ils ?
- Sais pas trop, le chat est descendu de la radio pour renifler le chien. Il a l’air un peu sonné
- Et Werner ?
- Sonné aussi.
- Regardes s’il y a quelque chose dans la pharmacie.
- Un suppo effervescent ?
- NOOOOOOON hurla Werner, ca va déjà mieux
- Arf ! c’était pour rire.
- Bon dit Marcel, dés que le chien va mieux, fous le devant, on rentre.
Le vol de retour se poursuivit au desus de la mer sans histoire.
Juste après s’être posé sans encombre, Marcel demanda des nouvelles du « Melbourne Limoges ».
Rentré sans encombres, objectif raté lui répondit on, la bombe a rebondit trop haut et est passée par dessus le barrage.
- Arf dit Maurice, pas croisée Terre Neuve leur bombe aux Aussies, mais kangourou, pour sauter partout comme ca.
- Encore heureux que c'était pas avec un boomerang, ... les cons
*********************************************************************
Signe Werner, truffe qui retourne jouer dans son bain
[EDIT] : Arf j'avais oublié la fin !
Bref, voila une petite histoire qui me trottait derriere la tete.
Un petit rafraichissement la pour ceux qui ont un peu oublie.
Bon la on frise le tragique, on a paume le chien ... en vol ...
********************************La récupération********************
- Et comment qu’on fait pour voler à 20 m d’altitude, constant, sans jouer au yoyo ?
- Facile, tu as deux projos dans les ailes qui pointent vers le bas et se croisent devant, quand tu vois qu’un seul point sur la surface de l’eau, t’es à 20 m pile poil garanti.
- Marcel restait dubitatif, l’explication de Werner tenait debout. Mais que de risques de se balader avec un Lancaster, au ras des flots avec une bombe de 4 t sous le fuselage et tout ca en pleine nuit.
- Et la FLAK ? T’y as pense à la FLAK ? Avec nos deux projos, ca va être du gateau pour elle et aussi bas, aucune chance de s’en sortir si on se mange un pruneau
- Arf, la FLAK elle est pas pointée coté lac, elle est pointée coté barrage. De ce cote ils n’attendent personne
- Vi, évidement.
Marcel refléchissait, l’idée était audacieuse, ingénieuse, terriblement risquée, mais ca pouvait marcher.
- OK je marche, je viens. Et les autres ?
- Seront d’accord, y a que le clebard à convaincre et lui faire voir des cartes de la Norvège répondit Werner en faisant un clin d’œil.
Les colonels et les deux ingénieurs aéronautiques arrivés la veille de Londres avaient aussi éte trés convaincants avec Werner.
Le Wing Commander l’avait convoqué tout seul et il s’était retrouvé avec les visiteurs, entrés bien discrétement sur la base. Sur le tableau noir était dessiné à la craie, un Lancaster de profil, avec 2 traits partant des ailes et se rejoignant devant sur un point un peu plus bas que le nez de l’appareil. Werner s’était interrogé en voyant cela en entrant dans la piéce mais quelques minutes plus tard il avait compris. Les visiteurs mysterieux de Londres arrivaient avec un projet fou. Balancer une bombe sphérique de 4 t a la surface de l’eau d’un lac qui irait par ricochet taper et exploser sur un barrage. Dambuster. C’etait le nom de ce projet de destruction des barrages Norvegiens en les attaquant par l’arrière et pas de face comme tout le monde pouvait l’imaginer.
Complétement bargeots ces Brits avait pensé Werner avant de les assaillir de questions croyant les démolir en un rien de temps. Mais les types avaient réponse à tout, Tout avait étè murement réfléchit.
L’effet donné à la sphére pour ricocher à la surface de l’eau grace à un petit moteur hydraulique la mettant en rotation avant le largage, l’altitude dudit largage calibrée à 10 cm prés grace aux faisceaux des deux projos, tout, tout avait étè disséqué et étudié
La vache, ils sont forts, mériteraient de ne pas être Anglais se dit il interieurement, épaté par les trouvailles.
Maintenant, il n’y avait plus qu’ à essayer cette idée de génie au fin fond d’un loch en Ecosse et de faire pareil en Norvége ensuite, sur un barrage classé stratégique.
Werner avait étè choisi avec quelques autres pilotes triés sur le volet à partir de leur dossier directement à Londres. Vu la confidentialité du projet, les concepteurs eux même, devaient tenter de convaincre en tête à tête chaque pilote qui ensuite essayerait de former un équipage pour le suivre dans cette aventure de fous.
Werner était tout de suite allé voir Marcel et lui avait proposé de faire un tour dehors pour lui parler au calme.
Les briefings avec les ingénieurs de Londres étaient longs, lourds et fastidieux. Tous les points étaient abordés. Direction du vent, axe d’approche, vitesse de rotation de la bombe, vitesse d’approche, procédure d’échappement une fois le largage effectué.
Tout avait éte réflechi, pensé, décortiqué, pesé.
Les pilotes écoutaient religieusement en prenant des notes :
Le deuxieme équipage choisi était Australien, ils volaient à bord du «Melbourne Limoges».
Ce fut un soulagement pour tout le monde quand les premiers vols d’essais, de jours, eurent lieu quelques temps plus tard dans un Loch isolé au fin fond de l’Ecosse avec de fausses bombes en béton.
C’était facile en pleine journée de suivre les Kangourous pour aller s’entrainer, ca allait l’être beaucoup moins quand il faudrait les suivre en pleine nuit sans les lacher au risque de se perdre. Le chien savait rentrer a la base, pas aller sur les objectifs…
Paulo, le chef mécano eut une idée un soir, au bar en buvant une bière.
- Et si on lui foutait sa gamelle dans le zinc des Kangourous ?
Vous en pensez quoi ?
Il ne devrait pas les quitter de vue une seconde non ?
- Génial ca va le faire, on essaye demain.
- Faudra penser à mettre la gamelle vide, que les Aussies lui bouffent pas ses croquettes intervint Raymond, sinon ca va encore faire un drame.
- Et oui soupirèrent les autres en cœur.
Le test fut concluant, le chien se refugiait dans la bulle du bombardier et ne quittait pas de vue le « Melbourne Limoges » en chouinant.
- Un affectif jugea Bébert, philosophe, le mitrailleur avant.
Dés que les avions se posaient et s’arrétaient au parking le chien se précipitait ventre à terre devant la trappe de sortie en aboyant comme un fou. Les Australiens lui balancaient sa gamelle vide au loin pour pouvoir descendre en sécurité.
Le grand soir arriva enfin, les deux appareils s’envolèrent au crépuscule, lourdement chargés.
Après 4 h de vol, en suivant les indications du chien, l’avion arriva en amont de l’objectif, Werner réduisit les gaz et le Lancaster perdant de l’altitude se stabilisa au ras de l’eau, Marcel ouvrit la soute à bombes et descendit les volets. Les hélices etaient sur plein petit pas, l’appareil ralenti et se stabilisa autour de 95 kts
- LE CHIEN MERDE LE CHIEN hurla Riné depuis la radio
- Quoi le chien ?
- Il a sauté le con
- QUOI ?
- Oui le clebard a sauté.
- Merde, qu’est ce qu’il lui a pris ?
- Sais pas, peut être l’idée d’aller récupérer sa gamelle ?
- Voilà ,hurla Raymond du fond de sa tourelle, voilà, avec vos conneries de gamelle on a paumé mon chien.
- D’abord, c’est pas ton chien, c’est le mien répliqua Werner
- Bon hé, on verra plus tard s’interposa Marcel. Vous croyez qu’il s’en est sorti ?
- Tout sorti à 90 knts, 20 m, ca se peut, avec tous le poils qu’il a, ca a du amortir. En plus la flotte, il aime ca.
- Eh oui, croisé Terre-Neuve…
- Bon je vais le chercher annonca Werner
- Quoi ? rétorqua le reste de l’équipage.
- Vi je vais le chercher. J’ai une idée, dit Werner en se débrellant.
Marcel, fait demi tour on refait un passage bas en suivant le même cap.
Riné gonfle moi un canot de sauvetage.
- Et, … et … tu vas faire quoi ?
- Facile je pose le canot devant la soute à bombes ouverte, je m’y assois et je m’accroche. Riné tu ouvres mon parachute et tu balances l’extracteur dehors. Il se gonflera, me tirera en arrière et ralentira ma chute quand je descendrai. Je glisserai sur l’eau avec le canot
- Dis donc toi, t’étais à Medrano avant la guerre ?
- C’est ca moques toi tu verras, je parie qu’on se servira de cette idée pour livrer du matos aux biffins sans etre obligés de se faire chier à se poser, et meme d’aller les voir, tu verras…
- C’est ca et ma grand mère fait du tricycle …
- Avec des palmes renchérit Raymond de l’arrière.
- Bon ca va, Riné t’en es ou ?
- C’est prêt. T’es sur que tu veux y aller ?
- Je veux oui, vais pas laisser le clebs tout seul.
- Ouais, surtout que les animaux sont sacrés en Angleterre. Vont nous faire la gueule quand ils vont voir qu’on l’a paumé.
- Bon dit Marcel, serieusement, tu rentres comment aprés. T’oublies pas que ca va etre coton de retrouver l’autre Lancaster dans le noir pour qu’il nous raméne. Surtout qu’il n’a pas du nous attendre.
Sans le clebard, c’est macache pour rentrer.
- Oui je sais.
- Bon écoutes bien, je prends le lance fusée de detresse.
- Vi ?
- Quand j’aurai récupéré le clebard j’irai sur la berge. D’aprés la météo il y a 15 knts de vent, en courant je devrai pouvoir gonfler le parachute, tu me chopes au passage.
- Gniéééééé ?!!!!!!???/?
- Oui tu prends le parachute avec le nez de l’avion les suspentes et la toile se détendront ca fera amortisseur, vous nous récupérez au niveau de la soute à bombes.
- Mais t’es complétement bargeot !!! dit Marcel en le regardant avec stupeur. Va falloir te secouer le crane pour décoller la pulpe qui reste accrochée sur les bords.
- Tu parles, ca va le faire, je parie meme que plus tard…
- Oui c’est ca coupa Marcel brusquement, tu paries qu’au 25 ème siecle on fera monter les gens en route, sans s’arrêter, ni se poser, faudra en trouver des bargeots
- Ben vi, on prendra des biffins, tu sais il y a 40 ans le gens pensaient pas qu’on pouvait descendre en marche d’un avion comme on fait.
- Sur que l’invention du parachute a bien aidée.
Bon ; et le bébé de 4 tonnes et demi ? J’en fais quoi ?
- Fais comme d’hab’, l’amorce pas et balance la à l’eau
- Oui comme d’hab’ en fait.
- T’essayeras de ne pas me la foutre sur la gueule quand même.
- Oh moi tu sais hein, faut pas trop m’en demander dit en souriant Marcel, Bon vas-y ton carrosse est prêt. N’oublies pas la laisse du clebard.
Werner s’installa dans le canot pose sur le plancher du bombardier, la soute beante juste derriere lui, s’y sangla tant bien que mal, Rine ouvrit le sac de son parachute sorti l’extracteur qu’il garda à la main, se pencha vers Werner et lui hurla dans l’oreille :
- PRET ?
Werner hocha la tete, Riné balanca l’extracteur dans le vide, il se passa une demi seconde, le temps que le parachute sorte du sac, soit happé par le vent et arrache Werner et le canot par la soute à bombes.
- Ca y est ! hurla Riné à l’interphone du bord.
- Raymond, tu vois quelque chose dit Marcel les yeux rivés sur le point lumineux devant l’avion.
- Putain, ca marche ! ca marche ! J’ai vu le parachute s’ouvrir à l’horizontale et il était déja dans l’eau. Quelle gerbe de flotte ! Dingue, il a réussit.
- Ouais, il a réussit ce coup là, mais tu connais pas la suite pépére…pensa Marcel
La suite s’annoncait gratinée, on n’était pas encore rentré…L’equipage du Lady Pleyoud allait encore connaître des emotions...
- Bon tout le monde s’accroche, je fais un 180 deg.
On largue le bébé juste aprés.
Tout le monde chouffe la berge pour le signal. Je vais continuer à tourner en rond au ras de l’eau
- Dis donc, heureusement qu’il n’y a pas de pécheurs dans le coin avec le raffut qu’on fait et les projos, les Allemands auraient vite fait de rappliquer expliqua Maurice à l’interphone pour le reste de l’éequipage.
- Pas les pécheurs, les chasseurs rétorqua Bébert depuis le poste avant, tu imagines des chasseurs sur la berge, on en prendrait plein la poire.
- S’en fout , la saison de la chasse aux canards est fermée et tu chasses la nuit à deux plombes du mat toi ? Dit Marcel coupant court la conversation.
- Pffffffff toi tu trouves toujours à redire se renfrogna Maurice.
Le choc avait étè violent, la décélération intense, mais Werner était entier.
Il ramassa le parachute dans le canot en le vidant au fur et à mesure et pagaya tant bien que mal vers la berge.
- Bon, il est où ce con ?
Werner scruta la berge. Il atterri, tira le canot et mis en boule le parachute dedans.
S’agit pas de le perdre celui la, pensa-t-il. Il commenca à chercher le chien à droite et à gauche dans les fourrés en sifflotant doucement.
Il vit une ombre sortir des buissons, se precipiter vers le canot le renifler et pisser conscencieusement dessus.
- Ah te voilà toi, viens la. Pffffffff si ca ne se bouffe pas, si ca ne se baise pas, faut que tu pisses dessus dit il dépité en voyant les coulures sur le canot
Werner attrapa le chien qui venait vers lui en remuant la queue, il lui mit son harnais, LC 617 th Sqn avait brodé Amoré sur la sangle du dessus, pffffff soupira Werner, broder les initiales du chien sur son harnais, quelle idée, comme si on allait lui piquer, Il sorti le parachute du canot qu’il étendit dans le sens du vent, attrapa la laisse du chien et saisit le pistolet lance fusée. Il se mit à courir le parachute se gonfla et monta au dessus de lui, d’un coup d’œil par dessus son epaule, il vit la corolle largement déployé au dessus de lui.
Il tendit alors le bras et tira une fusée verte en l’air
- Là, là hurla Maurice depuis la tourelle dorsale il est à une heure.
- Bébert tu me guides dit Marcel d’une voix inquiéte en entamant un léger virage à droite.
Le Lancaster glissa doucement sur une aile en direction de la berge. Marcel réduisit les gaz, mit plein petit pas, sorti les volets et le train. L’avion, à la limite du décrochage vibrait de partout. Sous les indications de Bébert il descendit encore et se mit dans l’axe du parachute qu’il ne voyait pas.
- On est bon bouges plus, tu peux pas ralentir un peu dit Bébert en voyant le parachute se dandinant devant sa bulle.
- Peux pas lacha Marcel dans un souffle, suis à la limite, c’est lui qui va nous ramasser pas le contraire
Werner courant comme un dératé entendait le bruit grossissant du Lancaster arrivant derrière lui Au moment où le bruit lui parut le plus assourdissant il jeta juste un coup d’œil en arrière pour voir le Lancaster rugissant, légèrement cabré qui lui remplissait l’horizon en lui tombant dessus.
- Je vais le prendre sur la figure se dit-il effaré
Il n’eut juste que le temps d’attraper le chien à la volée par le harnais qu’il se sentit violement soulevé.
- ON L’A, ON L’A hurla Bébert la bulle et la tourelle avant recouverte entiérement par la corolle blanche.
- JE L’AI brailla Riné depuis la soute à bombes.
Aidé par Maurice descendu pour donner un coup de main de la tourelle dorsale, il tira Werner, sonné, à l’intérieur pendant que le mitrailleur attrapait le chien par le col.
Marcel remit du gaz et l’avion à cabrer tout en rentrant le train.
- La vache, ils reviennent de loin.
- Comment vont-ils ?
- Sais pas trop, le chat est descendu de la radio pour renifler le chien. Il a l’air un peu sonné
- Et Werner ?
- Sonné aussi.
- Regardes s’il y a quelque chose dans la pharmacie.
- Un suppo effervescent ?
- NOOOOOOON hurla Werner, ca va déjà mieux
- Arf ! c’était pour rire.
- Bon dit Marcel, dés que le chien va mieux, fous le devant, on rentre.
Le vol de retour se poursuivit au desus de la mer sans histoire.
Juste après s’être posé sans encombre, Marcel demanda des nouvelles du « Melbourne Limoges ».
Rentré sans encombres, objectif raté lui répondit on, la bombe a rebondit trop haut et est passée par dessus le barrage.
- Arf dit Maurice, pas croisée Terre Neuve leur bombe aux Aussies, mais kangourou, pour sauter partout comme ca.
- Encore heureux que c'était pas avec un boomerang, ... les cons
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Signe Werner, truffe qui retourne jouer dans son bain
[EDIT] : Arf j'avais oublié la fin !