Dans le mille Emile (4)
Publié : mer. mai 17, 2006 12:50 pm
Voili voilo, Scrat m'a rappele Werner, sa menagerie et sa bande de branquignols que j'avais un peu oublie. Donc, une petite resucee, qui j'espere va vous plaire, surtout que ce coup-ci, ca se passe mal.
Messieurs a vos cagettes de tomates pourries.
***************************DESCENDUS*****************************
Troisième canette que lui passait le radio… il trinqua avec Marcel le copilote, ça y est, ils attaquaient la troisième heure de vol, passa un oeil rapide sur le tableau de bord : pression, température d'huile, régime moteur, tout était dans le vert. Altitude stabilisée à 25.000 pieds, tout allait bien, les moteurs ronronnaient, comme le chat roupillant sur sa radio, écoutant son destressant favori « Glenn Miller ». Le chien léchouillait le pied du yoke sur lequel il venait de pisser. Le calme régnait dans le bombardier.
Pas si mal que ça le "City of Genevilliers" digne remplacant du "Lady Pleyoud" songea Werner. Le "Lady Peyoud", blessé à mort lors d'une mission nocturne, avait été ramené in-extremis à la base.
Werner se rappelait encore, en souriant, la lamentable cérémonie de remise de décoration… de cet abruti de pisse-copies... Le chien releva la tête brusquement en grognant, tirant Werner de sa rêverie. Marcel jeta sa canette par terre, commenca à fouiller attentivement la nuit noire.
- Attention a tous, le chien grogne dit Werner à l'interphone de bord.
- Pas d'autres infos, ca vient d'où ? répondit Raymond le mitrailleur de queue.
- Pas d'infos, tout le monde reste attentif.
A l'alerte du chien, la tension s'était brusquement élevée.
Tous les membres d'équipage écarquillaient les yeux pour percer cette nuit sans lune, l'oreille essayant de distinguer à travers le brouhaha des 4 Rolls Royce Merlin un bruit différent, étranger : le bruit d'un prédateur, le bruit des moteurs d'un chasseur de nuit...
Werner, comme tous les autres membres d'équipage se souvenait encore avec effroi de leur dernière rencontre avec un de ces Nachtjägder qui avait sonné le glas du "Lady Pleyoud". Instinctivement il posa ses mains et serra très fort les manettes de gaz.
Le chien releva la tête en aboyant et se précipita vers l'avant de l'appareil.
- PASSE FRONTALE, hurla Werner dans l'interphone.
Bébert le mitrailleur avant s'arc-bouta à ses deux 7.7 les yeux écarquillés scrutant l'obscurité.
Le chien était maintenant dans la bulle du bombardier aboyant comme un fou vers l'avant.
- Doit plus être très loin murmura Marcel, la tête rentrée dans les épaules, attendant comme tout le monde le déchirement et les éclairs des canons de 20, des éclats et des impacts qui n'allaient pas manquer de toucher le "City of Gennevilliers".
- Il y en a plusieurs ! hurla Bébert.
Il commenca immédiatement à tirer, les détonations de l'affut double de 7.7 furent presque comme un soulagement pour Werner, ca y est, on y est pensa-t-il.
Il regarda avec attention à l'exterieur, et distingua des lueurs d'échappements de moteurs... PLEIN DE FLAMMES D'ECHAPPEMENT, comme des petites étoiles filantes, toutes alignées, toutes à la même vitesse.
Putain, qu'est ce que c'est que ce truc la ?
- UN BOX hurla Marcel, on va s'emplatrer un box de bombardiers !
Werner baissa la tête essayant de distinguer la trajectoire des étoiles filantes, maintenant identifiées.
Un choc effroyable fit basculer le Lancaster sur l’aile gauche. Il donna du palo sur la droite et tenta de redresser le zinc qui partait dans une grande glissade.
Il vit à travers la verrière des traçantes déchirer le ciel : "tous les autres zincs nous tirent dessus sans savoir où on est, les cons !"
Maurice se mit a tirer
- Arrête ! Hurla Werner, tu sais sur qui tu tires ? C'est peut-être un des nôtres.
- Oh merde, parle pas de malheur...
- Malheur, tu parles, on vient de se faire aborder, on est mal barré.
Werner sentait le vent glacé entrer dans le cockpit, on a encore mangé bon ce coup-ci... Paulo va être content bordel ! Deux qu'on lui ramène pétés coup sur coup !
Le chien surgit et courut vers l'arrière en aboyant comme un furieux. Marcel l'attrapa au vol :
- Fais chier Werner t'as encore oublié sa laisse.
- Ta gueule, j'ai autre chose à foutre, tu vois pas qu'on pique et qu ‘on prend du badin ?
Le grand oiseau blessé continuait à perdre de l'altitude toujours virant sur la gauche.
- DEGATS ? hurla-t-il
- Ce connnard nous a embarqué l'empennage babord repondit Raymond de sa tourelle arrière.
- Bien fait, ca lui fera un souvenir dit le radio.
- Tiens, t'es pas mort toi ? répondit Werner, j'ai entendu du bruit de ton côté, comment ça se passe ?
- On a mangé grave, la carlingue est ouverte sur pratiquement toute la longueur. Ca pêle un max maintenant. Le greffier s'est refugié dans mon bomber, il n'a même pas eu le temps de pisser partout.
- Bon, on est rentre dans quoi ? demanda Maurice le mitrailleur dorsal, j'ai vu une grosse ombre mais j'ai fermé les yeux de trouille.
- C'est bien la peine avec toutes les carottes que tu t'empiffres, de fermer les yeux quand on en a besoin retorqua Raymond, Bon sinon, un de chez nous ?
- Peu probable, le clébard n'aurait pas fait sa crise de nerfs sur un zinc de chez nous dit Marcel en Sherlock Homes avisé.
- Ouaip peu de chance, l'est pas resté pour le constat en plus dit Werner.
Vraisemblablement on a du s'emplafonner un He 111.
- Il revenait de larguer ses dragées ou il y allait ? demanda le radio
- Aucune idée retorqua Werner, bon on est où ?
- Sais pas
- No se
- Euh ...
- Ben...
- Ouaf ?
- 'don't know
- Pffffffff ...
Rétorqua en coeur l'équipage.
- Pffffffffffff comme d'hab' brailla Werner, faut que je m'occupe de tout ici, décoller, atterrir piloter ce zinc, filer à bouffer au chat, sortir le chien, putain , j'avais demandé la chasse pas trimballer des cons avec 10 t de bombes.
- Grrrrrrrrrr commenca à grogner le chien
- Toi ta gueule brailla Werner en regardant le chien qui commencait à baisser la tête, incapable de savoir ou on est, à quoi tu sers pov' truffe ? A bouffer des tonnes de croquettes et pisser partout ? C'est ça ?
La chasse, putain, j'avais demandé la chas...
- Tu parles tu te serais paumé entre le dispersal et ton zinc dit perfidement le mitrailleur arrière.
- Oui alors toi t'as raison de la ramener, incapable d'identifier un zinc ennemi à 2 mètres, l'était pas assez près peut-être ? La prochaine fois, on fait quoi, on le ramène avec nous à la maison ?
- laisse tomber Werner, dit Marcel le copil dans un murmure, ce coup ci on ne rentrera pas à la maison. Je ne tiens ni cap ni altitude. La carlingue est decoupée, avec les vibrations on peut se casser en deux morceaux à tout moment. Il faut évacuer l'appareil et ça urge !!!
Meeeeeeeeeeeerde ! pensa Werner.
- Bon, à tous, c'est foutu, faut évacuer… Vérifiez vos pépins. Vous y allez, je tiens le zinc pendant ce temps-là. Tu prends le chien Marcel ?
- Bien sûr mais avec la laisse ça aurait été plus facile quand même.
- Bon tu vas pas t'y mettre toi non plus. On est au dessus de quoi la maintenant ? Flotte ou terre ?
- Terre.
- laquelle ? L'Angleterre ou la France ?
- Alors là , tu m'en demandes trop
- C'est pas vrai fulmina Werner, faites tous chier, cassez vous hurla-t-il.
Il vit passer penaud le mitrailleur avant qui fila à l'arrière pour accéder à la trappe.
- A tous, ne prenez pas les canots, il paraît que c'est la terre dessous. Allez-y et bonne chance !
Werner attendit une bonne minute, accroche aux commandes du Lancaster, essayant tant bien que mal de lui faire tenir sa ligne de vol et appela à l'interphone.
Personne ne répondit.
Bon, faut y aller maintenant… il débrancha l'oxygène et le câble de la radio, ouvrit la boucle du brelage de siège, il vérifia et serra le harnais du parachute, passa la main sur la crosse de son pistolet - Au caz'où pensa-t-il, prit une dernière goulée de bière, pffff, avec ces conneries, j'ai même pas pensé à la première gorgée de bière et se dirigea vers la trappe d'évacuation.
Il recut une énorme gifle glacée quand il quitta l'appareil et compta jusqu'a trois avant de tirer frénétiquement sur la poignée de son pépin. La secousse qu'il ressentit et un rapide coup d'oeil sur la corolle bien déployée le rassura sur les quelques minutes à venir.
La suite risquait d'être beaucoup moins drôle.
Allait-il atterrir en territoire ennemi ou en Angleterre ? De toute facon, la nouvelle de leur arrivée allait vite être diffusée. Difficile de faire l'innocent quand on se prend coup sur coup un Heinkel 111 et un Lancaster sur la gueule.
Tout le monde serait en alerte sachant que deux équipages de bombardiers, ami et ennemi, erraient dans la nature. Attention à pas se faire canarder dessus par un excité de la gachette…
Bon on verra plus tard, songea Werner, le sol approchait rapidement. Il atterrit brutalement dans la boue d'un champ de betteraves fraichement retourné. Il replia rapidement son parachute et se mit à marcher vers un bosquet d'arbres qu'il voyait dans la pénombre. Il s'y camoufla en attendant les premières lueurs du jour . Des arbres longeaient une route en contrebas, tout était silencieux.
Bon les brit's font-ils de la betterave pensa-t-il en regrettant amèrement tous les cours de géographie qu'il avait séchés.
Au bout de quelques heures, toujours dans ses pensées scolaires, il entendit du bruit dans les feuillages.
- Merde, ca bouge sur le côté..
Il attrapa son arme, prêt à tirer, les fougères s’ouvrirent brusquement : un monstre surgit et se jeta sur lui en lui lêchant frénétiquement le visage.
- Putain de clébard quelle haleine, il a encore bouffé un cimetière.
Marcel était derrière.
- Alors ?
- Alors quoi ? Comment ce con de clébard m'a retrouvé ?
- C'est toi qu’a les croquettes dans le paquetage de survie.
- Des news des autres ?
- Nan, mais j'ai repéré un bled sur le chemin, faudrait voir où on est.
- T'es au courant que les autres zigotos qu'on a encadrés doivent se balader dans la nature ?
- Sûr, manquerait plus qu'on tombe sur eux.
Ils décidèrent de marcher dans le fossé le long de la route pour ne pas attirer l'attention d'une éventuelle patrouille nocturne.
Au bout de quelques kilomètres, ils tombèrent sur un carrefour, une pile de sacs de sables protégeait une pièce de DCA dont le canon dépassait pointant en l'air.
Derrière se profilait un bâtiment, vraisemblablement une gare.
Tapis dans leur fossé, la strategie s'organisait entre Marcel et Werner
- Bon faut y aller mollo. On sait pas qui ils sont, ils ne savent pas qui on est, s'agirait pas que ces cons defouraillent comme au stand de tir.
On va balancer des cailloux sur leur affut, ca va bien les faire bouger.
Au bout de quelques kling klong sur le metal de la pièce d'artillerie, les servants commencèrent a s'agiter.
- « Hande hoch, Hande hoch » Entendirent-ils crier.
- Tu vois Werner beugla Marcel avec tes conneries, ca y est on est repéré, c'est des Allemands.
- Quoi avec mes conneries, fallait bien savoir non ? répondit Werner en hurlant
- Tu parles, on passait facon Mohican et on regardait le nom de la gare, là, ces connards vont nous canarder.
Werner était en rage, se redressa pour hurler plus aisément
- Bien sûr quand on fait rien, on risque rien. Fout moi un coup de pied au cul de cet abruti de chien, ça lui apprendra à reconnaitre les Bons, à ce Truand !
- Ta gueule brailla Marcel en se relevant aussi, pas question d'etre une Brute avec ce chien rétorqua-t-il en alpagant Werner au col et tu vas voir aussi que...
- Messieurs, je vous dérange ?
- Il veut quoi cet empaffé ? repondit Werner s'arrêtant net dans l'ouverture de la boite à gifles qu'allait subir Marcel.
- Euh je crois que l'empaffé est capitaine et qu'il est de chez nous comme tout ses petits copains Tommies autour de lui dit Marcel complètement calmé.
- Et bien demande lui pourquoi ce con nous parle en Allemand rugit Werner le visage à 10 cm de celui de Marcel.
- Tu sais des officiers Allemands rouquins avec des dents de cheval et en uniforme Brit' j'en connais pas beaucoup répondit Marcel tout penaud.
- En effet Messieurs, nous recherchons aussi un équipage Allemand, nos sommations sont donc en Allemand. Maintenant si vous pouviez sortir de votre trou que je vous explique le respect dû à un capitaine de sa gracieuse majesté, tout rouquin soit-il !
- Putain, ces biffins, si maintenant ils se mettent à apprendre les langues répondit Werner dépité.
Après quelques explications orageuses due surtout aux tentatives d'attaque du chien sur le capitaine, tout ce petit monde se retrouva dans un camion militaire direction la base. Le vieux allait encore leur passer un lavage d'oreilles, le capitaine leur avait donné des nouvelles des autres membres d'équipage du "City of Genevilliers", sains et saufs. Sautant ensemble, ils étaient, logiquement, arrivés ensemble sur ... une base de la RAF. Se croyant en territoire ennemi, ils avaient tenté de voler un avion, un Lancaster justement... Les cons avait murmuré Werner, c'est nous les pilotes !
Bref tout s'était bien terminé, la garde avait pris d'assaut le Lancaster pour en déloger l'équipage squatter, le tout s'était soldé sans blessés ni dégâts sauf un capitaine violemment attaqué par un chat qui avait trouvé là la bonne occasion de se défouler.
Sur ce je vous laisse, c'est l'heure de l'apero, avec les tomates pourries, ce soir c'est pizza !
Signe Werner, truffe qui s'est encore presse le neurone
Messieurs a vos cagettes de tomates pourries.
***************************DESCENDUS*****************************
Troisième canette que lui passait le radio… il trinqua avec Marcel le copilote, ça y est, ils attaquaient la troisième heure de vol, passa un oeil rapide sur le tableau de bord : pression, température d'huile, régime moteur, tout était dans le vert. Altitude stabilisée à 25.000 pieds, tout allait bien, les moteurs ronronnaient, comme le chat roupillant sur sa radio, écoutant son destressant favori « Glenn Miller ». Le chien léchouillait le pied du yoke sur lequel il venait de pisser. Le calme régnait dans le bombardier.
Pas si mal que ça le "City of Genevilliers" digne remplacant du "Lady Pleyoud" songea Werner. Le "Lady Peyoud", blessé à mort lors d'une mission nocturne, avait été ramené in-extremis à la base.
Werner se rappelait encore, en souriant, la lamentable cérémonie de remise de décoration… de cet abruti de pisse-copies... Le chien releva la tête brusquement en grognant, tirant Werner de sa rêverie. Marcel jeta sa canette par terre, commenca à fouiller attentivement la nuit noire.
- Attention a tous, le chien grogne dit Werner à l'interphone de bord.
- Pas d'autres infos, ca vient d'où ? répondit Raymond le mitrailleur de queue.
- Pas d'infos, tout le monde reste attentif.
A l'alerte du chien, la tension s'était brusquement élevée.
Tous les membres d'équipage écarquillaient les yeux pour percer cette nuit sans lune, l'oreille essayant de distinguer à travers le brouhaha des 4 Rolls Royce Merlin un bruit différent, étranger : le bruit d'un prédateur, le bruit des moteurs d'un chasseur de nuit...
Werner, comme tous les autres membres d'équipage se souvenait encore avec effroi de leur dernière rencontre avec un de ces Nachtjägder qui avait sonné le glas du "Lady Pleyoud". Instinctivement il posa ses mains et serra très fort les manettes de gaz.
Le chien releva la tête en aboyant et se précipita vers l'avant de l'appareil.
- PASSE FRONTALE, hurla Werner dans l'interphone.
Bébert le mitrailleur avant s'arc-bouta à ses deux 7.7 les yeux écarquillés scrutant l'obscurité.
Le chien était maintenant dans la bulle du bombardier aboyant comme un fou vers l'avant.
- Doit plus être très loin murmura Marcel, la tête rentrée dans les épaules, attendant comme tout le monde le déchirement et les éclairs des canons de 20, des éclats et des impacts qui n'allaient pas manquer de toucher le "City of Gennevilliers".
- Il y en a plusieurs ! hurla Bébert.
Il commenca immédiatement à tirer, les détonations de l'affut double de 7.7 furent presque comme un soulagement pour Werner, ca y est, on y est pensa-t-il.
Il regarda avec attention à l'exterieur, et distingua des lueurs d'échappements de moteurs... PLEIN DE FLAMMES D'ECHAPPEMENT, comme des petites étoiles filantes, toutes alignées, toutes à la même vitesse.
Putain, qu'est ce que c'est que ce truc la ?
- UN BOX hurla Marcel, on va s'emplatrer un box de bombardiers !
Werner baissa la tête essayant de distinguer la trajectoire des étoiles filantes, maintenant identifiées.
Un choc effroyable fit basculer le Lancaster sur l’aile gauche. Il donna du palo sur la droite et tenta de redresser le zinc qui partait dans une grande glissade.
Il vit à travers la verrière des traçantes déchirer le ciel : "tous les autres zincs nous tirent dessus sans savoir où on est, les cons !"
Maurice se mit a tirer
- Arrête ! Hurla Werner, tu sais sur qui tu tires ? C'est peut-être un des nôtres.
- Oh merde, parle pas de malheur...
- Malheur, tu parles, on vient de se faire aborder, on est mal barré.
Werner sentait le vent glacé entrer dans le cockpit, on a encore mangé bon ce coup-ci... Paulo va être content bordel ! Deux qu'on lui ramène pétés coup sur coup !
Le chien surgit et courut vers l'arrière en aboyant comme un furieux. Marcel l'attrapa au vol :
- Fais chier Werner t'as encore oublié sa laisse.
- Ta gueule, j'ai autre chose à foutre, tu vois pas qu'on pique et qu ‘on prend du badin ?
Le grand oiseau blessé continuait à perdre de l'altitude toujours virant sur la gauche.
- DEGATS ? hurla-t-il
- Ce connnard nous a embarqué l'empennage babord repondit Raymond de sa tourelle arrière.
- Bien fait, ca lui fera un souvenir dit le radio.
- Tiens, t'es pas mort toi ? répondit Werner, j'ai entendu du bruit de ton côté, comment ça se passe ?
- On a mangé grave, la carlingue est ouverte sur pratiquement toute la longueur. Ca pêle un max maintenant. Le greffier s'est refugié dans mon bomber, il n'a même pas eu le temps de pisser partout.
- Bon, on est rentre dans quoi ? demanda Maurice le mitrailleur dorsal, j'ai vu une grosse ombre mais j'ai fermé les yeux de trouille.
- C'est bien la peine avec toutes les carottes que tu t'empiffres, de fermer les yeux quand on en a besoin retorqua Raymond, Bon sinon, un de chez nous ?
- Peu probable, le clébard n'aurait pas fait sa crise de nerfs sur un zinc de chez nous dit Marcel en Sherlock Homes avisé.
- Ouaip peu de chance, l'est pas resté pour le constat en plus dit Werner.
Vraisemblablement on a du s'emplafonner un He 111.
- Il revenait de larguer ses dragées ou il y allait ? demanda le radio
- Aucune idée retorqua Werner, bon on est où ?
- Sais pas
- No se
- Euh ...
- Ben...
- Ouaf ?
- 'don't know
- Pffffffff ...
Rétorqua en coeur l'équipage.
- Pffffffffffff comme d'hab' brailla Werner, faut que je m'occupe de tout ici, décoller, atterrir piloter ce zinc, filer à bouffer au chat, sortir le chien, putain , j'avais demandé la chasse pas trimballer des cons avec 10 t de bombes.
- Grrrrrrrrrr commenca à grogner le chien
- Toi ta gueule brailla Werner en regardant le chien qui commencait à baisser la tête, incapable de savoir ou on est, à quoi tu sers pov' truffe ? A bouffer des tonnes de croquettes et pisser partout ? C'est ça ?
La chasse, putain, j'avais demandé la chas...
- Tu parles tu te serais paumé entre le dispersal et ton zinc dit perfidement le mitrailleur arrière.
- Oui alors toi t'as raison de la ramener, incapable d'identifier un zinc ennemi à 2 mètres, l'était pas assez près peut-être ? La prochaine fois, on fait quoi, on le ramène avec nous à la maison ?
- laisse tomber Werner, dit Marcel le copil dans un murmure, ce coup ci on ne rentrera pas à la maison. Je ne tiens ni cap ni altitude. La carlingue est decoupée, avec les vibrations on peut se casser en deux morceaux à tout moment. Il faut évacuer l'appareil et ça urge !!!
Meeeeeeeeeeeerde ! pensa Werner.
- Bon, à tous, c'est foutu, faut évacuer… Vérifiez vos pépins. Vous y allez, je tiens le zinc pendant ce temps-là. Tu prends le chien Marcel ?
- Bien sûr mais avec la laisse ça aurait été plus facile quand même.
- Bon tu vas pas t'y mettre toi non plus. On est au dessus de quoi la maintenant ? Flotte ou terre ?
- Terre.
- laquelle ? L'Angleterre ou la France ?
- Alors là , tu m'en demandes trop
- C'est pas vrai fulmina Werner, faites tous chier, cassez vous hurla-t-il.
Il vit passer penaud le mitrailleur avant qui fila à l'arrière pour accéder à la trappe.
- A tous, ne prenez pas les canots, il paraît que c'est la terre dessous. Allez-y et bonne chance !
Werner attendit une bonne minute, accroche aux commandes du Lancaster, essayant tant bien que mal de lui faire tenir sa ligne de vol et appela à l'interphone.
Personne ne répondit.
Bon, faut y aller maintenant… il débrancha l'oxygène et le câble de la radio, ouvrit la boucle du brelage de siège, il vérifia et serra le harnais du parachute, passa la main sur la crosse de son pistolet - Au caz'où pensa-t-il, prit une dernière goulée de bière, pffff, avec ces conneries, j'ai même pas pensé à la première gorgée de bière et se dirigea vers la trappe d'évacuation.
Il recut une énorme gifle glacée quand il quitta l'appareil et compta jusqu'a trois avant de tirer frénétiquement sur la poignée de son pépin. La secousse qu'il ressentit et un rapide coup d'oeil sur la corolle bien déployée le rassura sur les quelques minutes à venir.
La suite risquait d'être beaucoup moins drôle.
Allait-il atterrir en territoire ennemi ou en Angleterre ? De toute facon, la nouvelle de leur arrivée allait vite être diffusée. Difficile de faire l'innocent quand on se prend coup sur coup un Heinkel 111 et un Lancaster sur la gueule.
Tout le monde serait en alerte sachant que deux équipages de bombardiers, ami et ennemi, erraient dans la nature. Attention à pas se faire canarder dessus par un excité de la gachette…
Bon on verra plus tard, songea Werner, le sol approchait rapidement. Il atterrit brutalement dans la boue d'un champ de betteraves fraichement retourné. Il replia rapidement son parachute et se mit à marcher vers un bosquet d'arbres qu'il voyait dans la pénombre. Il s'y camoufla en attendant les premières lueurs du jour . Des arbres longeaient une route en contrebas, tout était silencieux.
Bon les brit's font-ils de la betterave pensa-t-il en regrettant amèrement tous les cours de géographie qu'il avait séchés.
Au bout de quelques heures, toujours dans ses pensées scolaires, il entendit du bruit dans les feuillages.
- Merde, ca bouge sur le côté..
Il attrapa son arme, prêt à tirer, les fougères s’ouvrirent brusquement : un monstre surgit et se jeta sur lui en lui lêchant frénétiquement le visage.
- Putain de clébard quelle haleine, il a encore bouffé un cimetière.
Marcel était derrière.
- Alors ?
- Alors quoi ? Comment ce con de clébard m'a retrouvé ?
- C'est toi qu’a les croquettes dans le paquetage de survie.
- Des news des autres ?
- Nan, mais j'ai repéré un bled sur le chemin, faudrait voir où on est.
- T'es au courant que les autres zigotos qu'on a encadrés doivent se balader dans la nature ?
- Sûr, manquerait plus qu'on tombe sur eux.
Ils décidèrent de marcher dans le fossé le long de la route pour ne pas attirer l'attention d'une éventuelle patrouille nocturne.
Au bout de quelques kilomètres, ils tombèrent sur un carrefour, une pile de sacs de sables protégeait une pièce de DCA dont le canon dépassait pointant en l'air.
Derrière se profilait un bâtiment, vraisemblablement une gare.
Tapis dans leur fossé, la strategie s'organisait entre Marcel et Werner
- Bon faut y aller mollo. On sait pas qui ils sont, ils ne savent pas qui on est, s'agirait pas que ces cons defouraillent comme au stand de tir.
On va balancer des cailloux sur leur affut, ca va bien les faire bouger.
Au bout de quelques kling klong sur le metal de la pièce d'artillerie, les servants commencèrent a s'agiter.
- « Hande hoch, Hande hoch » Entendirent-ils crier.
- Tu vois Werner beugla Marcel avec tes conneries, ca y est on est repéré, c'est des Allemands.
- Quoi avec mes conneries, fallait bien savoir non ? répondit Werner en hurlant
- Tu parles, on passait facon Mohican et on regardait le nom de la gare, là, ces connards vont nous canarder.
Werner était en rage, se redressa pour hurler plus aisément
- Bien sûr quand on fait rien, on risque rien. Fout moi un coup de pied au cul de cet abruti de chien, ça lui apprendra à reconnaitre les Bons, à ce Truand !
- Ta gueule brailla Marcel en se relevant aussi, pas question d'etre une Brute avec ce chien rétorqua-t-il en alpagant Werner au col et tu vas voir aussi que...
- Messieurs, je vous dérange ?
- Il veut quoi cet empaffé ? repondit Werner s'arrêtant net dans l'ouverture de la boite à gifles qu'allait subir Marcel.
- Euh je crois que l'empaffé est capitaine et qu'il est de chez nous comme tout ses petits copains Tommies autour de lui dit Marcel complètement calmé.
- Et bien demande lui pourquoi ce con nous parle en Allemand rugit Werner le visage à 10 cm de celui de Marcel.
- Tu sais des officiers Allemands rouquins avec des dents de cheval et en uniforme Brit' j'en connais pas beaucoup répondit Marcel tout penaud.
- En effet Messieurs, nous recherchons aussi un équipage Allemand, nos sommations sont donc en Allemand. Maintenant si vous pouviez sortir de votre trou que je vous explique le respect dû à un capitaine de sa gracieuse majesté, tout rouquin soit-il !
- Putain, ces biffins, si maintenant ils se mettent à apprendre les langues répondit Werner dépité.
Après quelques explications orageuses due surtout aux tentatives d'attaque du chien sur le capitaine, tout ce petit monde se retrouva dans un camion militaire direction la base. Le vieux allait encore leur passer un lavage d'oreilles, le capitaine leur avait donné des nouvelles des autres membres d'équipage du "City of Genevilliers", sains et saufs. Sautant ensemble, ils étaient, logiquement, arrivés ensemble sur ... une base de la RAF. Se croyant en territoire ennemi, ils avaient tenté de voler un avion, un Lancaster justement... Les cons avait murmuré Werner, c'est nous les pilotes !
Bref tout s'était bien terminé, la garde avait pris d'assaut le Lancaster pour en déloger l'équipage squatter, le tout s'était soldé sans blessés ni dégâts sauf un capitaine violemment attaqué par un chat qui avait trouvé là la bonne occasion de se défouler.
Sur ce je vous laisse, c'est l'heure de l'apero, avec les tomates pourries, ce soir c'est pizza !
Signe Werner, truffe qui s'est encore presse le neurone