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Publié : dim. janv. 30, 2005 7:32 pm
par berkoutskaia
Quelque part en Mer Noire, Lundi 13h15

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Je termine mon déjeuner calmement, tout en discutant de son dernier vol avec Alexeï. Il fait beau, la mer est calme... Un bel après-midi se profile à l'horizon. Forcément, c'est à ce moment précis qu'un planton interrompt notre discussion:
-- Capitaine Trikiev, l'amiral vous demande au carré des officiers.
-- Pff.... son chien a encore bouffé un truc avarié, je suppose ? lui lance Alexeï.
-- C'est important.
-- Ouais, ouais, j'arrive, dis-je en me levant.

Je suis le planton le long des coursives en cherchant à deviner la raison de cette réunion "importante", mais rien ne semble justifier un tel empressement. Je me glisse dans l’ouverture de la porte, que le planton referme aussitôt.
-- Capitaine Trikiev au rapport, Amiral.
-- Asseyez-vous Sacha, et servez-vous donc une tasse de thé, ce sera long.
--De quoi s’agit-il ?
-- Nos services de renseignements ont appris qu’un trafiquant d’arme du nom d’Igor Bladienko a organisé un "marché aux armes" au nord de la Crimée. Cette petite fête devrait ouvrir ses portes mercredi, mais nos photos satellites montre qu’une grande partie du matériel est déjà sur place.

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-- Ancien matériel soviétique, je suppose ?
-- Vous supposez bien. En grande partie des restes de l’armée rouge, mais également du matériel occidental apparemment. Stinger, LAW, etc… Il semblerait que Bladienko ait gardé des liens forts avec les politiques ukrainiens, et il est possible qu’il opère sous protection de ses amis au gouvernement.
-- Et à l’insu des autres ?
-- Sans doute. Impossible d’avoir une liste de noms précises, mais on parle du ministère de la Défense ukrainien.
-- Aie. Mais qu’est-ce que ça a à voir avec nous toute ces petites histoires de magouille et de trafic d’armes ? Il n’y a pas de Kh-41 ou de Topol-M sur le catalogue de jouets de Bladienko ?
--Pas que je sache. Mais notre gouvernement a décidé d’agir, pour montrer à nos voisins ukrainiens qu’il est temps de faire un peu de ménage. Les VVS se sont appropriés l’opération, mais notre ministre de la marine a réussi à garder le plus beau morceau. Votre escadrille est chargée de bombarder la zone. L’opération est prévue pour demain à l’aube, sous réserve de confirmation.
-- Demain ! Rappelez-moi où se trouve la zone cible ? Ca doit faire dans les 1000km A/R ça !
-- En vol direct, oui. Mais il est hors de question de traverser la Crimée de part en part. Nous faisons déjà route vers Novorossisk pour nous rapprocher, mais il vous restera tout de même 1200km à parcourir. Les VVS déploieront un Il-78 sur un axe Nord-Sud à l’Est du Détroit, escorté par 2 Su-30. Pour ne pas éveiller les soupçons, nous ne pouvons déployer trop de forces dans la région, mais des vols resteront en alerte sur les bases d’Anapa et Krymsk dès 5h00.
-- Bien, c’est toujours ça. Les VVS se chargent aussi d’anéantir les SAMs sur zone et de nous escorter, je suppose ?
-- 2 Su-34 arriveront du Nord-est et se chargeront de vous ouvrir une brèche dans le réseau SAM ukrainien. Selon leur plan de vol, la brèche sera ouverte à 5h50. Par contre, vous ne serez pas escortés.
-- De mieux en mieux… Ces fainéants ne peuvent pas voler avant le petit-déjeuner ?
-- C’est l’occasion de prouver la capacité multirôle de notre aviation embarquée. Mais ne vous faites pas de soucis, les ukrainiens seront pris par surprise.
-- Espérons. A combien partons-nous ?
-- 2 voire 3 appareils, je ne veux pas risquer plus. Et cela devrait amplement suffire. A vous de choisir vos ailiers, vous avez tout l’après-midi pour travailler votre mission.
-- Le capitaine Alexeï Kapranov et le lieutenant Roman Gorobets ont suffisamment d’expérience et d’heures de vol récentes pour mener à bien cette mission, si vous êtes d’accord.
-- C’est parfait. Mettez-les au courant, et préparez votre vol. Nous nous reverrons plus tard.
-- Bien, Amiral.

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L’après-midi reposant est fortement compromis. Je passe 2 heures à préparer la mission avec Alexeï et Roman, après les avoir briefés. Après le décollage, nous partirons au nord vers le détroit de Kerch, en restant du « bon » coté de la frontière. Une fois en Mer d’Azov, cap à l’Ouest vers l’Ukraine. Tout ça à 6000m. Aussi anodin qu’il puisse paraître, ce vol de croisière devra être très précis, afin d’arriver à 5h50 à portée des SAMs ennemi, juste au moment où ceux-ci seront rendus inefficaces par les missiles Kh-31P des Su-34. Si nous arrivons trop tôt, les Ukrainiens seront alertés de notre présence pendant que nous tournerons en rond en attendant l’heure H, et chaque minute de retard sera une minute en moins à se concentrer sur l’objectif.

Une fois les SAMs neutralisés, descente à 2000m vers l’objectif et recherche de la cible. Puis frappe au sol et cap à l’Est une fois le travail fini. Ravitaillement au-dessus du détroit et retour à la maison. Cela semble simple, mais les apparences sont trompeuses. Il y a beaucoup trop d’inconnues pour cette mission : nous ne savons rien d’éventuelles défenses courte portée sur la zone, ni même de l’état d’alerte des bases ukrainiennes… Pour parer à l’éventualité d’un engagement Air-Air, nous emporterons chacun 4 R-27ER et 4 R-73. Cela ne laisse que 4 pylônes pour les charges Air-Sol, soit 2 conteneurs KMGU et 2 bombes à fragmentation RBK-500. De toute façon on ne pourra pas s’attarder.

Le dîner se passe sans un mot, ou presque. J’ai obtenu de l’amiral la présence de deux frégates en Mer d’Azov, en cas de coup dur. J’en informe mes ailiers qui savent aussi bien que moi que ce ne sont pas ces frégates qui feront la différence. Une fois rassasiés, nous filons profiter des quelques heures restantes pour dormir.


Mardi, 4h00

La nuit a été mouvementée, pour nous tous, mais la collation achève de nous réveiller

4h15, dernier briefing avec l’amiral. L’ordre de confirmation n’est pas encore tombé. Une fois en tenue de vol, nous montons sur le pont, où nos avions nous attendent, pleins faits et armement en place. Sans un mot, chacun d’entre nous se dirige vers son appareil, lui caresse le nez, puis les canards et les ailes. Chaque pilote vérifie son armement, et une fois le tour de l’avion terminé, je monte dans le cockpit, aidé par Igor, mon mécano. Un coup d’œil sur ma droite : Alexeï est sur l’échelle, mais Roman est encore sous son appareil. Son mécano s’approche en courant pour m’expliquer qu’il y’a un risque de fuite de liquide hydraulique. La journée commence vraiment très bien. C’est maintenant toute l’équipe de veille qui s’affaire autour du Su-33 de Roman pendant qu’Alexeï et moi nous mettons en position pour le décollage. L’amiral me contacte par la radio :
-- On est en train de vérifier l’intégrité du système hydraulique du 75 Bleu, mais cela semble compromis. Si son avion n’est pas près à prendre l’air à l’instant où nous recevons le feu vert du GQG, vous partez à deux
-- Bien compris. T’as entendu ça Alexeï ? J’espère que t’es bien frais !
-- Ouais. J’en connais un qui va devoir payer sa tournée au retour !

5h15, le top départ se fait attendre… Les pontes du GQG n’ont aucune idée du stress qui peuvent monter dans l’esprit des 2 pilotes de la Marine…
Les minutes s’écoulent péniblement… Je regarde l’horloge pour la 75e fois quand j’entends le grésillement de la radio dans mon casque.
-- Grom 1 et 2, la mission est approuvée. Vous êtes autorisés pour décollage immédiat. Bonne chance !
-- Bien reçu, Tour. On décolle. Alexeï tu me suis comme prévu à 15 secondes.
-- Wilco.
Un rapide coup d’œil sur ma gauche pour s’assurer que le Ka-27 de récupération est bien en position, et que le déflecteur s’est mis en place derrière mon avion. Tout le monde est en place. Un cran de volet sorti, freins serrés, je monte le régime moteur progressivement jusqu’à la puissance militaire. Toutes les jauges sont nominales et stables. L’officier de pont d’envol me signale que tout est bon de son côté.

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La suite bientôt...

Publié : dim. janv. 30, 2005 9:01 pm
par geronimo
:D :D

Top berkout' !!

Miam, miam... vous partez à deux donc ... waaaou !
Vivement les screens de la suite... ça sent bon en tout cas !!

Publié : dim. janv. 30, 2005 9:07 pm
par oojh
A cette :censored: de système hydraulique :angry: :rolleyes:

J'attend la suit avec impatience !

oojh

Publié : dim. janv. 30, 2005 9:16 pm
par pelican72
Excellent, original en plus, on accroche bien l'histoire!!! :) B)

La suite, et avec impatience.....




Pélican 72

Publié : dim. janv. 30, 2005 9:40 pm
par berkoutskaia
Je pousse la manette des gaz en butée, plein pot. Très vite je relâche les freins de roue et je laisse se déchaîner toute la fureur des 2 AL-31. Tout se passe très vite. Trois secondes après le lâché de freins, je suis toujours poussé au fond du siège par la formidable accélération, et je sens le train principal qui quitte le pont d’envol. Ma main gauche se dirige instinctivement vers le levier de train et le bruit de la mécanique en mouvement annonce la manœuvre de rentrée. Ma main droite continue à tirer légèrement sur le manche, afin de garder une vitesse verticale nulle.

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350 km/h, train rentré. Je commence à grimper légèrement en annonçant « Grom 1, en vol »

420 km/h, je rentre les volets, puis j’entends Alexeï annoncer « Grom 2, en vol »

500 km/h, je réduis à puissance militaire et la longue nav commence. Cap 350 vers le point 1, montée puissance militaire à 15m/s.

En prenant de l’altitude, on aperçoit le soleil dans nos 3h. Le jour se lève dans le ciel, notre groupe aéronaval est encore dans la nuit. 5h35, je rétablis à 6000m et je réduis les gaz à 95%. Alexeï me rejoint, nous entamons la check-list pour la croisière. Tout est dans le vert, on continue.

Puis un long silence s’installe. La côte russe se découpe peu à peu sur l’horizon. La lumière est superbe, je profite du spectacle que nous offre le lever de soleil. Même après toute ces années, on ne peut pas se lasser. Le plaisir du vol est toujours là, comme au premier jour. Alexeï ne dit rien, il contemple lui aussi les environs.

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Le signal du SPO nous tire de cette rêverie. Alexeï est plus prompt que moi, et annonce : --Radar sol à 11h. SAM logue portée.
--Pareil pour moi.
Le système S-300 de Kertch commence à nous balayer de son faisceau radar. Rien d’inquiétant pour le moment, nous somme suffisamment éloignés. Le vol de croisière se poursuit, le port de Novorossisk est maintenant visible dans nos 2h, encore plongée dans la pénombre. Deux points sombres se détachent dans le ciel devant nous.
--Visuel sur 2 appareils à 1h. Certainement les 30 en patrouille.
--On dirait bien. Le biberon doit être dans le coin aussi, réponds Alexeï.

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En effet, quelques minutes plus tard la silhouette de l’Il-78M apparaît dans nos 11h, en contrebas. 5h40, arrivée au point 1, à 50km au Nord-Est du détroit.
--On vire vers le point suivant.
Nous entamons un virage lent vers l’Ukraine. Une rapide check-list pour l’entrée en zone hostile et la nav se poursuit. Les communications avec mon ailier se font plus rare, la tension monte et nous restons très concentrés. Le SPO s’éclaire de plus en plus alors que nous longeons la barrière de SAM ukrainiens.

--On va être un peu à la bourre, annonce Alexeï
--C’est parti pour. De toute façon mon SPO ressemble encore à un sapin de Noël, donc les 34 ne doivent pas être vraiment à l’heure non plus.

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Nous continuons notre approche vers la zone cible, il est 5h55 et les SAMs côtiers devant nous sont toujours actifs.
--Ca serait bien qu’ils fassent leur boulot les beaux gosses des VVS, ça commence à m’énerver ce bruit permanent dans mes oreilles, lâche Alexeï.
Au même instant, les lampes vertes signalant les radars dans nos 12h s’éteignent successivement. Je réponds d’une voix détendue :
--Il suffit de demander.
--Ouais, c’est bon pour moi aussi.
--Alors c’est parti, descente à 2000m, on écarte la formation et on ouvre l’œil.

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Nous prenons un cap vers l’objectif, et Alexeï vient se placer assez loin sur ma gauche. Inutile de préciser que le premier d’entre nous a repérer l’objectif se fera offrir un verre par l’autre, cela va de soi. J’aperçois les quelques lumières de la vile de Sovoznoye au loin, dans mes 11h. Je concentre mon attention dans cette zone, puisque c’est là qu’est supposé être le rassemblement de véhicules. Une minute plus tard, il me semble voir 3 rangées de véhicules le long d’une route. Je tourne légèrement pour me rapprocher. Alexeï a sans doute vu ma manœuvre, car il tourne dans cette direction à son tour. D’un peu plus près je distingue plusieurs rangées de véhicules de toutes sortes : blindés lourd, camions, pièces d’artillerie, lance-roquettes, transport de troupes, hélicoptères. Alexeï est toujours muet, je vais boire pour pas cher ce soir.
--Objectif en vue dans mes 11h, Sud-Est de la ville. Tu vas passer à peu près au-dessus.
--Et encore une tournée sur mon compte ! Ca commence à bien faire…
--On continue sur ce cap et on rassemble pour... Merde !!! 2 Départ missile juste en dessous de toi ! Break !!!
Deux traînées blanches viennent de s’élever du sol, entre les véhicules. Très certainement des manpads. Alexeï dégage immédiatement en lâchant une poignée de leurres IR et quelques paillettes. La manœuvre a été efficace, et Alexeï revient sur moi.

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--Je m’aligne pour les assommer avant qu’ils ne rechargent, tu passes derrière à 30 secondes.
--Reçu.

Je repère vite fait l’alignement approximatif des véhicules, puis je fais un virage serré pour me ramener dans l’axe. Je désactive la sécurité de largage, vérifie la programmation des intervalles de largage des KMGU, tout est en ordre. Une légère montée vers 2800m, puis je pique vers la cible. Le réticule de largage défile sur le terrain, et les premiers véhicules apparaissent dans le viseur. Instinctivement, je presse la détente de largage. Une fois les containeurs KMGU refermés, je sélectionne les bombes à fragmentation RBK-500AO et m’éloigne de la cible en radada, tout en larguant quelques leurres.

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Tout s’est passé très vite, et j’entends Alexeï annoncer son largage. Ils ont du prendre un sacré coup en dessous.

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Une fois éloigné de quelques kilomètres, je tire sur le manche pour commencer un Immelmann et revenir sur la cible, l’œil rivé sur l’indicateur α/facteur d charge, afin de rester dans un domaine de vol raisonnable. Je rétablis à 3200m, cap au 250. Alexeï m’annonce qu’il se colle derrière moi :’’Je te suis à 30sec’’
--On en remet une couche et on rentre sans traîner.
--OK, reçu.

La zone cible est maintenant illuminée de multiples petits feux, ponctués de quelques explosions. La première passe a vraiment balayé la zone. Je repère un groupe de véhicules sur la droite, toujours intacts. Plus pour longtemps. La ligne de visée vient se placer dans l’axe des blindés, et je largue mes deux RBK à 2 secondes d’intervalles.

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--J’ai vu des avions sur la gauche, mais trop tard pour les aligner. Je refais une passe, annonce Alexeï.

Des avions !!! Décidément, on peut vraiment acheter de tout sur ce genre de marché.

--Reçu, je vire vers le point 4 à régime réduit et tu me rejoins dès que tu as finis.
--OK, je fais vite.

Tout se passe encore bien et je prends le cap vers le point 4 en soufflant de soulagement, quand mon SPO me signale que je suis balayé par un radar aérien !
-- Radar embarqué dans mes 5h ! Ca sent le vinaigre ! Je vire dessus pour essayer de les retarder, tu te dépêche de larguer tes dragées et on file.
--Merde alors, réponds Alexeï. OK, je finis ça vite fait.

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la suite demain...

Publié : lun. janv. 31, 2005 2:43 am
par Nutsfool
Ah, c'est du très bon Berkout, totale immersion, j'attends la suite, vite, vite !!!

Publié : lun. janv. 31, 2005 2:52 pm
par berkoutskaia
En un instant j’ai basculé l’avionique de mon appareil en mode maître Air-Air, radar allumé en recherche vers le cap de la menace. Je reçois deux contacts se dirigeant vers nous, probablement un vol d’interception qui arrive de Razdolnoye. Je sélectionne les missiles R-27ER, alors que le SPO me signale qu’un des 2 ennemis m’a verrouillé et m’éclaire de toute la puissance de son radar.
--Bombes larguées, annonce Alexei.
--Reçu. Je suis occupé avec deux Ukrainiens en interception sur nous, ils ont pas l’air de plaisanter. Ramènes-toi vite !
--OK, je fonce !
Une alarme stridente résonne soudainement dans mon casque.
--Départ missile pour moi, Défensive. On engage Alexeï !
Radar coupé, je largue des paillettes tout en virant sur la gauche pour beamer les radars ennemis.
--Je vois le missile partir, j’accroche le premier bandit.
--OK, je te rejoins.
Je vire à nouveau vers la gauche pour fuir le missile et me rapprocher d’Alexeï. Le pilote ukrainien a fait feu trop tôt, il m’a été facile de fuir son missile. A nous de répondre maintenant. Je rejoins Alexeï, rallume le radar.
--Tu gardes le leader, je prends le 2. On termine ça vite fait!
--OK, je suis prêt à faire feu.
Je verrouille mon radar sur l’ailier, il est tout juste à portée.
--On y va ! Grom 1, missile parti !
--Grom 2, missile parti.

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Les deux traînées blanches se dessinent simultanément dans le ciel. Mon radar m’indique que ma cible entame une manœuvre d’évitement vers la droite, puis se ravise et part vers la gauche. Je garde un verrouillage sur lui, et mon missile continue sa poursuite. J’aperçois le leader ukrainien qui lâche paillettes et boules de magnésium en tentant de tromper le missile d’Alexeï, puis soudain mon contact radar disparaît, et une fumée noire apparaît dans mes 12h.
--Grom 1, j’ai eu le contact n°2.
--Le leader m’a beamé, je n’arrive pas à le raccrocher !
--J’arrive dessus.

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Je dirige mon antenne radar sur la droite, vers le dernier intercepteur ennemi. En effectuant sa manœuvre de beam sur Alexeï, il s’est rapproché de moi, et j’obtiens très vite un écho sur mon radar. Cible verrouillée, il a perdu de la vitesse pendant sa manœuvre, il ne pourra pas échapper à mon missile…

--Grom 1, missile envoyé !
Je distingue maintenant les ailes de l’avion ennemi, qui semble être un MiG-29. Le pilote essaie de se dégager de mon missile, mais il est en mauvaise posture.
--Leader, 2. Je l’ai récupéré dans mes 11h.
--Reçu.
Il est foutu… La traînée blanche du missile disparaît alors que le moteur fusée parvient à bout de son carburant. La cible n’est plus très loin… Le missile explose à distance de l’avion, mais les éclats propulsés par la charge explosive criblent la partie arrière du fuselage du MiG, dont la voilure laisse maintenant échapper des fils blancs de kérosène. Le pilote semble lutter aux commandes de son appareil, et tente de dégager de la zone de combat.
--2, Leader. On dégage, retour à la maison.
--T’as raison, trop de touristes par ici.

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Nous reprenons un cap vers l’Est, vers la mer d’Azov. Une fois au-dessus de l’eau, nous larguons nos containeurs KMGU, afin d’accélérer notre fuite. Nous filons maintenant vers la Russie à plus de 1000 km/h.
--On passe sur la fréquence de Païtina.
--Reçu.
Le silence radio n’est plus une nécessité, Toutes les bases ukrainiennes sont au courant de notre présence maintenant. Les bateaux de patrouille en Mer d’Azov vont donc nous guider vers une voie de sortie sans danger, du moins espérons-le.
--Païtina, ici Grom leader, vous recevez ?
--Grom, ici Païtina, je vous reçoit fort et clair. Quelle est votre position ?
--Païtina, de Grom. Nous venons de passer la côte Ouest de la Mer d’Azov, nous faisons route au cap 100 à 5000m.
--Reçu Grom. Nous vous avons sur nos scopes. Des vols d’interception sont en train de décoller de Dzankhoy et Kerch pour vous intercepter, virez au 080 pour passer dans la zone de couverture de nos SAMs.
--Négatif Païtina. Nous avons tout juste assez de carburant pour rejoindre le ravitailleur, impossible de nous dérouter.
--Bien Compris. Nous alertons les patrouilles frontalières qui retiendront l’attention des intercepteurs. Restez sur la fréquence, nous assurons la surveillance.
Compris, merci Païtina. Grom leader terminé.

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Pendant quelques secondes, le silence s’installe. Alexeï et moi intégrons l’information la gravité de la situation. Il nous reste au moins 150 km à parcourir avant la terre russe, des patrouilles ukrainiennes décollent de toute la côte Nord-est de la Crimée pour nous intercepter. La partie est loin d’être gagnée.

--J’ai du radar aérien sur nos 2h, annonce Alexeï.
--Pareil pour moi. Païtina, Grom leader, nous sommes balayés par un radar aérien dans nos 2h, vous avez un contact ?
--Affirmatif. Deux appareils de Kerch se dirigent vers vous, à 80 km. Vous pouvez engager, mais veillez à rester loin des côtes, ou les SAMs ukrainiens vous allumeront.
--Bien reçu Païtina. Grom terminé. Alexeï, on garde le cap actuel et on essaye de les prendre au radar.
--C’est parti !

J’allume de nouveau mon radar, et je bascule immédiatement l’antenne sur la droite, vers la menace. Après quelques secondes, 2 échos apparaissent sur mon HUD.
--2 contacts 72 et 75 km, altitude moyenne.
--Pareil pour moi.
--Alexeï, tu prends celui en retrait. On lance dès que possible, et on traîne pas.
--Ca marche, j’ai pas l’intention de leur faire de cadeaux.

Nous avons un net avantage d’altitude par rapport à nos cibles, ce qui nous permet d’engager avant d’être trop proches des SAMs côtiers. 50km, je suis maintenant à bonne distance.
--Leader, missile envoyé.

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Quelques secondes plus tard, c’est Alexeï qui annonce le lancement d’un R-27ER. Mon contact entame une manœuvre évasive vers ma gauche, je continue la poursuite, alors que l’on aperçoit les terres ukrainiennes à l’horizon.
--Le mien part vers la gauche. Attention Alexeï, on s’approche trop des SAMs.
--Le second s’écarte sur la droite. Ils essaient de nous séparer.
Il faut en finir au plus vite. Si nous restons trop longtemps dans cette zone, tous les intercepteurs vont rappliquer, et nous n’aurons plus une chance. Ma cible semble revenir vers moi, et alors que je m’apprête à envoyer un second missile, j’aperçois une explosion dans mes 2 heures. Un de moins !

--Mon contact est détruit, me confirme Alexei. Je prends contact radar sur le tien.
--Compris, Il a évité mon missile et fuit vers les SAMs, je suis obligé de désengager. On rassemble au plus vite, je demande à Païtina de surveiller celui-là. Païtina, ici Grom leader, nous avons engagé les 2 contacts, un détruit, le dernier fuit vers ses SAMs. Vous gardez un œil sur lui ?
--Affirmatif. Mais il est assez loin pour nous, restez vigilants.
--Reçu, Terminé.
--Alexeï, il te reste combien de jus ?
--1 tonne 4. Ca devrait aller.
--Mouais, 1 tonne 5 pour moi, et je ne partage pas ton optimisme. On doit plus être très loin du ravitailleur.
--Grom leader, ici Païtina. Les intercepteurs ukrainiens sont engagés par nos vols d’alerte frontaliers. Il y a une forte activité de brouillage dans le secteur, nous ne pouvons plus assurer le contrôle. Faites vite.
--Compris Païtina. Terminé.

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Une minute s’écoule, je m’apprête à contacter l’avion ravitailleur, alors qu’Alexei hurle soudain dans mon casque :
--Je suis verouillé !!! Départ missile dans mes 6h !!! C’est quoi ce b***** !!! Je pars en évasive!
--Merde ! Je fais demi-tour, dégages-toi!

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Suite et fin ce soir ^_^

Publié : lun. janv. 31, 2005 3:29 pm
par geronimo
Trop bon !

hummm ça donne envie... j'ai les mains moites là ... il me semble que j'ai fait pipi même ! :lol: :lol:

Publié : lun. janv. 31, 2005 3:32 pm
par MajorBug
T'aurais du faire pareil pour Nightfox, le Su-27 qui t'a engagé au canon sur 150km c'était bien marrant :lol:

Publié : lun. janv. 31, 2005 6:33 pm
par berkoutskaia
J’entame alors un virage serré par la droite, en essayant de comprendre. Le bandit a du se glisser derrière nous discrètement, alors que les radars de Païtina était aveuglés par le brouillage. Je distingue deux traînées blanches dans le ciel, et toutes deux se dirigent vers Alexeï.
--Tu as deux missiles sur toi, je cherche le bandit.

Radar allumé, j’obtiens vite un écho, très proche, à 25km. En une demi seconde, je verrouille ce contact et lui envoie un R-27.
--Missile parti. Tiens bon Alexeï.
Je suis l’avion d’Alexeï dans mes 3 heures. Il lance tous les leurres qui lui restent, en manoeuvrant dans tout les sens. Un premier missile explose dans un nuage de paillettes d’aluminium, et quelques secondes plus tard, le second détonne lui aussi sur un leurre, mais trop prêt.
--Je suis touché ! J’ai un peu du mal sur les commandes, le moteur droit perd de la puissance !
Tu es débarrassé des missiles, je poursuit le bandit, diriges toi vers la frontière.

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Trop absorbé par sa cible l’avion ennemi ne fait aucune manœuvre évasive pour échapper à mon missile. Quelques instants plus tard, son sort est réglé. Je retourne alors vers Alexeï, qui peine à tenir son avion en vol.

--Alexeï, ça donne quoi pour toi ?
--J’ai réussi à relancer le moteur droit, mais j’ai beaucoup de mal à contrôler la profondeur, et mon aile droite est une vraie passoire. Je vais pas pouvoir rentrer, le kéro va manquer.
--Diriges toi vers nos navires aux 020, rapproches-toi autant que possible et éjectes-toi. Je les préviens de ton déroutement pour qu’ils envoient un hélico.
--Bien compris, je pars au 020. Souhaites-moi bonne chance.
--Je ne me fait pas de soucis. Tu estimes encore combien de temps de jus ?
--De 10 à 15 minutes.
-- Païtina, ici Grom leader. Mon ailier est touché et ne peux pas rejoindre la terre ferme. Il se dirige vers vous et s’éjectera le plus près possible.
--Ici Païtina, bien reçu, Nous envoyons un Kamov de sauvetage d’ici 5 minutes.
--Compris, terminé.

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Ma réserve de pétrole passe sous les 1 tonne, j’appelle le ravitailleur avec empressement.
--Ognivo, ici Grom leader à 20 km du point Delta 6-5. Je demande un ravitaillement en urgence.
--Grom leader, ici Ognivo. Nous avons du déplacer notre hippodrome de 80km à l’Est suite aux engagements au-dessus du détroit. Nous sommes actuellement à la verticale de Krymsk. A vous.
C’est bien ma veine. Il n’est plus question de ravitailler maintenant.
--Ognivo, de Grom leader. Vous êtes trop loin, je me déroute vers Anapa.
--Bien reçu, Grom leader. Ognivo terminé.

Le Détroit de Kerch se dessine maintenant dans mes 3h, je suis enfin en territoire russe.

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--Leader de Grom 2, tu me recois Sacha ?
--2 de leader, tu en es où Alexei ?
--Je vide mes dernières gouttes, mon moteur droit est en rade. Je suis à moins de 30km de Païtina , ça ira.
--Le Kamov doit déjà être sur place, le bain va pas être trop long.
--C’est toujours ça. On se revoit sur le Kuznetsov.
--Entendu. Leader, terminé.

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Tout semble se présenter pour le mieux, mais je reste malgré tout mal à l’aise. Ca n’est jamais agréable de s’éjecter, il y a toujours un risque, en particulier au-dessus de l’eau. Je chasse au plus vite ces idées noires, et je prends le cap direct vers Anapa en contactant la tour par radio.

--Anapa contrôle, ici Grom leader, Su-33 de la Marine court pétrole au point Delta 6-5. Demande autorisation pour approche d’urgence.
Quelques interminables secondes de silence. Je m’apprête à répéter mon appel, lorsque la radio grésille :
--Grom leader, ici Contrôle Anapa. Nous vous localisons à 75km au 345. Continuez sur votre cap actuel pour l’approche et rappelez avant d’entrer dans le circuit.
--Bien reçu, Anapa, je continue au 165.Terminé.

La fatigue nerveuse et physique se fait sentir, on se sent bien seul d’un coup, sans son ailier. Il faut malgré tout resté vigilant. La mission sera terminée une fois au parking, moteurs coupés. Je réduis les moteurs à 80% et commence une descente à -15m/s, ce qui devrait m’amener dans la boucle avec encore suffisamment de pétrole pour un atterrissage dans de bonnes conditions.

Le silence s’installe autour de moi, je profite de ces quelques instants de calme pour profiter à nouveau du spectacle. Le soleil est maintenant entièrement levé, la brume au sol se dissipe rapidement. Plus loin vers l’Est, les sommets du Caucase se découpent sur l’horizon. Les lumières d’Anapa sont maintenant visibles dans mes 11h. Je rentre à la maison, enfin.

--Anapa contrôle, ici Grom leader, j’arrive dans la boucle dans 2 minutes.
--Grom, Anapa contrôle, vous êtes autorisé pour le circuit piste 04. Réglez votre altimètre sur 1015 millibars. Le vent au sol vient du 307 à 25 km/h.
--Circuit piste 04, 1015 millibars, vent du 307 pour 25 km/h, bien compris.

J’entre maintenant en vent arrière, à 1500m. Ma vitesse descend rapidement, je redonne un peux de gaz pour rester vers 600 km/h. La piste s’efface sous mon aile gauche, je réduis alors la puissance des moteurs, et je commence un virage serré pour me placer en finale.

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--Anapa, Grom leader en finale 04.
.Grom leader, vous êtes autorisé à vous poser.
--Bien reçu, merci-

450 km/h, je sors les trains, les pleins volets et j’ajuste ma descente. Le déplacement des éléments mécaniques se ressent dans l’avion, et je vérifie que le train est sorti et verrouillé. J’allume les feux d’atterrissage, plus par habitude que par nécessité. Je sors mon aérofrein jusqu’à la vitesse de 300 km/h.

La piste se présente bien, le léger vent de travers n’est pas trop gênant. A 260 km/h je remets un peu de gaz pour tenir cette vitesse. Je passe le seuil de piste, je réduis au minimum, redresse un peu le nez. A quelques mètres du sol, j’aligne le nez de l’avion au palonnier. Un léger choc rassurant me signale que les roues ont touché la terre ferme. Je ne peux m’empêcher de sourire sous mon masque. Je sors l’aérofrein, tout en gardant une incidence de 10°. Ma vitesse chute rapidement.

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160 km/h, la roulette de nez touche le sol

90km/h, je rentre l’AF et les volets, puis je freine jusqu’à 50 km/h. Je prends la première voie de dégagement qui se présente.

--Anapa, Grom leader, piste dégagée.
--Grom, Anapa contrôle, prenez la prochaine voie à droite et rangez votre appareil sur le parking Bravo.
--Parking Bravo pour Grom leader. Euh… Pouvez-vous appeler Païtina pour savoir où en est mon ailier?
--Un instant

Alors que je roule vers le parking, j’aperçois deux MiG-23 plus loin sur la bande de roulage. Sans doute un des vols de veille qui a décollé pour protéger notre retraite. Je les retrouverais sans doute à la cantine, ce sera l’occasion de les remercier.

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Je suis la ligne jaune jusqu’au parking Bravo. La tour me rappelle alors que je stoppe mon appareil.
--Grom leader, Anapa, votre ailier est dans l’hélicoptère qui le ramène sur la frégate « Yaroslav Mudry ».
--C’est reçu, Merci. Grom leader, je coupe les moteurs, terminé.

En éteignant tout les systèmes de l’avion, je ne peux m’empêcher de lâcher un long soupir de soulagement. Toute la tension s’évacue d’un coup, assez brutalement. Je ne remarque même pas les mécanos qui s’affairent autour de l’appareil. Les automatismes prennent le dessus, pendant quelques secondes. Une fois la bulle de la verrière ouverte, l’air frais me sort de ma torpeur.

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Mes pensée redeviennent très primaires : boire, manger, dormir. Sept heures, la journée est bientôt finie pour moi…

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Publié : lun. janv. 31, 2005 6:46 pm
par geronimo
huummm cool... bon récit Berkout' ... j'ai beaucoup aimé ... Les screens sont superbes !

Merci !

:god: :god:


PS : le même avec des A10... et d'aussi jolies screens pour la prochaine ?

Publié : lun. janv. 31, 2005 9:51 pm
par Gwarf27
Bravo Berkout :god: :god:

[Mode chieur on]
Le KA-52 de récupération, le Ka-52 est un biplace de combat
[Mode chieur off]


:exit: très vite atant que me permet la PC du mig :lol:

Publié : lun. janv. 31, 2005 10:15 pm
par berkoutskaia
bah sors pas, t'as raison ;)

Les experts auront corrigé d'eux-même, il s'agit bien sur d'un Kamov Ka-27 :P

C'est toute cette frénésie d'add-ons, j'en perds mon latin :lol:

Publié : lun. janv. 31, 2005 10:26 pm
par oojh
Exelent berkout vraiment exelent, vivement le prochain ?

Amicalement, oojh

Publié : mar. févr. 01, 2005 12:21 pm
par salford
C'est vraiment du tout bon... passionant et superbe screens....

Vivement le prochain.... avec des A10 de préférences... :D

Excellent..

Sal

Publié : mer. févr. 02, 2005 5:50 pm
par Nutsfool
Super, j'ai adoré, j'espère que ce n'est que le début d'une longue saga !!!!

Bravo