Dans le mille emile (6)
Dans le mille Emile (6)
#1Bon apres les compliments dithyrambiques (qu'a mon avis je ne merite pas) dans l'edito de l'ete, j'etais galvanise et surtout un peu oblige de remettre le neurone sous pression.
Alors voila, ca bouge, ca remue, ca tangue et ca roule, tout le monde n'a pas, helas, le pied marin.
*********************************FLEET AIR ARM**********************************
- DEHORS, virez le, je ne veux plus le voir, plus jamais.
Le Group Captain Handley hurlait, rouge au bord de l'apoplexie.
Le squadron leader Instructeur, debout en face de lui, se tenait la tête baissée et n'osait affronter son regard, attendant qu'à bout de souffle il se calme d'épuisement.
- Je ne veux plus que cet abruti touche de sa vie un manche a balai.
Je ne veux plus qu'il monte a bord d'un de mes avions
Je veux qu'il oublie a tout jamais que quelque chose puisse voler,
scandait il en s'agrippant a son bureau, même les oiseaux.
Pendant qu'il reprenait son souffle, le squadron leader osa un :
- C'est un de mes meilleurs éléments Sir, ...
- Meilleur élément !? je rêve hurla Handley
Ce crétin se perd entre sa chambre et les chiottes, combien de fois a-t-il fallu le ramener cet abruti ?
- C'est la guerre Sir, ce type sera un as.
- Un as, mais pas chez moi, virez le.
Apres quelques secondes de silence pendant lesquelles le Group Captain Handley
reprenait son souffle, le squadron leader proposa un timide :
- Et un échange avec la Navy sir ?
- Les pauvres... soupira-t-il complétement abattu.
Ouf, la partie était gagnée, le squadron leader se rappelait le samedi précédent,
à la party suivant le mariage de la fille du Group Captain Handley, du passage dos de ce petit Tiger Moth "emprunté" a l'escadron tirant une banderole de 15 m sur laquelle etaient étalées en lettres rouges d'un métre cinquante :
JE T'AIME CHERIE SIGNE WERNER
Un grand silence s'en était suivi.
Le nouveau marié avait giflé sa nouvelle femme, qui n'y comprenait rien, s'en était suivi une crise de larme dans les bras de sa mere, le départ offusqué du pére du marié et une désertion général, dans un silence plus ou moins relatif entrecoupé de sanglots et de reniflements de la prairie occupée quelques minutes plus tot par tout le gratin de Landshit on Avon, laissant le Group Captain Handley, debout, seul, hébété, entouré de tentes et de tables desormais vides, le regard plein de haine tourné vers ce petit avion jaune s'éloignant au loin.
Quelques minutes plus tard, aprés s'etre posé, Werner fut accueilli par un captain escorté par une escouade de tommies, ce comité d'accueil allait devenir plus tard, pour lui, une quasi habitude en descendant d'un avion.
Il balbutia qu'il avait certe emprunté un avion de l'école mais pour une noble cause, passer avec sa banderole au dessus de chez lui pour souhaiter l'anniversaire de son Amoré chérie.
Le captain lui fit juste remarquer que sa maison se situait a 15 km a l'opposé de la prairie réservée aux
noces de la fille du Group Captain Handley, commandant de la base de Landshit on Avon.
Il fut immediatement mis aux arrêt et jeté en prison et y croupissait encore quand son squadron leader essayait desespérement de sauver sa tête.
Deux mois plus tard, Werner en uniforme de la RAF se présentait au poste de garde de la base navale de Porthsmouth, port d'attache du HMS Ark Royal. Il se rappelait son départ pour la Fleet Air Arm, sous le silence consternant des autres éléves pilotes et des deux mois suivants à simuler des appontages sur une piste en herbe, aux dimensions d'un porte avions, aux vols en formation et en TBA, de ses atterissages forces apres s'être perdu dans la campagne anglaise, des simulations d'attaques a la torpille en balancant des bombes en bois sur d'énormes tas de sable.
Tout ca , tout ca pour ca, pour en arriver là se dit il en regardant la pluie tomber de ce petit matin glacial pendant que le planton verifiait avec attention ses papiers d'identite et son ordre d'affectation.
Il arriva a la coupee, se fit controler une fois encore ses papiers, le batiment etait enorme et l'ecrasait de toute sa masse grise.
Arrivé en haut de la passerelle de coupee, un gars jovial se precipita sur lui.
- Salut, moi c'est Gérard, tu peux m'appeler Gégé, t'es le deuxieme francais a bord, je vais être ton mitrailleur.
Gégé l'emmena dans ses quartiers, les couloirs etaient longs, etroits et gris. Une odeur d'humidite, de sueur et de detergents regnait a bord.
Ca changeait des baraquements de la RAF, des mess et des bars à terre souvent avec piano.
- Dis donc Gégé, tu trouves pas que ca bouge un peu, me sens pas tres bien
- Tu rigoles ? On est à quai. Tu verras, le mal de mer au début on a envie de mourrir et ensuite on regrette de ne pas mourrir, dit il en riant. Aller viens, arrêtes tes conneries, montes avec moi sur le pont je vais te faire voir ta monture.
- Tu connais, dit il avec un clin d'oeil, 690 ch, un moteur Bristol Pegasus en etoile, seulement 2 tonnes, hyper maniable, une bete déblaterait Gege enthousiaste
- Et oui je connais que trop,... une daube oui songea Werner en pensant aux Hurricanes auquels il avait tant reve
Le Swordfish lui paraissait énorme sur la piste d'envol du porte avions.
Pfffffffff faire décoller cette enclume de ce tas de ferraille ca va encore être coton ...
Le reste de la journée se passa à remplir divers papiers, formulaires, perception de ses équipements de vol, présentation de son chef de groupe, toujours accompagné de Gégé, volubile et fier d'avoir un compagnon francais à présenter à tous les brits du bord.
Werner se sentait de plus en plus mal à l'aise, connaissait des nausées et avait les jambes qui fageollaient.
Meme a quai, il avait le mal de mal, ca promettait.
A la fin de la journée, dépité, demoralisé et déprimé, toujours avec cette nausée tenace, Werner se laissa entrainer par Gégé proposant d'aller boire vite fait une biére en ville histoire de se changer un peu les idées.
A 2h du matin, et quatre grammes et demi plus tard Gégé et Werner rentraient bras dessus bras dessous en titubant dangereusement.
- Dis,... dis moi Gégé, mon fr,.. mon frére, comment qu'on va le retrouver le .. le barlu ? Fait nuit, fait ,... fait pluie.
- Simple. tu, tu ... avances vers le quai les, ... les Hips ! mains en avant.
quand tu touches la ferraille c'est le ba ... le bateau. aprés tu longes en te tenant au bate'Hips jusqu'a trouver la ... hips ...
passerelle de coupee et tu, ... tu montes. tavouar, c'est tout con.
Les deux comperes s'avancérent vers le quai les 2 bras en avant.
A quelques métres de l'eau Werner se sentit basculer en avant et tomber dans un trou boueux.
Il entendit un plouf a cotée de lui, la tête dans la terre, les pieds dans l'eau, Werner, l'esprit embrumée par l'alcool avait du mal a juger la situation.
En tapotant à droite à gauche il sentit la veste de Gégé. Il dormait déja.
2 minutes plus tard Werner s'effondrait aussi dans les bras de Morphée, abandonnant une impossible ascenssion sous 3 grammes.
Au bout d'un temps indefinissable, une odeur particulièrement nauséabonde lui fit
froncer les narines, des relents d'égouts chauds melangés à une puanteur cadavérique, une odeur de charnier chaud mixée avec une fosse septique, il ouvrit un oeil pour apprecier de visu cette abomination olfactive.
un grand coup de langue rapeuse et humide passa sur son visage
- Un clebard, c'est un foutu clebard pensa-t-il en repoussant d'un revers de main la truffe envahissante du chien.
Il regarda autour de lui pour essayer de comprendre où il etait.
A taton dans la pénombre il reconnu Gégé qui en écrasait dur. Ils semblaient être dans un trou, une tranchée plutot. il secoua Gégé qui commencait à émerger doucement.
- Gniéééééé, c'est pas l'heure foutez moi la paix.
- Sais bien que c'est pas l'heure faut sortir de cette tranchée.
- Hein quoi ?
- Riche idée que tu as eu.
- On est où, on n'est pas a bord ? demanda Gégé qui commencait à dégriser
- Non on n'est pas à bord on est dans une tranchee
- Merde, j'ai oublié qu'ils refaisaient les conduites d'eau et de gas oil le long du quai. y'a une tranchée de 2 m tout le long. On doit pas être les seuls.
ils remontérent tant bien que mal et se présentérent à la coupée en piteux etat.
Le planton les regarda arriver avec un oeil goguenard.
- le chien est avec vous ?
Werner se retourna. Le chien errant les avait suivit, il pris son élan pour lui blancer un coup de pied au Q, Gégé le retint du bras.
- Arrêtes ! Faut pas faire ca ici, t'es en Angleterre, les animaux sont sacrés, j'arrangerai ca demain.
Le bateau pris la mer le lendemain matin.
Werner était malade comme un chien, chien qui le suivait partout maintenant d'ailleurs. Gégé avait négocié avec le chef de flotille et le chien avait été nommé mascotte.
Accoudé au bastingage, l'oeil glauque étant passé déja par toutes les teintes de vert, Werner regardait le clebard assis a ses pieds.
Il etait cylindrique, un vrai tonneau, avec de long poils gris et blancs, les oreilles pendantes, le chien le regardait en soufflant bruyament, la langue sortant de sa gueule béante, son regard n'etait pas particuliérement intelligent.
Pffffffff, une serpillière angora résuma werner avant de se repencher par dessus
le bastingage.
A bord au bout de quelques jours, tout le monde s'était amariné, même le chien, mais Werner trainait un mal de mer chronique que le doc n'arrivait pas à calmer.
Il n'y a qu'en vol que le mal de mer lui passait, malgré les odeurs d'huile et de gaz
brulés qu'il prenait en pleine poire quand il pilotait.
Il avait passé les qualifs sans grande difficultés. En fin de compte, ce pavé de Swordfish était stable mais poussif et lent, trés trés lent même sauf à l'appontage ou Werner le trouvait encore trop rapide.
Suivant sa qualif, Le premier vol avec Gégé avait été épique.
Apres le décollage pendant qu'il rassemblait sur son leader, il essaya sans succés de redescendre son siege en position de vol normal comme le notifiait la check list quelque chose coincait. il forca et entendit un gnouf de détresse, la tête grise du chien sortit de sous le siége.
- Gégé ! Un passager clandestin, je le balance par dessus bord ?
- ?? !!...
- Nan j'déconne.
Le chien se coucha en rond entre le siége et les jambes de Werner et ne moufta qu'en courte finale quand il entendit descendre le régime du moteur.
Une fois l'avion apponté et entre les mains des chiens jaunes, il sauta lourdement sur le pont et fonça vers sa gamelle de croquettes.
Le chien pris l'habitude de monter quand Werner et Gégé volaient, évitant soigneusement les hélices des avions en attente, se glissant entre les jambes du personnel de pont et sautant apres un bond sur l'aile dans le cockpit du wordfish.
A partir de là, il se couchait derrière les jambes de Werner et ne bougeait que sur la route de retour tournant la tête vers le porte avion en remuant la queue.
Un bon point que nota Gégé que les lacunes en navigation de Werner inquiétaient quand même pas mal.
Quand tout le monde finit avec plus ou moins de brio ses vols, appontages et décollages de qualification, vint le grand moment des premiers exercices de torpillage.
Le chef de flotille s'adressa en ready room à tous les pilotes qui écoutaient religieusement en prenant des notes.
- Messieurs, aujourd'hui vous allez effectuer votre premier laché de torpille sur une cible simulant un bateau. Il ne s' agit plus de bombes en bois mais de torpilles d'exercices, inertes, que vous allez larguer comme sur votre tas de sable mais mouvant cette fois ci.
La cible est le modéle standard de la Royal navy, 20 m de long, 5 metres de haut, tirant d'eau 1 m, les torpilles passent dessous sans l'abimer, votre précision est notée par le bateau accompagnant qui repêchera ensuite vos torpilles.
Je vous rappelle la procédure que vous avez tous apprise a l'ecole.
Vol en échelon refusé cap paralelle à la route de la cible en rapprochement, écart 5 nautiques entre les 2 routes, altitude 1500 pieds .
A 1 nautique avant d'etre a la hauteur de la cible, break gauche a 5 s d'intervalle, descente a 60 pieds en file.
Visée comme on vous a appris avec les repéres sur le capot. Une fois larguée, passage au dessus de l'objectif et break gauche ou droite à l'inverse de l'avion devant vous afin de disperser la DCA.
On rassemble a 10 nautiques au sud de l'objectif à 1500 pieds et retour maison.
Des questions ?
Un silence studieux repondit au chef de flotille.
- Werner, numero 2 derriere moi, conclut-il, tu ne me laches pas, ca m'étonnerai que le clebard ait noté où on rassemble aprés l'attaque.
- COUP AU BUT hurla Gégé
- YEEEEEEEEEESSSSSSS
- Werner ?
- Ouais
- Tu sais ...
- Ouais
- Dans la marine
- Ouais
- les cibles on ne les pousse pas
- Ouais ???
- On les tire
- Ah ?
- Tu as eu le remorqueur
- Merde
- La cible etait derrière, tu as du choper le gouvernail, il tourne en rond.
Le retour se fit tout penaud dans l'aile du chef de flotille, le serre tête dépassant à peine du cockpit et dans un silence radio absolu.
- Alors je fais quoi, je vous presente au commandant du remorqueur ?
Il parait qu'il a des tas de choses a vous dire.
Il a demandé que son remorqueur soit armé d'une batterie de DCA. Pour pouvoir se défendre lors de la prochaine campagne d'exercice.
Werner, au garde a vous, devant le chef de flotille, vert comme d'habitude n'en menait pas large.
Vous etes le seul à avoir touché qque chose, fallait que ca soit le remorqueur, dommage ce n'etait pas la cible.
Joli tir quand même, le gouvernail, sur un croiseur de bataille ou un cuirassé,
c'est le point sensible, une torpille ailleurs, ca les chatouille généralement.
- Sir, merci Sir repondit Werner,
Une bouffée de chaleur l'envahit en meme temps que des sueurs froides
lui glissaient dans le dos. Il n'eut que le temps d'attraper la corbeille à papier pour y rendre son petit déjeuner.
Le chef de groupe soupira, secoua la tête, pris son téléphone
- Allo ? le Medic ?
Fais moi un certificat d'inaptitude à l'embarquement mer, je mettrai le nom.
Pendant que tu y es envoies moi le chien, y'a du rab.
Le Group Captain Handley ne le savait pas encore, mais ses nuits allaient être agitées.
Bon ne cherchez pas quoi que ce soit de véridique.
Je n'ai jamais laché de torpille depuis un swordfish.
Signe Werner, truffe qui débarque
Alors voila, ca bouge, ca remue, ca tangue et ca roule, tout le monde n'a pas, helas, le pied marin.
*********************************FLEET AIR ARM**********************************
- DEHORS, virez le, je ne veux plus le voir, plus jamais.
Le Group Captain Handley hurlait, rouge au bord de l'apoplexie.
Le squadron leader Instructeur, debout en face de lui, se tenait la tête baissée et n'osait affronter son regard, attendant qu'à bout de souffle il se calme d'épuisement.
- Je ne veux plus que cet abruti touche de sa vie un manche a balai.
Je ne veux plus qu'il monte a bord d'un de mes avions
Je veux qu'il oublie a tout jamais que quelque chose puisse voler,
scandait il en s'agrippant a son bureau, même les oiseaux.
Pendant qu'il reprenait son souffle, le squadron leader osa un :
- C'est un de mes meilleurs éléments Sir, ...
- Meilleur élément !? je rêve hurla Handley
Ce crétin se perd entre sa chambre et les chiottes, combien de fois a-t-il fallu le ramener cet abruti ?
- C'est la guerre Sir, ce type sera un as.
- Un as, mais pas chez moi, virez le.
Apres quelques secondes de silence pendant lesquelles le Group Captain Handley
reprenait son souffle, le squadron leader proposa un timide :
- Et un échange avec la Navy sir ?
- Les pauvres... soupira-t-il complétement abattu.
Ouf, la partie était gagnée, le squadron leader se rappelait le samedi précédent,
à la party suivant le mariage de la fille du Group Captain Handley, du passage dos de ce petit Tiger Moth "emprunté" a l'escadron tirant une banderole de 15 m sur laquelle etaient étalées en lettres rouges d'un métre cinquante :
JE T'AIME CHERIE SIGNE WERNER
Un grand silence s'en était suivi.
Le nouveau marié avait giflé sa nouvelle femme, qui n'y comprenait rien, s'en était suivi une crise de larme dans les bras de sa mere, le départ offusqué du pére du marié et une désertion général, dans un silence plus ou moins relatif entrecoupé de sanglots et de reniflements de la prairie occupée quelques minutes plus tot par tout le gratin de Landshit on Avon, laissant le Group Captain Handley, debout, seul, hébété, entouré de tentes et de tables desormais vides, le regard plein de haine tourné vers ce petit avion jaune s'éloignant au loin.
Quelques minutes plus tard, aprés s'etre posé, Werner fut accueilli par un captain escorté par une escouade de tommies, ce comité d'accueil allait devenir plus tard, pour lui, une quasi habitude en descendant d'un avion.
Il balbutia qu'il avait certe emprunté un avion de l'école mais pour une noble cause, passer avec sa banderole au dessus de chez lui pour souhaiter l'anniversaire de son Amoré chérie.
Le captain lui fit juste remarquer que sa maison se situait a 15 km a l'opposé de la prairie réservée aux
noces de la fille du Group Captain Handley, commandant de la base de Landshit on Avon.
Il fut immediatement mis aux arrêt et jeté en prison et y croupissait encore quand son squadron leader essayait desespérement de sauver sa tête.
Deux mois plus tard, Werner en uniforme de la RAF se présentait au poste de garde de la base navale de Porthsmouth, port d'attache du HMS Ark Royal. Il se rappelait son départ pour la Fleet Air Arm, sous le silence consternant des autres éléves pilotes et des deux mois suivants à simuler des appontages sur une piste en herbe, aux dimensions d'un porte avions, aux vols en formation et en TBA, de ses atterissages forces apres s'être perdu dans la campagne anglaise, des simulations d'attaques a la torpille en balancant des bombes en bois sur d'énormes tas de sable.
Tout ca , tout ca pour ca, pour en arriver là se dit il en regardant la pluie tomber de ce petit matin glacial pendant que le planton verifiait avec attention ses papiers d'identite et son ordre d'affectation.
Il arriva a la coupee, se fit controler une fois encore ses papiers, le batiment etait enorme et l'ecrasait de toute sa masse grise.
Arrivé en haut de la passerelle de coupee, un gars jovial se precipita sur lui.
- Salut, moi c'est Gérard, tu peux m'appeler Gégé, t'es le deuxieme francais a bord, je vais être ton mitrailleur.
Gégé l'emmena dans ses quartiers, les couloirs etaient longs, etroits et gris. Une odeur d'humidite, de sueur et de detergents regnait a bord.
Ca changeait des baraquements de la RAF, des mess et des bars à terre souvent avec piano.
- Dis donc Gégé, tu trouves pas que ca bouge un peu, me sens pas tres bien
- Tu rigoles ? On est à quai. Tu verras, le mal de mer au début on a envie de mourrir et ensuite on regrette de ne pas mourrir, dit il en riant. Aller viens, arrêtes tes conneries, montes avec moi sur le pont je vais te faire voir ta monture.
- Tu connais, dit il avec un clin d'oeil, 690 ch, un moteur Bristol Pegasus en etoile, seulement 2 tonnes, hyper maniable, une bete déblaterait Gege enthousiaste
- Et oui je connais que trop,... une daube oui songea Werner en pensant aux Hurricanes auquels il avait tant reve
Le Swordfish lui paraissait énorme sur la piste d'envol du porte avions.
Pfffffffff faire décoller cette enclume de ce tas de ferraille ca va encore être coton ...
Le reste de la journée se passa à remplir divers papiers, formulaires, perception de ses équipements de vol, présentation de son chef de groupe, toujours accompagné de Gégé, volubile et fier d'avoir un compagnon francais à présenter à tous les brits du bord.
Werner se sentait de plus en plus mal à l'aise, connaissait des nausées et avait les jambes qui fageollaient.
Meme a quai, il avait le mal de mal, ca promettait.
A la fin de la journée, dépité, demoralisé et déprimé, toujours avec cette nausée tenace, Werner se laissa entrainer par Gégé proposant d'aller boire vite fait une biére en ville histoire de se changer un peu les idées.
A 2h du matin, et quatre grammes et demi plus tard Gégé et Werner rentraient bras dessus bras dessous en titubant dangereusement.
- Dis,... dis moi Gégé, mon fr,.. mon frére, comment qu'on va le retrouver le .. le barlu ? Fait nuit, fait ,... fait pluie.
- Simple. tu, tu ... avances vers le quai les, ... les Hips ! mains en avant.
quand tu touches la ferraille c'est le ba ... le bateau. aprés tu longes en te tenant au bate'Hips jusqu'a trouver la ... hips ...
passerelle de coupee et tu, ... tu montes. tavouar, c'est tout con.
Les deux comperes s'avancérent vers le quai les 2 bras en avant.
A quelques métres de l'eau Werner se sentit basculer en avant et tomber dans un trou boueux.
Il entendit un plouf a cotée de lui, la tête dans la terre, les pieds dans l'eau, Werner, l'esprit embrumée par l'alcool avait du mal a juger la situation.
En tapotant à droite à gauche il sentit la veste de Gégé. Il dormait déja.
2 minutes plus tard Werner s'effondrait aussi dans les bras de Morphée, abandonnant une impossible ascenssion sous 3 grammes.
Au bout d'un temps indefinissable, une odeur particulièrement nauséabonde lui fit
froncer les narines, des relents d'égouts chauds melangés à une puanteur cadavérique, une odeur de charnier chaud mixée avec une fosse septique, il ouvrit un oeil pour apprecier de visu cette abomination olfactive.
un grand coup de langue rapeuse et humide passa sur son visage
- Un clebard, c'est un foutu clebard pensa-t-il en repoussant d'un revers de main la truffe envahissante du chien.
Il regarda autour de lui pour essayer de comprendre où il etait.
A taton dans la pénombre il reconnu Gégé qui en écrasait dur. Ils semblaient être dans un trou, une tranchée plutot. il secoua Gégé qui commencait à émerger doucement.
- Gniéééééé, c'est pas l'heure foutez moi la paix.
- Sais bien que c'est pas l'heure faut sortir de cette tranchée.
- Hein quoi ?
- Riche idée que tu as eu.
- On est où, on n'est pas a bord ? demanda Gégé qui commencait à dégriser
- Non on n'est pas à bord on est dans une tranchee
- Merde, j'ai oublié qu'ils refaisaient les conduites d'eau et de gas oil le long du quai. y'a une tranchée de 2 m tout le long. On doit pas être les seuls.
ils remontérent tant bien que mal et se présentérent à la coupée en piteux etat.
Le planton les regarda arriver avec un oeil goguenard.
- le chien est avec vous ?
Werner se retourna. Le chien errant les avait suivit, il pris son élan pour lui blancer un coup de pied au Q, Gégé le retint du bras.
- Arrêtes ! Faut pas faire ca ici, t'es en Angleterre, les animaux sont sacrés, j'arrangerai ca demain.
Le bateau pris la mer le lendemain matin.
Werner était malade comme un chien, chien qui le suivait partout maintenant d'ailleurs. Gégé avait négocié avec le chef de flotille et le chien avait été nommé mascotte.
Accoudé au bastingage, l'oeil glauque étant passé déja par toutes les teintes de vert, Werner regardait le clebard assis a ses pieds.
Il etait cylindrique, un vrai tonneau, avec de long poils gris et blancs, les oreilles pendantes, le chien le regardait en soufflant bruyament, la langue sortant de sa gueule béante, son regard n'etait pas particuliérement intelligent.
Pffffffff, une serpillière angora résuma werner avant de se repencher par dessus
le bastingage.
A bord au bout de quelques jours, tout le monde s'était amariné, même le chien, mais Werner trainait un mal de mer chronique que le doc n'arrivait pas à calmer.
Il n'y a qu'en vol que le mal de mer lui passait, malgré les odeurs d'huile et de gaz
brulés qu'il prenait en pleine poire quand il pilotait.
Il avait passé les qualifs sans grande difficultés. En fin de compte, ce pavé de Swordfish était stable mais poussif et lent, trés trés lent même sauf à l'appontage ou Werner le trouvait encore trop rapide.
Suivant sa qualif, Le premier vol avec Gégé avait été épique.
Apres le décollage pendant qu'il rassemblait sur son leader, il essaya sans succés de redescendre son siege en position de vol normal comme le notifiait la check list quelque chose coincait. il forca et entendit un gnouf de détresse, la tête grise du chien sortit de sous le siége.
- Gégé ! Un passager clandestin, je le balance par dessus bord ?
- ?? !!...
- Nan j'déconne.
Le chien se coucha en rond entre le siége et les jambes de Werner et ne moufta qu'en courte finale quand il entendit descendre le régime du moteur.
Une fois l'avion apponté et entre les mains des chiens jaunes, il sauta lourdement sur le pont et fonça vers sa gamelle de croquettes.
Le chien pris l'habitude de monter quand Werner et Gégé volaient, évitant soigneusement les hélices des avions en attente, se glissant entre les jambes du personnel de pont et sautant apres un bond sur l'aile dans le cockpit du wordfish.
A partir de là, il se couchait derrière les jambes de Werner et ne bougeait que sur la route de retour tournant la tête vers le porte avion en remuant la queue.
Un bon point que nota Gégé que les lacunes en navigation de Werner inquiétaient quand même pas mal.
Quand tout le monde finit avec plus ou moins de brio ses vols, appontages et décollages de qualification, vint le grand moment des premiers exercices de torpillage.
Le chef de flotille s'adressa en ready room à tous les pilotes qui écoutaient religieusement en prenant des notes.
- Messieurs, aujourd'hui vous allez effectuer votre premier laché de torpille sur une cible simulant un bateau. Il ne s' agit plus de bombes en bois mais de torpilles d'exercices, inertes, que vous allez larguer comme sur votre tas de sable mais mouvant cette fois ci.
La cible est le modéle standard de la Royal navy, 20 m de long, 5 metres de haut, tirant d'eau 1 m, les torpilles passent dessous sans l'abimer, votre précision est notée par le bateau accompagnant qui repêchera ensuite vos torpilles.
Je vous rappelle la procédure que vous avez tous apprise a l'ecole.
Vol en échelon refusé cap paralelle à la route de la cible en rapprochement, écart 5 nautiques entre les 2 routes, altitude 1500 pieds .
A 1 nautique avant d'etre a la hauteur de la cible, break gauche a 5 s d'intervalle, descente a 60 pieds en file.
Visée comme on vous a appris avec les repéres sur le capot. Une fois larguée, passage au dessus de l'objectif et break gauche ou droite à l'inverse de l'avion devant vous afin de disperser la DCA.
On rassemble a 10 nautiques au sud de l'objectif à 1500 pieds et retour maison.
Des questions ?
Un silence studieux repondit au chef de flotille.
- Werner, numero 2 derriere moi, conclut-il, tu ne me laches pas, ca m'étonnerai que le clebard ait noté où on rassemble aprés l'attaque.
- COUP AU BUT hurla Gégé
- YEEEEEEEEEESSSSSSS
- Werner ?
- Ouais
- Tu sais ...
- Ouais
- Dans la marine
- Ouais
- les cibles on ne les pousse pas
- Ouais ???
- On les tire
- Ah ?
- Tu as eu le remorqueur
- Merde
- La cible etait derrière, tu as du choper le gouvernail, il tourne en rond.
Le retour se fit tout penaud dans l'aile du chef de flotille, le serre tête dépassant à peine du cockpit et dans un silence radio absolu.
- Alors je fais quoi, je vous presente au commandant du remorqueur ?
Il parait qu'il a des tas de choses a vous dire.
Il a demandé que son remorqueur soit armé d'une batterie de DCA. Pour pouvoir se défendre lors de la prochaine campagne d'exercice.
Werner, au garde a vous, devant le chef de flotille, vert comme d'habitude n'en menait pas large.
Vous etes le seul à avoir touché qque chose, fallait que ca soit le remorqueur, dommage ce n'etait pas la cible.
Joli tir quand même, le gouvernail, sur un croiseur de bataille ou un cuirassé,
c'est le point sensible, une torpille ailleurs, ca les chatouille généralement.
- Sir, merci Sir repondit Werner,
Une bouffée de chaleur l'envahit en meme temps que des sueurs froides
lui glissaient dans le dos. Il n'eut que le temps d'attraper la corbeille à papier pour y rendre son petit déjeuner.
Le chef de groupe soupira, secoua la tête, pris son téléphone
- Allo ? le Medic ?
Fais moi un certificat d'inaptitude à l'embarquement mer, je mettrai le nom.
Pendant que tu y es envoies moi le chien, y'a du rab.
Le Group Captain Handley ne le savait pas encore, mais ses nuits allaient être agitées.
Bon ne cherchez pas quoi que ce soit de véridique.
Je n'ai jamais laché de torpille depuis un swordfish.
Signe Werner, truffe qui débarque
#2
LOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOL
je crois bien que je vais en faire un receuil et les mettres avec les miennes
je crois bien que je vais en faire un receuil et les mettres avec les miennes
#avionmoche : Mais le F35 reste moche ...
#3
MDR
Une vidéo de présentation de l'Escadron C6 est disponible sur Dailymotionet sur Megauploaden bonne qualité !
Humour et simu
#5
Excellent... ou comment passer pour un con au bureau
Moi, j’étais sur qu’ils reviendraient crevés ; ils sont vivants, un succès. Mieux, une surprise... LA 51TH MASSILIA
#6
Très bon, comme toujours !
Ladies and gentlemen, if you wish to smoke, the smoking section on this airplane is on the wing and if you can light 'em, you can smoke 'em.
Pas mauvais pilote mais consomme plus que son avion
Pas mauvais pilote mais consomme plus que son avion
-
- Pilote Confirmé
- Messages : 4240
- Inscription : 16 août 2003
le commentaire de ta blonde....
#11 j'en rougis de fierté... Amoré tu es le meilleur ! Sûr, faut que je m'débrouille pour te trouver un sponsor et un dessinateur pour ta future BD...
Martine, Pèlerine de ton coeur
Martine, Pèlerine de ton coeur